PONTS de VIES , livre ebook
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La vie réserve parfois ...... des évènements supposés improbables.Anouk, n'a pas eu de chance dans la vie, sa mère non plus. Difficile de se construire avec des fondations douteuses.Un autre couple galère pour avoir un enfant.C'est l'histoire de leur vie. Des vies qui se croisent, de façon inattendue... et se recroisent.
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PONTS DE VIES
Nouvelle
Maryse Weisser Macher
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© 2023, Maryse Weisser Macher
Tous droits réservés
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Certaines rencontres sont invisibles, mais
existent tout de même.
Elles peuvent elles aussi transformer une vie.
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Juin 2000
Anouk traine le pas. Elle a rendez-vous à
17 heures avec la psychologue. Anouk a chaud et se
seŶt louƌde. Le tƌajet lui paƌaît loŶg aujouƌd’hui. De
toute manière, elle est énervée. 17 heuresĐe Ŷ’est
pas une bonne heure pour elle: Đ’est le ŵoŵeŶt du
goûter. Habituellement, elle se prépare un chocolat
Đhaud, petite Ŷostalgie du teŵps où Đ’Ġtait sa ŵaŵaŶ
Ƌui l’atteŶdait à l’heuƌe de la soƌtie du Đollğge.
L’odeuƌ se ƌĠpaŶdait jusƋue devaŶt la poƌte d’eŶtƌĠe
et même dans la rue. Sa maman le préparait avec de
vrais carrés de chocolat pâtissier. En rentrant, son bol
fumait sur la table de la cuisine. Elle se souvient de la
taďle eŶ foƌŵiĐa ƌeĐouveƌte d’uŶe toile ĐiƌĠe. Elle se
souvient du bolMiĐkeLJ Ƌui, loƌsƋu’il Ġtait tƌop Đhaud,
collait au plastique de la nappe si épaisse que ça lui
doŶŶait uŶ petit ĐôtĠ ĐoĐooŶiŶg. C’Ġtait leuƌ ŵoŵeŶt
à elles; avaŶt Ƌu’il aƌƌive. Aujouƌd’hui, AŶouk seƌa eŶ
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retard pour son goûter. Et depuis plusieurs mois, ce
Ŷ’est pas sa ŵaŵaŶ Ƌui patieŶte.
—C’est pas gƌave! dit-elle tout haut, alors que
vƌaiseŵďlaďleŵeŶt, Đ’est suffisaŵŵeŶt sĠƌieudž pouƌ
Ƌu’elle ait les LJeudž ƌougis et uŶe ďoule daŶs la goƌge.
Le goûteƌ ƌatĠ, Đ’est uŶ pƌĠtedžte pouƌ se diƌe
Ƌu’elle est ŵalheuƌeuse. Aujouƌd’hui, elle auƌait eu
grand
besoin
que
sa
maman
soit
là
pour
l’aĐĐoŵpagŶeƌ. Mġŵe si pouƌ Đe geŶƌe de Đhoses, il
Ŷ’est pas ŶĠĐessaiƌe d’oďteŶiƌ l’aĐĐoƌd de ses paƌeŶts.
Mais du haut de ses 17 ans, Anouk se rend compte
Ƌu’il est diffiĐile de décider seule. La liberté tant
idéalisée se transforme en leurre compliqué à
admettre et à assumer.
***
AliĐe avaŶĐe d’uŶ pas guilleƌet, teŶaŶt la ŵaiŶ
d’Ugo, soŶ ĐoŵpagŶoŶ. Le soleil est ďieŶ pƌĠseŶt, il
Ŷe fait Ŷi tƌop Đhaud Ŷi tƌop fƌoid eŶ Đe dĠďut d’été,
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un après-midi parfait! Ce qui comble leur journée,
Đ’est le Đouƌƌieƌ Ƌu’ils oŶt ƌeçu Đe ŵatiŶ, les iŶvitaŶt à
prendre le rendez-vous tant attendu. Motivés et
revigorés, ils ont préféré partir à pied rencontrer le
secrétariat pour la prise de rendez-vous, tellement ils
soŶt edžĐitĠs. Aujouƌd’hui, le paLJsage leuƌ paƌaît
exceptionnellement beau, les couleurs, les senteurs
soŶt ŵeƌveilleuses. Ils se soŶt ŵaƌiĠs l’ĠtĠ deƌŶieƌ paƌ
«nécessité administrative», comme ils disent. Ils
s’aiŵeŶt depuis plus de dix ans et vivent ensemble
depuis autaŶt d’aŶŶĠes. CeƌtaiŶs diƌaieŶtun coup de
foudre, eudž paƌleŶt d’uŶecaresse du destin. Leur
rencontre était une évidence, il ne pouvait pas en
être autrement. D’eŵďlĠe, la vie a eu un sens, et le
sens de leur vie se situait sur le même chemin.
***
Sur le trajet, Anouk se souvient de son
enfance : fille unique,ses paƌeŶts Ŷ’avaieŶt pas pu
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avoiƌ d’autƌes eŶfaŶts. SoŶ pğƌe Ġtait foŶĐtioŶŶaiƌe à
la mairie, au service des jardins. Un travail physique. Il
travaillait le plus souvent dehors, rencontrait peu de
monde dans son boulot, et dans sa vie privéeĐ’Ġtait
la ŵġŵe Đhose. De toute façoŶ, il Ŷ’aiŵait pas la
foule et la ĐoŵpagŶie d’autƌui l’eŶŶuLJait. Il Ŷe paƌlait
pas beaucoup non plus et faisait partie des gens dits
taiseux. Ses émotions se manifestaient rarement par
la parole, tout passait par le regard, les gestes, la
posture. À la longue, Anouk arrivait à interpréter les
sentiments de son père, mais cette manière de
communiquer parvenait seulement à traduire des
émotions archaïques ou primaires. Il était compliqué
d’avoiƌ uŶe ĐoŶveƌsatioŶ ĐoŶĐƌğte aveĐ lui ou
d’edžpƌiŵeƌ ĐlaiƌeŵeŶt ses opiŶioŶs. OŶ Ŷe tƌouvait
auĐuŶ ƌĠpoŶdaŶt eŶ faĐe. Chez lui, Đ’Ġtait souveŶt
ďlaŶĐ ou Ŷoiƌ, pile ou faĐe, oui ou ŶoŶ. Il Ŷ’LJ avait pas
de place pour la discussion. Il était le chef de famille,
Đ’Ġtaitqui rapportait lui l’aƌgeŶt à la ŵaisoŶ, doŶĐ
Đ’Ġtaitlui Ƌui dĠĐidait. Il Ŷ’Ġtait pas violeŶt, il Ŷ’eŶ
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avait pas ďesoiŶ, uŶ ƌegaƌd suffisait. Le pğƌe d’AŶouk
rentrait le soir fatigué de sa journée, il prenait sa
douĐhe, s’iŶstallait suƌ le ĐaŶapĠ et visioŶŶait des
émissions à la télévision en buvant une bière ou un
ĐoĐa. Il atteŶdait sageŵeŶt l’heuƌe du dîŶer.
Sagement, à ĐoŶditioŶ Ƌu’oŶ Ŷe l’eŵďġte pas aveĐ
des chosesinutilesou des affaires defilles…
***
Alice et Ugo arrivent devant le bâtiment du
CoŶseil GĠŶĠƌal. Aussitôt, le Đœuƌ d’AliĐe se ŵet à
ďattƌe tƌğs foƌt. Ugo Ŷ’eŶ ŵğŶe pas laƌge, ŵġŵe s’il
essaie de le cacher. Un instant, ils arrêtent leurs pas
afin de bien respirer puis entrent dans le grand hall.
Ils deŵaŶdeŶt à l’aĐĐueil le ďuƌeau du seƌviĐe des
agƌĠŵeŶts. Le ŵoŶsieuƌ leuƌ iŶdiƋue l’asĐeŶseuƌ d’eŶ
e face qui mène au 4 étage. Alice avait imaginé trouver
une ambiance infantile avec des jouets, des dessins,
des voidž d’eŶfaŶts. Elle est suƌpƌise d’oďseƌveƌ uŶ
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espaĐe Ƌui ƌesseŵďle à Ŷ’iŵpoƌte Ƌuel autƌe ďuƌeau.
La dame au secrétariat est toutefois très douce et
aiŵaďle et Đ’est aveĐ plaisiƌ Ƌu’ils discutent un petit
moment de leurs émotions : Alice et Ugo ont obtenu
l’agƌĠŵeŶt ŶĠĐessaiƌe afiŶ d’adopteƌ uŶ eŶfaŶt. Ils
allaient
être
parents.
Toute
souviendront de cet après-midi.
***
leur
vie,
ils
se
La ŵğƌe d’AŶouk assuŵait soŶ ƌôlevieille
Francefemme au foyer. Elle avait travaillé au de
début de leur mariage comme aide-ménagère, puis
avait cessé son activité à la naissance de leur fille.
Depuis, elle vivait une vie monotone dans laquelle
elle se Đoŵplaisait, Đoŵŵe s’il fallait edžpieƌ le fait Ƌue
soŶ ŵaƌi l’ait soƌti de la ŵisğƌe. «UŶe pauv’fille»,
avait dit sa belle-famille. Ses parents habitaient dans
une tour HLM et avaient vécu avec leurs quatre
enfants grâce aux aides sociales. La ŵğƌe d’AŶouk
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