Le PASSÉ SIMPLIFIÉ

Micheline Duff

Description

Au début du XIXe siècle, Honoré, le fils de Jean-Adam Dufft, embrasse le dur métier de cultivateur, emploi qui répond mal aux besoins des familles grandissantes de l’époque. Comment ses descendants et lui s’en sortiront-ils sous un régime anglais favorisant très peu l’émancipation, alors que les prêtres prêchent la fécondité ?
De 1813 à 1960, le lecteur découvrira l’histoire du Québec à travers le quotidien des hommes et des femmes de la lignée des Duff, une famille dont le passé, à n’en point douter, ressemble à celui de la plupart des Québécois. Ainsi, les batailles des Patriotes, les épidémies dévastatrices, la montée de l’industrialisation, la naissance de nouveaux villages et la sauvegarde de la langue française forment le tissu de base de ce roman fort bien documenté.
Une histoire passionnante, entre fiction et réalité, qui comblera les lecteurs avides d’anecdotes et de faits réels du passé.
Pour souligner ces deux faits marquants dans sa vie, Ambroise organisa une double fête, non seulement pour accueillir son premier descendant mâle, mais aussi pour célébrer l’achèvement et l’inauguration de sa magnifique et rutilante maison. La parenté, les amis, même monsieur le curé furent conviés à assister à l’événement qui débuta, en fin d’après-midi, par la bénédiction de la résidence.
Après que le prêtre, debout devant l’édifice et entouré des nombreux invités, eut lancé de l’eau bénite dans un geste en forme de croix tout en déclamant une prière latine, tous récitèrent ensuite un Notre Père en français afin de demander à Dieu de préserver le bonheur imprégnant déjà cette demeure. C’est alors que la porte s’entrouvrit soudain, tel que Délia l’avait prévu, et qu’on vit cette dernière sortir de la maison à la grande surprise de tous, elle qui, comme toutes les femmes, n’aurait pas dû quitter son lit pendant les dix jours suivant l’accouchement. Vêtue d’une longue robe aux teintes d’azur, elle tenait dans ses bras son bébé de quelques jours, bien emmailloté dans une couverture également bleue. Elle s’adressa aussitôt au prêtre d’une voix suppliante.
— Monsieur l’abbé Morin, même si vous l’avez baptisé la semaine dernière, pourriez-vous encore bénir ce garçon-là, s’il vous plaît, mais d’une façon bien particulière ? Christian-Onil est le premier de la cinquième génération susceptible de perpétuer le nom de son père. De grâce, souhaitez-lui une longue vie.
― Certainement, madame.
Elle présenta alors le bébé au curé qui n’eut pas le choix de le prendre dans ses bras et de le soulever maladroitement en récitant sa prière.
― Seigneur, faites que Christian-Onil écoule toute sa vie en bonne santé et ce, pendant plus de cent ans. Qu’il mène une existence heureuse et prospère, et qu’il possède une descendance prolifique et joyeuse.

Sujets

• Romance historique
• Église
• Famille
• Canada
• Mariage
• amour

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 31 août 2016
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782764431887
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 10 Mo

Extrait

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D’un silence à l’autre, Tome III – Les Promesses de l’aube , Éditions JCL, 2007.
D’un silence à l’autre, Tome II – La L umière des mots , Éditions JCL, 2007.
D’un silence à l’autre, Tome I – Le Temps des orages , Éditions JCL, 2006.
Jardins interdits , Éditions JCL, 2005.
Les Lendemains de novembre , Éditions JCL, 2004.
Plume et Pinceaux , Éditions JCL, 2002.
Clé de cœur , Éditions JCL, 2000.
Contes
Contes de Noël pour les petits et les grands , Éditions Québec Amérique, album, 2012.
Récit
Mon grand , Éditions JCL, 2003.



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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Duff, Micheline
(Tous continents)
Suite de : Le passé recomposé.
ISBN 978-2-7644-3186-3 (vol. 2) (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3187-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3188-7 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Tous continents.
PS8557.U283P372 2016 C843’.6 C2016-940834-5 PS9557.U283P372 2016

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2016
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2016

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2016.
quebec-amerique.com




À ceux et celles qui m’ont précédée et à tous les autres qui me succéderont.



Mis à part le contexte historique authentique, et bien qu’ils soient inspirés de la réalité et aient fait l’objet de recherches sérieuses, certains personnages et événements décrits dans ce roman sont fictifs.



Je les revois grandeur nature Enlacés pour danser la gigue, Et les croix de leurs signatures Me font signe de leur fatigue.
Les Ancêtres, Georges Dor




Le Passé recomposé
Résumé du tome 1
Peu intéressé à gagner le prix de ses études en travaillant la terre et séduit par l’attrait de l’Amérique du Nord, Johann Adam Thofft quitte, en compagnie de son ami Herrmann, son Allemagne natale en 1776, à l’emploi de l’armée britannique à titre d’assistant-chirurgien. Peu après son arrivée à Québec, il tombe amoureux d’Okia, une belle Indienne qu’il épouse de manière peu conventionnelle dans une chapelle sans officiant, avant d’être muté d’abord à Trois-Rivières, et ensuite à Sorel, pour exercer la médecine auprès des militaires, et parfois des habitants des environs quand le temps le lui permet.
Dans cette dernière ville, il se lie d’amitié avec un couple de fermiers, Antoine et Bernadette Méthot, et il fait également connaissance avec le médecin français Pierre de Sales Laterrière, puis avec le major Riedesel, qui fera revivre pour lui la tradition allemande de l’arbre de Noël. Enfin, il planifiera un concert dans l’église à l’occasion des Fêtes, grâce au musicien Frédéric Glackmeyer, très connu à Québec. En 1783, Johann Adam décide de quitter l’armée et de prendre la citoyenneté canadienne, pour devenir Jean-Adam Dufft.
De son union avec Okia naîtra un unique enfant, un fils mort-né. Mais le bébé provient-il vraiment de leur union ? L’Indienne gardera le secret d’un viol subi neuf mois auparavant, pour ne le révéler à son mari qu’au moment de sa propre mort causée par un cancer après dix ans de vie commune.
Déprimé et seul au monde, le médecin décide de déménager à Bécancour où il retrouve l’espoir et une nouvelle raison de vivre en épousant Josephte Saint-Louis. En effet, la jeune femme lui annonce joyeusement, quelques mois plus tard, attendre un enfant, le premier et tant espéré descendant de Jean-Adam Dufft au Canada. Le médecin louera alors sa terre au frère de sa femme, Jean-Baptiste Saint-Louis, afin d’assurer la sécurité de sa nouvelle petite famille.
Des cinq enfants nés de l’union de Jean-Adam et de Josephte, seuls Pélagie, Honoré et Charles survivront pour assurer sa postérité dans les années futures. Après la perte de Josephte, les cinq autres enfants issus de son deuxième mariage officiel avec Marie-Louise Coteret mourront tous en bas âge. Cette dernière tiendra lieu, jusqu’à la fin de ses jours, de belle-mère auprès des trois seuls survivants de la famille.
Jean-Adam Dufft habitera dorénavant à Nicolet où il procurera un terrain à son fils Honoré, aux confins de cette ville. Le jeune homme, influencé par son ami Benoît Méthot, entretiendra des idées quelque peu contestataires contre les Anglais, mais il demeurera tout de même pacifique et s’entêtera à devenir cultivateur.


Chapitre 1
En cette journée glaciale du début de novembre 1813, le ciel d’un gris acier et un vent à écorner les bœufs annonçaient l’arrivée de la première tempête de la saison. En effet, une neige lourde et abondante ne tarda pas à se coller au paysage et à recouvrir la campagne tout entière. Les moindres reliefs et aspérités s’estompèrent, enveloppés d’un voile blanc et immaculé. Déjà le crépuscule assombrissait le décor, et le jeune Honoré Dufft regrettait d’avoir mis trop de temps à rentrer chez lui, occupé à la construction d’une jolie maison sur le terrain acheté pour lui aux confins de Nicolet et de la Baie-du-Febvre par Jean-Adam, son père, quelques années auparavant. Mais il se sentait satisfait de son travail : au moins, le toit, les portes et les fenêtres se trouvaient enfin solidement fixés. Il pourrait tranquillement vaquer, à temps perdu et bien à l’abri, à la finition de l’intérieur tout au long de l’hiver.
Il ne remercierait jamais assez son paternel pour sa permission et son aide à bâtir cette confortable maison. Toutefois, nulle promesse d’y installer une tendre épouse n’habitait encore son cœur pour le moment, mais cela n’inquiétait guère le jeune homme. À vingt et un ans, il avait tout son temps, et les candidates lui paraissaient nombreuses dans le canton. Il y avait bien la voisine d’à côté, qui venait souvent lui porter de petites gâteries, confitures, biscuits et gâteaux concoctés par elle-même, mais Honoré lui trouvait un manque flagrant de maturité. Que dire de Marie-Ange, la fille du menuisier, qui n’arrêtait pas de le reluquer dès qu’il sortait de la maison… Elle n’avait d’ange que le nom, celle-là ! À vrai dire, sa préférée était Marguerite Pinard-Raîche, une ancienne compagne de classe devenue une superbe et pulpeuse brunette habitant derrière le Séminaire de Nicolet.
La jolie demoiselle remontait sans cesse à la surface de ses pensées comme une obsession. Il avait bien tenté, l’autre jour en la croisant à l’entrée du magasin général, de s’approcher d’elle en souriant et même de lui faire la conversation, mais la belle s’était prétendue trop pressée pour s’arrêter, et elle l’avait bêtement laissé en plan sans plus d’explications. Hélas, il ne semblait pas le seul à l’avoir remarquée puisque, la semaine précédente, il l’avait aperçue, de loin, au bras d’un grand efflanqué qui n’avait certainement rien d’autre à lui offrir qu’un regard benêt et de larges mains trop fouineuses. Bof… l’amour viendrait bien dans sa vie un de ces jours. Chaque chose en son temps !
Heureusement, cet après-midi-là, Honoré n’avait que trois kilomètres à franchir entre sa future maison et celle des Dufft, où il habitait toujours avec son frère Charles, son paternel et sa belle-mère Marie-Louise, mais quels kilomètres ! Une route serpentant dans tous les sens, une pente abrupte et glacée à grimper et à redescendre, et deux ruisseaux à traverser à gué… Évidemment, la neige avait fait disparaître le chemin et les rares clôtures le balisant. Au moins, s’il avait pu utiliser la carriole recouverte d’un toit au lieu de la