Horimezontales & Versticaux
136 pages
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Horimezontales & Versticaux , livre ebook

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Description

Rémy Beurion, né le 5 juillet 1968, à Vierzon, est journaliste au Berry Républicain depuis 1991. Son premier livre, Gueules de zincs, est un plaidoyer pour les bistrots de Vierzon. Il publie ensuite Ma Française, relatant de l’intérieur la fermeture de l’usine Case, puis Les Fous de Vierzon consacré aux célèbres tracteurs Vierzonnais, suivi de Vierzon de A à Z dans lequel il retrace les grandes lignes de l’histoire de la sous-préfecture du Cher. Dans Contrechamp, il met son talent d’écriture au service de photos d’engins agricoles et d’épaves de voitures. Après le succès en 2018 de Ta Belgitude... Ma Vierzonitude chez Aranea Ed., Remy Beurion revient avec ce septième ouvrage, un recueil de poésie.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782367240138
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HORIMEZONTALES & VERSTICAUX
Rémy Beurion  
 
 
ARANEA ÉDITIONS a pour mission principale de promouvoir et d'encourager la création artistique par l’appropriation des moyens de productions et d'expressions numériques. Ses projets sont menés dans l'esprit du mouvement "open source" ; édition de livres, organisation d'expositions  de photographies, édition et diffusion de projets musicaux, créations web-performance. Petite structure associative, Aranea Éditions privilégie le recours aux licences "creative commons" et "art libre" avec l'objectif d'offrir à l'auteur ou à l'artiste la totale maîtrise de son travail dans le processus d'édition. Ce projet a été mené intégralement au moyen de logiciels libres, tant pour ce qui concerne son élaboration, sa planification et sa conception.  
 
 
Direction éditoriale :
Jean-Michel Pinon
 
Relectures et corrections :
Etienne de Cancale et Donatien Cherrueix
 
Couverture :
Axelle Reboux / AxR Photographies & Graphisme
www.axrphotos.com
 
 
 
Imprimé : ISBN 978-2-36724-012-1
F ormat epub : 978-2-36724-013-8  
F ormat Mobi : 9782-36724-014-5  
F ormat pdf : 978-2-36724-015-2  
 
 

 
2020 - ARANEA ÉDITIONS  
éditeur d’œuvres et projets numériques
SIREN : 750 099 616 | SIRET : 750 099 616 00013
28, rue Gambon – 18000 BOURGES
Préface
«  N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres. » Léo Ferré.  
 
J’ai découvert Léo Ferré dans un vague bruit de mer, en Normandie. À Dieppe plus exactement. De très rares vacances familiales ont bordé mes 15 ans, d’un séjour chez une tante, en haut de la ville, dans la cité des Marins. Dans la chambre où je dormais, une cassette de Léo Ferré, avec son portrait lumineux, ouvrait sa bouche en plastique et me hurlait des choses que je n’avais jamais entendu. J’ai écouté la bande, en boucle. J’ai basculé. Jamais, je n’ai retrouvé l’autre bout de mon enfance, perdu dans ce dédale de mots, dans ce labyrinthe de musique et dans cette voix, bordel, cette voix qui m’avait agrippé au fin fond de c es vacances familiales.  
 
À 15 ans, on n’aime pas forcément Ferré, cette noirceur lumineuse où patauge le génie de la langue. Mais chez lui, j’ai trouvé le grand-père qui mettait du sirop sur les phrases que je rêvais d’écrire moi-même. Un grand-père aux cheveux d’argent qui glisserait, surhumain, sur une vague de Dieppe jusqu’ à en éprouver le paysage, jusqu’à changer la densité de la falaise. Ce jour-là, j’ai mis des galets dans mes poches en sachant, de cette conviction adolescente, que désormais, Léo Ferré allait peser en moi. Je suis devenu l’enfant de sa dernière adresse.
 
Je rêvais d’être poète professionnel,   le genre de type qui vivrait de sa plume. Mon prof de lettres, en classe de seconde, (le même qui a déclenché ma passion pour Jacques Brel) avait pris une chanson de Ferré Les poètes . Il nous avait demandé un commentaire composé, c’est-à-dire, de décortiquer le texte. Tout donne sens chez lui . L’apparente anarchie des mots n’est autre qu’une construction déconstruite d’une langue bourrée d’amour pour la langue justement.  
 
Un autre jour, j’ai écouté  Préface , sur la chaîne puissante de mon frère. À fond. Les enceintes gueulaient jusque dans la rue et comme sa chambre était à l'étage, tout le quartier suintait du Ferré.  Préface . Foutu texte. A l’école de la poésie, on n'écrit pas, on se bat . Quel pirate cet anarcho.  
 
Je l’ai vu, une fois, en concert, à Bourges. Lui et son piano. J’en respire encore les pauses d’un silence sépulcral. Voir Ferré, c’est après la claque de Dieppe, prendre le coup de poing de sa vie. Qu’on m’enlève toute la musique, sauf la sienne. Qu’on m’enlève tous les mots, sauf les siens. Un jour de 1993, j’apprends que Ferré est mort. Un journal,  Le monde libertaire , en fait sa U ne, bien sûr. Je l’achète et je deviens un tant soit peu anarchiste. Un tant soit peu Ferré. « C’était un temps déraisonnable où l’on mettait les morts à table... »  
 
Depuis mes 15 ans, Léo Ferré est une matière dont je suis fait. La matière Ferré est le ciment de toutes mes écritures qui se respectent. Qui avancent avec le souci de tout emporter avec elles. Je découvre encore en l’écoutant, je me délecte, je me nourris. Je ferme les yeux. J’ai 15 ans, dans une chambre de Dieppe où, dans le silence de la nuit, j’entends la Mémoire et l a mer . Ce jour-là, j’ai poussé un cri intérieur, celui qui devient vital. Le cri de la seconde chance. À cet instant, j’ai su, la vibrante ondulation du mot qui s’insinue dans mes veines.  
 
Mais avant cela, dans les premières années qui s’entassaient avec mes dix ans, ma mère a compris que la poésie qu’elle abritait devait sortir de mon corps, pas du sien. Sans doute qu’à l’époque, entre le ménage et les repas quotidiens, la poésie n’avait pas sa place. Alors, je suis devenu un terrain d’expérimentation. Ce qu’elle avait en elle, a glissé en moi. Jusqu’à la perte de contrôle, jusqu’au débordement. Je me suis mis à écrire des poèmes comme d’autres dégoulinent de cette sueur de l’effort.
 
À partir de cet instant, ma mère m’a forgé poète sur l’enclume de sa sensibilité, elle m’a perfusé en douceur. Une fois le ciment pris, caché sans doute derrière ce qu’elle avait accompli de moi, elle s’est mise à écrire aussi. Des octosyllabes, comme si, toute sa vie n’avait été que des octosyllabes, avec une régularité envoûtante. Dans le film Uranus , de Claude Berri, Gérard Depardieu incarne Léopold Lajeunesse, un patron de bistrot qui écrit des vers. I l doit dire quelque chose comme, « j’ai des vers qui me sortent de partout. » J’ai d’abord écrit de la poésie avant d’écrire. Depuis cet acte fondateur, je suis au bord du vide, ficelé dans mon paquet de viande.  
 
À la fin de sa vie, plongée dans la maladie, elle a écrit « Bilan », tout un programme, parmi d’autres textes qu’elle gardait précieusement à l’abri des regards. Sauf des miens. Je suis là, entre ma mère et Léo Ferré, entre les deux piliers de mon existence. Je ne pourrai jamais concevoir de tourner le dos à l’écriture. Retirez moi l’oxygène du monde, ce ne sera pas pire.  
 
Bilan
 
J’ai parcouru la vie sur des chemins de vent
Sans savoir où j’allais, j’ai traversé les ans.
Je n’ai rien vu venir, je n’ai rien vu passer,
Restent les souvenirs, empreintes du passé.
 
De ce temps envolé, je n’ai rien retenu,
Qu’un monde de regrets de ces années perdues.
 
Dans le silence lourd de mes nuits sans sommeil,
Tenaces, obsédants, mes tourments se réveillent.
Angoisses de ces heures qui me tiennent en éveil
Et peur de ces demains où plus rien n’est pareil.
 
Les rêves les plus doux n’ont plus leurs vies d’antan
Et les espoirs déçus ont fui avec le temps.
Ce temps qui sans retour, nous glisse entre les mains,
Nous guide pour toujours jusqu’au bout du chemin.
 
Odette Beurion
HORIMEZONTALES
* * *
 
Au milieu du goudron et des pavés luisants
Au milieu du goudron et des pavés luisants, qu’une pluie, sans merci, rendait abêtissant, j’ai cru apercevoir, dans un faisceau de lune, briller l’or de la nuit qui ne fait plus fortune. J’avançais, sans mérite, le front collé aux heures. Mon échine dorsale détrempée par la peur, et mes habits suintant de l’incompréhension, celle qui coule en crue de la bouche des cons.
 
Le vent sentait le souffre et les haleines viles. Quand les gorges s’empiffrent, dans les dîners en ville, les estomacs percés de vilaines aigreurs font remonter l’acide jusqu’aux vertus du cœur .  
 
S’il pleut encore beaucoup, je ne

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