Les destinées
147 pages
Français

Les destinées , livre ebook

-

147 pages
Français

Description

Les hommes et les femmes assimilés ; les peuples dans leurs races et continents distingués ; les plantes et les animaux assemblés ; les astres éteints ou illuminés ; sont tous en perpétuel mouvement dans l'animation universelle. Et la divinité, dans ses rapports avec le cosmos, assigne des rôles à ces créatures tant sur le plan vertical qu'horizontal. C'est dans cet univers de rêves sans fin que Les destinées, recueil de 52 poèmes, mène le lecteur.


Découvrez toute la collection Harmattan Cameroun !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 septembre 2017
Nombre de lectures 9
EAN13 9782140044298
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Serge Cyrile N WAW EL
LES DESTINÉES Poésie
Préface de Jacques Deboheur KOUK AM
Lettres camerounaises
Les destinées
Lettres camerounaises Collection dirigée par Gérard-Marie MessinaLa collection « Lettres camerounaises » présente l’avantage du positionnement international d’une parole autochtone camerounaise miraculeusement entendue de tous, par le moyen d’un dialogue dynamique entre la culture regardante – celle du Nord – et la culture regardée – celle du Sud, qui devient de plus en plus regardante. Pour une meilleure perception et une gestion plus efficace des richesses culturelles du terroir véhiculées dans un rendu littéraire propre, cette collection s’intéresse particulièrement à tout ce qui relève des œuvres de l’esprit en matière de littérature. Il s’agit de la fiction littéraire dans ses multiples formes : poésie, roman, théâtre, nouvelles, etc. Parce que la littérature se veut le reflet de l’identité des peuples, elle alimente la conception de la vision stratégique. Déjà parus NNEM NYEBE,Le pauvre rêve. Rivalités professionnelles et familiales, 2017. Asere FOTSO MOUDZE,Le proviseur « auanti-vacataires » cœur de la gestion des établissements, 2017. Antoine-Beauvard ZANGA,Les hommes de la nuit, 2017. Nonyu MOUTASSIE ERARD,La Cité des Ombres, 2017. Jean-Claude MBARGA,Lumières. Une vie pleine d’embûches, 2017. Georges Wilfried OSSA,L’ombre d’une passion ou Un cœur entre deux feux, 2016. Nonyu MOUTASSIE ERARD,Les trophées perdus de l’histoire du Cameroun, 2017. Egbokanlé Roméo SALAMI,L’aventure d’Iwé sur les chemins du savoir, 2016. Chantale Chekam KEMADJOU, Matcha’a ou l’attrait de l’illusion, 2016. Marc KÉOU,Le crépuscule des mœurs, 2016.
Serge Cyrile NWAWEL
Les destinées
Poésie
Préface de Jacques Deboheur KOUKAM
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-12812-2 EAN : 9782343128122
PRÉFACE « L’ère des destinées singulières est révolue. Dans ce sens, la fin du monde est bien arrivée pour chacun de nous, car nul ne peut vivre de la seule préservation de soi ». Cette vision du Nouveau Monde de Cheick Hamidou Kane, que nous pouvons lire dans L’Aventure ambiguë, évoque le tourbillon existentiel dans lequel nous nous trouvons. Il s’agit en effet, d’une métaphore du déchirement de l’être au cœur de la pluralité des mondes, de la pluralité des visions du monde, de la pluralité des manières d’être, de paraître et de faire, dans une confluence des différences avec les désirs pluriels de s’acheminer vers une destination inconnue, mais pressante intérieurement.
Dans ce tourbillon existentiel qui survient avec acuité à certain moment de l’histoire, il nous convient d’évoquerLes [premières]Destinées, celles d’Alfred de Vigny. Né en 1797, juste après la Révolution française, il sera éduqué dans le contexte social plein d’interrogation sur le sens du devenir humain. L’histoire occidentale vient de dire « non » à la féodalité et à la divinité. L’homme est désormais l’initiateur et le seul acteur des chemins de son histoire ; l’homme est désormais le seul pilier de sa destinée. Vigny est en ce sens un existentialiste qui s’interroge sur le sens à donner à l’existence humaine en dehors des considérations pré-établies que formulent les traditions religieuses. Il recherche ce que peut l’homme de lui-même s’il ne prenait plus appui sur la religion et les systèmes pré-
5
fabriqués. Vigny construit son texte à partir d’un pessimisme pour créer et susciter un optimisme d’aspiration à la liberté. « Depuis les premiers jours de la création, écrit Vigny, les pieds lourds et puissants de chaque Destinée, pesaient sur chaque tête et sur toute 1 action » . Voilà le monde ancien tel que perçu par Alfred de Vigny. Il faut alors dépasser cette perception anti-libertaire pour parvenir à placer l’homme au cœur de son histoire et plus simplement au cœur de sa Destinée. « Un soir arriva, écrit-il, que l’antique planète secoua sa poussière. Il se fit un grand cri : le Sauveur est 2 venu, voici le jeune athlète… » .
Vigny a derrière lui l’oppression de la religion et des systèmes qu’il tente de dépasser par l’émergence de la rationalité du sujet. Serge Cyrille Nwawel quant à lui a derrière lui l’oppression d’une globalisation déraisonnée qui ne tient plus compte des « particuliers » et qui veut imposer un particulier donné à « tous ». Dans le même sens que son prédécesseur, on le verra pessimiste sur sa représentation du monde, mais optimiste sur ce que peut son monde. « Ma honte, écrit-il, c’est d’appartenir à une jeunesse immorale et irrespectueuse, qui navigue sur des eaux qui d’amont en aval sont sinueuses, et qui se rend esclave d’une mode banale et pernicieuse, sans 3 toutefois connaître où elle la mène » . Il faut relever ici que la mode dont nous parle l’auteur est le fruit de cette construction mondialisante qui s’impose désormais à tous les particuliers et dont il faut « absolument » s’y conformer pour exister. Il n’y a plus d’existence en soi
1 Alfred de Vigny,Les Destinées, Larousse, Paris, 1972, p. 38. 2 Ibid. p. 39. 3 Serge Cyrille Nwawel,Les Destinées, L’Harmattan, Paris, 2017, p. 31.
6
des singularités, il faut s’arrimer à une singularité donnée qui s’est imposée comme l’universel pour tous.
Nous pouvons alors comprendre que Cheikh Hamidou Kane qui réclamait une ouverture des Destinées singulières pour la construction d’un universel commun, aurait « prêché dans le vent ». L’opportunité pour une invitation à l’ouverture que nous suggère Serge Cyrille rentre dans un élan de reconquête de l’universel par les singularités ou tout simplement de reconquête de la liberté du sujet. « Que de souffrances endurées, et de déserts traversés, que de chaleur supportée et de batailles livrées, que de sacrifices consentis où plusieurs des nôtres ont péri ». Sacrifices pour la liberté, sacrifices pour l’existence de son peuple, sacrifices pour la victoire de la raison. Dans ce combat contre l’oppression des systèmes, Serge Cyrille veut libérer l’homme de son pessimisme et lui suggère un sens réflexif par lequel sa libération serait possible. Il invite ainsi à une Destinée singulière et rationalisée qui pourrait être un fondement pour une Destinée commune plus opérationnelle et plus intégrante.
Il est alors un poète engagé qui s’interroge sur l’avenir du monde à travers l’avenir de l’homme. Dans cette trajectoire de pensée entre le monde et le sujet, il n’oublie pas de pousser le cri pour la libération de son peuple. Dans « Image en souvenir », il interroge le sujet sur son action quotidienne et l’invite à se construire une Destinée qui témoignera d’une vie dont le souvenir restera dans l’histoire et dans les mémoires. Chacun de nous est alors interpellé. « Que voulons-nous que l’on retienne de notre image ? Celle d’un homme de bien ou
7
d’un homme de mal ; d’un homme altruiste ou égoïste ; d’un mari attentionné ou déconcerté ; d’un père adorable ou déplorable ; d’un frère disponible ou inaccessible ; d’un ami sincère ou commère ; d’un collègue sympathique ou antipathique ; d’un patron 4 compréhensif ou répulsif… » . Dans cette belle musicalité poétique à l’allure d’une belle chanson qui vous bercerait en vous inquiétant, Serge Cyrille nous rappelle l’essence même de la poésie : l’expression du beau par le recours au sensuel et à l’idéel. Cette anaphore répétitive en début de vers, matérialisée par la locution « d’un », ensuite par les assonances en [a, e, …] et les allitérations en [m, t, p, s] à l’intérieur des vers qui traduisent la duplicité du sujet (Homme). Ces antithèses de la personnalité du sujet qui mettent en exergue la dialectique à faire pour opérer le choix de la « vraie » liberté, sont pour l’auteur des moyens de nous inviter à l’essentiel de l’humain, à une vie vertueuse qui, partagée, pourrait certainement, par un effet multiplicateur, susciter une nouvelle humanité dont rêve Serge Cyrille.
Nous sommes alors en présence d’un poète de la subjectivité. Il faut comprendre par ceci, une poésie centrée sur le sujet en vue d’une remise en question de celui-ci. Remise en question pour une liberté qui conduirait à l’accomplissement des Destinées singulières dans lesquelles s’intègre une Destinée collective à laquelle nous rêvons tous. Mais il s’agit bien d’une Destinée collective construite à partir de l’existence rationnelle de l’âme singulière. C’est une insistance nécessaire dans un contexte où les narcissismes subjectifs et particuliers brouillent toutes formes de
4 Ibid. p. 35.
8
Destinées. « De toute existence sur la terre, c’est ce qu’il y a de plus profond, relevant du plus grand des mystères, c’est un pilier très profond, c’est une réalité sans artifice, à n’offrir sous aucun prétexte en 5 sacrifice » . L’âme serait alors la substance de la liberté et l’instance de la personnalité à préserver contre toutes formes de dégradation.
Serge Cyrille va donc se situer comme un poète qui inquiète et qui interpelle, mais qui par-delà ces rôles, suscite une Espérance. La poésie de Nwawel se veut ainsi une création esthétique à valeur rythmique et à ce titre, elle touche l’âme et le tempérament du lecteur. Il faut tout de même remarquer qu’elle demeure une production difficile à traduire dans des termes ordinaires et pour cette raison, il crée en s’exprimant dans un langage exotique, que l’on pourrait croire réservé aux seuls initiés.
Ce livre que nous tenons en main nous entraîne dans un mouvement de va-et-vient entre nos réalités et nos espérances, entre nos turpitudes et nos désirs les plus fins. Ainsi, où que nous soyons et quelques soient nos réalités, nous trouverons dans ce texte des leviers pour une transformation subjective qui devrait pouvoir produire l’effet d’une société politique que nous désirons au plus profond de nous.
KOUKAM Jacques Deboheur
5 Ibid. p. 41.
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents