181
pages
Français
Ebooks
2023
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Français
Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
23 juin 2023
Nombre de lectures
32
EAN13
9791096384709
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Romance contemporaine - 400 pages
Maëva, jeune femme décomplexée au caractère bien trempé, tout juste diplômée, aborde avec sérénité sa toute fraîche carrière de médecin généraliste, loin de son petit groupe d’amis fidèles. Dans la région bordelaise, elle va vite se rendre compte que le destin n’est pas si complaisant.
Sa rencontre avec l’indomptable, l’irrévérencieux, l’impossible Gianni va tout remettre en question, jusqu’à ses plus grands principes. Confrontée au handicap de Lydia, la compagne de Gianni, à la douleur de cette dernière, elle devra faire des choix, des sacrifices, dont celui de son propre bonheur.
Quand passion, morale et serment d’Hippocrate se mêlent, comment tenir le choc ? Emportée par un tsunami d’émotions, se laissera-t-elle terrasser par la déferlante ?
Publié par
Date de parution
23 juin 2023
Nombre de lectures
32
EAN13
9791096384709
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Virgin mojito
Chrys Galia
Chrys Galia
Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 979-10-96384-70-9
Photo de couverture : Maridav
Ce qu’il y a d’ennuyeux dans l’amour, c’est que c’est un crime où l’on ne peut pas se passer d’un complice.
Charles Baudelaire (1821-1867)
1 – Diplômée !
Maëva
Été 2017, chaleur torride, soleil au zénith, je roule en direction de mon avenir. Tout juste diplômée, j’ai trouvé un cabinet dans une petite campagne bordelaise. À vingt-sept ans, je quitte enfin le nid. Mes parents ont été cools, ils m’ont logée, nourrie, dorlotée toutes ces années où, enfermée dans ma chambre à potasser, je me suis laissé traiter comme une reine. Il était temps que je plie bagage, ils méritent enfin un peu d’intimité. Médecins tous les deux, ils m’ont filé le virus. Je soignais mes poupées, celles de mes copines, avant même de savoir marcher. Le premier cadeau dont je me souvienne : une mallette de docteur. Armée d’un faux stéthoscope, d’une seringue en plastique, je me suis entraînée des années avec des tas de malades imaginaires avant de tenir un vrai scalpel. Je vais enfin voler de mes propres ailes. Je peux le crier haut et fort : je suis médecin. J’aurais préféré m’installer près de chez moi, à Paris, conserver la proximité du confort familial ; j’ai sauté sur la première opportunité, trop pressée de faire mes preuves. Je récupère la clientèle de mon prédécesseur, je veux assurer, il avait apparemment une sacrée réputation.
Maman a versé sa petite larme en me serrant très fort dans ses bras. Papa m’a souri, a rempli ma voiture en m’avertissant, comme si j’avais quatre ans, de tous les dangers à éviter. Ils sont inquiets, mais même Tanguy 1 a fini par déserter l’appartement de ses parents ! Mes amis aussi vont me manquer. Comme moi, ils se dispersent aux quatre coins de l’hexagone. Ainsi va la vie ! Les oiseaux quittent le nid. Ce n’est pas facile… mais il faut grandir, tracer sa route.
Musique à fond, je ne vois pas défiler les kilomètres, chante à tue-tête en me remémorant notre dernière soirée. J’ai abusé des mojitos ! Le rhum, la menthe, le sucre de canne… un cocktail traître, addictif ! Il fallait bien fêter ça, l’ultime réunion, la bande, notre bande. On se suit depuis la première année de médecine. Neuf ans à tout partager, le meilleur comme le pire. Laura, Nath, Sev, Perrine, mes quatre amies fidèles, mes fofolles… Clément, Fred, Romain, Bart, les meneurs. Nous nous sommes toujours soutenus, entraidés, épaulés. Bosseurs acharnés, fêtards invétérés, on a franchi les étapes brillamment. Si l’un de nous faiblissait, tous les autres se donnaient la main pour le remettre sur les rails. Nous formions une équipe du tonnerre. Mais nous savions tous que le jour viendrait où nos chemins se sépareraient. Nos soirées étaient à la hauteur du reste : sans limites, totalement délirantes. On ne ménageait pas nos efforts, ni pour bosser ni pour se changer les idées. Il y a eu des tas de fêtes, des tas de mojitos, des tas d’excès.
Si on a abusé ? Très certainement… de tout : alcool, clopes, sexe. Je ne regrette rien, la vie est courte. J’ai aimé Clément, follement, Fred, éperdument, Bart, passionnément. Seul Romain s’est contenté de mon amitié. Il a préféré les bras de Laura à laquelle il a toujours été fidèle. Je suis un cœur d’artichaut, suis mes désirs, mes envies. Le jugement des autres m’importe peu, je suis mignonne, j’en profite. La beauté se fane avec le temps, j’ai quelques années devant moi avant que la grisaille n’apparaisse sur mon visage, je ne vais pas m’en priver.
J’ai peu dormi, nous avons tardé à nous faire nos adieux, enchaîné les mojitos, conscients que ces derniers instants marquaient la fin d’une ère. Comme beaucoup d’autres avant nous, nous nous sommes fait beaucoup de promesses. Comme beaucoup d’autres avant nous, nous aurons du mal à les tenir. La nostalgie fait partie du jeu, de l’aventure, mais nous avons toute la vie devant nous. Qui sait ce qu’elle nous réserve ? Nous nous recroiserons peut-être au hasard du temps qui passe. J’ai l’impression de mettre un point final à des années d’insouciance. Jusqu’ici, je n’avais à gérer que mes études ; aujourd’hui, je vais tout assumer, seule : appartement, boulot, factures, que sais-je encore. Je vais tout découvrir, à vingt-sept ans !
Je bâille, malgré l’air qui s’engouffre par ma vitre ouverte, qui affole les mèches de mes cheveux dorés. Une aire d’autoroute… Paris est déjà loin, deux cents kilomètres. Vivement que je m’offre une voiture climatisée ! Je claque la portière, fonce me réfugier dans la cafétéria. Un thé glacé plus tard, je brûle à nouveau dans l’habitacle surchargé de ma Ford Fiesta blanche. Mon téléphone sonne, je prends l’appel qui bascule sur le haut-parleur de la voiture.
– Maëva, ça y est, t’es en place ?
– Salut Laura, non, pour l’instant, je me fais un petit sauna.
– Hein ?
– Je me liquéfie dans ma voiture !
– OK, fais gaffe aux vapeurs d’alcool, ma belle ; avec tout ce qu’on a bu hier soir, tu ne dois pas rejeter que de l’eau, rit-elle.
– C’est pas drôle, Laura, vous saviez que j’avais de la route, vous m’avez pervertie !
– Comme si t’avais besoin de nous pour ça, s’esclaffe-t-elle. Pas trop stressée ?
– Un peu, excitée surtout. J’ai hâte de voir ma plaque clouée sur le mur.
– Nous sommes tous dans le même cas. J’ai juste la trouille de ne pas trouver une place au même endroit que Romain.
– Il n’y a pas de raison, il faut y croire.
– Si on est séparés, je ne suis pas certaine qu’on tienne la distance, s’inquiète-t-elle.
– Il t’aime, la preuve : il m’a résisté, plaisanté-je.
– Maëva, je t’en prie, répond-elle écœurée, je ne veux même pas imaginer un truc pareil.
Je devine sa moue dégoûtée, ris de plus belle.
– Tu n’as plus aucun souci à te faire, ma chérie, il est fou de toi.
– Ouais, c’est pas si mal que tu t’éloignes, tout compte fait, poursuit-elle. T’avais presque écumé tous les gars de la bande.
– Laura, pour qui tu me fais passer, je continue, faussement irritée.
– Ben pour ce que tu es : une croqueuse d’hommes, ma belle. D’ailleurs, c’était quoi ce cirque avec Bart, hier soir ? Vous avez remis le couvert ?
– C’est un bien grand mot, on s’est dit au revoir, à notre façon, c’est tout.
– J’ai vu ça, entendu plutôt. T’es au courant que les cloisons de son appart sont très mal insonorisées. Mes tympans menacent de se suicider, ils brûlent encore, merci !
– Oh ! ça va, on s’est éclipsés une petite heure, c’est tout.
– Ouais, mais tout le monde en a profité. Donc, c’était juste comme ça, pas de réconciliation à l’horizon ?
– Non, madame, c’était un câlin d’adieux, un peu rapproché, mais ça s’arrête là. Nouvelle vie…
– Nouvelles victimes !
– Laura, tu te rends compte du tableau que tu dresses ! je m’insurge.
– Oh oui, tu as un tableau de chasse impressionnant, tu ne peux pas le nier.
– Je ne m’amuse pas à compter, dis-je en souriant.
– Heureusement, tu t’y perdrais.
– Laura, tu me fais peur.
– La stabilité, c’est pas mal, tu sais.
– Je vais y réfléchir, pour l’instant, ma priorité, c’est de m’installer.
– Tu nous inviteras pour la crémaillère ?
– Et comment ! Je vais me dépêcher de trouver une date, fais-moi confiance.
Nous papotons encore quelques minutes. Elle me manque déjà. Elle a raison sur un point, je papillonne. Je ne me suis jamais posé la question, mon comportement avec les hommes est-il normal ? Je vis l’instant, sans me torturer les méninges. Je crois être folle amoureuse, mais dès qu’un truc m’ennuie, tout retombe comme un soufflé. Je n’ai jamais souhaité m’engager, une bague, un bout de papier à la mairie, ça sert à quoi ? L’amour, ça va ça vient, il y a des tas de poissons dans l’océan, autant tirer le meilleur de chaque rencontre. Pas la peine de m’encombrer avec la routine, les disputes, la mésentente. Je préfère ne conserver que le meilleur, pourquoi me contenter d’œufs de lompe si je peux déguster du caviar ? J’adore ces moments de séduction, quand on ne sait pas si on plaît à l’autre, qu’on le devine, qu’on cherche dans ses yeux, dans sa gestuelle, dans ses mots parfois, les réponses. Est-ce qu’il me trouve jolie ? Va-t-il me parler, m’embrasser ? Quand vais-je enfin sentir sa peau contre la mienne ? La passion du début, l’excitation de la nouveauté, c’est ce que je préfère. Après, ça passe, ça se tasse, tout devient fade. Je n’aime pas les relations en demi-teinte. J’ai besoin que ça bouge, que ça vive, d’en souffrir tellement c’est bon, intense. Je suis comme ça.
Mon GPS m’indique de tourner, je mets le clignotant, cherche le nom de la rue. Ça doit être ici. Un grand BOOM me fait sursauter. Presque debout sur le frein, j’écarquille les yeux. Un type fou de rage vient de taper du poing sur ma Fiesta. Elle n’est pas toute jeune, mais j’y fais attention. Merde ! Il est malade ou quoi ? Il fulmine, approche de ma vitre :
– PUTAIN ! Vous ne pouvez pas faire gaffe ! Vous avez failli m’écraser !
Je sors, les clés toujours sur le contact, claque la portière. Mains sur les hanches, menton haut, sourcils froncés, je le défie :
– Vous avez quoi dans les yeux ? Une voiture, ça se voit non ? Je vais vous apprendre un truc, ça, c’est une route, Monsieur. Qui dit route, dit véhicule en mouvement ! Des passages piétons vous sont réservés, là, vous traversiez en dehors des clous !
– JE RÊVE ! Vous avez le toupet de…
Il croise les bras sur son torse en souriant, mauvais.
– QUOI ? QUOI ? crié-je.
– Non, rien, se radoucit-il, apparemment, vous n’êtes pas faites pour être derrière un volant.
– Comment ça ? Je…
Un klaxon, un deuxième, je me retourne, ma voiture ! Ma voiture continue son chemin, toute seule. J’ai oublié le frein à main. Quelle idiote. J’abandonne mon interlocuteur qui rit à gorge déployée pour rattraper mon véhicule. Je cours, m’accroche à la portière, ouvre, saute dedans comme je peux. Juste à temps, avant la catastrophe annoncée, je parviens à l’arrêter. J’