Écriture Salvatrice

Schizoïde Panda

Description

« Parfois je pense être une bête, un microbe,
Aux pensées hantées par un démon ignoble.
La nuit, je souffre dans un silence retentissant
La nuit ? Un gouffre gorgé de délires pénétrants.
Fermente la frayeur dans l’obscurité nocturne,
Du foyer d’hallucinations où vivent les tarentules, Ces créatures lésées pour leur effroyable laideur,
Ces créatures détestées qui horrifient les mœurs ! »
Extrait du texte La schizophrénie.

Écriture salvatrice est le premier recueil du jeune auteur Panda Schizoïde. L’écriture est un exutoire à sa maladie mentale; ses textes font entrer le lecteur dans la tête d’une personne schizophrène. Une expérience qui ne laisse pas indifférent.

Sujets

• Poetry

Informations

• Publié par: Éditions TNT
• Date de parution: 14 septembre 2018
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782923375847
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

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Éditeur
Écriture salvatrice
Éditions TNT 625 Avenue de la Salle Montréal, Qc. H1V 2J3 [phone] www.editionstnt.com • [e-mail]
Illustrations et infographie Thomas-Louis Gagné
Chargée de projet Delphine Caubet
Corrections Gabrielle Brassard-Lecours
Droits d’auteur
Jérémie Beaudoin, alias Panda Schizoïde. La reproduction totale ou partielle, pour un usage non-pécuniaire, est autorisée à la condition d’en mentionner la source.
Dépôt légal 2018 Bibliotèque et archives nationales du Québec Bibliothéque et archives Canada
ISBN PAPIER 978-2-923375-64-9
ISBN PDF 978-2-923375-83-0
ISBN E-PUB 978-2-923375-84-7

Fièrement imprimé au Québec.

Courage à tous ceux qui souffrent seuls
et en silence, ainsi qu’à leurs proches.
Un merci spécial à Charles.


Préface
Athlète dès le jeune âge, mes aptitudes physiques se sont développées très rapidement. À l’école, je réussissais sans difficulté au plan académique, mais les relations interpersonnelles me troublaient intérieurement. Qu’attend-on de moi ? Comment dois-je agir ? Que dois-je dire ou ne pas dire ? Qu’est-ce qui est bien, mal et pourquoi ?
C’est à mon entrée à la polyvalente que s’amorcèrent les problèmes; l’expérience des drogues et leurs effets multiples sur ma sensibilité d’adolescent. Après une psychose toxique en troisième secondaire, l’acuité de mes sens décupla. Des gens qui disparaissent quand je m’en approche, des voix indistinctes qui me jugent sévèrement et le sentiment envahissant qu’on épie chacun de mes gestes. Une méfiance particulière vint à s’installer. J’ai commencé à m’isoler dans ma nature schizoïde.
À mes 19 ans se succédèrent l’arrêt complet de ma consommation de drogues et ma première consultation avec un psychiatre. L’anxiété et des symptômes psychotiques non spécifiés feront échouer mes tentatives d’obtenir un diplôme d’étude collégiale, malgré des notes appréciables. Pendant près de trois ans, mon quotidien fut réparti entre la pratique du soccer en solitaire (un sport que j’affectionne particulièrement) et un ami. Le dernier qu’il me restait à l’époque. Mais voilà, j’ai commencé à moins prendre ma médication tout en reconsommant. Jusqu’au jour où je suis parti de chez moi.
Par deux fois durant ma vingtaine, je suis rentré en thérapie pour me soigner et enrayer certains comportements néfastes. Mais pour moi, rester enfermé durant des semaines sans cette liberté totale que je retrouve en nature était difficile. Durant les années qui ont suivi, j’ai eu des hauts (en cohabitant avec un ami notamment) et des bas (avec des passages dépressifs et suicidaires).
Quand j’écris ces pages à l’été 2018, cela fait maintenant 8 mois que je suis retourné chez mes parents. Ils m’acceptent tel que je suis, avec mes forces, mes faiblesses et mes petites particularités. Je diminue tranquillement ma consommation de drogues.
Ces textes que vous allez lire sont le fruit de plusieurs années de gribouillages sur papier. Mais ce n’est que dernièrement que je me suis senti assez mûr pour traduire ce que je vivais. L’écriture est devenue un moyen de m’exprimer, un endroit libre, une raison de vivre.
Avec ce recueil Écriture salvatrice , je vous invite dans la tête d’un homme schizophrène pour y découvrir les tumultes, les couleurs et la tension qui s’y cache.
Jérémie.




Les yeux imperméables
Le premier d’entre tous. J’ai toujours voulu traduire le monde profond qu’abrite mon crâne d’homme. J’ai écrit d’un jet frénétique ce poème décrivant mon profond mal de vivre et ma maladie mentale.
Des revers imperméables de mes deux appareils oculaires,
Se dissimule secrètement un impénitent système dépressionnaire,
Qui, après avoir submergé toutes les défenses que je m’étais érigées,
Déverse ses eaux pluviales, très acides, sur ma pauvre âme érodée.
Cette pluie se fait de plus en plus insistante, de plus en plus corrosive, la noirceur et la nuit venues.
Âme tourmentée et souffrante, tes cris caverneux retentissent! Mon âme, je t’ai entendue !
Partout où je vais, je guette l’autre comme l’autre me guette secrètement,
Comme des ombres qui m’observent, me parlent, me frôlent, me touchent.
C’est pourquoi j’évite les endroits où elles abondent, et me fais farouche,
Même si, au fond, je souhaite enfin vivre librement.


L’insecte humanoïde
Voici comment on se sent en dépression, quand le seul ami qu’on possède est une petite bestiole dans sa chambre.
Les cheveux gras,
Les oreilles cireuses,
Les dents entartrées,
La barbe touffue,
Les ongles longs,
Le visage huileux.
Vos corps,
Nettoyés,
Entretenus,
Aseptisés,
Beaux,
Esthétiques,
Insecticides.
Des âmes,
Sages,
Honnêtes,
Morales,
Vertueuses,
Pures,
Déguisées.


L’adolescence


Ma nostalgie de la routine du matin avec mon fidèle ami Jean-François et notre retour à la maison.
Un matin éclatant d’été, en plein mois de juin,
Nous sommes assis à l’avant de la maison, allumant un joint.
Nos voisins anglophones qui prennent l’autobus, très tôt,
Attendent patiemment son arrivée sans dire un mot.
Mon chien un peu dérangé dans la moustiquaire, une merveille,
A tout comme nous, le sourire fendu jusqu’aux oreilles.
La situation était d’une absurdité hilarante.
Nos blagues se voulaient sans malice et innocentes. Nous partions quelque temps après pour la polyvalente,
Chacun vers notre pavillon, l’âme fraîchement adolescente.