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Description

La seule chose qui unissait réellement Nell Grace et Sully Cartwright, c’était leur meilleure amie commune : Lula.

Lorsque celle-ci décède des suites d’un cancer, plus rien ne les oblige à rester en contact. Mais c’est sans compter sur la ténacité de Lula qui, persuadée depuis toujours que Nell et Sully sont faits l’un pour l’autre, leur soumet sa dernière volonté. Ils vont devoir se revoir une fois par mois durant un an, lors de rendez-vous orchestrés par leur amie avant de mourir.

Et si ces rendez-vous étaient la seule lueur d’espoir au milieu de leur peine ?

Et si, malgré leurs différends, Lula tissait les ficelles du destin ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 33
EAN13 9791097232818
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Valentine Stergann, 2020
© Éditions Plumes du Web, 2020
82700 Montech
www.plumesduweb.com
ISBN : 979-10-97232-81-8

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'Auteur ou de ses ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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DÉCEMBRE TRISTESSE
1
Nell

Nell ! Quelqu’un pour toi !
Je lance un coup d’œil à ma supérieure et fronce les sourcils. Elle agite un téléphone au-dessus de sa tête et affiche une mine qui signifie : « Ne me demande pas de qui il s’agit, je n’en sais rien, je n’ai pas demandé et, honnêtement, j’en ai rien à foutre . » En une simple moue, Gloria Blackwood est capable de faire passer des émotions si évidentes que c’en est parfois effrayant. Plutôt docile, je ne cherche pas à obtenir davantage d’informations et traverse la cour de récréation pour rejoindre le bureau de la directrice, laissant mon collègue se débrouiller seul avec les bobos, les nez qui coulent et les histoires de billes.
J’te remplace, souffle Gloria, bienveillante.
Elle quitte son bureau tandis que j’attrape le combiné. Je tente alors d’emprunter ma voix la plus professionnelle :
Nell Grace, j’écoute.
Avec la chance que j’ai ces derniers temps, c’est sans doute l’inspecteur qui va m’annoncer sa visite dans les prochains jours.
Merde, Nell, je t’ai appelée quatre fois sur ton portable.
La voix masculine qui résonne à mes oreilles me laisse pantoise. En temps normal, j’aurais riposté, entamé un débat cinglant. Je lui aurais dit d’aller se faire voir, lui et ses remarques à la noix. J’aurais sans doute avancé des arguments tout à fait crédibles du genre : « Je suis à l’école avec trente gamins de trois ans qui me bavent dessus et me disent quinze fois en deux minutes à quel point j’ai de belles chaussures aujourd’hui. Donc tu comprends, je ne pense pas avoir le temps de regarder mon portable, désolée. »
Mais ce n’est pas un « temps normal ».
Si Sully m’appelle sur mon lieu de travail, plus rien n’est normal.
Je…, commencé-je, la voix soudain beaucoup moins assurée. Ne me dis pas que…
Une terrible angoisse m’envahit. Maladroitement, j’attrape une chaise qui traîne pour m’y asseoir. Ce qu’il s’apprête à m’annoncer, je ne suis pas certaine d’être capable de l’entendre.
Je t’ai appelée quatre fois. En dix minutes, se lamente-t-il.
Même si plusieurs kilomètres nous séparent, je peux imaginer sa tête. Comme souvent, ses grands yeux marron doivent rouler vers le ciel avec cette moue condescendante que je déteste tant. Peut-être même qu’il passe ses doigts dans sa chevelure brune faussement décoiffée, avec un air désabusé.
C’est fini, Nell, ajoute-t-il d’un ton fébrile. Rejoins-nous dès que tu peux.
Un bip insupportable s’immisce dans mes tympans. Les larmes aux yeux, je laisse glisser le téléphone sur le bureau. Mes mains enveloppent mon visage et soudain, l’émotion refoulée s’empare de moi. Je savais très bien que ce coup de fil arriverait un jour ou l’autre. Je m’y étais préparée à de nombreuses reprises.
Malheureusement, aucun entraînement n’aurait pu m’aider à supporter la triste réalité.
Quand la sonnerie de fin de récréation résonne dans tous les bâtiments de l’école, je sursaute. Je ne me sens pas capable de me lever. Mes jambes sont lourdes et mon cœur bat furieusement contre mes tempes.
Pourtant, je dois me bouger de là.
Lorsque je foule de nouveau le bitume de la cour, Gloria remarque aussitôt mon visage rougi et bouffi par mes pleurs. Elle penche la tête sur le côté, compatissante. Je n’ai pas besoin de m’expliquer, elle comprend immédiatement. Avec maladresse, ma directrice tapote mon dos, même si elle a sans doute conscience que rien n’apaisera mon désarroi. Je ravale un sanglot dans une vaine tentative de conserver un minimum de dignité sur mon lieu de travail.
Maîtresse ! m’interpelle une petite tête blonde en tirant sur ma jupe comme si sa vie en dépendait.
Je m’accroupis afin de me mettre à sa hauteur pour l’écouter. Le petit garçon fronce les sourcils en me dévisageant :
T’es rouge comme une tomate, maîtresse.
L’enfant me quitte sans un mot de plus, ayant visiblement oublié ce qu’il avait de si important à me dire. L’innocence et le naturel de mon élève me mettent du baume au cœur. Malgré la situation désolante dans laquelle je me trouve, il parvient à me faire sourire.
Tant que j’exercerai ce métier, tout ira bien.
Si tu dois y aller, pars, lance Gloria avec un sourire bienveillant.
J’entrouvre les lèvres pour contester, mais elle m’en empêche d’un geste autoritaire de la main.
On va gérer, ne t’en fais pas.
J’hésite une demi-seconde. Les enfants ont besoin de moi. Mais ont-ils vraiment besoin d’une enseignante aux iris larmoyants et au cœur en vrac ? Sous le regard médusé des élèves de l’école, je farfouille dans ma poche à la recherche de mes clés de voiture et m’élance vers le portail.
Les kilomètres qui me séparent de l’hôpital me paraissent interminables. Tandis que je roule, les larmes dévalent mes joues sans que je puisse les retenir. Je parcours ces rues que je connais par cœur. Altoona m’a vue naître, grandir, m’épanouir. J’ai toujours adoré l’ambiance qui règne dans cette ville de Pennsylvanie et je ne la quitterais pour rien au monde. Aujourd’hui pourtant, j’ai l’impression que tout est plus gris, plus sinistre, comme si la tristesse s’était abattue sur le centre-ville. L’eau salée envahit ma bouche et lorsque j’arrive enfin au centre hospitalier, je soupire de soulagement.
Je connais par cœur le chemin qui mène à cette chambre d’hôpital trop petite, trop triste, trop malsaine. Je suis déjà venue des centaines de fois dans ces couloirs aseptisés et glacials. C’était toujours la même rengaine. Chaque jour, j’ai dit bonjour aux mêmes infirmiers, aux mêmes docteurs. Je suis presque capable de nommer chacun d’eux.
Mais aujourd’hui, c’est terminé.
Et j’espère ne pas les revoir de sitôt.
Je frappe trois coups contre la porte d’un bleu dégoûtant et, en entendant un « oui » étouffé de sanglots, je pénètre doucement dans la chambre. Devant moi se tiennent Liv et Carter Harrison. Les bras de l’homme d’une cinquantaine d’années entourent sa femme. S’il ne le faisait pas, elle s’effondrerait. À l’autre bout de la pièce, Sully regarde par la fenêtre, ne me prêtant pas la moindre attention. Il devine mon arrivée et sait pertinemment que mon visage est bouffé par la tristesse. Lui qui ne supporte pas de voir les gens se donner en spectacle préfère sans doute regarder flotter ce fichu canard en plastique sur le lac de l’hôpital.
Et pourtant, je ne cherche pas à attirer l’attention.
Je suis juste malheureuse. Terriblement malheureuse.
Pourquoi devrais-je le cacher ?
Je suis passée lui rendre visite hier et…
Ma voix tremble tellement que je pense un instant être incapable de continuer à parler.
Tout allait bien, ajouté-je en puisant dans mes dernières forces. Comment…
Liv souffle et balaie les larmes qui roulent sur ses joues blêmes.
Son état s’est dégradé dans la nuit, mais elle est partie paisiblement. Tu sais, Lula n’en pouvait plus.
Entendre le prénom de ma meilleure amie me serre un peu plus le cœur. Machinalement, je jette un œil au lit désormais vide. Ce même lit dans lequel Lula a lutté pendant près de huit mois contre cette saleté de maladie. Ce crabe l’a rongée de l’intérieur et pourtant, Lula est restée fidèle à elle-même jusqu’à son dernier souffle. Aujourd’hui, nous perdons l’une des perles de ce monde et, même si nous nous y sommes tous préparés à notre façon, je ressens un immense vide au creux de ma poitrine.
Est-ce que je peux la voir ?
J’entends un souffle agacé sortir de la bouch

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