A soixante-quinze ans, veuve pour la quatrième fois, Blanche lutte contre les années qui la voutent irrémédiablement, mais s’en sort plutôt bien. Très alerte, grande et fine, refaite à la Frankenstein, les cicatrices en moins, toujours impeccablement maquillée, coiffée, manucurée, "la rebelle" tient à sa fierté, quitte à en rajouter des tonnes et éclabousser la face du monde de son dédain et de son arrogance. Autour de son blog "Ni mémé, ni soumise", elle prend la tête d’une tribu de grand-mères actives. Leur chemin croisera celui d’une bande d’écorchés vifs, jeunesse perdue en marge de la société, réfugiée dans l’alcool et la drogue… Autour d’une Tatie Danielle version snob et étonnamment humaine, aussi irritante qu’attachante, Manuella Celerier sonde le fossé entre les générations, scrute le crépuscule qui nous guette et le vide qui nous entoure. Fantaisiste et grave à la fois, Ni mémé, ni soumise ironise et plombe l’ambiance tour à tour. Confrontant une vieillesse au passé envolé et une jeunesse sans avenir, une très belle histoire de perte et de sacrifice, saupoudrée de miettes d’espoir et d’éclats de rire. Un arrière-goût amer mais finalement meilleur et plus durable.
Voir