Les Cousins Bruneau
188 pages
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Les Cousins Bruneau , livre ebook

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Description

Claire Mourzac s’apprête à prendre des vacances en Dordogne chez les cousins de son mari, espérant trouver auprès d’eux calme et détente après avoir traversé des moments difficiles. Mais les Bruneau sont tout sauf reposants : jalousies et ressentiments, querelles, voire injures et règlements de comptes sont entre eux monnaie courante, sans compter les vieilles rancunes et les secrets de famille... Chaque membre du clan dévoile tour à tour les meilleurs et les pires de ses aspects, jetant le trouble dans l’esprit de la jeune femme._« Ainsi le charmant Xavier, par exemple, cachait derrière sa nonchalance étudiée un fond de dureté et de cruauté, le placide Christophe n’était qu’un petit égoïste orgueilleux, Julien le débonnaire dissimulait derrière son air bonhomme une parfaite indifférence pour ses semblables. Et que dire de l’Espagnol et de ses secrets inavoués – et inavouables ? Finalement, peut-être étaient-ce ceux qui se montraient ouvertement désagréables qui étaient les plus sincères et les plus dignes d’intérêt, la bouillante Emma ou Claude, le bourreau de travail ? »
Il faudra bien des drames et des coups de théâtre pour que se dessine enfin la voie de l’apaisement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 octobre 2017
Nombre de lectures 20
EAN13 9782368323014
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

FlorenceLEVET



LESCOUSINS BRUNEAU


Roman
I

L’autorailvenait de quitter Brive. Accotée tant bien que mal contre lafenêtre pour résister aux cahots, Claire Mourzacregardait défiler le paysage tandis que la motrice attaquaitles premières pentes au-dessus de la ville, surprise de seretrouver en train d’escalader des montagnes pour se rendredans une région qu’elle avait imaginée moinsaccidentée. Elle se demandait encore, comme elle n’avaitpas cessé de le faire dans les jours qui avaient précédé,si elle avait vraiment bien fait d’entreprendre ce voyage quis’était décidé si vite et qui laconduisait, à des centaines de kilomètres de chez elle,vers de parfaits inconnus dont elle ne pouvait deviner comment ilsallaient l’accueillir.
« -Je sais ce qu’on va faire : je vais t’envoyer chezmes cousins Bruneau ! », s’était exclaméson mari.
Etc’était par là que tout avait commencé.
*
Iln’y avait même pas un an que Claire avait épouséAdrien Mourzac, un archéologue de près de trente ansson aîné, et, contrairement à ce qu’avaientpu penser les esprits chagrins et mal intentionnés, c’avaitété un mariage d’amour pour l’un comme pourl’autre. Adrien était veuf depuis déjà quelquetemps et, quoique les aventures ne lui eussent pas manqué, iln’avait jamais songé sérieusement àrefaire sa vie jusquelà. Il voyageait beaucoup, passait une partie de l’annéeà arpenter les chantiers de fouilles, une autre àpréparer conférences et publications, son éruditionétait reconnue dans le monde entier, il était sanscesse sollicité.
Claireavait suivi ses cours avec passion, il avait fini par remarquerl’étudiante assidue et brillante qui lui posait depertinentes questions, elle avait entrepris des recherches sous sadirection, elle l’avait accompagné sur plusieurs sites.Ils avaient d’abord eu une liaison discrète, qui seconsolidait au fil des jours au fur et à mesure qu’ilsse découvraient des goûts communs dans divers domaines,il avait fini par l’épouser au début de l’étédernier. Ils formaient un couple d’ailleurs relativementassorti : à la cinquantaine, l’archéologuegardait une allure d’éternel étudiant, un corpsmince et musclé, aguerri par les séjours en plein airdans des conditions souvent précaires et inconfortables, parles marches en terrain accidenté et l’exercice physique,ses cheveux noirs bouclés se teintaient à peine degris, ses yeux bruns étaient vifs et rieurs, la passion qu’ilentretenait pour tout ce qui touchait à son métier luimaintenait l’esprit toujours en éveil. La profondeadmiration qu’il avait d’abord suscitée chez sajeune épouse se doublait désormais d’une immensetendresse, il avait été pour elle un amant expérimentéet attentionné, l’entente entre eux était totale.Et il avait manifesté une joie sincère qui l’avaitbeaucoup émue lorsque, au printemps, elle lui avait annoncéqu’elle débutait une grossesse. Il n’avait pas eud’enfant de sa première femme et il en avait plusieursfois manifesté le regret devant elle depuis leur mariage.Peut-être était-il parvenu à une étape desa vie où il ressentait le besoin de laisser derrièrelui une descendance ou bien ce manque était-il plus anciendans son existence, à moins qu’il n’eûtentretenu la crainte d’être incapable de procréer ?Toujours est-il qu’il avait accueilli la nouvelle avec bonheur.
Maisla période faste qu’ils venaient de connaîtrea-vait brutalement pris fin lorsque la jeune femme avait perdul’enfant qu’elle portait, il y avait maintenant un peuplus d’un mois. L’expérience l’avait laisséeépuisée tant physiquement que moralement, Adrien aussiavait été profondément touché et ilsavaient vécu quelque temps au ralenti, sans voir personne, serepliant sur eux-mêmes. Cependant les impératifs de sonmétier sollicitaient de nouveau l’érudit, il nepouvait plus longtemps différer les obligations qu’ilavait laissées en suspens. Il devait passer à présentcinq semaines à diriger un nouveau chantier de fouilles, enAsie Mineure, dans une région reculée au climat rude, àl’écart des grandes routes. Certes, il avait toujoursété entendu que Claire ne l’y accompagnerait pas,eu égard à son état, mais resterait àParis pendant ce temps, dans leur petit appartement du QuartierLatin ; toutefois les actuelles données du problèmeavaient bousculé leurs projets. La jeune femme, en effet,avait supplié son mari de l’emmener avec lui, elle nesupportait pas l’idée de demeurer dans la capitalemaintenant, à ressasser son malheur dans la solitude. Parailleurs, il était difficilement concevable, étantdonné sa santé affaiblie, de lui faire subirl’inconfort d’un campement sur un plateau désolé,dans des conditions rudimentaires, sans médecin àproximité. Ils en avaient discuté pendant de longuessoirées, tournant et retournant les mêmes arguments.Claire ne souhaitait pas non plus se rendre chez ses propres parents,qui habitaient Rennes, passer le mois de juillet dans leurappartement du centre- villen’était pas une perspective bien réjouissantepour cette fille unique, qui avait quitté depuis déjàplusieurs années le toit paternel pour poursuivre ses étudesdans la capitale et dont les liens d’amitié tisséspendant sa jeunesse s’étaient aujourd’hui plus oumoins distendus, avec des condisciples qui avaient chacun bâtisa vie de son côté et qui ne partageaientplus rien avec elle. Alors, que faire ? Elle n’avait pasdavantage d’amis assez intimes pour pouvoir se permettre deleur imposer sa présence pendant plusieurs semaines sur leurlieu de vacances. Le mariage, au demeurant, l’avait conduite àrelâcher quelque peu ses relations d’étudiante etelle ne se connaissait plus de camarade d’études assezproche pour accepter de faire avec elle un long séjour dans unlieu touristique quelconque. C’était alors que, pourfinir, Adrien s’était soudain écrié, commel’idée lui apparaissait brusquement :
« -Je sais ce qu’on va faire : je vais t’envoyer chezmes cousins Bruneau ! ».
Depuisdeux ans qu’elle pouvait prétendre bien le connaître,elle n’en avait jamais entendu parler, de ces cousins Bruneau,mais, en une seule soirée, elle avait vu son mari dévoilersous ses yeux tout un pan de son existence qu’elle avait ignoréjusqu’alors. Elle lui avait beaucoup parlé, quant àelle, de son enfance et de sa jeunesse toutes proches ;toutefois, et c’était sans doute dû à leurdifférence d’âge, elle ne savait rien des siennes.Et voilà que soudain il lui était apparu sous lestraits d’un personnage tout différent, ceux du jeuneprovincial qu’il avait été avant d’atteindreà la renommée qui était aujourd’hui lasienne.
AdrienMourzac était en effet originaire de la Dordogne, et plusprécisément d’un hameau nommé Cantignac,au bord du fleuve, du côté de Montignac. Fils unique, ilavait perdu ses parents relativement tôt et sa carrièrel’avait peu à peu éloigné de ses racines,mais il avait encore au pays natal des cousins germains quipoursuivaient l’exploi-tation des terres familiales. La régionétait agréable et touristique, avec un climat doux,elle pouvait constituer un lieu de villégiature agréablepour une jeune femme meurtriepar la vie et la famille d’Adrien prendrait soin d’elle.Il avait d’ailleurs gardé là-bas la maison de sesparents, où il faisait épisodiquement – trèsépisodiquement – de brefs séjours à lasaison de l’ouverture de la pêche ou de la chasse lorsqueses nombreuses obligations lui en laissaient le loisir, de moins enmoins ces dernières années malheureusement. Clairepourrait s’y installer et, après avoir bouclé sonchantier, il l’y rejoindrait, ils pourraient y demeurerquelques jours ensemble avant de regagner Paris à la fin dumois d’août. Qu’en pensait-elle ? N’était-cepas une bonne idée ?
Apartir de ce moment-là, Adrien avait pris les choses en main.Il avait écrit à ses lointains parents pour reprendrecontact – ceux-ci n’avaient pas le téléphone,semblait-il –, il en avait profité pour leur annoncerson mariage, ce qu’il avait négligé de faire enson temps, avait arrangé le séjour de sa femme parmieux, organisé son voyage tout en faisant de son côtéles préparatifs de son campement en Turquie et, ce matin même,il l’avait mise dans le train avant de se rendre àl’aéroport d’où il s’envolerait àson tour pour sa propre destination.
*
Letrajet en lui-même réservait maintenant quelquessurprises à Claire. Jusqu’à Brive, l’expressavait filé, elle n’avait eu que le temps d’apercevoirles premiers contreforts du Massif Central, regardant le paysagechanger au fil des kilomètres, tout en parcourant d’unœil distrait un roman qu’elle avait emporté et surlequel elle ne parvenait pas à fixer son attention, fauted’une intrigue vraiment consistante. Puis les difficultésétaient apparues, elle avait attendu un long moment lacorrespondance en direction d’Aurillac, regardant partir cellesde Tulle, puis de Rodez, avantde monter à son tour dans l’unique wagon constituant sonautorail, une de ces michelines à l’ancienne comme on enrencontrait encore sur les lignes secondaires en ce début desannées soixante-dix, qui se vident et se remplissent entredeux gares de gens qui parlent patois et qui paraissent tous seconnaître, se demandant à la cantonade des nouvelles desuns et des autres, elle avait eu l’impression d’êtresoudain revenue des années en arrière par l’effetd’un curieux mécanisme à remonter le temps, ellequi s’était vite habituée à voyager avecson mari par les vols longs courriers ou les trains rapides, elleavait oublié qu’il pouvait exister encore, àl’intérieur du pays, de ces petites lignes d’intérêtlocal seulement fréquentées par les habitants du coin,qui s’en allaient flâner avec tours et détoursdans tous les villages des environs et où l’ons’arrêtait, lui semblait-il, à tout bout de champ.Le cours du temps lui avait paru se ralentir, elle avait la sensationde ne pas avancer pendant cette dernière étape de sonvoyage. Elle s’était apprêtée àdescendre à la prochaine station, où la famille de sonmari était censée venir l’accueillir, et voilàqu’au lieu de glisser vers la vallée de la Dordogne, lamotrice avait l’air de vouloir s’élancer vers dessommets 

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