Sois belle et tais-toi

Marie Gray

Description

Mylène a tout pour être heureuse. Des enfants épanouis, un entourage aimant, un bon emploi, son petit confort et, surtout, Stéphane, sa «deuxième chance au bonheur». Parfait papa de remplacement pour ses enfants, mari attentionné, beau bonhomme, c’est assurément un «homme à femmes», avec ses qualités et ses travers. Mais bon… personne n’est parfait, n’est-ce pas?
À coup de commentaires plus ou moins subtils, Josée et Cynthia tentent de lui démontrer que certains de ses comportements ne sont peut-être pas aussi inoffensifs qu’elle le croit, mais Mylène tarde à saisir les signaux d’alarme provoqués par l’attitude parfois douteuse de son chéri. Arrive le jour où les remarques de Stéphane ne sont plus aussi drôles. Qu’est-ce qui a changé, au juste? Lorsque son monde éclate, trop de réalités deviennent aveuglantes: ce qui est acceptable, ce qui ne l’est plus.
Comme à tant d’autres avant elle, on a dit à Mylène: subis sans riposter, tolère sans te rebeller. Sois belle et tais-toi.
Désormais, se taire n’est plus une option.

Informations

• Publié par: Guy Saint-Jean Editeur
• Date de parution: 01 mai 2019
• Nombre de lectures: 60
• EAN13: 9782897586904
• Langue: Français

Extrait

Guy Saint-Jean Éditeur
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© Guy Saint-Jean Éditeur inc., 2019
Révision : Isabelle Pauzé
Correction d’épreuves : Johanne Hamel
Mise en pages : Christiane Séguin
Photo de la page couverture : westend61/Getty Images
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2019
ISBN : 978-2-89758-689-8
ISBN EPUB : 978-2-89758-690-4
ISBN PDF : 978-2-89758-691-1
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Pour Monique, ma maman, qui m’inspire en tant que femme depuis ma naissance. Même si tu es faite de douceur et d’amour, tu es tellement plus forte que tu le crois toi-même !
Pour Charlotte, ma fille adorée : tu deviens une femme toi aussi. Ne te tais pas, ma chérie. JAMAIS.
Pour Samuel, mon fils tout aussi adoré : tu t’es transformé en un homme formidable sur lequel tant d’autres pourraient prendre exemple…
Je vous aime plus que je pourrais jamais le dire ou l’écrire.
1
D ix ans. Dix années de bonheur avec cet homme qui dort, nu, à ses côtés, dans les draps emmêlés de leur chambre d’hôtel. Mylène le regarde sommeiller, s’attendrissant sur son visage, sa mâchoire affirmée, ses sourcils bien dessinés, son nez sur lequel le bronzage des derniers jours commence à peler. Incapable de retrouver le sommeil, malgré ce réveil précoce, elle se love contre lui, caresse son torse et glisse une main tendre sur son ventre chaud. Ses doigts ont la légèreté de la brise marine qui s’infiltre par la fenêtre ouverte, la douceur de plumes duveteuses, et sont empreintes d’une anticipation contenue, comme une promesse à tenir.
L’effet de ses caresses ne tarde pas à poindre, puisque Mylène constate, avec le sourire gourmand d’un félin, qu’une érection paresseuse se manifeste sur le bas-ventre de son homme. Embrassant doucement son cou, elle laisse ses lèvres courir le long du corps émouvant de son amant, s’attardant sur un mamelon, glissant vaporeusement sur le ventre musclé, dans les environs du nombril en un souffle passager, avant de s’enrouler autour du membre, qui sursaute et s’érige agréablement dans sa bouche. La langue se fait taquine, effleure le contour du gland, file le long de la veine qui parcourt cette verge si familière. Stéphane soupire : ses mains caressent les cheveux de son amoureuse, encourageantes, et guident sa tête pour qu’elle l’enfouisse plus profondément. D’un langoureux mouvement, la bouche de Mylène l’enserre, glisse de haut en bas, une main hardie empoignant plus fermement la base de cette queue qu’elle souhaite engloutir en son ventre.
— T’as toujours su me faire bander, toi ! Dès la première fois que je t’ai vue…
Mylène sourit du mieux que le lui permettent ses lèvres, sans interrompre sa besogne, et s’applique à l’aspirer encore plus suavement. Si elle s’acharne ainsi encore un moment, quelques gouttes de sperme surgiront. Stéphane deviendra agité, l’encouragera à adopter un rythme de plus en plus soutenu jusqu’à ce qu’il s’épanche dans sa bouche en un jet imposant. Mais il suspend plutôt les savoureuses caresses et ouvre les bras à Mylène, qui s’y blottit avec délice, collant ses fesses contre le ventre de son homme en s’écartant largement pour lui permettre de l’envahir. Impatient, il plonge en elle d’un coup assuré et le couple vogue ensemble, flottant dans cette danse aussi primitive qu’intime, leurs sueurs s’emmêlant tout autant que leurs soupirs.
Dix ans. Dix années de sourires, de plaisir, de hauts et de bas aussi, évidemment, mais sans orage important, ni même de grandes perturbations. Quelle bénédiction ! Un cadeau inestimable, ce compagnon à qui elle a confié son amour, ses espoirs, ce qu’elle se plaît à désigner comme « sa deuxième chance au bonheur ». La main de Stéphane enserre la taille de l’amoureuse avant de se poser entre ses cuisses ouvertes, massant son sexe de manière exquise, lui arrachant des râles de bien-être et de volupté. Ensemble, ils se laissent emporter, ne souhaitant ni l’un ni l’autre étirer ces plaisirs matinaux, mais plutôt profiter d’une escalade rapide, presque brutale de plaisir ; une minuscule éternité de passion précieuse qu’ils savourent à la fois ensemble, et chacun dans son nuage. Car Stéphane est en même temps tout près et très loin de l’instant présent, tout comme Mylène, d’ailleurs.
Immergés dans leurs fantasmes personnels, ils se laissent emporter par les frissons que leur procure le corps de l’autre, tout en faisant défiler dans leur esprit leurs scénarios incandescents respectifs. Mylène ne prend pas ombrage de cette réalité, au contraire. La réussite de leur union tient sans doute en bonne partie au respect mutuel de leurs intériorités. Peu lui importe la situation dans laquelle Stéphane se trouve en songe, il est avec elle dans la franche réalité, c’est elle qu’il pénètre, et personne d’autre. Il en va de même pour elle, qui ne saurait substituer qu’en allégorie cet homme qui lui a tant offert. Elle le sait acquis, sans toutefois négliger d’en ressentir une immense gratitude.
Les mains de Stéphane sur ses seins deviennent impérieuses, la morsure dans son cou se fait légèrement cuisante et Mylène en frissonne. Elle a toujours apprécié un désir intraitable, brut et pressant. Les doigts de son homme pétrissent les mamelons offerts, les emprisonnent et les meurtrissent ; puis ses paumes les malmènent et Mylène se sent moite, son ventre accueille l’assaut de la queue rigide avec tant d’avidité que ses muscles se resserrent autour, souhaitant presque la broyer. Leurs souffles s’accélèrent, leurs gémissements s’affirment et ils explosent tous les deux sans tenter de retenir le flot de leur plaisir, ensemble comme aux premiers jours.
Dix ans.
La respiration de Stéphane ralentit, s’approfondit. Son étreinte s’affermit un instant et Mylène devine qu’il est sur le point de s’assoupir car presque aussitôt, l’enlacement s’alanguit. La verge ramollie glisse, retombe tout doucement sur la fesse de l’amante, avant de se relâcher complètement. Un doux ronflement meuble le silence de la pièce. Comme elle envie la capacité de son compagnon de passer d’un état d’excitation extrême au sommeil en si peu de temps !
Elle ? Dans sa gorge, un émoi prend forme, tandis que des larmes piquent ses paupières. Pourquoi ? Parce que ce moment d’amour est déjà terminé. Parce que dix ans ont filé comme le vent, désagrégés en autant de souvenirs épars que des feuilles d’automne en pleine tempête. Parce que ses enfants n’en sont plus, justement, et qu’elle n’est plus tout à fait la femme dont cet homme exceptionnel est tombé amoureux. Mais, surtout, parce que l’agaçant nuage noir qui la coiffe depuis un certain temps vient juste de se reformer au-dessus de sa tête, malgré la journée parfaitement ensoleillée qu’elle devine derrière les rideaux tirés, malgré les découvertes excitantes que leur offre cette Côte d’Azur qui se déroule tout près de leur hôtel.
Depuis quelque temps, Mylène n’arrive plus à être aussi insouciante, comblée et heureuse qu’il lui a semblé l’être depuis des années. Quelque chose d’indéfinissable la plonge dans un cafard aussi régulier que soudain, sans qu’elle arrive à en cerner la cause. Cafard mêlé d’impatience, d’irritation. Comme si des fissures la parcouraient tout entière, se propageaient, menaçant de faire éclater la carapace de sérénité qu’elle a mis tant d’années à forger. Sa fille Corinne, avec son attitude imprévisible, lui semble plus fragile depuis un moment. Rien de tangible ne s’est produit, outre le ton arrogant propre à