Les Amants de Saint-Pierre
140 pages
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Les Amants de Saint-Pierre , livre ebook

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Description

Fièvre ardente en Martinique


Né en 1882, Alfred est un enfant chti, pauvre et délaissé. Vif et curieux, il est remarqué par son instituteur, un « hussard noir de la République », qui lui révèle son potentiel, l’incite à la lecture et aux valeurs laïques et républicaines.


L'œuvre de Victor Hugo sera une découverte qui l'amènera à prendre en main son destin, en s’échappant du domicile parental à douze ans. En passant par les champs de blés de Seclin jusqu’aux cabarets parisiens, dont celui d'Aristide Bruand, il se retrouve en Martinique. Là, il vit un amour passionnel avec une jeune noire marquée par le passé esclavagiste de son pays. Mais l’aventure n'est pas sans risque : l’homme en noir, bras armé d'une vieille rancune parisienne, va le poursuivre jusque sur son île d'adoption.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 décembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782368328149
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LesAmants de Saint-Pierre
Roman
La SAS 2C4L— NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de productionparticipant à la réalisation de cet ouvrage nesauraient être tenus pour responsables de quelque manièreque ce soit, du contenu en général, de la portéedu contenu du texte, ni de la teneur de certains propos enparticulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ilsproduisent à la demande et pour le compte d’un auteur oud’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entièreresponsabilité.
Pierre-ÉtienneMaincent

LesAmants de Saint-Pierre


Roman
*
Àtous mes amis Martiniquais, pour lesquels, par ce roman de fiction,j’ai voulu rappeler le drame de Saint-Pierre, et magnifierl’envoutante beauté de leur île, etparticulièrement Suzy qui m'a éclairé sur lecréole.
Merci aussià mes amis Colette et André, qu'ils trouvent ici toutema reconnaissance.
Aimerquelqu’un c’est lui donner de l’importance àses propres yeux ; l’aider à croire en lui-même.
VictorHugo
Préface
Ce roman estune fiction, même si quelques noms ou événementsrappellent la réalité. Il se place dans le contexte desannées 1900 ; j’ai donc utilisé les motsemployés à cette époque. Lorsque je parle denègres, je n’y mets aucune connotation raciste. Ces motssont mis dans la bouche de ceux qui les prononçaient àl’époque. Certains parce que c’était ainsi,d’autres par délectation, pour mieux marquer encore ladifférence. Ce n’est pas un roman historique et jedemande pardon à l’avance aux puristes qui pourraient mereprendre sur tel fait ou telle date. J’ai écrit ceroman - qui n’est qu’une histoire divertissante - àtravers le prisme déformant de ma personnalité et avecles connaissances que j’ai des événements qui sesont déroulés entre 1894 et 1902.
*
Né le 12 février 1882cours du beau bouquet à Lille, Alfred Delorier n’étaitpas parti pour mener une vie originale. D’un pèrecharbonnier et d’une mère repasseuse, dès sanaissance, sa vie semblait plutôt devoir être celle despersonnages de Zola que des « 200 familles ».Jeunes mariés, ses parents étaient bien heureux d’avoirtrouvé ce logement pour l’accouchement du petit Alfred.
Ces couréesdu nord de la France et particulièrement du triangle Lille,Roubaix, Tourcoing avaient été crééespour le personnel des filatures. Elles partaient des rues en unesorte de couloir ou de boyau qui donnait, en s’évasant,accès à une cour. Les cours étaient des espècesde diverticules des rues ; la vie dans la vie en quelque sorte.Dehors les sabots des chevaux rythmaient sur les pavés, commeun métronome, clic-clac, clic-clac, la musique du pauvre. Loinde l’agitation urbaine, les habitants des cours retrouvaient uncalme précaire reposant beaucoup sur la solidarité. Lacour du beau bouquet n’échappait guère àces critères, elle partait de la rue Sainte-Catherine, face àl’église du même nom. Toutes les constructionsétaient identiques, faites de briques rouges, elles sefaisaient face et étaient composées d’une grandepièce au rez-de-chaussée qui servait à la foisde salle à manger, de cuisine et de salle de bain, oùparfois on y couchait aussi les enfants et d’une petite chambreà l’étage. Certaines avaient une cave, d’autresun grenier. L’ensoleillement était capricieux etn’apportait sa lumière directe que d’un côté.Les latrines étaient communes et au centre de la cour un filetd’eau permettait l’évacuation des eaux usées.Il y régnait continuellement une odeur nauséabonde. Pasd’eau courante, une pompe à main était disposéeà l’entrée et servait à toute lacommunauté. Dans cette promiscuité, la cohésiondu groupe ne se faisait que par les élans de la solidarité.On partageait aussi bien les disputes des uns et des autres que lesinstants d’intimité amoureuse.
Bonheur etprospérité pour la bourgeoisie, misère ethumiliation pour la classe ouvrière. C’est la grandeaventure du syndicalisme et des idées socialistes que JulesGuesde développait et argumentait dans les estaminets du nordde la France. L’épanouissement de la civilisationindustrielle participait à l’accroissement des cités.Les villes s’étiraient, s’agrandissaient, alorsque la France paysanne commençait à s’étiolerdoucement.
Alfred granditdans cette atmosphère ; ainsi était la vie àla fin du XIXe siècle, dans les milieux ouvriers ; sonhorizon était réduit à cette austèrerangée de maisons alignées. Sa vision de l’existence,il ne pouvait l’acquérir qu’au travers de sesparents, c’était donc par une fenêtre étroitequ’il regardait la vie. Heureusement qu’il découvritla lecture pour se créer un minimum de rêve.
Une fois parsemaine, le dimanche, sa mère sortait une grande bassine entôle galvanisée qui lui servait à laver le linge.Elle activait au tison le charbon de la cuisinière et faisaitbouillir de l’eau. C’était un moment rare oùAlfred aimait s’égailler. Debout, dans ce bac àdouche improvisé, elle le savonnait soigneusement pour ensuitele rincer en faisant couler doucement un filet d’eau tièdepar-dessus sa tête qui, comme une caresse, ruisselait sur soncorps. Alfred adorait cet instant et longtemps il garda le souvenirde ces rares moments de gaieté où il monopolisait lescaresses de sa mère. C’était un temps béni.Plus tard, il appréciera toujours la sensation et le plaisirde l’eau sur le corps. Ensuite, c’était au tour desa mère de se laver, sans pudeur sous le regard de son fils,qui découvrait la nudité féminine, les yeuxfixés sur cette touffe de poils qu’elle avait sur le basdu ventre et qui représentait pour lui un mystère.Enfin, on laissait au charbonnier le soin de souiller définitivementl’eau de la bassine. Le petit Alfred était impressionnépar la grosseur du « zizi » de son pèreet se demandait, en regardant le sien d’une moue dubitative,s’il deviendrait aussi gros. Chez les habitants de la cour, onne s’arrêtait pas à des considérations quine pouvaient être que celles des riches, des bourgeois. Lapudeur est un luxe que les pauvres n’avaient pas ou nepouvaient pas avoir. Tout était entendu, tout était su,tout était vu. Ensuite, son père allait jeter l’eauau centre de la cour, il y vidait également le matin, l’urinedes vases de nuit.
Les autresjours et quel que soit le temps, il allait se laver à lapompe. Il laissait tomber sa chemise dont les manches pendaient depart et d’autre du pantalon. De la main droite, il activait lapompe, alors que, penché en avant, sa main gauche faisaitoffice de gant de toilette, puis, encore mouillée, il lapassait dans les cheveux et l’utilisait comme un peigne.
Le dimancheétait aussi le jour du poulet. Pas un poulet entier bien sûr,ils n’en avaient pas les moyens, c’était unevolaille qu’ils partageaient avec les voisins et ceux-ci, ayantsans doute un peu plus « d’aise », leurlaissaient, le soir, ce qu’il en restait. Avec les carcasses etles os, « la mère » faisait une soupe danslaquelle elle jetait des pommes de terre et ça lui faisaitdeux repas.
Malgréces conditions, le petit Alfred était un bon élève ;il fallait qu’il soit doué. Au début de leurinstallation cour du beau bouquet, son père rentrait de bonneheure. Il se débarrassait d’abord des poussièresdu charbon en allant se rincer à la pompe.
Puis vint letemps où pour se rincer la gorge, il alla boire une demi-pintede bière à l’estaminet. Les jours passants et sagorge devenant de plus en plus difficile à rincer, il en butdavantage. Lorsqu’il rentrait, sa colère étaitinversement proportionnelle aux reproches que pouvait lui faire safemme. Alors, l’atmosphère devenait explosive. Un mot,une intonation, un simple geste ou un mauvais regard pouvaient êtrele prétexte au déclenchement d’une algarade quidevenait dispute. Au début, Alfred avait élaboréune stratégie qu’il croyait infaillible. Il se mettait àpleurer et ses pleurs ramenaient ses parents à leur devoir età leur conscience parentale. Malheureusement, et plusrapidement qu’il ne le pensait, les pleurs cessèrentd’avoir cet effet apaisant ; alors, fuyant leurs colères,il montait se réfugier à l’étage et sebouchait les oreilles des deux mains.
Parfois, plusivre que de raison, il forçait sa femme à même latable de la cuisine. Dans son refuge, l’enfant pleurait et envoulait à son père de martyriser sa mère.Parfois n’y pouvant plus il descendait, alors c’est luiqui canalisait l’attention et la colère de son pèreet qui prenait les coups. Ce qui devait arriver arriva, elle futenceinte. Dans ces conditions de vie, il était difficiled’accepter un autre enfant. Alfred vit arriver un soir unefemme à l’aspect étrange. Elle retira tout ce quipouvait gêner sur la table et fit allonger sa mère, pritla bouilloire qui ronronnait sur le coin de la cuisinière àcôté de la cafetière, et versa l’eau chaudedans une bassine. Elle y jeta dedans un certain nombre d’ustensilesbizarres, dont des aiguilles à tricoter. Elle lui remontaensuite les jupons et la jupe et introduit, au centre de cette touffede poils noirs, une aiguille à tricoter avec laquelle elle luitravailla le ventre. Alfred, terrifié, était blotti surune chaise dans le coin sombre de la pièce, il n’osaitplus regarder, partagé à la fois par l’horreur etla curiosité. Ils n’avaient pas pris la peine del’écarter ou bien l’avaient-ils simplement oublié,toujours est-il qu’il fut épouvanté par la scèneet marqué, voire traumatisé, par ce qu’il venaitd’être témoin. Cette vision bestiale, entrevue,lui causa plus tard quelques soucis lorsqu’il fut confrontéau sexe des femmes. Le souvenir de cette scène le paralysaitet générait en lui un dégoût qui avaitpour conséquence de calmer son désir. Sans le savoir,il venait de découvrir la « faiseuse d’anges ».
La misèreaccentue et aggrave les tensions. Le charbonnier, qui selon le dictonest maître chez lui, appliquait cette maxime à la lettreet imposait toutes ses volontés à sa famille en faisanttaire les reproches de sa femme plus souvent par des coups que par laconfrontation des points de vue.
Devant saplanche à repasser, sa mère devait supporter toute lajournée la position debout. Au centre de la pièce setenait un poêle circulaire où étaient disposéset accroc

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