Section Némésis - Tome 4
237 pages
Français

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Section Némésis - Tome 4 , livre ebook

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Description

Aventure Bit-Lit - 480 pages



Aziliz fut le cœur de son monde, elle est devenue la complice de son malheur.



Quand Ethan la retrouve, lui, le phœnix, est pris entre deux feux : céder à l’attirance qui anime les âmes sœurs ou s’enliser dans une rancœur tenace.



Pour la sibylle, il n’y a ni passé ni futur. Amnésique, elle ne peut se reconstruire et, sans ses pouvoirs, elle échappe à la folie.


Tous deux vont voir leur avenir basculer, car confrontés à une emprise démoniaque, le monde et la section Némésis vont avoir besoin d’Aziliz pour éviter l’apocalypse.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782379612121
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Section Némésis – Tome 4

Tome 4
Les glaces du
phœnix


Charlie Genet
Tome 4
Les glaces du
phœnix


Charlie Genet


Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-212-1
Corrections : Nord correction
Concept de couverture : Didier de Vaujany
Pour Cyrielle, toi qui vis mille émotions à chaque lecture.
Aimer, c’est accepter chaque facette de la personnalité de l’autre.
Je t’aime, toi et toutes celles que tu es…
Ethan


1
Ethan

Trois semaines avant l’apocalypse
Les embruns viennent me chatouiller les narines. J’aime la brise marine, ce n’est pas un parfum qui m’est familier. Si les fjords sont entourés de vastes étendues liquides, ils n’ont rien de comparable avec la Manche. Ici, quand le vent pousse jusqu’à chez moi, je peux sentir le sel sur mes lèvres.
Le soleil, l’effort me chauffent la peau et les muscles. Je me redresse, étire mon mètre quatre-vingts et retire mon vieux tee-shirt. Des mèches me barrent le front, je glisse les doigts dans ma chevelure trop longue et la repousse vers l’arrière. Depuis mon départ de la section, j’ai laissé ma tondeuse au placard et fui le coiffeur.
Je me recentre sur mon travail, ponce la tablette. La chaleur du chêne irradie ma paume à chaque effleurement. Je m’abaisse, ma joue frôle la planche, l’odeur boisée envahit mes narines. Je souffle sur la poussière. Elle s’envole, s’enflammant dans les airs avant de disparaître, cendres grisâtres se mêlant aux copeaux sur le sol.
Ma cabane est suffisamment isolée pour que je n’aie pas de scrupules à utiliser mes dons surnaturels. Je n’irai pas jusqu’à jouer les lance-flammes, mais je peux m’entraîner discrètement pour ne pas perdre la main, et surtout me défouler.
Un unique accès mène à mon refuge : un sentier de terre sableux qui part du fond de l’impasse où vivent les sœurs Sander pour rejoindre le front de mer et sa plage semi-sauvage.
À cette période, les touristes sont rares. Seule la population locale vient par ici. J’ai aperçu Aziliz passer, il y a une heure et demie. Le soleil est maintenant haut et tape fort, mais elle n’est pas revenue de sa balade matinale. À part quelques salutations à distance, je n’ai pas encore pu établir le contact avec elle.
Mes yeux caressent la planche et s’accrochent à un nœud. Il est la fragilité d’une pièce de bois pour certains, pour moi, il est sa force esthétique. À l’endroit où il est situé, il donne l’impression d’un tourbillon qui vous emmène au cœur de l’arbre, car même les végétaux ont un cœur, une âme.
Je me redresse pour admirer mon travail. Dans une autre vie, j’aurais voulu être ébéniste. Adieu le soldat de l’ombre, l’élite armée du monde surnaturel. Je n’aurais jamais rencontré Woodstorm ni mes frères de section ; je n’aurais jamais été orphelin, Aziliz aurait été mienne. Nous aurions eu une existence normale, sans l’être pour autant.
Mon cœur saigne à la pensée de ce que nous avons perdu, mais aussi en raison de son indifférence à mon égard, de son oubli de nous.
Elle ne me voit pas, obnubilée par ses pieds ou ses réflexions. J’aimerais pouvoir entrer dans sa tête, comme lors de notre petite enfance. Partager ses rêves et chacune de ses pensées.
À cet instant, la douleur devient mort. Une partie de mon cœur est atrophiée par la rancœur, la colère et la culpabilité. Je chasse cette bouffée de rage qui monte dans mon thorax, accélère mon rythme cardiaque. J’attrape mon sabot, ferme les paupières pour tenter de me canaliser, et ponce furieusement la planche en équilibre sur deux tréteaux.
Aziliz est mon âme sœur et mon enfer. Je l’aime autant que je la déteste. Le lien me manque alors que je l’ai brisé il y a longtemps. J’ai souhaité sa mort, aujourd’hui, je la désire corps et cœur.
Je m’interromps, en nage. Je tire de ma poche arrière un chiffon propre, m’essuie le visage, ouvre les yeux. Ma respiration se bloque.
Elle est là, à quelques pas de moi. Elle avance sur le chemin, les yeux vides, pieds nus.
— Tu as oublié de remettre tes chaussures.
Elle ne réagit pas, continue sa marche fantomatique. J’ai déjà dit à Érine qu’elle la shootait trop, mais l’aînée est surprotectrice, à moins qu’elle ne soit apeurée. Le thérapeute qui la suit, imposé par le Conseil, est un inconditionnel de la médication. Érine ne voit que par lui.
— Tes chaussures, Aziliz ! Tu vas te blesser.
Quand je pose la main sur son épaule, elle sursaute ; l’angoisse étire ses traits, elle est terrorisée. Je m’écarte doucement, puis découvre ses pieds ensanglantés. J’essaie de l’interpeller, mais elle n’est pas vraiment là. Elle a sûrement des fragments de verre dans les pieds.
J’ai bien vu, ce matin, des éclats sur le chemin, vestiges de la soirée arrosée d’ados. Je vais leur faire passer l’envie de picoler sur la plage, à ces petits cons, quand ils vont revenir. Elle me regarde comme si je ne parlais pas la même langue qu’elle. Ses prunelles sont floues, voilées de peur.
Je m’affole. Je voudrais la consoler, la rassurer, la serrer dans mes bras, mais elle ne comprendrait pas. Je ne peux pas la toucher. Ses yeux s’accrochent à mes lèvres, bloquant mes mots. C’est la première fois que j’ai le sifflet coupé.
2
Aziliz

J’inspire profondément, bloque ma respiration, savoure le goût de l’air iodé sur mes papilles tout en fermant les yeux. Mes poumons me brûlent. Mon corps se révolte, cherche l’oxygène nécessaire à ma survie, mais je résiste encore quelques secondes. La tête me tourne, mon sang cogne dans mes tempes. Je n’entends plus le cri des goélands. La brise marine me frôle, narguant mon être de sa force.
Le vent… Voilà un élément qui chatouille ma mémoire sans réussir à la débloquer. Comme la sensation de vertige qui accompagne mon asphyxie volontaire. Je lutte encore… Une image perce la carapace de mon inconscient : un homme me domine avec un air dur, un rictus sadique. Un frisson remonte le long de mon échine. Une émotion puissante me traverse : la peur. Mon cœur rate un battement. Son regard gris acier m’ordonne de m’agenouiller, je tombe sur le sol.
Mon instinct de survie prend le dessus et j’avale une grande goulée d’air. Je vibre de tout mon être, comme si titiller la mort jouait les électrochocs. Je m’accroche à ma terreur mêlée de quelque chose de plus doux. Je n’arrive pas à comprendre ce que c’est.
La réminiscence s’évapore. J’ouvre les paupières vivement. Pendant une seconde, je perds mon regard dans la mer, avant de m’écrouler, paumes sur le sable. Il est froid et humide, rafraîchit la peau nue de mes genoux. Je halète pour reprendre mon souffle.
Le temps passe. Je réitère l’expérience, mais rien ne me revient. Je n’arrive même pas à m’agacer contre moi-même. Je n’ai aucune sensation, aucune émotion. La cause ? Les antipsychotiques prescrits par le médecin au sourire faux qui m’affirme que ne pas me souvenir est une bénédiction. J’ai beau savoir que c’est pour mon bien, le traitement me handicape, me bloque. J’ai l’impression de n’être qu’une moitié de moi-même. En même temps, ai-je envie de connaître l’autre moitié de cet être instable que je suis ? Je ne me leurre pas, sans les petites pilules du psychiatre, je vivrais des cauchemars dont j’ignore la provenance.
Je me lève, ôte mes sandales, glisse les sangles autour de mon poignet et entame ma promenade matinale. Le soleil est déjà haut dans le ciel, rougissant l’immensité azur, signe de beaux temps, comme dit Pascal, notre voisin agriculteur. Il doit déjà être tard pour qu’il chauffe autant. Le printemps est clément, cette année. Je me souviens très bien de ceux de mon enfance, autour de mes cinq ans. Ils étaient moins tempérés. À moins que ce ne soit lié au réchauffement climatique. Je ne comprends pas pourquoi mon cerveau m’autorise ces réminiscences, mais pas les plus récentes.
Puis l’explication commune de mes protecteurs me revient. Mon amnésie me protège d’atroces souvenirs. Ma sœur et mon thérapeute me l’ont affirmé. Mon cerveau a disjoncté, comme un réseau surchargé. Pourtant, quand mon esprit n’est pas trop anesthésié, je voudrais savoir ce qui s’est passé pour en être arrivée là.
D’un pas lent, j’avance, dans la solitude du moment. Si j’y réfléchis bien, j’ai toujours été seule. J’ai été adoptée avant mes trois ans. Mes parents avaient disparu, tout simplement. Un abandon comme il y en a trop. Personne pour m’aimer, un enfant rejeté.
Les Sander m’ont accueillie à bras ouverts. Ils m’ont élevée comme si j’étais leur benjamine. Pourtant, dans cette certitude d’avoir été entourée, je suis convaincue d’avoir toujours été différente, ce qui m’a isolée. Je me souviens de cette partie de ma vie avec netteté, comme un documentaire sur une enfant différente.
Personne ne jouait avec moi à l’école, les autres gamins m’appelaient « la folle », « la dingo ». Le reste de mon existence a suivi le même chemin. Pourquoi ? Encore une question sans réponse. Une brise infime de révolte agite mon esprit, puis s’essouffle trop rapidement pour provoquer une quelconque réaction de ma part.
Je force mon esprit, mais je n’arrive pas à me remémorer ce qui m’a stigmatisée toute ma vie, juste des moqueries, la peur constante qui m’habitait. Et les premiers traitements, le goût des médicaments que ma mère adoptive cachait dans mon yaourt matinal. J’ai grandi entourée uniquement de ma famille et de mes songes. Je plisse les yeux, les ombres restent accrochées à certains souvenirs.
À l’aube de notre adolescence, ils sont morts, à leur tour, me laissant à nouveau esseulée. Pas vraiment, puisque Érine s’est occupée de moi, mais elle n’était qu’une enfant, elle aussi. Elle avait son chagrin, son quotidien, son avenir… Après ? C’est le noir total.
Je ne sais pas vraiment qui je suis ni ce que je vais devenir. Je ne vais pas vivre toute ma vie aux crochets de ma sœur, mais je n’ai pas de boulot. Personne ne veut embaucher une camée aux neuroleptiques. Je n’ai pas d’amis, et ce n’est pas uniquement parce que je sui

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