Les Maux de ton silence
234 pages
Français

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Les Maux de ton silence , livre ebook

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Description

À la mort de son frère, Charlie a tout perdu. Ce jour-là, c’est son âme qui s’est brisée autant que ses os. Sa voix qui s’est éteinte, ou presque, d’avoir trop hurlé.


Le corps abîmé, le cœur mutilé, Charlie lutte aujourd’hui sans trop savoir pourquoi. À quoi bon lorsqu’on est celui qui n’aurait pas dû survivre ? Quelle saveur donner à une existence qui en a volé une autre ?


Dans son combat quotidien, il peut tout de même compter sur Zachary, son meilleur ami, auquel va s’ajouter Esteban. Un rayon de soleil bien trop puissant pour être réel, un être trop lumineux pour ne pas avoir aussi une part d’ombre à cacher.


Ensemble au milieu de leurs non-dits, Charlie et Esteban vont apprendre à se découvrir, et peut-être à s’aimer, au moins un peu.


Mais parviendront-ils seulement à apaiser les maux de leurs silences ?




#Romance MM #Psychologie #Mutisme #Reconstruction #Contemporain

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 mai 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782493747204
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

GARANCE DE JORNA
LES MAUX DE TON SILENCE
Milo
Éditions Haro
N° ISBN Papier : 978-2-493747-21-1
N°ISBN Numérique : 978-2-493747-20-4
© Éditions Haro 2022, tous droits réservés.
© Haro et Adobe Stock, pour la présente couverture.
© Milo est une marque des Éditions Haro
Suivi éditorial et correction : Jennifer Verbeurgt
Dépôt légal : Juin 2022
Date de parution : Juin 2022
Éditions Haro :
200 route de Bordeaux, 40 190 Villeneuve de Marsan
Site Internet : www.editionsharo.fr
 
Art L122-4 du CPI : Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque.
 
Art L335-2 du CPI : Toute édition d'écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. La contrefaçon en France d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Seront punis des mêmes peines le débit, l'exportation, l'importation, le transbordement ou la détention aux fins précitées des ouvrages contrefaisants. Lorsque les délits prévus par le présent article ont été commis en bande organisée, les peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et à 750 000 euros d'amende.
 
Art L335-3 du CPI : Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une œuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur, tels qu'ils sont définis et réglementés par la loi. Est également un délit de contrefaçon la violation de l'un des droits de l'auteur d'un logiciel définis à l'article L. 122-6.
 
 
 
Pour tous ceux à qui on a plombé les ailes,
Ceux qui combattent le même monstre que celui de Charlie.
N’oubliez pas que rien n’est immortel.
Qu’un jour, il sera anéanti.
 
« Rien ne peut arrêter la souffrance,
Elle perdurera, jusqu’à la déficience.
Déficience de l’âme, cœur de l’échéance,
Déclin de sa terrible existence. »
 
Transe , Charlie Hartmann, 30/01/2019.
MÉLOPÉE MEURTRIÈRE
Sometimes I think of letting go
And never looking back
And never moving forward so
There would never be a past
Linkin Park, « Easier to Run », Meteora, 2003.
Une note, puis deux. Une déferlante prodigieuse où ma voix me transporte dans des lieux que je n’explorerai jamais, où ta guitare hurle à n’en plus pouvoir. À l’unisson avec nos cœurs, nos âmes chantent aussi. Elles voltigent avec la mélopée de l’instrument, la puissance de mon timbre. Avec elles s’envolent quelques-uns de mes malheurs.
Tu joues sans avoir besoin de réfléchir ; les paroles s’échappent sans même que j’en connaisse les mots. Les paupières fermées, je vogue à travers cet univers qui n’appartient qu’à nous, que le temps a façonné avec notre passion. Celle d’écouter, de respirer, de toucher et de goûter la musique. Contre mon cœur explosent mille et une couleurs, étincelles de vie qu’on ne pourra pas m’usurper.
Tes yeux trouvent les miens. J’y lis une force soudée, une détermination inégalable. Un sourire peint mes lèvres. Il te contamine. Tu m’adresses un regard tendre, rassurant. Tes doigts dansent encore quelques secondes, avant que ma voix s’éteigne avec le cri de la symphonie. Des applaudissements retentissent et notre père se place devant l’objectif de la caméra.
— Papa, râlé-je, pousse-toi sur le côté, tu gênes !
Il se décale avec un sourire grimacé, sans arrêter de nous féliciter. La fierté dans ses yeux m’emplit le cœur de courage alors que tu me jettes une œillade complice.
— On l’a fait sans fausse note, frangin ! t’exclames-tu.
— C’était pas gagné d’avance…
— Tu rigoles ? Tu t’es pas entendu. Là, t’as presque dépassé ton idole !
— Dis pas de connerie, je l’égalerai jamais.
Une pointe de déception pince ma poitrine. J’empoigne mon pendentif, celui que je porte à chaque fois que je chante. Presque aussi gros que ma paume, il arbore fièrement le symbole du groupe qui, chaque jour, me pousse un peu plus au sommet, où m’attend la fin de mon rêve.
— Hé, m’appelles-tu, t’as géré. Ne doute pas maintenant.
Je relève la tête, les sourcils arqués, et tu me souris de toutes tes dents. Tu as toujours eu plus de confiance en toi, en nous. Moi, je faux bien plus que toi. Tu t’en fous. De toute façon, tu t’en fous de tout tant que je suis heureux. C’est sans doute notre plus gros point commun.
— Allez, fais-moi un sourire.
Je plisse le nez et ça t’amuse. En me tirant la langue, tu t’approches du caméscope âgé et enclenches le bouton d’arrêt. L’image se fige sur la moitié de ton visage, étirée d’une moue moqueuse, mais surtout pleine de gentillesse.
 
Je la contemplai longuement, cette image de toi encore en vie. Les larmes au bord des yeux devant l’ordinateur, une jambe repliée contre mon cœur las, qui pourtant continuait de battre. Ou plutôt, continuait de m’abattre.
Peu à peu, ton sourire disparut derrière les maculations de sang, la joie s’envola de tes yeux écarquillés par la terreur. Les côtes enfoncées, le corps défoncé, tu me fixais sans me voir. Et moi, je hurlais. Hurlais à en devenir fou.
On m’empoigna la gorge, me remua les tripes. La nausée remonta. Les coups talonnaient mes côtes dans une mélodie que je ne voulais plus jamais ressentir. La panique me souffla à l’oreille, serra mon cou jusqu’à ce que l’air n’y passe plus. Je m’époumonai encore, t’appelai, te suppliai d’arrêter ta plaisanterie. Elle n’était pas amusante. Elle était déchirante. Je voulais que ça s’arrête.
La crise remonta dans mon crâne, pressé entre deux étaux. Ton murmure, dernier soupir d’une vie que j’avais broyée, insufflait en moi l’impression d’être prisonnier entre des barbelés. Mes yeux paniqués trouvèrent la porte entrouverte de la salle de bains.
« Résiste. »
Je me précipitai sur la commode, la percutai et m’écroulai à genoux. D’une main tremblante, j’attrapai la boîte que j’avais posée la veille. Un spasme me bouscula. Mon souffle mourut encore. Mes doigts tressautèrent, m’empêchèrent de saisir ces foutus cachets ; les seuls qui pouvaient me calmer.
« Ne recommence pas. »
J’ignorai la voix, parvins à en prendre un, puis m’empressai de l’avaler d’une traite. Ils étaient affreusement amers. Je me recroquevillai, les paupières closes, le souffle haletant, et repliai les jambes contre mon torse, non sans éveiller les mêmes douleurs, celles qui me rappelaient que j’avais survécu.
Moi, mais pas toi.
Je donnai le temps à mon corps de s’apaiser, même si mon cœur continuait de crier, et laissai les tremblements se calmer, ma respiration ralentir lentement. Les images devinrent floues, comme si elles n’étaient qu’un mirage. Le hurlement se tut, il ne paraissait plus qu’un murmure lointain, à peine audible.
Ils avaient repris. Les rêves éveillés recommençaient.
J’inspirai profondément et, les paupières toujours closes, je me mis à répéter ces mots, les mêmes que l’on m’obligeait à ressasser depuis des mois :
— Je… m’appelle Charlie. J’ai vingt-deux ans. J’ai subi un traumatisme.
Je n’aimais pas ce terme : traumatisme. C’était ce qu’ils disaient tous. Je les entendais rabâcher les mêmes phrases sans arrêt. Je ne les croyais pas. C’était faux, un enchevêtrement de mensonges qui n’avaient que pour seul objectif celui de me blesser, de me briser. Mais plus le temps passait, plus je me demandais si ce n’était pas moi, le menteur.
Je remuai la tête. Je n’avais pas le droit de faire ça, encore moins de le dire. Tu ne l’aurais pas cautionné.
Sam… mon pote, mon meilleur ami, mon frère.
« Mort. Il est mort. Répète-le, Charlie », m’ordonna la voix dans mon crâne.
Je secouai de nouveau la tête. Non, je ne le répéterais pas. Je refusais, je ne pouvais pas, ce mot m’était impossible à prononcer. Je me recroquevillai un peu plus. Les secondes coulaient, mais je ne bougeais pas, la tête enfouie dans mes genoux, frissonnant à chaque filet de sueur froide qui glissait le long de mon dos. Mes cheveux collaient à mon visage poisseux, entravaient ma vision déjà brouillée par les larmes. Même si la torture venait de cesser, mon âme suppliait qu’on mette fin à son supplice, qu’on lui accorde le repos qu’elle n’avait plus. Le temps l’affaissait.
Ma main s’appuya sur le meuble et me releva. Mon regard croisa celui de mon reflet. Un reflet méconnaissable, le reflet d’un homme vaincu.
« Reprends-toi, Charlie. »
Je grinçai des dents. Qu’est-ce que tu dirais de moi ? Que j’étais pathétique. Et tu aurais raison. Ce jour-là, si je t’avais écouté, tu serais à mes côtés. Tu te moquerais de mes cheveux jamais coiffés, de mon corps de lâche. Tu continuerais tes blagues absurdes et tes tendances à plaisanter pour rien. Tu me sourirais, me dirais que, cette année, on réaliserait notre rêve.
Une boule épineuse grossit dans ma gorge et contint mes pleurs. Je m’appuyai sur le lavabo, mes jointures bientôt blanchies par mon étreinte, et ne déviai pas mes yeux de ce visage. J’affrontai ces prunelles sombres, celles qui reflétaient les mots que j’étais incapable de prononcer. J’eus envie de cracher sur le miroir.
« Ça suffit, Charlie. Redis-le. »
Je ne clignai pas des paupières malgré les picotements dans mes rétines ; je continuai de me dévisager, de me confronter à ce que je voyais. C’était ce que je devais faire, la seule solution pour ne pas être un lâche. Je me répétai, à voix basse :
— Je m’appelle Charlie. J’ai vingt-deux ans. J’ai tué mon frère.
« Ce ne sont pas les paroles, recommence. »
Je ne les connaissais plus, je voulais les oublier. Ce refrain me blessait, m’étreignait jusqu’à m’étouffer. Une mélodie sans joie, sans vie. Quelque chose d’infâme qui me déchirait. À quoi bo

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