Underground

Emilia Robinst

Description

Ancien espoir de la boxe féminine, Coleen Lincoln a dû tirer un trait sur ses rêves sportifs à la suite du décès de son frère aîné, mort sur le ring lors d'un redoutable combat de free-fight.

Quelques années plus tard et un diplôme de Manager Sportif en poche, elle a désormais toutes les clefs en main pour réussir sa vie. Mais l'hospitalisation en urgence de son père va la contraindre à replonger dans l'univers violent du free-fight, celui de l'Underground. Bien décidée à réunir son clan, Coleen s'apprête à retourner dans les sous-sols de Chicago pour retrouver son frère, Connor, qui les a abandonnés au profit de la ligue.

Quitte à y laisser des plumes... car lorsque son regard croise celui presque animal de Parker Adams, toutes ses certitudes volent en éclats.

Attirée vers lui comme vers un aimant, elle n'a aucune idée du piège qui se referme doucement sur elle. Et si sur le ring, tous les uppercuts ne mettent pas KO... hors ring, ceux aux cœurs risquent de lui être fatals...

Sujets

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• Pasión (película de 1982)

Informations

• Publié par: Butterfly EDITIONS SAS
• Date de parution: 04 mars 2022
• Nombre de lectures: 14
• EAN13: 9782376527817
• Langue: Français

Extrait

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Emilia Robinst
Underground Fighter



ISBN : 978-2-37652-781-7
Titre de l'édition originale : Underground Fighter
Copyright © Butterfly Editions 2022

Couverture © Butterfly Editions - Depositphotos
Tous droit réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit sous n'importe quelle forme.
Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des personnes réelles ou des lieux réels cités n'ont d'autre existence que fictive. Tous les autres noms, personnages, lieux et événements sont le produit de l'imagination de l'auteur, et toute ressemblance avec des personnes, des événements ou des lieux existants ou ayant existé, ne peut être que fortuite.
ISBN : 978-2-37652-781-7
Dépôt Légal : mars 2022
12052022-1200-VF
Internet : www.butterfly-editions.com
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Prologue


Coleen.


Automne 2009.

Comme tous les samedis soir, depuis bientôt quatre mois, je suis assise à ma place. Sur la table. Celle qui est installée près des casiers en métal qui servent de vestiaires, juste sous le regard protecteur de mon frère.
Gaylord me dit que je suis « intouchable », qu’ici, je suis sa « princesse » et que j’ai pour me servir deux preux chevaliers qui me sont entièrement dévoués. Lui et Connor. Mes deux grands frères. Sauf qu’il n’est pas question de belles armures étincelantes, de fidèles destriers et de couronnes en or.
Absolument pas.
Ici, le château et les happy ends sont remplacés par le ring et l’odeur du sang. Ici, mes preux chevaliers sont des fighters , d’anciens boxeurs écartés de la fédération pour « mauvaise conduite », qui se sont refait une seconde vie dans le milieu du free-fight . On appelle cela la ligue Underground . Et du haut de mes seize ans, rien n’est aussi excitant pour la boxeuse rebelle et impulsive que je suis.
Il y a quelques mois, Gaylord a enfin accepté de m’emmener dans l’ Underground . À la seule et unique condition de lui obéir au doigt et à l’œil. Autant dire que je ne me suis jamais autant appliquée à endosser le rôle de parfaite petite sœur. J’ai eu du mal à me plier à ses règles au début. Mentir sur mon âge, m’habiller comme une « vraie femme » – comme celles qui entourent Gaylord et Connor en ce moment même – et surtout, ne rien faire qui puisse me faire éjecter de la Fédération de boxe. Papa les tuerait s’il l’apprenait, mais j’ai juré de me tenir à carreau. La seule chose que je veux, c’est voir Gaylord combattre. C’est voir mon frère dominer l’ Underground comme le lion de vingt-deux ans qu’il est.
Assise en tailleur sur la table, je regarde toute son équipe s’affairer autour du champion en titre de la ligue. Et pour mon frère, je sais que c’est une grande fierté. Celle-ci, et celle d’être papa d’un petit bébé de quatre mois. D’ailleurs, c’est pour cette raison que Gaylord est tendu ce soir. Debbie, sa femme, n’est pas près de lui. Elle est restée avec Cassey, leur fils, car mon adorable neveu a la grippe. Je sais que cela inquiète mon frère de les savoir aussi éloignés de lui. D’aussi loin que je me souvienne, depuis quatre ans que Gaylord boxe dans l’ Underground , Debbie n’a manqué aucun de ses combats.
Et c’est explicitement pour cette raison que son humeur ressemble à celui d'un dogue allemand. Il aboie et grogne sur tout le monde, engueule son kiné parce qu’il lui glace mal le visage, ignore les recommandations de son coach et de son assistant.
Pour lui, ce soir, tout le monde fait mal son job. Pire… Son équipe s'apparente à une bande de sous-merdes ramollos, incompétentes et butées. La vérité, c’est que Gaylord est une tête de mule. Debbie n’étant pas là pour le calmer de ses baisers rassurants, il commence à perdre les pédales. Ses cheveux cuivrés s’agitent comme des flammes au-dessus de sa tête. On dirait Hadès, dans le dessin animé. J’esquisse un sourire, amusée. La veine de son front est sur le point d’exploser tant elle est gonflée. Même ses yeux d’un vert amande – comme les miens – sont en train de changer de couleur. Ils virent au vert sombre, prêts à bouffer tout le monde.
— Je te resserre un peu plus les bandes, là ? demande le kiné de mon frère.
— À ton avis, abruti ? réplique Gaylord, les poings serrés. Tu veux que je me pète un doigt ?
J’esquisse un sourire alors que Connor arrive dans le vestiaire de mon frère. D’un coup d’épaule, il évince le kiné et prend sa place entre les jambes écartées de Gaylord.
— Je m’en occupe, lance-t-il en reprenant le verrouillage des bandes sur ses phalanges. Plus fort ?
— Ouais, acquiesce Gaylord, soudainement plus calme.
Le coach arrive dans le vestiaire avec l’ordre des passages. Mon frère combat dans dix minutes. Il semble excité, agacé, énervé et impatient : tout ça en même temps ! Et le coach s’irrite à son tour de voir que Gaylord n’écoute rien.
— Concentre-toi, frangin, lui dit Connor en serrant les bandes de son deuxième poing. Plus vite tu montes sur le ring, plus vite tu les défonces, et plus vite tu retrouveras ta femme.
— Elle devrait être là.
— Elle s’occupe de ton fils. C’est sa place maintenant, tu le sais.
— Ouais… ouais, je sais, lâche Gaylord en secouant la tête comme pour se raisonner.
— Allez, Champion. Fais-les tous saigner ce soir ! lui lance Connor en cognant sa tête dans celle de notre frère tels deux lions.
Il s’écarte, puis vient me rejoindre sur la table. Il se hisse près de moi et croise les bras sur son torse.
Du haut de ses dix-huit ans, mon second frère a la même carrure que Gaylord. Grand et large d’épaules, la mâchoire carrée et légèrement avancée. Les seules différences sont la couleur de leurs cheveux et celles de leurs yeux. Gaylord a hérité du teint cuivré des Lincoln – la famille de notre père – et Connor celui plus châtain des James – la famille de notre mère.
— Tiens, me dit-il en me tendant l’iPod de notre aîné. Va lui mettre sa chanson.
Je descends de la table tout en parcourant sa playlist . Je la trouve en quelques secondes – « The Fighters » des Gym Class Heroes – et lui tends les écouteurs qu’il glisse dans ses oreilles en m’adressant un clin d’œil qui me fait sourire.
La musique commence. Elle l’aspire entre ses notes pour l’emporter loin de la chaleur suffocante du box, loin des combats de l’ Underground , loin de toute son équipe qui le harcèle de tous les côtés. Le coach lui retire l’un de ses écouteurs pour lui balancer quelques derniers conseils – encore – et cette fois-ci, Gaylord l’envoie sur les roses d’une violence qui terrasse tout le monde dans le box.
Un silence de mort emplit le vestiaire. Je vois mon frère inspirer sauvagement et la haine et la colère se dessinent dans ses yeux, chassant toute la lumière de ses grandes pupilles. Il a l’air de se faire avaler par le néant. Bouffé par l’ Underground , et ça me fait peur. Je n’aime pas le voir comme ça. Alors, je me relève, j’attrape l’un des deux écouteurs et le glisse dans mon oreille. Je plonge mon regard vert dans le sien et lui renvoie son clin d’œil.
La voix du chanteur caresse mes tympans. Je me laisse envelopper par ces vibrations fortes, mais délicates. Les paroles s’enroulent autour de mon corps et je rejette mes longs cheveux roux derrière mon épaule pour commencer à me déhancher bêtement devant ses yeux.
Je fais comme si j’étais le chanteur. Je roule des épaules en me dandinant d’un pied sur l’autre alors que je suis coincée dans une robe rouge écarlate bien trop moulante pour ma silhouette de jeune boxeuse. La chanson continue. Plus le chanteur monte en puissance et plus je danse devant mon frère. Cette fois-ci, il me regarde avec un air amusé. Il commence à dodeliner de la tête à son tour alors que nous sommes reliés l’un à l’autre par ses écouteurs.
Les dernières notes de musique s’achèvent et je lui rends son oreillette d’une main légère. Il m’attrape le poignet pour l’embrasser.
— Allez, mon rayon de soleil, va t’installer là-haut, me dit-il d’une voix sans appel. J’arrive…
— Fais attention à toi, lui dis-je en l’embrassant sur la joue. Je t’aime.
Il sent bon la vaseline et le baume du tigre. Connor m’attrape par l’autre poignet pour que l’on aille rejoindre nos places dans les gradins.
— Je t’aime aussi, petite sœur.
Cette vision de mon frère, fort comme un lion, paré pour le combat est une image que je n’oublierai jamais. Je m’apprête à sortir du vestiaire lorsque j’entends Gaylord appeler Connor.
— Première et dernière fois, petit frère ! prévient-il de sa voix grave, en touchant ses lèvres de son index.
Je fronce les sourcils.
Dans notre famille, ce signe, c’est celui que l’on fait lorsque l’on promet quelque chose. Quand on le promet vraiment. Cette parole que l’on donne, elle est inscrite au sang sur notre chair. Lorsque j’entends Connor murmurer un vague « ouais » en se touchant la bouche de son index, ses yeux rivés dans ceux de Gaylord, je ne peux m’empêcher de lui lancer un regard en biais.
Si Debbie apprend que Gaylord doit monter deux fois sur le ring, et non pas une, elle va se mettre dans une colère noire. Et elle aura raison…
— Une fois, c’est déjà trop, marmonné-je à Connor.
Il est sur le point de répliquer, mais Gaylord nous interrompt :
— Mont