Jardinier libre

François Drolet

Description

« L'écriture vient de me kidnapper sans avertissement J'aurais dû me méfier Ça faisait deux ans qu'elle était là, à me séduire À me mesurer, à me soupeser À m'ouvrir un pays grand comme le cosmos. Elle m'avait déjà embarqué sur son vélo Pour de longues ballades allégoriques Mais là elle m'a joué un tour ! Voici qu'elle me donne des ailes Voilà qu'elle m'emplume de tropes »

Sujets

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Informations

• Publié par: Société des écrivains
• Date de parution: 27 septembre 2013
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782342012347
• Langue: Français

Extrait

Jardinier libre
François Drolet
Société des écrivains

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Société des écrivains
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75015 PARIS – France
Tél. : [phone]
Jardinier libre
 
 
 
 
Préface
 
 
 
Lors d’une rencontre avec mes amis, nous nous demandions si la vie n’est qu’un labyrinthe duquel il nous faut nécessairement sortir. D’aussi loin dans le temps que nous parvient le mythe grec de ce fameux piège imaginé et conçu par Dédale 1 , il nous apparaît aussi actuel et à propos qu’à l’époque de la Grèce antique. De fait, nous nous accordions pour dire que le monde est devenu encore plus complexe qu’alors. Si l’on admet que nous sommes engagés dans un labyrinthe, à moins d’être Dédale, personne ne connaît réellement l’aboutissement du cheminement que nous avons entrepris depuis notre naissance. Donner un sens à nos vies et faire des choix judicieux relèveraient-ils d’abord de la chance pure ? Après mûre réflexion, j’en suis arrivé à me dire qu’il valait mieux nous entourer de beauté et d’espérance plutôt que chercher la meilleure issue, risquant ainsi de simplement tourner en rond.
Cherchons donc à capter la beauté partout, parfois là où on ne l’avait jamais imaginé. Il faut seulement y regarder de plus près. Comme si nous avions un grand jardin à cultiver, à visiter, à apprécier, à défendre.
À travers les feuillages du mien, voilà les désastres, les pièges, les murmures, les amours et plus simplement les paysages et saisons dont j’ai été le témoin. Il faut que j’avoue ceci : ce jardin m’a aussi révélé ses passages secrets, ses tours de magie, ses oasis intersidérales, ses palais et leurs mille et une nuits.
 
 
 
Un jardin qui devient parc
 
 
 
Ils étaient là depuis fort longtemps
Ont germé puis grandi ensemble
Peu à peu se sont rapprochés l’un de l’autre
Bouquet de feuilles désirant du piquant
Régiment d’épines préférant la douceur
Étrange tresse entourée de tendresse
S’allongeant sur le tronc rugueux et gommant
D’un jeune pin au caractère généreux
Se laissant enlacer par ce peuplier affectueux
L’ornant ainsi d’une élégante coiffure de bal
 
A-t-on déjà vu pareil mariage ?
Existe-t-il ailleurs un tel assemblage
Où pourtant l’espace ne manque pas ?
Étrange et lent mélange végétal
Se profilant tel un séduisant modèle
Qui pose, même exposé à tous vents
Offrant sa beauté aux yeux des passants
Comblant les artistes aventureux
Cultivateurs du majestueux
Brigands de l’éphémère matière
 
Approchez vos regards du parc
Jouxtant les portes de la cité
Puis laissez-vous hypnotiser
Par les lents caprices végétaux
D’un jardin autrefois débridé
Ayant germé au sein d’un esprit anglais
Où des indigènes prirent racines
Dans les plates-bandes et sous les ponts
À la clairière et aux sous-bois
Mixant sauvagerie et raffinement
 
 
 
Corps au bois
 
 
 
Mes yeux admirent l’oiseau
De là-haut il me regarde
Sentir l’air parfumé des bois
 
Du plus profond de la forêt
Le son de ma voix s’accorde
À la fréquence de la terre
 
Allongé sous un pin odorant
La caresse de mes doigts
Donne le frisson à son écorce
 
Plus loin l’érable disperse ses samares
Des grains d’amour s’envolant au gré du vent
L’humus les accueillera avec bienveillance
 
Toute cette flore m’implore
Afin que les mots et les spores
Plaisent aux âmes abandonnées
 
Aujourd’hui l’esprit de tous les arbres
A embrassé chaque Anishnabe 2
Même les cœurs de pierre voudront pleurer
 
 
 
La rédemption d’Orgnac 3
 
 
 
Dans un pays de calcaire
À cent mètres sous terre
Dans une cité hors du temps
Damnée depuis longtemps
Sont préservés des ronds et des arcs
Au creux de l’aven 4 d’Orgnac
On y voit des tours à l’architecture raffinée
Ou des pieux en position inversée
Ayant lentement grandi goutte à goutte
Des géants, des orants 5 sans doute
Issus de leur lente intercession
Mériterons-nous la rédemption ?
 
 
 
Cheminées par milliers
 
 
 
Appuyé à la rambarde du balcon
Des milliers de tubes de grès
Semblables à des bouts de crayons
Me saluent par un matin frais
 
Des cheminées racontent à leur façon
La vie de tous ces Français
En fumant ou en éventant leur torchon
Comme des espions indiscrets
 
À notre époque où tout glisse
Dans une apparente désinfection
Sur les toits et les murs lisses
Ces aspérités urbaines jacassent
 
Surgissant des toits français
Rumeurs des plus authentiques
De leurs mœurs coutumières
À contempler sans modération
 
Ensemble, elles et moi, ici, à Paris
 
 
 
France
 
 
 
Ô, fière France
Là où la libre littérature
Constitue une valeur sûre
Entretenir la conversation
Relève d’une vive tradition
 
Ô, vieille puissance
Les plus sages assurent
Une diplomatie d’envergure
À l’école des bonnes relations
Au profit de l’union des nations
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