Femmes en parallèle
153 pages
Français

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Femmes en parallèle , livre ebook

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Description

Le poète marche comme un funambule sur le fil noué du désespoir au rêve, il écrit son amour, sa tristesse, sa tendresse, sa joie, il essaie dans un savant agencement des sons que lui dicte son coeur d'émouvoir sa muse, d'atteindre l'enfance, l'esplièglerie ou la nostalgie, l'éternelle histoire d'un amour impossible ou perdu. Cette anthologie personnelle de Nicole Barrière rassemble ses élans dans le rêve et l'engagement, dans la durée qu'elle revendique de connaître, aimer et protéger.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 247
EAN13 9782296714144
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Femmes en parallèle

Anthologie personnelle
Accent tonique – Poésie

Collection dirigée par Nicole Barrière


Maquette de la couverture
Osama Khalil


Illustration de la couverture
Calypso de la série Métamorphoz de Louise Cara
Nicole Barrière


Femmes en parallèle

Anthologie personnelle
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13613-7
EAN : 9782296136137

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Introduction
J’aurai pu appeler ce recueil de poèmes « Lacérations et transparences », car il témoigne de l’écriture d’une femme en temps de guerre. Quoi dira t-on, quelle guerre ?
Nous vivons dans des pays en guerre, directement ou indirectement, la France et l’Europe sont engagées en Afghanistan, en Irak, etc. mais aussi dans de nombreux points géostratégiques au Moyen Orient, en Asie et en Afrique. Lorsque l’on lit le sous-texte du nécessaire dialogue entre les peuples, il s’agit de questions énergétiques, d’accords de défense de formation militaire et de ventes d’armes. Au fil du temps, la guerre met son empreinte sur les esprits et dans les cœurs. C’est une censure impitoyable car elle menace de mort ou met en danger ceux qui veulent s’exprimer. Cette censure concerne tout le monde et les femmes en particulier.
Face à la guerre, les femmes sont les premières victimes, car les plus faibles avec enfants, vieillards, et les plus exposées. Déplacées, soumises aux menaces, les femmes endurent bien trop souvent des violences et des cruautés atroces en temps de guerre, prises pour cibles en tant que civiles et exposées à des violences sexuelles, le viol, la fécondation forcée, l’interruption forcée de grossesse, la stérilisation forcée, le sida, les traumatismes et les incapacités qui en résultent. Les filles sont désemparés quand elles ne peuvent pas aller à l’école en raison de la menace de violence, quand elles sont enlevés ou victimes de l’esclavage sexuel, de la persécution, du harcèlement et de la discrimination.
Pour autant elles doivent survivre et faire survivre leurs familles, trouver l’eau et la nourriture, médicaments et abris. Et là encore elles sont exposées à tous les risques cités qui mettent en danger leur santé et leur vie.
Pour autant elles ne sont pas victimes passives, car elles exploitent les ressources disponibles,
Pour autant, l’opinion des femmes est rarement écoutée, ce qui signifie que leurs besoins spécifiques sont négligés, les femmes ont tendance à éviter de parler ouvertement de leurs besoins les plus personnels, et elles n’ont pas d’espace d’expression sûr où leurs préoccupations pourraient être abordées. Lorsqu’on demande aux femmes leur contribution directe, leur point de vue et leurs priorités sont différents de ceux des hommes qui prétendent parler en leur nom.
Lors des négociations de paix, la paix est une occasion unique de corriger les inégalités, assurer une protection égale devant la loi, et créer un espace pour un changement positif. Or quand vient le temps de la paix, les femmes sont trop souvent absentes de la table des négociations.
Comme femme écrivain, comme poète, il s’agit de travailler sur les mots, de dénoncer l’apartheid, de protéger des êtres, victimes d’abus terrifiants commis au nom de lois édictées pour l’unique profit de leurs inventeurs. Connaître, aimer et protéger. Si le rôle d’écrivain est d’affirmer les valeurs universelles de l’humain, du mouvement qui porte vers l’autre dans la rencontre, le rêve et la résistance, il faut aussi connaître. Chaque jour, les médias inondent de propagandes diverses depuis la désinformation sur les situations réelles jusqu’à la publicité. Connaître cela veut dire prendre le temps de l’enquête, de l’analyse, du savoir scientifique cela veut dire refuser d’être entrainé dans des termes qui posent le problème en termes de morale sexuelle, c’est-à-dire de pouvoirs entre les sexes.
Une autre priorité me semble t-il est de remettre les femmes au centre du récit des guerres, l’absence des femmes dans les récits de guerre est frappante. Ce sont les souvenirs des femmes qui paraissent en dernier parce que, plus que tout autre témoignage, c’est leur vie qui a subi la plus grande censure – du fait de l’urgence du quotidien, de la reprise d’une certaine normalité, de la nécessité de banaliser, pour achever de gommer à tout prix, tant l’exceptionnel que l’inavouable. Cette évacuation pourrait être le résultat d’une infériorité imaginée et intériorisée par les femmes elles-mêmes, minimisant depuis toujours leur rôle dans toute guerre, à la faveur de récits généraux sur la guerre considérés uniquement d’un point de vue masculin. De véritables héroïnes pendant la guerre sont happées par un quotidien âpre. J’ai tendance à penser que les hommes occupent l’espace, tandis que les femmes s’inscrivent dans la durée. La pensée dominante dans la plupart des sociétés continue à renforcer la position dépendante des femmes dans la sphère privée tandis que les hommes continuent à avoir un accès relativement majeur aux ressources économiques, au pouvoir politique et aux privilèges sociaux de la sphère publique. L’oppression des femmes et le déni de leur liberté d’expression se trouve dans les réponses de toutes les sociétés, la violence masculine à l’égard des femmes, mais il ne faudrait pas s’y tromper, même dans nos pays européens dits hautement civilisés, la place des femmes pose toujours question. Et cela se répercute sur l’écriture des femmes.
Lacérations et transparences de ce recueil qui rassemble des poèmes sur une durée de plus de vingt ans, lacérations des guerres, des sacrifices d’enfants, des humiliations et des révoltes de femmes. Pour autant, il existe des transparences, transparence de la lumière des intelligences et des cœurs, transparence de l’amour jusque dans ses extases. Connaître, aimer, protéger.
La volonté délibérée de ce recueil est de faire côtoyer des poèmes d’amour et des poèmes de révolte, de mettre en présence et parfois en télescopage les mots dans leur fièvre aventureuse pour aborder la liberté d’être, l’absolu de l’être qui ne se rend pas dans l’univers médiatisé et aseptisé des censures à qui il suffit d’imposer indifférence et silence. Ce recueil est une voix de femme-poète toujours en résonance avec les autres voix de femmes en parallèle.


Nicole Barrière
Les poètes
Je suis rongée par les roses de l’insoumission
Et je dévaste les terres fertiles de l’inutilité
Les chantres des grisailles déclinent l’horizon de la misère
Les plus rusés cisèlent le bois tordu du malheur
En volutes statuaires infinies
Les tâcherons taillent les sarments de la douleur
Pour les jeter aux flammes d’un avenir éteint
Tandis que les maudits lancent l’équarrissage
D’éclats blancs et violents dans le feu invisible de la nuit.
J’épingle les mots à la vie
Et les étoffes déchirées
Comme la douleur d’un grand cri
Et du cœur le sang chassé

Mes collections sont des suaires
Que chaque saison fait chanter
Hiver très gris et givre en fleur

Été lumineux, sauvage – Mer !
Printemps de fil et damassé
Automne couleur de douleur

Retournez vous sur cette pourpre
Sur la cape du gitan blond
Qui a la magie du soufre
Et le miracle des violons
Diseur de bonne aventure
Tu fais chanter tous les espoirs
Et le bonheur dans sa fêlure
Qui disparait quand vient le soir

Costumes de deuil, costumes de fête
Blanc, jaune et vert ensemble
Changez, changez par cette aigrette
Et l’Arlequin qui vous ressemble

J’épingle les mots à la vie
Et les rubans multicolores
M’enlacent et tressent aujourd’hui
Fil à fil le linceul de la mort
Les mots
Les mots sont comme des cercueils
Remplis d’effroi par les vivants
Les mots sont boites à musique
Notes de cuivre, notes de vent
Les mots s’aligne

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