Le lendemain de leur arrivée, les nouveaux occupants de la caserne désaffectée se réveillèrent terrorisés! Les murs de la clôture nouvellement repeints étaient vandalisés, les inconnus ont dessiné les têtes de morts à la peinture rouge; on pouvait par exemple lire: Vous ne serez jamais tranquilles ici", "Retournez chez vous!". Une enquête de police fut ouverte pour retrouver le ou les auteurs. Par peur, ces dix nouveaux habitants issus de divers horizons quittaient rarement le centre. Les seuls endroits où l'on pouvait les apercevoir étaient le supermarché et l'office de poste du village. Ils s'efforçaient de communiquer entre eux en anglais et en français, les deux langues dont ils connaissaient juste quelques notions. Ils se montraient discrets et solidaires. Ils restaient souvent enfermés dans leur bulle et à raison. On leur répétait en effet que l'opinion publique ne leur était pas favorable suite au comportement qu'avaient affiché certains requérants d'asile ailleurs [...]." Immigration et intégration: tel est le double sujet, brûlant, au coeur du roman de J. P. Manuel Sebastiao qui autopsie les réactions de toute une communauté à l'ouverture d'un centre pour demandeurs d'asile. Le rejet, les préjugés, le racisme... mais aussi la solidarité, l'amitié et même l'amour se voient ainsi convoqués dans un roman qui ne cède jamais à la facilité ou au manichéisme, mais qui tente toujours de saisir les problématiques que recèle son thème. Et l'auteur de composer encore un texte choral, aux personnages terriblement ou tendrement humains, qui nous entraînent au creux de leurs colères, de leurs douleurs, de leurs joies et de leurs espoirs.
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