Le bunker , livre ebook
209
pages
Français
Ebooks
2024
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2024
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Publié par
Date de parution
26 novembre 2024
EAN13
9782379616341
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
5 Mo
Publié par
Date de parution
26 novembre 2024
EAN13
9782379616341
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
5 Mo
Le bunker
K. Sangil
K. Sangil
Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-634-1
Illustrations de couverture : Dark & Light Art
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YOURI
Trois heures moins cinq. Je coupe le moteur devant l’hôtel Impérial et lève les yeux vers le rétro. À l’arrière, Sacha réajuste le col de son éternelle chemise noire et défait un bouton supplémentaire. Comme à son habitude avant un rendez-vous, mon boss passe les doigts en haut de son front pour dresser ses mèches blond foncé. Elles tiennent en l’air, aussi arrogantes que leur propriétaire. Ses lèvres étirées émettent un bruit sec, puis il me fait un clin d’œil. À chaque rencontre, ce mec se délecte du contraste qu’il va offrir à son adversaire, sa jeunesse et sa belle gueule en total décalage avec ses paroles à venir. Après un signe de tête, que je lui rends, il sort lorsque le groom lui ouvre la portière. Dans la voiture suivante, Igor et Svenko lui emboîtent le pas. J’active mon oreillette d’une pression de l’index et fixe le ciel étoilé pour ne pas croiser le regard de l’employé, qui préférerait que je libère la place. Une soirée habituelle. Dix minutes de parlote, une signature, et bye-bye, Genève.
Sacha vient d’atteindre la suite royale du vendeur, il commence d’emblée les négociations. Rien qu’à entendre l’intonation de sa voix et celle de son interlocuteur, je sais d’avance que c’est gagné. Je me laisse aller à sourire, j’aime cette vie de facilité où tout tient dans l’attitude, le paraître et l’intelligence. Un jeu d’acteur bien rodé, un langage corporel qui exprime plus que nos mots. Sacha est doué, il arrive déjà à le faire bafouiller. Je me marre, indiquant de cette manière à mon ami le plaisir que me procure chacune de ses réussites.
Le bruit d’une porte interrompt mon écoute passive. Je tourne la tête vers le bâtiment, même si mes gars, à l’intérieur, contrôlent les sorties des clients. Du passage à droite de l’entrée principale émerge une femme aux yeux hagards. Son attention se rive sur nos voitures, puis elle se met à courir vers la mienne.
— Blya !
Après mon juron, je m’apprête à l’arrêter d’un ton sec en la voyant ouvrir la portière arrière, mais je reste sans voix quand elle se précipite sur le siège et hurle sa directive.
— À la gare ! À la gare, vite !
Mon regard glisse sur ses traits apeurés, descend sur sa robe à la bretelle déchirée, poursuit sur sa gorge au souffle court, jusqu’aux marques rouges sur la peau de son biceps.
— Je vous en supplie !
Quand elle déglutit avec peine, je jette un œil en direction du concierge, qui n’a pas bougé, et démarre. Ça ne me prendra que quelques minutes de la déposer. Une fois la seconde enclenchée et la tête de ma passagère tournée vers l’arrière pour vérifier si le danger qu’elle fuit la rattrape, je murmure à mon boss le changement de programme. Je n’attends pas de réponse et coupe la communication pour passer sur la fréquence de mes gars, dans la voiture suivante. Je leur intime à voix basse de récupérer Sacha à sa sortie, si je ne suis pas revenu à temps.
L’urgence est mon adrénaline, mais jamais pour des inconnus. Mon regard se rive sur le rétro. La petite blonde n’arrête pas de scruter l’hôtel, comme si on allait la poursuivre. J’accélère et m’apprête à parler en français, cette fois, lorsqu’elle sursaute en entendant une sonnerie retentir.
Je l’observe tandis qu’elle sort de son sac un téléphone dernier cri et décroche après avoir lu l’identité de l’appelant. Ses doigts tremblent. Le corps crispé, elle répond d’un ton toujours aussi affolé.
— Allô ? Martine ?… Non, j’ai dû fuir… Est-ce que Sophie est retournée à notre table ?… Alerte les flics, elle a été enlevée sous mes yeux !… J’ai… J’ai échappé au mec, je sais pas comment… Non, quitte plutôt la fête maintenant ! Je… Je vais récupérer ma valise à la consigne de la gare et… Merde ! Je peux pas rentrer chez moi, le Russe connaît mon nom et sait d’où on est parties, ce matin… Quelle conne ! Je fais quoi, Martine ?… Le poste de police le plus proche ?… Je ne sais pas… Punaise, j’aurais jamais dû suivre Sophie ! C’est elle qui a flashé sur son pote et ne voulait pas rester seule avec eux… Quoi ? Il s’appelait Yvan… et l’autre… euh… il l’appelait… Asar… non, Arsakov, je crois. Aïe !
Mon pied vient d’écraser la pédale de frein et de la propulser entre les deux sièges avant. J’en profite pour m’emparer de son téléphone afin de clore la conversation.
— Martine, je me charge de la sécurité de votre copine pour qu’elle porte plainte. Quittez les lieux, elle vous recontactera plus tard, affirmé-je en m’efforçant d’articuler afin que mon accent russe ne l’inquiète pas plus.
Je raccroche, glisse l’appareil dans ma poche et fais un demi-tour non autorisé.
— Attachez votre ceinture et résumez-moi la situation, exigé-je tout en la dévisageant dans le rétro.
— Quoi ?
— Ceinture !
Cette fois, mon ordre est suivi. Elle s’y prend à deux reprises, puis me regarde.
— Décrivez-moi Arsakov.
— Euh… La trentaine, châtain, barbu avec une cicatrice sur la joue… Euh, sourcils épais, yeux bruns, long nez…
— Vous étiez où, à l’hôtel ? enchaîné-je, tout en surveillant nos arrières.
— Dans la salle de réception, on assistait à l’anniversaire d’un copain.
Je réenclenche immédiatement mon oreillette et demande à Piotr de récupérer les bandes vidéo avant qu’Arsakov ne les détruise, puis je lance un appel depuis le téléphone fixé à la grille d’aération de la voiture. Quand je jette un nouveau coup d’œil dans le rétro, c’est pour découvrir la femme bouche bée, les traits figés.
— Da ? répond Yan, un membre de l’équipe qui patiente dans l’avion.
— Deux secondes, dis-je en m’arrêtant sur le bas-côté.
Je lève le frein à main et me tourne vers elle.
— Je ne suis pas le salaud que vous venez de fuir. Je parle sa langue, c’est tout. OK ? Comment vous appelez-vous ? la questionné-je, la voyant toujours aussi tétanisée.
— É… Églantine.
Je décide de ne pas cacher ma surprise face à ce prénom peu courant et hoche la tête.
— Bien, Églantine. Je vais vous sortir de là sans la moindre égratignure. OK ?
J’attends son acquiescement ou tout autre signe m’indiquant qu’elle a saisi, avant de me retourner pour démarrer et reprendre ma conversation téléphonique.
— Yan ! Piotr va t’envoyer un film. D’ici là, j’aimerais que tu effectues une recherche pour moi, déclaré-je en français, pour la rassurer. Est-ce que des veilleurs se trouvent en faction à la gare Cornavin ?
— Je counnecte sur réseau genevois, deux minoutes, répond-il, dans un français haché.
Les minutes sont bien plus longues qu’annoncé, mais je sais que mon gars fait un boulot sans défaut, je lui accorde donc ce temps supplémentaire sans l’interrompre et emprunte l’A1. La circulation est inexistante à cette heure-ci, mais je ne dépasse pas les limitations pour éviter qu’un radar immortalise notre présence.
— Gruupe confirmé, trois en faction, deux en mouvement.
— OK. Avertis Sacha que j’amène une invitée et prépare un bac de confinement pour un objet sensible.
Je raccroche sans attendre, puis prends la sortie 6.
— Je… ne comprends rien… du tout, bafouille ma passagère, la tête baissée pour lire le panneau indiquant l’aéroport.
— Je vais être franc, vous n’avez pas rencontré la bonne personne, ce soir. Et je ne parle pas de moi… Enfin, si… Bref, m’embourbé-je dans mon explication.
En essayant de me montrer honnête, je perds toute crédibilité, j’en ai conscience. Ses lèvres tremblent à nouveau. J’inspire lentement et relâche la pression.
— Églantine, cet homme vous cherche, et là où vous avez raison, c’est qu’il n’abandonnera pas la traque de sitôt. Je vous propose de porter plainte et de vous protéger, le temps que cette histoire soit réglée. OK ?
Elle hoche encore la tête, sans réelle conviction. Ses cheveux blonds balaient ses épaules nues. Mon regard s’arrête peut-être un peu trop longtemps sur sa robe déchirée, car elle remonte le tissu et le coince sous la bretelle de son soutien-gorge noir.
— Au fait, moi, c’est Youri. On y est presque.
ÉGLANTINE
Mon pouls cogne contre mes tympans, et un poids dans la poitrine m’empêche de respirer normalement. La scène à la fête tourne en boucle dans ma tête, aussi, j’essaie de focaliser mon esprit sur autre chose. Qui est cet homme que j’ai pris pour un chauffeur de l’hôtel ? Je n’en ai pas la moindre idée. Pourvu qu’il dise vrai et qu’il ne se prépare pas à m’enlever à son tour ! J’ai peur de demander à récupérer mon téléphone, qu’il refuse et que je me sente vraiment prisonnière. Il a dit qu’il m’accompagnerait pour porter plainte, mais on se dirige vers l’aéroport. Quelque chose cloche ! Mon regard se rive sur son profil, comme s’il fallait m’en souvenir pour établir un portrait-robot. Des cheveux bruns coupés à la tondeuse, un nez légèrement tordu vers la droite, une barbe de trois jours, une veste en cuir…
Il a tout d’un chauffeur, pourtant ! Qui est-ce, alors ? Peut-être que je peux ouvrir la portière et me jeter dehors, dès qu’il roulera moins vite ?
— Arrêtez de cogiter.
— Pardon ?
— Vous n’êtes pas en mesure de réfléchir de manière posée, vous êtes sous le choc. Observez vos mains.
Je l’écoute et desserre mes mains jointes. Les ongles ont causé de profondes traces dans ma peau, que je tente d’atténuer par un massage du pouce.
— Est-ce que je peux récupérer mon téléphone ? osé-je enfin lui demander.
— Pas tout de suite. L’équipe d’Arsakov cherche probablement à vous localiser par ce biais. On va les laisser borner l’appareil à l’entrée de l’aéroport. Autant qu’ils sachent que vous prenez l’avion. Ensuite, on le rend indétectable, vous portez plainte et on vous planque le temps que les autorités montent le dossier.
Waouh, ça a l’air simple, dans sa bouche…
— Vous êtes flic ?
L’étirement du coin de ses lèvres et son « Pas tout à fait