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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 janvier 2011 |
Nombre de lectures | 280 |
EAN13 | 9782296714984 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Le Péché d’Ève
Marie ALLAIN
Le Péché d’Ève
Comédie dramatique
Préface de Denis Pryen
Du même auteur
Poésie
– Je te parlerai l’amour , Éditions St Germain des Prés, sous le nom de Marya l’Hene, 1978
– Un feu qui court dans les yeux des hommes, Éditions Caractères, 1981
– Je t’aime grand comme une maison in 99 poèmes, Centurion Jeunesse, 1982
Livres pour enfants
– Don Quichotte, Hachette, 1979 (co-écriture, sous le nom de Marya l’Hene)
– Mon premier Evangile, Apostolat des Éditions, 1980
Théâtre
– "Pas de dieux", Institut français de Florence, compagnie Colpo di Scena, 1995
– "L’amour à un fil", Institut français de Florence, compagnie Colpo di Scena, 1995
Conte érotique
– Le vœu, Supérieur inconnu, 2001
Essai
– Saint-François d’Assise, Prêcheur pour un monde bienheureux, Éditions Lanore, 2010
Disque
– Marbella, Sacem, 1983
Nombreuses émissions de radio écrites et interprétées pour des radios françaises et italiennes.
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13715-8
EAN : 9782296137158
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Préface
Et la femme répondit au serpent : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas sous peine de mort. » Le serpent répliqua à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » (Genèse ; chapitre 3).
Ève a l’âge où les femmes commencent à avoir peur de vieillir ; l’âge, où, d’une manière ou d’une autre, elles sont arrachées à l’innocence d’un premier amour, pour être précipitées dans le purgatoire terrestre des doutes, des attentes…
Chassée du paradis et divorcée d’Adam, Ève vit seule avec l’Enfant sur terre. L’amant bis, l’amant ter et l’amant table tournent autour d’elle, le hic c’est que même les trois mis ensemble ne remplaceront jamais l’Amant ! Ils ne sont qu’une façon de tromper cette attente qui est la pesanteur même de la vie…
Ainsi pour Ève, comme pour tous les hommes, le problème majeur reste-t-il l’écoulement du temps : Ève n’en finit pas de mettre au monde ce temps terrestre qui la remplit et la déchire tout à la fois.
Denis Pryen
Personnages
Ève : La première femme.
Adam : Le premier homme.
L’Enfant.
L’Amant.
L’Amant Bis.
L’Amant Ter.
L’Amant Table.
Pénélope : Amie, voyante, confidente.
La Sainte Famille (au téléphone).
La Concierge (à la porte).
Le Serpent (au miroir).
L’action se déroule dans un salon dont un angle tient lieu de chambre.
Partie salon : une table basse, deux tasses de café, une plante verte qui a soif et des coussins en désordre.
Partie chambre : un matelas à terre, recouvert-reste du paradis- d’une couverture édénique, multicolore. Au-dessus, un miroir. A côté, le téléphone.
ACTE PREMIER
- Scène 1-
(Ève, Le Miroir, L’Amant Ter)
Ève : Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ?
Le Miroir : Fais-toi belle.
Ève : Je vois bien que j’ai vieilli, surtout depuis que j’ai quitté le paradis, c’est fou ce que j’ai vieilli…
Le Miroir : Tu te fais des idées ! Regarde, tu as encore un joli teint que bien des jeunes filles t’envieraient !
Ève : Oui, mais ces rides-là, au coin des yeux, je vois bien que de jour en jour elles se creusent davantage, toi-même, tu ne me les caches pas !
Le Miroir : Ce n’est rien, tu as encore de belles années devant toi !
Ève : Oui, mais après ?… Ah, je n’aurais pas dû quitter Adam !
Le Miroir : Tu ne sais pas ce que tu veux, tu es bien une femme ! (on s’aperçoit alors que dans le miroir c’est un serpent qui parle ).
Ève : Tout ça c’est de ta faute à toi !
Le Miroir (de nouveau brouillé ) : Tu ne dois t’en prendre qu’à toi-même ma chérie !
(Le téléphone sonne ).
Ève : Qu’est-ce que je fais, je décroche ?
Le Miroir : Vas-y, c’est peut-être ton amant !
Ève (silence) : Oui, mais lequel ? (silence). Si c’est Bis, je ne suis pas là !
Ève (décrochant le téléphone) : Allô ?
La Sainte Famille : Allô, petit névé, c’est nous ! Qu’est-ce que tu deviens, ça fait au moins huit jours que tu nous laisses sans nouvelles, c’est pas bien ça… Comment va l’Enfant ?
Ève : Bien, ça va, merci (elle touche du bois ).
La Sainte Famille : Et toi, comment vas-tu ? As-tu trouvé du travail ?
Ève : Pas encore, mais je cherche.
La Sainte Famille : Alors, cherche ma fille… Et les amours, ça va aussi ? Tu vas te remarier un de ces jours quand même ?
Ève : Pas dans l’immédiat que je sache (elle lève les yeux au ciel ).
La Sainte Famille : Tu sais papa et moi, on se fait du souci pour toi…
Ève : Vous n’avez pas de raison, je suis très bien comme ça.
La Sainte Famille : Oui, mais pense à l’Enfant, un peu… (Silence). Tu sais Adam est toujours seul, il doit t’attendre !
Ève : Qu’il attende.
La Sainte Famille : Tu n’as pas de cœur, Ève !
Ève : Si c’est pour me dire ça, c’est pas la peine de téléphoner.
La Sainte Famille : Oui, mais on s’inquiétait…
Ève (faisant mine de parler au loin ) : Excusez-moi, on sonne à la porte ! Au revoir ! Oui, oui, c’est ça… (Elle raccroche ). Quelle plaie !
(On frappe vraiment à la porte ).
L’Amant Ter (entrant sans y être invité ) : Tu m’offres un petit café ? Je passais là par hasard…
Ève : J’aime pas qu’on me surprenne comme ça !
L’Amant Ter : C’est le seul moyen de te voir ! Allez, fais-moi ce petit café et je me sauve tout de suite !
Ève : Tu me promets que tu ne restes pas…
L’Amant Ter : T’attends ton homme ou quoi ?
Ève : Non, mais je n’aime pas que tu débarques comme ça, je te l’ai déjà dit.
L’Amant Ter : Ça va, boude pas... T’es belle même en colère, tu sais !
Ève (très digne ) : Bon, je te fais ce café et puis tu pars.
L’Amant Ter (lui mettant la main à la taille) : Merci !
Ève (la lui enlevant ) : Arrête, on peut nous voir !
L’Amant Ter : T’as peur de la concierge ou quoi ?
Ève : La concierge, les voisins, ils sont tout le temps à l’affût. J’en ai marre ! Je ne suis plus jamais tranquille comme au… comme avant !
L’Amant Ter : C’est qu’ils s’emmerdent, qu’est-ce que tu veux ! (il rit) Ils regardent les autres vivre ! (il lui remet les mains à la taille ).
Ève (même jeu que précédemment, les lui enlève).
L’Amant Ter (énervé) : Oh, tu deviens de plus en plus intraitable, toi !
Ève (un ton au-dessus ) : Tu n’as qu’à pas venir !
L’Amant Ter (faisant mine de sortir ) : Bon, je m’en vais !
Ève : C’est ça. (Elle fait chauffer le café, sans le regarder ).
L’Amant Ter : Quand je pense qu’autrefois, tu me faisais un câlin dès l’entrée !
Ève (toujours le dos tourné) : Autrefois, c’est du passé. Aujourd’hui, c’est impossible.
L’Amant Ter : Et demain ?
Ève : Non plus, ni demain, ni jamais plus !
L’Amant Ter : T’es dure, tu sais !
Ève : C’est la vie sur terre.
L’Amant Ter : Quand je pense qu’à ton homme, tu lui fais tout ce qu’il veut ! C’est pas juste, ça !
Ève : Oui, mais lui, c’est lui. (Elle sert distraitement le café dans une des deux tasses ).
L’Amant Ter : Il est pas terrible ce mec ; chaque fois que je le vois, je me demande ce que tu lui trouves…
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