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pages
Français
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2019
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Ebook
2019
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Publié par
Date de parution
10 janvier 2019
Nombre de lectures
2
EAN13
9782375210840
Langue
Français
John ne connaît rien d’autre que la ferme de ses parents où il a toujours vécu. Elevé au sein d’une communauté rigoriste, il sait cependant qu’existe davantage que le christianisme étroit et conquérant de son oncle, depuis qu’il a découvert, adolescent, la présence d’Indiens sioux sur ses terres. L’un d’eux, encore enfant, l’a particulièrement marqué et il n’a jamais oublié son nom : Mahpee...
Des années plus tard, sa sœur est secourue par une Indienne qui se présente à lui sous le nom de Chumani. Sa ressemblance avec le petit garçon d’autrefois est troublante. Plus troublante encore est la haine que semblent lui porter l’oncle de John, ainsi qu’une partie de la communauté blanche. Partagé entre sa famille, son éducation et son sens moral, John finit par s’attacher à Chumani malgré les avertissements. Mais est-il prêt à entendre la vérité, toute la vérité ?
Publié par
Date de parution
10 janvier 2019
Nombre de lectures
2
EAN13
9782375210840
Langue
Français
La colline de l’oubli
N° ISBN Papier : 978-2-37521-083-3
N°ISBN Numérique : 978-2-37521-084-0
D’après la Novella parue aux Editions Laska
© Mix Editions 2019, tous droits réservés.
© Graphisme Mix Editions/Adobe stock.
Suivi éditorial et correction : Charlotte Arnaud
Dépôt légal : Janvier 2019
Date de parution : Janvier 2019
Mix Editions :
Impasse des Mares, 76970 Grémonville
Site Internet : www.mix-editions.fr
Eve Terrellon
La colline de l’oubli
Version longue de la
Novella parue aux Editions Laska
Mix Editions
Avant-Propos
Tout d’abord, merci de lire ces lignes, car elles sont importantes.
La première chose que vous devez savoir, c’est que ce roman est une reprise, améliorée et rallongée d’un bon tiers par une suite totalement inédite, d’une novella parue aux Éditions Laska en 2014.
Cette novella représente aujourd’hui la première partie de ce livre. Les ajouts que j’ai apportés ne changent rien à l’histoire du départ. Ils n’en donnent pas moins un éclairage plus pointu concernant le cheminement de John pour accepter Chumani dans l’entièreté de sa différence.
Écrit initialement dans le cadre d’un appel à texte, ce titre se voyait alors imposé une longueur maximale, qui ne m’avait pas permis de procéder à certains développements, ni de mettre en place plusieurs chapitres (que vous trouverez ici), amenant à une fin plus lointaine, et quelque part, plus logique.
La version courte s’arrêtait à la fin du chapitre 12. À l’époque, le principal reproche qui m’avait été fait portait principalement sur la fin un peu abrupte de cette novella, ce qui en l’occurrence était une bonne critique. La version longue du roman corrige cette erreur, tout en vous apportant des informations complémentaires au sein d’une aventure inédite.
Ceci dit, je tiens à préciser que je ne regrette en rien la première publication de cette histoire. Elle m’aura permis de franchir le pas de l’édition pour la toute première fois, et surtout de rencontrer une éditrice formidable en la personne de Jeanne Corvellec. Si j’ai progressé dans ma façon d’écrire, c’est en grande partie grâce à elle et aux corrections qu’elle m’a appris à apporter à un récit.
Un grand merci également à mes éditrices actuelles, qui n’épargnent pas non plus leur temps ou leurs conseils pour améliorer un texte, et sans lesquelles cette version longue n’aurait sans doute jamais vu le jour. Sans oublier une pensée reconnaissante pour mes correcteurs de l’ombre et leurs yeux aguerris pour repérer fautes et coquilles.
Dernier point, mais non des moindres, ce récit n’a aucune prétention historique. J’ai tenu néanmoins à le construire sur des bases solides, en m’aidant de nombreux livres et documents écrits par des auteurs de référence, dont vous trouverez la liste non exhaustive dans les notes accompagnant ce roman.
Merci à vous d’avoir lu ce préambule. Vous connaissez à présent tout de la genèse de ce roman dans sa version longue. En espérant qu’il vous plaira, je vous en souhaite une agréable lecture en compagnie de John et de Chumani.
Eve Terrellon
Chapitre 1 : L’enfant des collines
Lorsque je me retourne sur mon passé, ce sont les étendues des grandes plaines qui se dessinent. Leur immensité dévorée d’herbes hautes a bercé mon enfance. J’aimais ce paysage monotone, parsemé de douces collines, au creux desquelles se nichaient parfois des bosquets d’arbres et de broussailles. Elles ont forgé mon adolescence et influencé ma vie d’homme davantage que je ne saurais le dire.
Chevaucher des jours entiers à travers ces vastes espaces m’armait de force et de patience. J’écoutais le murmure du vent, qui tel un maître courbait sous son joug les têtes lourdes des graminées sauvages. J’appréciais le tableau changeant et coloré des fleurs au printemps. Ma fierté masculine me retenait de le dévoiler, mais loin des regards, je descendais souvent de cheval pour me gorger de leur fragrance éphémère.
La violence des orages d’été ne m’effrayait pas et tant que les tornades épargnaient notre domaine, je narguais les tempêtes pour protéger le troupeau dont j’avais la garde. Un peu à mon insu, j'apprenais de tout ce que la nature m’offrait, apprivoisant des éléments complémentaires ou contradictoires. Je l’ignorais encore, mais cet enseignement me parlait déjà de toi.
Mes premiers souvenirs me ramènent à notre ferme. Elle jouxtait un maigre cours d’eau, source de richesse et d’envie pour nos voisins. Pour moi, ce ruisseau était synonyme de parties de pêche et d’ombrages bienvenus durant la chaleur de l’été. Notre vie s’écoulait là au gré des saisons et je ne m’interrogeais pas sur la multiplicité des ethnies existant au-delà de notre horizon.
Ma mère s’occupait de la basse-cour et cultivait une terre avare de ses récoltes, mais qui nous assurait une table bien garnie, même aux mois les plus difficiles. Ma grand-mère et mes deux sœurs l’aidaient. De mon côté, je suivais le plus souvent mon père pour guider vers nos meilleurs pâturages la cinquantaine de têtes de bétail qui formait notre troupeau. Des vaches et quelques taureaux placides donnant de nombreux veaux que nous vendions avant l’hiver.
Les dimanches, nous allions à Riverstone, petite bourgade d’une centaine d’âmes. Là, nous nous rendions au temple pour assister à l’office servi par la langue redoutable du révérend Jarvis Prisburg, mon oncle paternel. Ses sermons moralisateurs, qui ne se privaient pas de désigner publiquement les pécheurs, retenaient les moins croyants de montrer ouvertement leurs travers.
La sévérité de ses prêches et son rigorisme étaient si connus que la plupart des trappeurs et des cow-boys de passage dans l’unique hôtel y séjournaient généralement peu. Ils préféraient rapidement se replier vers la ville voisine. En pleine expansion depuis l’arrivée du chemin de fer, celle-ci affichait outrageusement ses saloons, ses bordels, ses cercles de jeux, mais aussi son théâtre, nouveauté contre laquelle mon oncle n’arrêtait pas de vitupérer.
Malgré le peu de gaîté des célébrations religieuses, comme tous les fermiers des environs, notre famille n’aurait manqué ces incontournables rencontres dominicales pour rien au monde. Elles permettaient de cimenter les liens entre nous, gage d’entraide en cas de difficultés à venir. Quant à la rudesse des sermons, elle nous confortait dans nos choix de vie et dans celui de nos valeurs.
Personne n’aurait songé à remettre en cause la loi du Seigneur. S’éloigner de la parole de Dieu, c’était s’égarer sur des chemins dangereux et s’exposer aux foudres de l’Enfer. Un constat qui poussait à exclure tous ceux qui, de près ou de loin, refusaient de se couler dans son moule. Ce qui était naturellement le cas des quelques Indiens sioux qui subsistaient en se cachant dans les collines.
Depuis la bataille de Little Big Horn 1 , la plupart d’entre eux vivaient parqués dans des réserves 2 dont la majorité d’entre nous ne voulait rien savoir. Leur déplacement massif libérait des terres sur lesquelles nous nous étions installés sans nous poser de questions, comme si nous colonisions des territoires vierges. Bien peu admettaient en avoir chassé les anciens habitants. « Habitants » étant d’ailleurs un terme que pratiquement aucun d’entre nous ne leur associait.
Mon oncle Jarvis participait activement à cette campagne mensongère : au mieux il les traitait comme des âmes damnées, tout juste bonnes à brûler en Enfer, au pire comme des animaux à éradiquer définitivement de nos vies. Il nourrissait contre eux une haine tenace que je ne m’expliquais pas, mais qui du temps de mes tendres années représentait la voie de la vérité.
Il existait pourtant des histoires qui racontaient comment, des années auparavant, par un hiver particulièrement froid, la première communauté d’hommes blancs à s’installer ici avait été sauvée de la famine par ces mêmes tribus indiennes. Modulé par le bouche-à-oreille, le récit s’était peu à peu transformé, et dès mes huit ans on commençait à parler de trappeurs au grand cœur, miraculeusement surgis au bon moment. Seuls les plus anciens se souvenaient de la vérité. Les plus jeunes, eux, n’accordaient plus aucune considération à ces êtres que l’on disait si différents, qui vivaient comme des pestiférés en se dissimulant le plus souvent à nos regards.
Pour ma part, j’avais simplement appris que les tribus qui n’avaient pas trop regimbé durant les années de guerre pouvaient récupérer quelques terres. La plupart du temps dans des déserts de rocailles arides, ou exposées sur des versants si pentus qu’il était presque impossible d’y développer la moindre agriculture. C’était le cas du territoire restitué aux quelques Indiens qui végétaient dans la partie la moins hospitalière de la région. Là où les hauteurs parsemées de petits canyons abrupts se multipliaient et où le manque d’eau chassait le maigre gibier dès les premiers jours d’été.
Les grands troupeaux de bisons qui remontaient les plaines avaient disparu depuis longtemps. À de rares exceptions près, personne ne se souciait pourtant de savoir comment ces gens survivaient, privés de cette source de nourriture traditionnelle qui, je le découvris plus tard, leur procurait non seulement des réserves de viande substantielles, mais également tout un tas de composants utiles à la vie quotidienne. Confortablement installés dans nos chaumières, nous étions loin de nous inquiéter de ces problèmes. Du moment que les membres de la tribu ne nous causaient aucun tracas, nous les ignorions.
Et comme si tant de difficultés ne suffisaient pas, John Viscot, notre plus proche voisin, n’hésitait pas à empiéter régulièrement sur leur territoire au printemps. Telle une nuée de sauterelles, son troupeau s’abattait sur les maigres pousses vertes qui auraient dû revenir à leur bétail. Viscot les dédommageait néanmoins en leur achetant quelques objets d’artisanat. Cette dernière pratique était parfaitement illégale, mais paradoxalement elle assurait une certaine tranquillité à la tribu. Était-ce parc