Le Secret du marais
95 pages
Français

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Description

À la suite de l’incendie de sa maison — réduite en cendres par une main criminelle —, Richard Ribbcroft, lieutenant-détective au Service des enquêtes criminelles du Service de police de la Ville de Montréal, se rend à son chalet situé à Montebello avec l’intention de profiter de l’air pur et frais de la campagne pour récupérer. Mais quand au hasard d’une randonnée, dans un boisé non loin de chez lui, il découvre le corps momifié d’une jeune femme dans un marais, le lieutenant est aussitôt propulsé au cœur d’une sordide affaire de meurtre survenue il y a près de cinquante ans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 août 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782898310683
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1098€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce roman est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les situations décrits dans ce livre sont imaginaires ou utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé, des lieux ou événements réels est purement fortuite.




À Noémie et Alexis.


Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles.
Oscar Wilde


Chapitre 1
Vendredi 23 juillet 2018
21 h 35 : Rue Davidson
Sidéré par l’effroyable spectacle qui se déroule sous ses yeux, Richard Ribbcroft, lieutenant-détective au Service des enquêtes criminelles du Service de police de la Ville de Montréal, a à peine conscience des pompiers qui s’agitent autour de lui et de la foule de curieux qui se masse le long des cordons de sécurité. Planté au milieu d’un entrelacs de tuyaux d’arrosage, les pieds trempés dans une flaque d’eau rougeoyante sous les lueurs de l’incendie, il regarde, impuissant, sa maison partir en fumée.
Sous la pluie de cendres chaudes que recrachent les flammes, le lieutenant tremble de rage et serre les poings ; la colère qui gronde en lui n’a d’égale que la fureur du brasier. Pour Ribbcroft, la perte de sa maison signifie bien plus que la simple perte d’un toit où dormir : c’est sa base, son port d’attache, son havre de paix si chèrement acquis qui se volatilise ainsi en cendres et en poussières.
Cette maison, il l’a achetée il y a cinq ans dans la foulée de son divorce d’avec Isabelle. À cette époque, son fils Théo, du haut de ses quatorze ans, a décidé de suivre sa mère et a déménagé à Ottawa avec elle. Bien qu’il comprenait et respectait le choix de Théo, Ribbcroft a néanmoins été profondément atterré par sa décision. Cette maison donc, dans un moment particulièrement trouble de sa vie, lui a permis de se poser, de retrouver ses repères et de s’ancrer dans ce qui était désormais sa nouvelle réalité : ne plus voir son fils qu’une fin de semaine sur deux… et encore !
Avec le temps, cette modeste demeure située au cœur d’un quartier paisible à vingt minutes de son bureau et, surtout, à quelques rues du Jardin botanique, là où se rassemblent régulièrement les membres de son club d’ornithologie — sa deuxième passion après son travail —, est devenue son véritable chez-lui. Au fil des années, fort de l’expérience acquise lors de la rénovation de son chalet, Ribbcroft a ressorti ses outils et procédé lui-même à quelques améliorations : agrandissement de la salle de bain, nouvelles armoires de cuisine, construction d’une terrasse extérieure, etc. En somme, faire ces travaux de rénovation a été une sorte d’exutoire à sa peine et, au final, il aimait cette maison comme on aime un ami à qui l’on peut tout confier. Malheureusement, ce soir, cet ami fidèle s’en est allé à tout jamais en apportant un grand pan de sa vie.
Et dire que la soirée avait si bien commencé ! Il y a deux heures à peine, il était attablé autour d’un bon repas en compagnie de Maude et d’Élodie Lachance : deux brillantes et courageuses jeunes femmes que le destin — ou plus précisément une périlleuse opération policière — a récemment placées sur sa route. La rencontre était des plus agréables, l’ambiance fort amicale et sympathique, et les sujets de conversation à ce point variés que de fil en aiguille Maude et lui se sont découvert plusieurs affinités — heureuses prémices à une relation amoureuse. Malheureusement, les rires et les sourires se sont vite envolés quand il a été avisé que sa maison était la proie des flammes. Alarmé, il a alors précipité son départ et filé droit chez lui pour s’enquérir de la situation.
C’est son adjoint et fidèle bras droit, le sergent-détective Julien Caron, qui l’a informé de la situation immédiatement après avoir capté l’alerte d’incendie sur les ondes radio. Quand la voix de l’opérateur a annoncé une seconde fois l’adresse de l’immeuble concerné, Caron, stupéfait, a subitement réalisé qu’il s’agissait du domicile de son patron. Au fait que ce dernier passait la soirée chez Maude et Élodie Lachance, il l’a alors joint en urgence sur son téléphone pour l’en avertir. Sitôt après avoir raccroché, il est accouru, lui aussi, sur le lieu de l’incendie pour constater l’ampleur des dégâts, mais surtout pour soutenir son lieutenant dans cette épreuve.
— Chef, on ne peut pas rester ici, dit-il en protégeant son visage du souffle du feu avec le revers de sa veste. Venez avec moi, ajoute-t-il en mettant la main sur l’épaule de ce dernier pour l’inciter à le suivre.
Ribbcroft ne bronche pas et continue de braver du regard les flammes qui ne cessent de gagner en vigueur. Impitoyables, celles-ci lèchent littéralement toute la structure du bâtiment et menacent, à présent, de s’en prendre aux immeubles adjacents.
— Chef, je vous promets qu’on mettra la main au collet de ceux qui ont fait ça, mais on doit d’abord laisser les pompiers faire leur travail. On y verra plus clair demain matin, tente-t-il de le raisonner.
Pour toute réponse, Ribbcroft, subitement incommodé par les émanations du brasier et les vagues de chaleur qui déferlent sur lui comme une bête enragée, se détourne, puis vomit à ses pieds.
— OK, ça suffit. Je vous emmène chez moi, insiste son adjoint en l’entraînant par les épaules.
21 h 35 : Hôtel de Ville de Montebello
À pareille heure, à Montebello — une petite localité champêtre située sur la rive nord de la rivière des Outaouais, à quelque cent trente kilomètres de Montréal —, se tient une longue et houleuse séance du conseil municipal. La mairesse, Martine Charlebois, marche sur des charbons ardents tandis qu’elle demande aux élus de prendre position à l’égard d’un projet de développement qui, depuis des mois, déchaîne les passions et divise la communauté.
— Je tiens à rappeler aux membres du conseil que le rapport intitulé Portrait de l’habitation et du logement à Montebello , déposé en début d’année par le Service de l’urbanisme, démontre très clairement l’urgence d’agir sur ce plan. Les statistiques sont frappantes ! Depuis dix ans, la population de Montebello est en forte croissance et les prévisions démographiques démontrent que cette tendance à la hausse s’accentuera davantage au cours des vingt prochaines années, explique-t-elle. Ce qui est une bonne nouvelle en soi ; on en convient tous. Par contre, à ce rythme-là, les experts prévoient que d’ici deux à trois ans notre parc immobilier actuel ne sera déjà plus suffisant pour répondre adéquatement aux besoins en logement et en habitation de la population.
Dans la salle du conseil, la tension est à son paroxysme et la déclaration de la mairesse est aussitôt accueillie par des murmures indistincts qui s’élèvent parmi les citoyens venus assister à l’assemblée.
— Six mois se sont écoulés depuis le dépôt de ce rapport, poursuit-elle en brandissant une copie du document. Et qu’est-ce qui s’est passé durant ces six mois ? Quelles actions concrètes ont été posées par l’administration municipale pour répondre aux recommandations des experts ? Pour garantir la qualité de vie des Montebellois et des Montebelloises d’aujourd’hui et de demain ? Rien ! Absolument rien ! fulmine-t-elle. Nous avons perdu six précieux mois à tergiverser dans ce dossier alors que le temps joue contre nous. Par conséquent, enchaîne-t-elle, le conseil municipal n’a pas d’autre choix que de se tourner résolument vers l’avenir et d’envisager « dès maintenant » le développement d’un nouveau quartier résidentiel qui saura répondre adéquatement aux besoins grandissants de la population.
— Bien dit ! lance une voix depuis le fond de la salle.
— C’est loin d’être fait, ça ! clame une autre voix qui est aussitôt ponctuée d’une rafale de « chut ! » sonore.
— À cet égard, reprend la mairesse, les auteurs du rapport recommandent que ce nouveau quartier soit, et je cite : « Un quartier pensé en fonction des besoins des aînés, des jeunes familles et où le logement social de qualité sera à juste titre intégré au milieu de vie. » Or, ces mêmes experts sont également d’avis que le meilleur site où construire un projet immobilier de cette envergure est sans contredit celui du boisé Gagnon.
Cette fois, la tension monte subitement d’un cran et une frénésie s’empare de l’assistance : des citoyens défavorables au choix du site chahutent et font du tapage avec leurs pieds tandis que d’autres, favorables ceux-là, se lèvent et applaudissent à tout rompre en signe d’assentiment.
Après avoir exigé le silence à maintes reprises avec un aplomb imperturbable, la mairesse inspire longuement, puis enchaîne :
— Mesdames et messieurs les conseillers, il en va de l’avenir de notre communauté ! Nous devons agir dès maintenant pour le bien de tous ! Dans cette perspective, la résolution numéro 2018-07-124, si elle est adoptée par le Conseil, autorisera l’administration municipale à entreprendre la procédure de changement de zonage du boisé Gagnon afin d’y permettre, à terme, la construction d’un nouveau quartier résidentiel.
La présidente de l’assemblée marque ensuite une pause, le temps de balayer du regard l’assistance qui s’agite en silence, puis reprend :
— Considérant le rapport du Service de l’urbanisme et les recommandations qui en découlent, ainsi que tous les faits que je viens de vous exposer, qui propose l’adoption de la résolution numéro 2018-07-124 ?
— Je propose, dit la conseillère du district concerné.
— J’appuie la proposition, ajoute aussitôt son collègue de droite.
Notant qu’aucun des quatre autres conseillers ne manifeste une quelconque opposition, la mairesse, visiblement heureuse d’avoir réussi l’incroyable tour de force de les rallier tous à « son » projet, reprend fièrement la parole.
— La résolution est adoptée à l’unanimité, proclame-t-elle haut et fort. Merci à toutes et à tous, ajoute-t-elle en élevant davantage la voix afin de l’emporter sur les huées et les cris d’acc

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