Les Passagers de l Hiver
274 pages
Français

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Les Passagers de l'Hiver , livre ebook

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Description

En cette année 1863, Allen Lovell, frère cadet du duc de Rochefast, vit un amour aussi secret qu’intense avec Andrew Smith, l’un de ses camarades à Oxford. Mais aimer un autre garçon dans l’Angleterre victorienne est un crime qu’Allen apprend à ses dépens, poussé à faire un choix qui le sépare de son amant dans les pires conditions.


Sept ans plus tard, une expédition navale vers le grand Nord remet brutalement les deux hommes en présence, laissant Allen tourmenté, incapable de trouver la paix. Et comment le pourrait-il, lorsqu’en plus de la froideur d'Andrew à son égard, il doit subir les assauts d’un mystérieux ennemi qui, pour l’atteindre, n’hésitera pas à semer le chaos sur le navire ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782375212172
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Eve Terrellon
Les Passagers de l’Hiver
Mix Éditions

N° ISBN Papier : 978-2-37521-216-5
N°ISBN Numérique : 978-2-37521-217-2
© Mix Éditions 2021, tous droits réservés.
© Mix Éditions et Adobe Stock, pour la présente couverture.
Suivi éditorial et correction : Natacha Rousseau
Dépôt légal : Mars 2021
Date de parution : Mars 2021
Mix Éditions :
200 route de Bordeaux, 40 190 Villeneuve de Marsan
Site Internet : www.mix-editions.fr
 
Art L122-4 du CPI : Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque.
 
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Art L335-3 du CPI : Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une œuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur, tels qu'ils sont définis et réglementés par la loi. Est également un délit de contrefaçon la violation de l'un des droits de l'auteur d'un logiciel définis à l'article L. 122-6.
 
Prologue
 
Océan Arctique, 18 octobre 1870
La glace cernait le navire. Le vaisseau immobile grinçait, le bois craquait. Si nous n’appareillions pas rapidement, l’hiver se refermerait sur nous. À moins que la pression exercée sur la coque ne brisât avant le bordé comme une coquille de noix et que nous ne coulions.
Je tenais l’information du meilleur des capitaines.
Un nouveau bruit sec me figea. Soumis à rude épreuve, planches et madriers travaillaient de concert. À cheval sur la ligne de flottaison, ma cabine ne possédait pas de sabord. Un manque qui, les premiers temps, me donnait l’impression d’étouffer à l’intérieur. À présent, j’en étais heureux. Cela m’évitait de regarder progresser en face la mort blanche.
Depuis quand ma main tremblait-elle ainsi ? Sans doute depuis que j’avais saisi la montre en argent, posée sur la tablette taillée à même le bois de ma couchette. Un cadeau en forme d’aveu. Une victoire sur des années de silence, de mensonges et de mise au ban de la société.
Avec ferveur, je portai cette montre à mes lèvres avant de la glisser dans l’une des poches intérieures de la veste chaude qui ne me quittait plus. Si la nuit du Grand Nord devait nous ensevelir, il ne me resterait rien d’autre de lui.
J’avais froid. Mes gants fourrés réchauffaient à peine mes doigts gourds. La fatigue et le manque de sommeil jouaient contre moi. Mes habits étaient pourtant épais et parfaitement adaptés à la dureté de l’environnement qui m’entourait.
Depuis que nous avions franchi le cercle polaire, je revêtais une tenue de chasseur inuit, l’une des ethnies eskimos peuplant ces étendues glacées. Achetée au dernier bastion marchand croisé sur notre route, elle complétait judicieusement les costumes de ma malle embarquée en Angleterre. La peau de phoque qui la composait était à la fois douce et solide. Souple également. Malgré l’aspect un peu lourd qu’elle me donnait, elle ne gênait en rien mes mouvements.
Cette tenue, qui aurait suscité les rires de la bonne société de Londres, était mon gage de survivre plus que quelques heures à la folie que j’allais entreprendre. Pour rien au monde je n’en aurais changé. On l’aurait dit coupée pour moi. Un signe du destin. J’avais toujours été mince et ma taille moyenne s’apparentait à celle des autochtones. Une chance qui m’avait également permis de trouver facilement une paire de bottes fourrées à ma pointure.
Un dernier regard circulaire sur mon habitacle finit de m’oppresser. Tout me rappelait l’urgence qui m’attendait. J’avais besoin d’espace. Je pensais pouvoir m’éloigner du navire sans trop de difficultés. Celui que je devais retrouver m’avait appris à aimer cet univers de neige et de solitude. Les chiens distrairaient mon isolement. Mourir en serrant entre mes bras une de ces boules de poils ne pouvait pas être pire que de dépérir au fond de cette cabine.
D’un geste devenu habituel, je nouai ma capuche, veillant à emprisonner ma frange et la totalité des mèches auburn qui encadraient mon visage. Des mèches à la fois douces et drues, légèrement crantées, un peu trop longues, qui me tombaient au ras des épaules, mais que je refusais de raccourcir depuis mes dix-sept ans, en signe de rébellion contre le sort qui m’avait été fait.
D’une poigne ferme, je saisis le sac en toile au pied de ma couchette pour le balancer sur mon épaule. La veille, je l’avais discrètement rempli de vivres, ainsi que de petits objets de survie glanés ici ou là. Des larcins qui avaient suscité une ou deux réactions épidermiques de la part de l’équipage, mais aucune qui me visât personnellement.
Si les matelots se regardaient en chiens de faïence, mon départ en serait facilité, occupés qu’ils seraient à se soupçonner mutuellement. Je devais simplement veiller à échapper à la vigilance de l’officier de quart. Il faisait heureusement si froid dehors que celui-ci quittait peu les abords du brasero déposé à la proue du navire.
Il était temps.
Le poids du sac rebondi me fit légèrement tituber. Je n’avais pas prévu ce détail. Ces derniers mois avaient renforcé ma musculature, mais elle était loin d’égaler celle d’un marin endurci et je bénis le traîneau qui m’épargnerait de porter ce fardeau dans la neige.
Déterminé, je franchis la courte distance qui me séparait de la porte. Je ne reviendrais pas en arrière. Accrochée à la cloison, la glace qui me servait d’ordinaire à me raser me renvoya mon reflet au passage. De larges cernes creusaient ma physionomie. Ils n’étaient pas si marqués voici quelques heures. Le feu qui couvait habituellement dans le brun noisette de mes yeux semblait lui-même éteint.
Le manque de nourriture depuis la destruction d’une partie des vivres dans les cales nous affaiblissait tous, et l’attente que je subissais depuis trois jours me rongeait. Ma figure exsangue n’en conservait pas moins cette sorte de beauté éthérée, à l’image de celle que l’on prête aux anges, qui m’avait toujours desservi.
Assailli de réminiscences désagréables, je m’engageai d’un pas rapide dans la coursive. Malgré l’épaisseur de mes vêtements, la froideur de l’air me transit alors que je terminais de monter l’échelle menant sur le gaillard d’avant. Je mesurai l’étendue de mon affaiblissement à cet effet, mais ce n’était pas cela qui me retiendrait.
Comme je le prévoyais, mis à part l’officier de quart qui me tournait le dos loin vers la proue, les gabiers, ainsi que l’ensemble des autres matelots, se tenaient au chaud dans les entrailles du navire. Le grand vaisseau ressemblait à un bateau fantôme échoué sur un banc de glace, sa mâture et tous ses ponts extérieurs abandonnés.
Je savais qu’à l’arrière subsistait un mince chenal où clapotaient toujours quelques vagues. Si l’équipage cherchait à rejoindre l’océan avant qu’il ne fût trop tard, il devrait d’abord briser l’eau gelée qui emprisonnait en partie la coque, puis remorquer le brick jusqu’aux flots encore libres à la force des bras, en s’aidant des aussières, ces forts cordages servant pour le halage.
J’ignorais si les marins parviendraient à réussir cet exploit. Une chose me paraissait néanmoins certaine : s’ils désiraient tenter leur chance, ils ne devraient pas attendre trop longtemps.
Aspirant par petites goulées un air si froid que j’avais l’impression qu’une myriade d’épines pointues se fichaient dans ma gorge, je me dirigeai vers le plat-bord. Le clair-obscur qui définit la nuit polaire affichait la hauteur de l’ossature du navire comme un phare dans l’immensité glacée qui nous entourait.
Le sol glissant m’obligeait à avancer plus lentement. La couche de givre qui enrayait le bon fonctionnement des poulies scintillait sur les gréements. Les voiles rabattues sous les haubans se couvraient de paquets de neige, qui n’attendaient qu’un coup de vent pour me tomber sur les épaules. Je les évitai en passant le plus loin possible des mâts.
Arrivé près de la rambarde, je me penchai par-dessus bord. L’échelle de coupée avait été installée à demeure depuis que la glace s’amarrait en partie à la coque. À ses pieds, les chiens attendaient sagement à l’attache, roulés en boule sous une mince couche de poudreuse. Habitués au froid et à la neige, ils semblaient en meilleure forme que dans la cale où nous les reléguions auparavant.
D’un geste ample, je balançai mon sac par-dessus la rambarde. Il atterrit dans la neige avec un bruit mat. Il ne contenait heureusement rien de fragile. Je m’apprêtais à descendre quand une voix chevrotante m’interpella.
— Allen, si vous quittez ce navire, vous ne reverrez jamais les verts pâturages de notre belle Angleterre.
J’étouffai un soupir d’agacement avant de faire lentement demi-tour. Je n’étais pas surpris. Une seule personne pouvait espérer me retenir – ou tout au moins essayer – et je me reprochai de n’avoir pas été suffisamment diligent pour l’éviter.
Engoncé dans une lourde pelisse en peau d’ours, Isaac Peldy me faisait face. L’intervention de ce petit homme fluet se calquait incontestablement sur l’inquiétude qu’il ressentait pour moi. Une inquiétude qui le définissait comme un véritable a

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