La fille aux allumettes

Hélène de Froment, Homoromance Éditions

Description

Il était une fois Élie, une adolescente qui avait passé sa vie de famille d’accueil en famille d’accueil. Elle en avait connu des choses, et pas des meilleures. Cette maison-là, la dernière en date où on l’a placée, n’est ni mieux ni pire que les autres. Élie, de toute façon, a depuis longtemps pris l’habitude de faire ce qu’on lui demande, et voilà tout. Au collège, il y a sa jolie prof de dessin. Et pour s’évader un peu, il y a le centre commercial où elle aime passer du temps à griffonner dans son carnet intime, au beau milieu de la foule occupée à ses achats frénétiques. Puis un jour cette fille, Jess, débarque chez les « Thénardier ». Elle est lesbienne et plus âgée. Elle est aussi sympa...
Mais peut-on réellement lui faire confiance ? Quand brutalement, le froid envahit Élie jusqu’au plus profond de son cœur, quelle sera l’ultime lueur au bout de sa dégringolade ?

Sujets

• Univers ado
• Fiction ado
• Littérature
• Sexe
• Contes
• Fiction
• Lesbienne
• Romance
• Homosexualité
• Lesbian
• Homosexuality
• LGBTQ+

Informations

• Publié par: Homoromance Éditions
• Date de parution: 02 novembre 2020
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9781716604706
• Langue: Français

Extrait

La fille
aux allumettes
 
 
HÉLÈNE DE FROMENT

Copyright © 2020
Tous droits réservés.
ISBN :
 
 
TABLE DES MATIÈRES
 
 
TABLE DES MATIÈRES
UNE NOUVELLE ARRIVANTE
QUAND L’AMOUR S’EN MÊLE
DÉCOUVERTES
L’ENFER EST FAIT DE GLACE
BIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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UNE NOUVELLE ARRIVANTE
Élie avait quinze ans. Elle naviguait de maison d’accueil en maison d’accueil depuis toujours.
À l’état civil, son prénom c’était Élyane. Ce prénom de vieille, affublé pour couronner le tout d’un «   y   » tape à l’œil qui lui valait le plus souvent des remarques acides comme si elle était personnellement responsable de cette excentricité, elle le détestait. Au moins son diminutif sonnait un peu plus sympa.
Elle avait rencontré sa mère une fois, alors qu’elle était toute petite, devant la juge des enfants, mais ne l’avait jamais revue. Elle aurait pu la croiser aujourd’hui qu’elle aurait été incapable de reconnaître les traits de son visage.
La dernière famille en date qui l’avait recueillie n’était pas pire que toutes les autres qui l’avaient précédée. Il y avait toujours une ordure.
Dans celle-ci, le sale type, le chef de maison, venait dans sa chambre chaque soir et en ressortait avec un pantalon de pyjama taché de sperme.
Elle n’avait rien dit à personne. De toute façon, elle avait appris à se taire depuis longtemps. Jamais une gosse comme elle n’avait droit à la parole et encore moins à une quelconque écoute.
Elle s’était donc habituée.
On s’habitue à tout   !
Alors, depuis six mois, elle se trimballait entre le bahut pourri d’une ville perdue de région parisienne et la maison de banlieue de sa «   famille   » du moment.
Elle charriait son sac d’école avec les quelques pauvres affaires personnelles qui ne la quittaient jamais : un cahier de dessins et son carnet de poèmes. Rien de bien extraordinaire, mais c’était là toute son intimité qu’elle surveillait comme son trésor le plus précieux.
Elle traînait ses semelles et son jean fatigué sur les escaliers de béton tagués derrière la classe de dessin, la seule qu’elle affectionnait. Elle était fière de multiplier les notes excellentes dans cette matière, et puis la prof était jolie et gentille avec elle. Pendant que les autres se roulaient des pelles dans une cour sans arbre et sans âme, Élie dessinait, le bout de ses doigts gelé dans des mitaines qu’elle avait elle-même confectionnées à partir de vieux gants.
La sonnerie de la reprise des cours déchira son bref intervalle de tranquillité. Elle saisit son sac informe et usé par l’unique sangle qui restait avant de courir prendre place dans la classe de maths. Elle n’en avait rien à cirer de ce cours bien trop long et pour le faire passer plus vite, elle griffonna sur les feuilles à petits carreaux de son cahier, dessinant une cruche aux reflets brillants et une fleur aux pétales noirs.
La voix monocorde du prof atteignait tout juste ses oreilles, comme si elle se trouvait dans un lieu public, un parc, un café…
Les autres, ses «   camarades de classe   », ne l’intéressaient pas. Tous superficiels, vaniteux, à ricaner comme des niais et à se montrer leurs dernières photos débiles sur leurs nouveaux téléphones payés par papa et maman.
Elle jeta son cahier au fond de son sac dès que la sonnerie retentit à nouveau et quitta la classe. Comme toujours, elle ne rentrerait pas tout de suite. Voir le gros porc vautré dans le canapé lui était insupportable, sans compter que s’il était seul, elle devrait être «   gentille   ».
Elle prit une cigarette dans son perfecto volé chez Emmaüs et l’alluma avec les allumettes qu’elle piquait régulièrement dans la boîte de la cuisine.
Lorsque la fumée envahissait sa gorge et ses poumons, elle se sentait revivre. Élie roulait ses clopes et dès qu’elle le pouvait, se procurait des feuilles et du tabac avec la petite monnaie que sa tutrice lui laissait. Elle n’en avait pas toujours mais elle économisait pour ça.
La cigarette, c’était aussi un moyen de se sentir un peu plus sûre d’elle.
On était en octobre et la nuit tombait de plus en plus tôt, mais le soir n’était pas encore arrivé. Elle s’arrêta sur un banc à l’intérieur du centre commercial et dessina les gens qui s’attardaient devant une boutique ou un escalator. Il faisait meilleur ici que dehors, et observer les autres dans leur petite vie de tous les...