Le Reflet Insolite de la Robe Émeraude
266 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le Reflet Insolite de la Robe Émeraude , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
266 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Après le décès de son propriétaire, le château de Montchauliac a été vendu à un riche industriel néerlandais qui l’a fait restaurer et transformer en résidence de luxe. Mais, en changeant sa destination première, ne lui a-t-on pas fait perdre son âme ? se demande le jeune gardien du domaine, Demetrio Leoni, lorsque, au lendemain d’une folle soirée, il découvre au petit matin dans l’étang le cadavre d’une jeune femme.
Que s’est-il donc passé ? A-t-elle été victime d’un pervers ou bien plutôt a-t-elle sans le vouloir découvert quelque terrible secret ? Entre les étranges visiteurs et les trop dévoués serviteurs du maître des lieux, le jeune homme poursuit une enquête difficile, que seule sa parfaite connaissance des mystères du château lui permettra de mener à bien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 octobre 2017
Nombre de lectures 6
EAN13 9782368323007
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FlorenceLEVET



Le refletinsolite de la robe émeraude

Roman
I

Depuis la rive opposée de l’étang, le jeunehomme, son chien assis à ses côtés, contemplaitle château qui se dressait au bord de celui-ci, émergeantdoucement de la brume matinale au moment où les premiersrayons du soleil embrasaient les créneaux de sa tour carrée,la plus haute, effleurant à peine les clochetons pointus destours d’angle. Il avait beau se retrouver là tous lesmatins à peu près à la même heure, il nese lassait pas du spectacle, quelles que fussent les variantes dansla lumière et les couleurs du ciel qu’y introduisaientles nuances des saisons et les caprices de la météorologie.La paix de ce moment où renaissait le jour sur le parc encoreendormi, la masse imposante de l’édifice défiantle temps par-delà les siècles passés, lesreflets moirés de la surface de l’eau composaient untableau si parfait que seuls l’immobilité et le silencepermettaient de l’apprécier à sa juste valeur.Tous les matins donc, depuis près de cinq ans maintenant, enfaisant sa ronde à travers la propriété, ilmarquait un temps d’arrêt à ce même endroit,respirant la scène et son atmosphère par tous les poresde sa peau, s’imprégnant de ce paysage qui lui semblaitsi bien s’accorder avec ses états d’âme.
Cinq ans déjà… Mais Demetrio ne regrettait rien.Il fallait pourtant bien peu de chose pour faire basculer la vie d’unhomme, pensait-il, presque rien, juste quelques petites lignesimprimées, encore réduites par l’emploi desabréviations convenues qui faisaient partie intégrantedu style dans lequel elles étaient rédigées,resserrées à l’intérieur de la troisièmecolonne des petites annonces d’un magazine trouvé par leplus grand des hasards dans un hall de gare et feuilleté pourpasser un moment en attendant un train qui n’en finissait pasd’arriver.
«  Haute-Vienne. Ch. gardien à l’annéepour propr. à la campagne, entretien courant, jardinage, logtassuré, réf. exigées, salaire àdébattre…  ». Le regard distrait quisurvolait la page avait distingué quelques mots au passage,quelques mots qui ouvraient soudain un chemin vers le rêve :Haute-Vienne, campagne, logement, l’essentiel en somme. Lejeune homme ne savait même pas pourquoi il avait ramasséce journal abandonné sur un siège ni pourquoi ill’avait ouvert à la page des petites annonces, lui dontl’existence et la carrière semblaient déjàtoutes tracées malgré son jeune âge. Enfin si, àprésent, en y réfléchissant, il comprenait lepourquoi de ce geste. En fait, à cet instant précis, ilavait désiré de toutes ses forces changer de vie. Etc’était arrivé.
Pourtant, à ce moment-là, en récupérantson sac à ses pieds avant de quitter la gare, le quai, letrain, toutes les barrières et les contraintes que ceux-cisymbolisaient, il n’avait pas nettement conscience de faire unchoix définitif.
« -T’as pété un plomb, Léo », luiaurait sans doute dit son ami Justin Lacaud s’il avait pu liredans ses pensées, dans son langage moderne et imagé.
Maisnon, c’était bien plus que ça, bien plus qu’unesimple réaction épidermique, qu’un simplemouvement d’humeur, c’était un sentiment beaucoupplus complexe, une décision longuement mûrie depuis desannées qui trouvait soudain là son aboutissement.
« -Comment tu peux supporter tout ça ? », luiavait un jour demandé Justin, alors qu’il le quittaitune fois de plus prématurément, refusant une sortieproposée par celui-ci sans conviction – Léo nesortait jamais, tout le monde savait ça – pour retournerau travail de forçat qui le liait à son instrument etlui dévorait tout le temps libre que lui laissaient des étudesreléguées au second plan.
« -Facile », avait répliqué Demetrio ensouriant, « il me suffit de me dire que quand j’enaurai vraiment assez, je n’aurai qu’à m’enaller.
-T’en aller où ?
-Je ne sais pas encore, mais je trouverai ».
Cedialogue se situait presque dix ans auparavant. Et voilà,soudain, il avait trouvé : s’en aller à lacampagne, au calme, là où personne ne lui demanderaitrien, loin des tournées, des concerts, des imprésarios,des organisateurs, des directeurs de salle, de tout ce monde quitournait autour d’un jeune pianiste qu’on disait douéet plein d’avenir, sans lui demander aucunement son avis sur lafaçon dont il le concevait, lui, cet avenir. Loin de sa mèreaussi…
DemetrioLeoni était pianiste, fils de pianiste. Condamné àêtre pianiste ? Non. Il avait toujours su que, quellesqu’eussent été les apparences, ce n’étaitpas là sa véritable vocation. Certes il étaitmusicien dans l’âme et il n’aurait d’ailleursnullement songé à le nier. Mais pour lui la musiqueavait une autre signification, ce n’était pas ungagne-pain, ce n’était pas un spectacle, ce n’étaitpas le bagne non plus, c’était quelque chose de trèsintime et de très personnel, un sentiment plus qu’unmétier, une nourriture secrète, un plaisir pur, unejouissance presque égoïste, rien à voir avec lesnotions d’obligation, de travail, de rentabilité, decontrainte qu’on s’ingéniait depuis des annéesà lui inculquer. Pendant tout ce temps il avait patienté,rongé son frein plutôt, se berçant de l’illusionque, parvenu au sommet de son art, il y gagnerait sa liberté,son indépendance, le droit d’être enfin son propremaître… Quelle naïveté !
Peut-être,oui, s’il était devenu un de ces solistes renommésdont le seul nom suffisait à évoquer le talent, ilaurait pu gagner des hauteurs où, au-dessus de toutes lescontingences, on incarne un demi-dieu, où l’on peut sepermettre de réaliser ses caprices élevés augrade d’aimables fantaisies de l’artiste, de poser sesexigences, de refuser tout compromission, de dire non àn’importe qui et à n’importe quoi, de ne plusdépendre de rien ni de personne. Et encore… MaisDemetrio était réaliste. Et modeste. Il avaitconscience de ses limites, il était capable de discerner cequi en lui était inné et ce qu’il avait acquispar son labeur de tous les instants. Une humilité naturellel’avait toujours entretenu dans l’idée qu’iln’était pas fait pour la compétition, pour lacourse à la réussite, qu’il n’étaitni meilleur ni pire que les autres et qu’il devait se faire saplace sans chercher à tout prix à dominer sessemblables dans quelque domaine que ce fût. Alors, pour ne pasentrer dans le cercle infernal des concours et des exhibitionsdiverses, il avait toujours gardé au fond de lui l’imagede cette porte de sortie qui s’ouvrirait un jour devant lui.
Etla porte s’était ouverte sur ce château qu’ilavait à présent sous les yeux, se reflétant dansson miroir d’étain immobile telle une forteresse delégende, un lieu de rêve, pour lequel il avait ressentidès le jour de son arrivée un véritable coup defoudre et qui avait symbolisé à cet instant cettenouvelle vie qui s’offrait à lui. Mais, à partird’aujourd’hui, c’était encore une autre èrequi commençait à Montchauliac. Et Demetrio n’étaitpas certain d’aimer ce qui allait advenir. Enfin, on verraitbien…
Cinqans déjà en effet qu’il vivait là, enquelque sorte à l’écart du monde, en tout casd’un monde qu’il estimait ne pas être le sien.Pourtant il n’avait pas envie de regarder en arrière, siquelque chose lui manquait aujourd’hui ce n’étaitcertainement pas l’existence qu’il avait menéeavant le grand saut dans l’inconnu qui l’avait amenéà Montchauliac. Certes, les choses étaient en train dechanger, elles avaient déjà pris un nouveau visage. Enbien ou en mal ? Seul l’avenir le dirait.
Despas précipités le tirèrent brusquement de sacontemplation, quelqu’un accourait vers lui le long de la largeallée bordée de peupliers qui, venant de la grilled’entrée, se partageait ensuite en deux branches dontl’une se dirigeait vers l’entrée principale duchâteau tandis que l’autre filait le long de l’étangavant de traverser le parc dans toute sa longueur. Le chien prèsde lui leva le museau et grogna sourdement. Tournant la tête,Demetrio distingua le coureur, la coureuse aurait-on pu dire plutôt,une jeune femme qui trottinait à petites foulées enshort blanc et tee-shirt rose fuchsia, des écouteurs sur lesoreilles. Allons bon, une joggeuse dans le parc de Montchauliac !Qu’est-ce que c’était que ça ?
Lesmains dans les poches, planté au milieu du passage, le garçonregardait venir à lui la sportive tout en allumant unecigarette pour se donner le temps de la réflexion avant de luiadresser la parole, son inconscient enregistrait la silhouette fineet gracieuse, les longues jambes fuselées, la queue de chevalblonde qui se balançait sur les épaules de l’intruse.Elle arriva sur lui, parut le découvrir dans l’instant –était-elle à ce point coupée du monde par lamusique qui se déversait dans ses oreilles ? –,stoppa son effort mais continua quelques secondes à courir surplace comme si elle s’attendait à le voir s’écarteret lui céder le passage, mais, constatant qu’il n’enfaisait rien et qu’il se contentait de la fixer en silence avecun visage de marbre, elle finit par s’immobiliser et elle fitglisser les écouteurs derrière sa tête sur sanuque. Toutefois, si incongrue que fût son apparition àcette heure et en ce lieu pour le jeune homme, ce fut pourtant ellequi l’apostropha la première.
« - Qu’est-ce que vous faites là, vous ? ».
Elledevait être bien entraînée, elle était àpeine essoufflée et ses yeux, d’un gris d’ardoisesous la pluie, ne reflétaient aucun trouble, au contraire.Dressée sur ses ergots en face de lui, elle semblait biendécidée à lui demander des comptes au sujet desa présence sur sa trajectoire.
« -Et vous fumez, en plus ! », ajouta-t-elle sur le mêmeton en le voyant tirer sur sa cigarette d’un air méditatif,comme il considérait le problème qui venait de sematérialiser sous ses yeux.
« -Et alors ?
-C’est une propriété privée, ici.
-J’allais justement vous le faire remarquer, figurez-vous. Cen’est pas un terrain de sport, en tout cas. Quant à ceque je fais ici, je vous répondrai que je fais mon travail. Sivous êtes arrivée avec ceux d’hier soir, vousdevriez me reconnaître, c’est moi qui vous ai ouvert lagrille.
-Il faisait nuit… Et c’est quoi, au juste, votretravail ?
-Je suis le gardien d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents