Nathan est fou
73 pages
Français

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Nathan est fou , livre ebook

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Description

Nathan passe ses journées à photographier des milliers d’écoliers dans toute la Bretagne. A 35 ans, le jeune homme va bientôt être père et a tout pour être heureux. Pourtant, un inexplicable burnout va changer sa vie à jamais. En proie au désespoir, réfugié dans les antidépresseurs et l’inactivité, Nathan se croit fini. C’est Norbert, un étonnant autiste de 17 ans, qui va lui redonner goût à la vie et l’entraîner dans une aventure mouvementée. Geek génial, le jeune homme sévit sur le Net sous le pseudo d’AspergerBoy. Il s’attache à Nathan et ne le lâche plus, bien décidé à le sortir de sa noirceur récurrente. Aussi timbrés l’un que l’autre, en marge de la société, le duo se lance le défi de vivre en autosuffisance. Ils s’installent dans une petite maison bigoudène et commencent une nouvelle vie en communauté. Mais Nathan est fou. Il se morfond dans sa déprime, et fait tout dérailler. Il lui faudra du temps pour comprendre le plan diabolique de Norbert. Pleine de malice et de personnages attachants, Nathan est fou est une histoire amusante, parfois mystérieuse, qui réserve son lot de surprises.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782363157126
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Nathan est fou


Christophe Espern

2017
ISBN:9782363157126
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Prologue
Première partie
1
2
3
4
5
6
Deuxième partie
1
2
3
4
5
6
7
Troisième partie
1
2
3
4
5
6
Épilogue
REMERCIEMENTS
Biographie
Prologue
 

 
J’étais à un point culminant de ma vie. Jeune photographe scolaire réputé, heureux dans son job, en couple depuis trois ans et bientôt papa. Moi, Nathan, dynamique, un gars sympa et bien dans sa peau, tout simplement accompli à l’aube de ses trente-cinq ans. J’avais un visage de gendre idéal de classe moyenne. Je portais la barbe pour ne pas faire trop enfant de cœur ou premier de la classe. Presque blond, poli, propre sur moi, pas très costaud mais assez sportif, je portais des tee-shirts noirs et des lunettes foncées. Je me protégeais les yeux, essentiels à mon travail. Je partageais avec Sonia un appartement flambant neuf dans le centre-ville de Quimper. Elle travaillait dans une agence immobilière et nous avait dégotté un nid confortable pour notre naissante vie de couple. Tout allait bien. Enfin je le croyais.
Les milliers d’âmes qui défilaient chaque jour devant mon objectif commencèrent à déteindre sur moi. J’étais immergé dans la matière humaine et bientôt noyé. Accomplir mon travail devint délicat, perturbant, puis dramatique.
Première partie
 

 
 
1
 

 
Tout commença ce lundi-là, à l’école Notre Dame du Sourire, en 2008 à Laval. Comme chaque matin, des multitudes de visages défilaient devant moi. Des pleurs, des éclats de rire, des nez qu’on mouche, des dos qu’on redresse ; ainsi que des cris, des murmures, des odeurs de pipi, et de popo , le tout sous les flashs qui crépitent. La première classe de Petite Section approchait. TPS-PS. Une trentaine d’enfants intimidés de deux à trois ans me dévisageait. La soixantaine, une blouse à carreaux à dominante violet trop serrée, la rondelette maîtresse dit une phrase que j’avais déjà entendue :
— Ne vous inquiétez pas les enfants, il n’est pas méchant le monsieur ! Ce n’est pas un docteur, il ne va pas vous manger ! Hein, dîtes-leur !
On avait là un exemple de grande connaissance de la psychologie de l’enfant. Habituellement je répondais tout haut que je n’avais pas faim, ayant déjà pris mon petit déjeuner. Cela laissait autant perplexes la maîtresse que les enfants. J’eus envie de lui dire qu’elle ne me facilitait pas la tâche, à dramatiser la situation par son vocabulaire inadapté. Le fait de supposer la peur la déclenche. Méchant, docteur, manger … Même les enfants qui ne craignaient rien devinrent perplexes, voire paniqués. Le premier marmot à passer commença à douter sérieusement. C’était un petit blond tout mignon qui me regardait avec des yeux inquiets.
— Alors mon petit poulet, ça va toi ? lui murmurai-je, fais-moi un petit sourire et ça sera fini. Comment tu t’appelles au fait ?
Le petit était tétanisé. Il souriait de toutes ses forces. Sa mère avait dû le briefer pendant des heures. Je me mis à sentir une profonde anxiété, comme plongé dans le cerveau de ce petit moineau tout blanc qui, visé par un inconnu devant d’imposants parapluies, avait envie de faire dans son froc. Des parapluies, il ne pleut pas, c’est bizarre… Et je ne suis pas un poulet. Pourquoi il me traite de poulet ?
De prime abord, pour un enfant, il m’arrivait de passer pour un fou.
Le petit poulet ne voulait pas démordre du rictus qui déformait son visage. Quand je lui demandai de ne pas trop sourire, et de ne pas forcément montrer ses dents, je déclenchai chez lui un désespoir profond. Mais maman va me gronder, elle a dit de sourire, et le monsieur il ne veut pas. Et la maîtresse qui fait « cheese, ouistiti ! » derrière lui. C’est quoi ce délire je ne comprends plus rien moi !… C’est ce que je me disais, avec lui, en partageant son désappointement. C’était incommodant, tout comme l’était la présence de l’institutrice qui me collait. Un malaise m’envahit, j’éprouvai le désarroi du môme devant moi, prêt à craquer. C’est ce qu’il fit, heureusement juste après un premier déclenchement. Flash ! La lumière et le bruit des lumières l’achevèrent. J’avais une image correcte malgré son rictus coincé. Le moineau fondit en larmes. La maîtresse n’était pas contente.
— Ah ben ça commence bien !
Forte anxiété. Que m’arrivait-il ? En plus de l’environnement acoustique normal, j’entendais des petites voix dans ma tête, lointaines, ou toutes proches, assorties d’un ressenti étranger et puéril. Je mis ce phénomène sous le coup de la fatigue et de l’effervescence des lieux. La minuscule salle de motricité, transformée en studio photo, était particulièrement bruyante et inconfortable. Mais mon cerveau se détraqua, réellement. À chaque portrait réalisé, un sentiment extérieur m’envahissait, différent, et de plus en plus perceptible.
Dès la première classe terminée, je me réfugiai aux toilettes. L’eau froide sur mon visage n’y fit rien. C’était comme un mauvais rêve. J’inspirai et j’expirai pour me calmer et évacuer de mon esprit cette excroissance sensorielle.
Seconde classe, Grande Section. GS. Normalement à cinq ans les enfants qui passent devant le photographe n’ont plus peur. J’espérai donc que cela allait mieux se passer. Mais je perçus à nouveau les émotions des élèves, parfois gaies parfois tristes, et d’autant plus fortes quand je m’approchais d’eux. Chaque élève avait son propre ressenti et c’était comme si une sonde invisible m’y reliait. J’eus l’impression d’avoir pissé dans ma culotte, d’avoir faim, chaud, froid, de détester les filles ou d’être en manque de sucre. J’ai même éprouvé de la haine, autant que de l’amour ou du manque d’affection. Je passais de l’envie de rire à celle de pleurer dans la minute. Surtout de pleurer. Car ce turn-over permanent de mes sens commença à me terrifier. Ma propre conscience m’échappait.
Sur l’heure de table je me réfugiai dans ma voiture. Au calme pour reprendre mes esprits. J’engloutis toute ma bouteille d’eau comme pour me purifier. J’avais l’impression d’avoir rêvé cette matinée sordide. D’avoir raté toutes mes photos à cause de cette soudaine défaillance. Le chahut résonnait dans ma tête. Devenais-je fou ? J’avais des sueurs froides, je tremblais. Une migraine s’annonçait. Je fermai les yeux quelques instants, mais c’était pire. Les émotions des enfants stagnaient dans ma tête. J’étais possédé par les âmes de ceux que j’avais photographiés.
Heureusement l’après-midi il ne me restait que quelques groupes. J’avais sorti des bancs pour me faciliter la tâche et éviter de placer les enfants un par un. Une économie d’implication et un certain périmètre de sécurité me permirent de tenir le coup.
La journée me parut interminable. À 16 h 15, enfin, il ne me restait plus qu’à plier le matos, dire au-revoir à la directrice et sourire comme si de rien n’était.
— Alors Nathan ! C’est la fin du marathon, ça s’est bien passé ? 352 enfants quand même vous êtes un rapide. J’ai eu de bons échos avec les collègues ce matin. Vous êtes calme et patient avec les petits, c’est bien.
À cet instant précis, lessivé, je n’avais qu’une envie. Faire caca. Je venais de passer devant les toilettes bondées des petits sortants de la sieste.
— Vous prendrez bien un café, vous avez de la route je crois.
Je transpirais. J’étais rincé. Je posais mes valises et tout mon barda dans un coin du bureau de la dirlo. Ok, encore un effort. Un café pour la route. Elle m’avait déjà fait le coup l’année dernière, j’allais encore me taper les bouchons.
— Je crois qu’il n’y en a plus, je vais en faire !
 
***
 
Après trois heures de route je fis une escale pour casser une graine. Je m’arrêtai

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