Les exercices somnambules

Michael Gouveia

Description

On tente de figer
pour que les choses se démènent
en les attendant on parle de température
ainsi peut-on faire et refaire la chronologie des nuages

Sujets

• Poésie contemporaine
• List of Latin phrases: V
• Reve
• Sommeil
• Poetry
• Vide
• Errance
• Espoir
• Solitude
• Fatigue
• Phobie sociale
• Ciel
• Silence
• Dépression
• Nuit
• Mort
• Journal

Informations

• Publié par: Éditions L'Interligne
• Date de parution: 12 mai 2021
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782896997633
• Langue: Français

Extrait

Les exercices somnambules

Michael Gouveia
Les exercices somnambules
Poésie
2021
Fugues
L’Interligne
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Titre: Les exercices somnambules : poésie / Michael Gouveia.
Noms: Gouveia, Michael, 1995- auteur.
Collections: Collection Fugues.
Description: Mention de collection: Fugues | Poèmes.
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210137495 | Canadiana (livre numérique) 20210137576 |
ISBN 9782896997619 (couverture souple) | ISBN 9782896997626 (PDF) | ISBN 9782896997633 (EPUB)
Classification: LCC PS8613.O9717 E94 2021 | CDD C841/.6—dc23
L’Interligne
435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (Ontario) K1K 4X5
613 748-0850
[e-mail]
interligne.ca
Distribution : Diffusion Prologue
ISBN 978-2-89699-763-3
© Michael Gouveia 2021
© Les Éditions L’Interligne 2021 pour la publication
Dépôt légal : 2 e trimestre de 2021
Bibliothèque et Archives Canada
Tous droits réservés pour tous pays

Le néant

Il m’arrive encore d’apparaître
je suis l’un des effets secondaires du ciel
je gagne l’asphalte pour y parler d’avenir
puis je déserte les rues comme une immense poussière
car je me fie aux suggestions du silence
je romps l’élan
l’impulsion première

Ce matin j’ai laissé des visages
sur la table de chevet
le néant est une chose qui arrive

C’est sûrement quelqu’un
qui fait le mort
quand on me parle d’amour
c’est sûrement quelqu’un
qui appelle la police
quand on me parle de température
et ce quelqu’un
ce n’est sûrement pas moi
mais je lui appartiens peut-être
c’est possible
il me suit du doigt
il vole mon journal intime

Mes cheveux sont des émotions
qui poussent vers le ciel
et tombent sur l’asphalte
comme des feuilles mortes
j’évite toujours les tête-à-tête et je n’ai jamais eu de poux
je passe mon tour
j’aimerais choisir un piéton du regard
pour qu’il prenne le relais
mais je choisis la foule au grand complet
la foule c’est l’infini en moi qui s’étale sur l’asphalte
Le silence est une langue maternelle
une étrange habitude
on dit qu’il faut parler
mais la ville est une rumeur sourde
elle renvoie à une fissure
d’avant la création
et je suis le dernier informé

La nuit je parle trois langues et demie
le français l’anglais le portugais
et le biscuit chinois
(je mange aussi le papier dans le biscuit pour que le message passe)
la nuit porte conseil
je murmure mes prophéties aux coins des murs
quelque part on m’entend
chez le voisin par exemple
il m’écoute attentivement
nos paroles se délient ensemble
la nuit est faite pour ça
comme si la parole n’avait plus de corps
pour penser à sa place
elle se pratique elle explore
elle se promène dans l’espace-temps dans certains bouts d’univers
là où il y a peut-être des personnes assises dans le noir
elle se pratique elle explore
puis au matin elle revient en secret
dans la boîte crânienne
la nuit vient lécher nos plaies pour le prochain combat
on cherche à dire
les choses
dans le brouhaha du monde diurne
on s’entend à peine

Je suis chez moi j’habite là
je subis les manigances des murs
ils veulent changer de décor
et courtiser la dernière lueur
quelque chose me démange