Les cendres bleues

Jean-Paul Daoust

Description

Les cendres bleues de Jean-­Paul Daoust nous lancent une plainte intense dans un long poème-­confession, touchant et troublant de son enlacement de douleur et de fascination, de ses superpositions de présent et de passé, de silence et de dévoilement, d’amour et de hargne. Il s’agit, pour le poète, véritablement d’une révélation, dans les deux sens du terme : aveu et découverte. Dans les électrochocs des émotions, avec ses nombreuses réimpressions, rééditions, traductions et lectures publiques, Les cendres bleues est
devenu un classique de la poésie québécoise contemporaine.

Sujets

• Poetry
• Poésie

Informations

• Publié par: Écrits des forges
• Date de parution: 30 mars 2023
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782896452576
• Langue: Français

Extrait

DAOUST JEAN-PAUL

LES CENDRES BLEUES Prix du Gouverneur général 1990 e 5 édition

LES CENDRES BLEUES

Les Écrits des Forges, fondés par Gatien Lapointe en 1971, bénéficient de l’ap- pui financier du Conseil des Arts du Canada et de la Société de Développement des Entreprises Culturelles du Québec (SODEC). Les Écrits des Forges recon- naissent également l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entre- mise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour leurs activités d’édition.

L’UQTR, qui a collaboré avec Gatien Lapointe à la fondation des Écrits des Forges, demeure encore aujourd’hui un partenaire important qui nous permet de donner la voix aux poètes d’ici et de partout.

En couverture :Photographie de Maurice Bourassa. Saut de l’Ange, sculpture d’Édith Croft tombe de Pierre-Luc D’Orsennens, cimetière Côte-des-Neiges (Montréal).

Photographie de l’auteur :Mario Savoie

Dépôt légal : quatrième trimestre 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada ISBN : Écrits des Forges : 978-2-89645-257-6

© 2013, Écrits des Forges 992-A, rue Royale Trois-Rivières (Québec) G9A 4H9 Téléphone : 819 840-8492 Courrier électronique : [e-mail] Site Internet : www.ecritsdesforges.com

En librairie : Diffusion Prologue 1650, boul. Lionel-Bertrand Boisbriand (Québec) J7H 1N7 Courrier électronique : [e-mail]

En Europe : Écrits des Forges 47, avenue Mathurin Moreau 75019 Paris (France)

JEANPAUL DAOUST

LES CENDRES BLEUES

Ê tre un homme blessé D’avoir connu le sexe enfant Six ans et demi Puis la mort trop vite Quand le bois brûle penser Dans ma bouche agitée À l’époque où les doigts des autres enfants apprenaient La grammaire les miens épelaient Les noms de mes amants surtout un Baptisé du péché de la chair avant l’âge De raison J’ai été un enfant violé Dans le plus beau des paysages Dans le carré de sable prince oublié Là des cobras royaux sillonnaient mes cuisses Le combat des enseignements Pourtant j’aimais voir ce sexe content De ma présence Même si l’idée de l’amour m’était inconnue Certains corps devraient se taire Quand l’enfant violé dans un hangar Découvre des décors insensibles Des mains vulgaires Mon sexe si jeune

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Dans l’âtre le feu est un ange anonyme Amours aux poèmes maudits Comme tout enfant j’étais curieux Mais de ces amants il y en avait un Aux yeux de harpe Il me rappelait l’ange derrière l’autel De l’église Notre-Dame-de-Bellerive Celui qui chasse du paradis terrestre Un rythme endiablé fouette le sang Des histoires à ne pas raconter Mais des mains alertes consument plus d’un désir Mon corps a accueilli plus d’un pirate Maintenant que je suis seul avec mon âge Ces souvenirs d’histoires me hantent Des désirs enracinés dans le vertige J’aurais dû l’avoir tué plus vite Mais allez donc savoir à six ans et demi Ce soir j’ai le feu limpide Malgré mes Niagaras de flammes Les arcs de tes yeux dans un ciel imaginé pur Ce soir je suis un enfant-loup qui hurle Aux corps mouvants de nos caresses Elles auront donné ces racines insensées À ma vie à écrire écrite Comme si je pouvais être sauvé de la folie

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La grande spécialité de l’intelligence Le corps a gardé tes empreintes fraîches Quand j’avais six ans et demi Et que j’avais un amant Où est-il maintenant que je l’ai Que le texte frémisse Moi j’oscille encore dans la lumière de son désir Était-ce un faune Qui était-ce À part son désir La fatigue de la mémoire J’ai besoin encore de lui Il me semble Mon premier amour Les mots ont beau s’ajuster Des bagues aux doigts clichés Aucun effet Sinon celui de deux doigts Baissant la fermeture-éclair Les autres s’y joignaient pour Quel enfant étais-je Lui qui était-il Des poils partout Une toison d’ébène Un homme mûr

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Je le sais maintenant Mais moi alors Déjà excommunié Avant la première communion Pourtant ne rien regretter À part l’ignorance Comme tout semble normal Dans la splendeur de Mai Cette baie létale où les bateaux Sont les nénuphars mais La ruse n’arrange rien Quand les corps fouettés des passions de l’automne Quand les mots tombent arrachés J’ai été un enfant drogué par le sexe des autres Surtout de cet autre À n’y rien comprendre Pourtant complice Curieux de ce curieux bonheur Il était toujours là Quand je le voulais Mais lui qui était-il Marqué au fer rouge est-ce que Je lui ressemble maintenant Vampirisé par son désir En quelle année sommes-nous quand

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