Petites perturbations climatiques sans gravité
178 pages
Français

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Petites perturbations climatiques sans gravité , livre ebook

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Description

En 1995, Sébastien Labattut, vigneron à la retraite, invente, dans son garage de Haute-Provence, un procédé permettant de faire la pluie et le beau temps. Formidable découverte, mais aussi redoutable pomme de discorde entre les désirs contradictoires des populations et des groupes d’intérêts, qui va entrainer l’inventeur et les villageois qui l’ont suivi, dans d’incroyables aventures, tour à tour hilarantes et dramatiques, en France et dans le monde, jusqu’au Conseil de sécurité des Nations-Unies.


Vingt ans plus tard, au mois de Décembre 2015, l’invention oubliée revient en pleine lumière au Sommet mondial Paris Climat 2015.



Lorsqu'il met au point, dans son garage, une machine à faire la pluie et le beau temps, Sébastien Labattut pense avoir fait une prodigieuse découverte. Ce vigneron à la retraite est loin de se douter que son invention va semer la discorde et déchaîner les passions. Jusqu'à faire parler d'elle, vingt ans plus tard, lors d'un sommet mondial sur le climat. Electre



Editions Tangerine nights

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mars 2020
Nombre de lectures 4
EAN13 9791093275376
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Petites
Perturbations
Climatiques
Sans gravité
 
 
Jean-Pierre HOSS
 
 
 
 
 
 
 
Editions Tangerine nights
46, Domaine du vert coteau
14800 TOUQUES
 
ISBN : 979-10-93275-04-8
EAN : 9791093275048
ISBN NUMERIQUE : 979-10-93275-37-6
EAN NUMERIQUE : 9791093275376
 
 
Chapitre Premier
 
 
Quatorze heures venaient de sonner à l'église de Castelude quand la torpeur de la place fut secouée par une forte détonation.
Plusieurs minutes s'écoulèrent avant que les premières fenêtres s ’ ouvrent derrière les platanes. La chaleur était à son comble. La sieste battait son plein. Le village avait pris son rythme d'été.
La première à ouvrir ses volets fut la veuve Garrigues. On vit sa tête hirsute sortir tel un diable de sa boîte et s'agiter en tous sens. Les yeux exorbités, le visage écarlate, la poitrine généreuse débordant largement de 1'échancrure de sa blouse, elle fit avec ses bras de grands moulinets, comme pour attirer l'attention d'invisibles spectateurs sur la gravité de ce qui venait de se produire. Gesticulation dérisoire : personne, à cette heure, ne venait braver le soleil au zénith.
Les cris de la veuve eurent plus d'efficacité. Peu à peu, comme à regret, les persiennes s'entrouvrirent, les rideaux de bambous de la boulangerie, de la librairie, de la boucherie, et même ceux en fer du Crédit Agricole et de la Poste s'écartèrent, laissant paraître l'un après l'autre les visages ensommeillés des forces vives de Castelude dérangées dans leur quiétude estivale.
Au bout de quelques minutes, un attroupement s'était formé sous l'auvent à moitié ombragé du Café de la Poste. On y reconnaissait les principaux commerçants de la place. Une dizaine de gamins, trop heureux de voir leur sieste écourtée, les entouraient. Chacun y allait de son commentaire sur l'origine de l'explosion, son intensité, ses causes. Pour les uns, il s'agissait d'une manifestation de la foudre, qui s'était abattue sur un champ d'oliviers en cette saison d'orages. Pour d'autres, on assistait à des manœuvres de l'armée française, basée non loin de là, sur le Plateau d'Albion. Quelques gamins, impressionnés par le James Bond regardé la veille au soir à la télévision, évoquèrent même l'hypothèse d'un attentat.
Finalement, 1'affaire fut jugée suffisamment étrange pour qu'on y aille voir, malgré le soleil brûlant. L'institutrice – secrétaire de mairie elle-même, un moment réticente, finit par se rallier à l'idée. Un couple de vacanciers, visiblement dérangé pendant ses ébats amoureux, se montra à la fenêtre de 1'Hôtel des Platanes, et cria qu'on l'attende, le temps qu'il s'habille.
L'explosion semblait s'être produite non loin du Mas de La Bégude, à cinq cents mètres environ à l'ouest du village.
C'est là que vivait Sébastien Labattut, viticulteur à la retraite, adjoint au Maire pour l'irrigation.
 
Le cortège se mit en marche sous un soleil de plomb. En tête venait la veuve Garrigues, excitée par l'idée qu'il se passait enfin quelque chose dans sa vie. Elle marchait à grands pas en se dandinant, et soulignait, pour qui voulait bien 1'écouter, l'étrangeté de la détonation. Derrière elle, les boulistes du Bar de la Mairie semblaient plus intéressés par l'évaluation de leurs chances au tournoi annuel de La Boule casteludine qui s'ouvrait le dimanche suivant, que par les élucubrations de la veuve. Un peu en retrait, le boucher s'inquiétait auprès de la pharmacienne des conséquences, chez la clientèle, de la maladie de la « vache folle ». Plus loin encore, la postière entretenait le libraire de la prochaine augmentation des tarifs d'expédition. À quelques mètres, le boulanger donnait à 1'employée du Crédit Agricole la recette de cuisine qui lui permettrait de faire bonne figure auprès de ses futurs beaux-parents, restaurateurs à Apt.
Plusieurs gamins, pareils à des mouches énervées par l'orage, virevoltaient autour des adultes en s'amusant. Un peu à l'écart, fermant la marche, le couple d ’ amoureux en vacances tentait d'entretenir par d'audacieuses caresses l'émoi interrompu par la détonation.
Cependant, d'épais nuages s'étaient soudainement accumulés dans le ciel. Les villageois, tout à leurs paroles et à leurs gestes, n'avaient pas vu l'orage arriver.
Aux deux tiers du chemin qui les menait à la Bégude, il éclata. Ce n'était pas une pluie violente et chaude, comme il en tombe parfois l'été en Provence, mais un torrent d'eau froide. En un rien de temps, ils furent transpercés. Ils arrivèrent grelottants sur le seuil du mas de Sébastien. L’ancien vigneron exultait : « victoire, victoire, » s'écriait-il, « j'ai enfin réussi, je sais faire la pluie et le beau temps ! »
Intrigués et transis, ses visiteurs se précipitèrent sous l'auvent pour se réchauffer et partager avec le maître des lieux le bon vin qui, sans nul doute, était la cause de son exaltation. Ils se trompaient.
Sébastien, il est vrai, avait de quoi déconcerter. La chevelure touffue, une épaisse moustache en bataille, la trogne rougeaude, le sourcil broussailleux, il cachait sous de fines lunettes d'intellectuel de petits yeux moqueurs. Avec son éternelle salopette bleue flanquée sur son large torse que couvrait un débardeur blanc, et ses robustes godillots à lacets, on eût dit une sorte d'Einstein déguisé en chauffeur routier. À 67 ans, l'ancien vigneron n'avait rien perdu de son énergie. Sa haute stature, ses larges épaules, sa voix tonitruante impressionnaient. Ses colères étaient célèbres dans tout Castelude, et ses collègues du conseil municipal avaient appris à se méfier de ses réparties cinglantes et de son franc-parler.
Devenu prématurément veuf, Sébastien avait décidé, le jour de ses soixante-cinq ans, d'arrêter le travail de la vigne. N'ayant pas d'héritier, il avait vendu son exploitation et s'était retiré dans son mas de La Bégude, un peu à l'écart de la commune. Depuis, ses apparitions en ville s'étaient faites moins fréquentes. Il venait les jours de marché faire ses provisions pour la semaine, et on le voyait, de temps à autre, faire une partie de pétanque, sur le cours, avec les habitués du Bar de la Mairie. Le reste du temps, il vivait en solitaire.
L'ancien vigneron invita ses visiteurs grelottants à le suivre dans le hangar qui lui tenait lieu d'atelier.
Un extraordinaire bric-à-brac de cornues, de pots à demi pleins de poudres mystérieuses, de tuyaux de verre remplis de liquides colorés et emmanchés bout à bout en méandres tortueux et superposés, était entassé dans le local. Dans un coin, une sorte de canon à la gueule encore fumante était posé à côté d'un réchaud à alcool allumé. Une odeur indéfinissable régnait dans la pièce où flottait une épaisse fumée.
C'est dans ce lieu modeste et désordonné de la Provence profonde que Sébastien Labattut venait de faire une découverte qui allait bouleverser le cours du monde.
On aurait tort de penser que c'était pur hasard si cette invention majeure était sortie de ce cerveau et née dans ce lieu.
Sébastien Labattut avait mené, tout au long de sa vie professionnelle, une lutte acharnée contre les éléments climatiques hostiles qui contrariaient le succès de ses vendanges et le goût de ses breuvages. Trop souvent, il s'était épuisé en vaines canonnades pour chasser un nuage indésirable ou le faire éclater au bon moment. Plus d'une fois, une gelée tardive ou une grêle intempestive était venue réduire à néant des mois de soins amoureux.
Sébastien avait conçu de ces efforts contrariés un sourd désir de revanche. Il sortirait un jour victorieux de ce face-à-face infernal avec les éléments célestes !
L'heure de la retraite venue, le vigneron avait décidé de se consacrer tout entier à son duel singulier avec le ciel.
Il s'était plongé dans la lecture des traités en tous genres sur le climat et les moyens de 1'influencer. Instruit par les échecs de ses prédécesseurs et par l'expérience de ses infortunes, Sébastien s'était ensuite lancé dans une savante alchimie d'où

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