Nos cœurs fragiles sous le sapin

Gine Daniels

Description

Victime d’un grave accident de voiture, survenu un an plus tôt, MacKenzie Cummings – alias June MacKenzie, la star de la musique country –, essaye de reprendre le cours de sa vie. Mais ce n’est pas si facile, quand une partie de votre mémoire reste introuvable.

Pourtant, depuis son réveil, des flashs la hantent sans qu’elle y trouve un sens. À quelques jours de Noël, une jeune femme l’interpelle en affirmant détenir les réponses à ses interrogations, et notamment le nom de l’amour de sa vie.

À cette évocation, June va plonger dans ses souvenirs et vivre une semaine bouleversante.

Sujets

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Informations

• Publié par: Evidence Editions
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9791034819478
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Nos cœurs fragiles sous le sapin

 
 
 
 
 
 
 
Gine Daniels
 
 
Nos cœurs fragiles sous le sapin
 
 
Couverture : Chloé S.
 
 
Publié dans la Collection Aime
 
 

 
 
© Evidence Editions  2021

 
Mot de l’éditeur
 
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Prologue

 
 
 
— Très bien, June. On se revoit dans deux semaines après le Nouvel An.
Doucement, mon kiné me raccompagna hors de la salle d’examen, non sans ajouter :
— D’ici là, je compte sur vous pour reproduire ces exercices tous les jours. Et surtout, continuez bien à marcher. Votre famille pourra vous accompagner dans vos promenades.
D’un ton résigné, je rétorquai en baissant les yeux :
— Non. Ça ne les intéressera pas, mais je me débrouillerai toute seule. J’ai l’habitude.
— D’accord, répondit-il en détournant les yeux pour cacher sa gêne. Prenez bien soin de vous, en tout cas.
Il me lança aussi avant que je ne commence à m’éloigner :
— Et joyeuses fêtes !
Presque aussitôt, je perçus des murmures sur mon passage, tandis que j’avançais vers le secrétariat en m’appuyant sur ma béquille. J’attendais de récupérer des papiers, lorsque j’entendis derrière moi :
— Tu as vu ? C’est June MacKenzie, la célèbre chanteuse de country !
— Ah oui ! Celle qui a eu un grave accident de voiture, l’année dernière. Je ne l’avais pas reconnue, répondit l’autre commère.
— Sans doute parce qu’elle est restée dans le coma pendant des mois. J’ai lu qu’elle souffrait aussi d’amnésie. Quelle histoire ! Après tout ce qui est arrivé avec sa famille, elle n’a vraiment pas de chance.
Pourtant, depuis mon réveil, j’entendais plutôt la version inverse : « Vous avez eu beaucoup de chance, mademoiselle MacKenzie. » Apparemment, presque un an plus tôt, le jour de Noël, j’avais eu un terrible accident de voiture provoqué par un camion. Gravement blessée, j’étais restée dans le coma pendant près de neuf mois, notamment à cause d’un traumatisme crânien important. Aujourd’hui, quatre mois après mon réveil, j’avais retrouvé une bonne partie de ma masse musculaire et de ma motricité, mais tout n’était pas résolu. Comme l’avaient dit ces deux femmes, je souffrais encore d’amnésie couvrant certaines périodes de mon passé, à commencer par les semaines précédant mon accident.
Grâce à ma famille et aux soignants, j’avais réappris qui j’étais : MacKenzie Cummings, ou plutôt « June MacKenzie », vingt-neuf ans, superstar de la country depuis mon enfance. Célibataire, mais avec quelques conquêtes connues à mon tableau de chasse, j’étais, d’après mes parents, « un des enfants chéris de l’Amérique ». C’était leur version officielle, tout comme le fait que j’appartenais à une famille aimante et attentionnée. Pourtant, à mesure que je m’étais replongée dans cette réalité fabriquée, les contours des décors en carton et les mensonges s’étaient révélés petit à petit. J’avais rapidement compris que mon entourage familial et professionnel ne s’intéressait à moi que par profit, puisqu’ils étaient extrêmement investis dans la construction de ma carrière, et surtout la sauvegarde de mon succès.
D’un ton enthousiaste, Moira, ma mère, m’avait encouragée à sa façon, mais surtout dans son intérêt :
— Tu pourras profiter de ta convalescence pour enregistrer des chansons, ma chérie ! Tu pourras même écrire des textes sur cette expérience incroyable.
— On pourra aussi travailler sur un livre relatant cette période, avait renchéri Mitch, mon père. Une sorte de renaissance du phénix.
— Oh, ça ferait un titre formidable ! s’était extasiée ma mère.
— Évidemment, on embauchera un véritable écrivain pour l’écrire : tu n’aurais qu’à raconter ton quotidien… Ce serait une sorte de journal intime.
— Un journal intime que je n’écrirai pas moi-même, avais-je légèrement critiqué.
— Allons, ma puce, tu as arrêté l’école trop tôt ! Non, il vaut mieux pour tout le monde qu’on fasse appel à un professionnel.
Mais, malgré leurs pressions, ces projets étaient restés au point mort. Déprimée par le monde qui m’entourait, j’avais préféré me concentrer sur ma santé et ma rééducation, quitte à m’isoler. Mis à part les soignants qui me tiraient vers le haut, je repoussais quiconque voulant m’approcher. Avec l’aide des médecins et spécialistes, j’étais enfin parvenue à retrouver la parole et une bonne partie de ma mémoire. Mais il y avait toujours ce trou noir sur les dernières semaines avant mon accident et cela me frustrait énormément. J’avais le sentiment que quelque chose d’important se cachait au fond de ce puits.
Je sortais tout juste du cabinet, lorsque Shawn, mon garde du corps, descendit du gros SUV noir pour venir m’aider. J’entendis non loin quelqu’un demander :
— Mac ?
En tournant la tête, je découvris une jeune femme aux courts cheveux noir de jais sous un bonnet violet et surtout aux yeux d’un gris incroyable. Ce regard réveilla quelque chose en moi, un choc indescriptible et familier. Pourtant, j’étais incapable de reconnaître cette fille. Ses joues rougies par le froid, elle était vêtue avec une grande élégance et son attitude n’avait rien de celle des fans qui faisaient habituellement le pied de grue pour une photo ou un autographe. Et surtout, elle m’avait appelée « Mac », pas « June ». Personne ne faisait ça. Pourtant, ce surnom réveilla des souvenirs encore flous.
— Venez, June, m’enjoignit Shawn en m’entraînant vers la voiture pour m’écarter de cette inconnue comme si elle représentait un danger.
Il me poussa presque à l’intérieur de l’habitacle, alors que je m’interrogeais encore. Derrière nous, la jeune femme poursuivit :
— Je sais ce que tu as fait la semaine précédant ton accident ! S’il te plaît, prends ma carte ! Mac !
Déjà, Shawn mettait le contact et démarrait, mais mon instinct se révolta soudain et j’ordonnai :
— Attendez !
Non sans un soupir contrarié, il obéit et je baissai légèrement ma fenêtre. Quelques secondes plus tard, une carte de visite apparut et je la pris, tandis que la jeune femme m’enjoignait :
— Va sur le lien écrit au dos, tu verras que je dis la vérité.
Comme si elle n’attendait rien de plus, la jeune femme recula en fixant la vitre teintée qui nous séparait. Cet intermède était terminé. J’ordonnai à Shawn de repartir et il obtempéra sans attendre, tandis que je retournai la carte pour lire : « Nellie Hall, avocate ». Ce nom résonna alors dans ma tête avec une familiarité déconcertante.
— C’est juste une arnaque, June, essaya de me convaincre mon protecteur. Faites-moi confiance et n’y pensez plus.
Mais cela m’était impossible. Trop d’éléments avaient ravivé mes doutes et ma soif de réponses. D’abord, je me rendis sur Facebook à la recherche de cette Nellie Hall pour tenter de savoir à qui j’avais affaire. Malheureusement, je me cassai le nez en découvrant que son compte était privé. C’était également le cas sur Instagram. J’avais seulement pu découvrir qu’elle vivait à Philadelphie et était originaire de Maple dans le Vermont. « Pas vraiment à côté de Nashville », songeai-je, de plus en plus intriguée. Le lien écrit au dos de la carte menait à une vidéo sur YouTube. En me rendant sur le site, je pus d’abord lire le titre « mini-concert de MacKenzie Cummings ». Peu de personnes connaissaient mon véritable nom. Évidemment, cela ne voulait rien dire, mais la curiosité me poussa à lancer la vidéo. Visiblement filmée du premier rang, on y voyait une jeune femme aux courts cheveux bruns monter sur scène. Malgré le fait que j’étais blonde aux cheveux longs, cette fille me ressemblait beaucoup ; mais quand elle se mit à parler, puis à chanter, je fus surprise de reconnaître ma voix. Au fil des reprises qu’elle interprétait, je fouillai ma mémoire de toutes mes forces pour tenter de percer enfin ce mystère. Lorsqu’elle reprit Delicate de Taylor Swift, je trouvais la coïncidence un peu grosse. Depuis mon réveil, cette chanson m’accompagnait sans cesse et me servait de baume au cœur, sans que je puisse dire pourquoi. Dès les premières paroles, un sourire apparaissait naturellement sur mes lèvres, comme si cela s’accrochait à un souvenir en particulier.
Mais le morceau suivant me chamboula totalement. Intitulé Grey eyes , il faisait le portrait d’un homme mystérieux à la fois sauvage et doux, mais aussi séduisant et hypnotisant que ses yeux gris. En l’écoutant, je fermai les miens et, presque aussitôt, la gueule d’un magnifique loup noir apparut dans ma tête : autour de ses yeux gris, glacials et métalliques comme la lame d’une épée, les poils laissèrent peu à peu la place à des morceaux de peau, révélant finalement un visage humai