Le Paris de la Passion
129 pages
Français

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Le Paris de la Passion , livre ebook

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Description

Au cours d’un vernissage rue Mazarine, à Paris, Pierre et Jacky se lient d’amitié. L’un est collectionneur et peintre à ses heures, l’autre sculpteur. De fête en vernissage, ils font la connaissance d’Irina et de Ludmilla, deux jolies femmes russes à la sensualité explosive – l’une violoniste, l’autre soprano –qui les précipiteront l’un à la ruine, l’autre au chaos sentimental. Les deux amis se soutiennent et s’entraident. Ils affrontent ensemble les aléas de la crise du marché de l’art qui ne fait que débuter. Leur bouée de sauvetage : une grande complicité amicale et un humour déjanté...


Aussi rocambolesques que cocasses, leurs tribulations nous transportent dans les lieux mythiques de Paris, au cœur de ce fascinant microcosme où s’entrecroisent artistes, galeristes, collectionneurs et mondains...



Truffé d'anecdotes authentiques sur de grands peintres et sculpteurs – tels Gauguin, Modigliani, Giacometti, César et Jeff Koons – ce roman autobiographique est largement romancé.


***



Extrait :


Tous les mardis, Pierre Delaroche éclusait les galeries de la rue Quincampoix à la recherche d’émotions plastiques. Il marchait, tête baissée, tel un loup des villes. Grand, élégant, portant beau, c’était un amateur d’art, éclairé et collectionneur... Les jeudis, il les consacrait aux galeries du 6ème arrondissement.


C’est alors qu’entra dans la galerie une véritable bombe. Moulée dans une robe rouge fendue jusqu’à mi-cuisses, la fille rayonnait dans toute la splendeur de ses vingt cinq printemps. Un bref silence fit place au tumulte : toutes les têtes convergèrent vers l’Apparition. La belle Irina était une musicienne russe fraîchement émigrée de son pays natal. D’ordinaire, son territoire de prédilection se situait plutôt du côté des galeries d’art Rive Droite de l’avenue Matignon...


Contrairement à Isabelle, Bernadette subissait la passion de son amant pour l’art en regrettant à présent de l’y avoir encouragé. Comme certaines compagnes d’artistes, elle prenait « cette concurrence » comme s’il s’agissait d’une maîtresse exigeante contre laquelle on ne peut lutter. Et il faut avouer que ces femmes d’artistes n’ont pas toujours tort....


À présent, notre amitié était bien cimentée. Pierre et moi marchions main dans la main comme un seul homme. J’étais heureux d’avoir été l’intermédiaire de son bonheur en lui présentant Tatiana. Pierre mourait d’envie de me renvoyer l’ascenseur. Il m’offrit de partager sa prochaine exposition au Cloître des Billettes, prévue six mois plus tard...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 16
EAN13 9791034806393
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Le Paris de la passion
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Jacky Kooken & Monique Ayoun
 
 
 
Le Paris de la passion
 
 
   
Couverture  : Maïka
 Toile d'Hubert Ulysse Leca , Bas-relief Jacky Kooken

 
 
Publié dans la Collection Electrons Libres,
 
 
 

 
 
 
© Evidence Editions 2018

 
 
 
 
 
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1
1990, ma rencontre avec Pierre
 
 
 
Tous les mardis, Pierre Delaroche éclusait les galeries de la rue Quincampoix à la recherche d’émotions plastiques. Il marchait, tête baissée, tel un loup des villes. Grand, élégant, portant beau, c’était un amateur d’art, éclairé et collectionneur… Les jeudis, il les consacrait aux expositions du VI e arrondissement. Je l’avais croisé à plusieurs reprises lors des portes ouvertes de celles de Saint-Germain et de la Rive droite. Un soir de printemps, nous nous sommes retrouvés côte à côte, devant le buffet fastueux de la galerie Valois, rue de Seine. Pierre m’apostropha gaiement par ces mots :
— Vous avez une moustache surréaliste, cher Monsieur !
Je ne m’attendais guère à tant de familiarité de sa part. Son beau physique de cadre dynamique un peu coincé aux entournures ne laissait guère présager de fantaisie. Surpris, je rétorquai du tac au tac :
— Un homme sans moustaches, c’est un cheval sans crinière, cher ami !
Les bulles de champagne avaient pulvérisé en moi toute timidité.
— Les femmes sont si belles au printemps, vous ne trouvez pas ? enchaîna-t-il sans transition en me désignant une jolie blonde à voilette noire qui tentait de se frayer un chemin dans la foule se pressant devant le buffet.
— Autour du point d’eau, les grands fauves et les gazelles ! m’exclamai-je en riant.
Pierre leva son verre vers moi :
— Aux grands fauves ! lança-t-il en trinquant… Il avait fière allure dans son costume de lin clair et, ce soir-là, il était euphorique. Il avait réalisé une plus-value d’exception l’après-midi même dans une vente aux enchères à Drouot :
— J’ai eu le nez fin en achetant, il y a quinze ans, ce bronze de Camille Claudel. En 1975, ça ne valait pas grand-chose ! Aujourd’hui, il a été adjugé à plus de deux cents fois son prix d’origine !
— Normal, après le succès du livre et, surtout, du film ! répondis-je.
— Oui, mais en 1975, il n’y avait pas grand monde pour prédire un tel revirement ! Moi, je savais qu’étant exposée au musée Rodin de par la volonté du Maître, Camille Claudel trouverait, un jour ou l’autre, une cote comparable aux meilleurs sculpteurs de son temps, comme Pompon ou Bourdelle…
— Bravo pour le flair !
 
Ce fut par ce coup d’éclat qu’il commença, une coupe de champagne à la main, à me raconter sa vie… Ce qui le passionnait avant tout, c’était la peinture et les esquisses. Tout jeune, il adorait dessiner et il avait d’ailleurs un bon coup de crayon. Mais son bourgeois de père lui avait formellement interdit toute carrière artistique. Et c’était presque sans sourciller que Pierre s’était laissé guider vers de sérieuses études de commerce. HEC n’avait pourtant pas eu raison de sa passion pour l’art. Au sortir de l’école, il avait pris des cours du soir à l’académie de la place des Vosges. Tout en exerçant son métier de directeur commercial dans une grosse boîte de la banlieue parisienne, il s’était perfectionné des années durant dans les techniques du dessin et de la peinture à l’huile. Excellent coloriste, il taquinait en secret la muse et exécutait des toiles de petit format qu’il stockait sur une mezzanine qu’il avait fait installer dans son bureau. Sa femme le qualifiait méchamment de « peintre du dimanche ». Cela le vexait à peine. Cette expression ne faisait que conforter la piètre estime qu’il avait de ses propres tableaux. Pour compenser, il s’était mis à acheter des œuvres d’art de manière compulsive. C’était devenu « sa drogue ». D’autant qu’il faisait mouche presque à chaque fois ! Il parvenait toujours à revendre, en en tirant un bénéfice, les toiles ou les sculptures qu’il achetait. Et c’était ainsi qu’il était devenu collectionneur. Par pure frustration ! Comme je le lui faisais remarquer, il se mit à rire :
— Tout à fait, je l’avoue volontiers ! De peintre frustré, je suis devenu un découvreur comblé !
« Eh bien, quelle passion lucrative ! » me dis-je par-devers moi. Je considérais sa montre Cartier, son costume de marque, son air satisfait. C’était un homme qui, au final, avait eu de la chance : tout ce qu’il achetait se transformait en or. Son talent de découvreur le faisait exulter. Comme bien d’autres amateurs, il prenait un malin plaisir à acquérir, en galerie, des toiles d’artistes ayant le vent en poupe pour les revendre à l’hôtel Drouot, quelques mois plus tard, en doublant quasiment la mise… Oui, cet homme avait eu de la chance, mais à cette époque, en 1990, cette aubaine était largement partagée ! À Paris, la spéculation battait encore son plein… Paris était, après New York, la deuxième capitale de l’art contemporain. Nul ne pouvait prévoir son déclin.
 
Quand Pierre eut achevé ses confidences, je lui glissai, en toute sympathie, dans la main, un carton d’invitation pour mon exposition.
 
 
 
 
2
Mon vernissage
 
 
 
Quelques jours plus tard, j’eus le bonheur de retrouver Pierre à mon propre vernissage, celui que me consacrait la galerie Koralewski, rue Quincampoix… Les œuvres exposées là étaient parmi mes favorites : des anges, des femmes ou des sirènes, parfois les trois confondus. J’étais sculpteur de taille directe et, depuis tout jeune, je travaillais la matière — pierre, marbre ou granit — avec une euphorie sauvage qui me faisait oublier toute fatigue. À vingt-sept ans, le monde de l’art s’ouvrait pour moi et je jouissais des faveurs de quelques aficionados…
Dès que je vis Pierre entrer dans la galerie, je vins à sa rencontre.
 
— Quelle bonne surprise, merci d’avoir tenu votre promesse.
— Je viens juger, sur pièce, votre travail, cher ami !
 
Il fit le tour de la galerie, caressant les courbes et marchant autour des œuvres avec un plaisir visible. Soudain, il s’arrêta devant l’un de mes plus beaux marbres de Paros, un homme accroupi en méditation. Il appela Tadeus, le galeriste :
— Quand pouvez-vous me le faire livrer ? s’enquit-il.
— À la fin de l’exposition, dans trois semaines, répondit Tadeus.
 
Lorsque je vis le point rouge auréoler le titre de mon œuvre, je fus aux anges. Tout à ma jubilation, je me permis d’intervenir :
 
— Investir dans la pierre est toujours un bon placement ! Surtout à un prix si ras du plancher que vous pourriez marcher dessus.
— Vous situez votre plancher au niveau de quel étage ? Du troisième ?
— Peut-être bien. Mais ma cote est en devenir, elle pourrait atteindre d’ici peu le top des Twin Towers ! dis-je en souriant…
Incapable bien sûr d’imaginer que celles-ci seraient, un jour, réduites en poussière !…
 
C’est alors qu’entra, dans la galerie, une véritable bombe. Moulée dans une robe rouge fendue jusqu’à mi-cuisses, la fille rayonnait dans toute la splendeur de ses vingt-cinq printemps. Un bref silence fit place au tumulte : toutes les têtes convergèrent vers l’Apparition. La belle Irina ét

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