Les paysages alcooliques
65 pages
Français

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Les paysages alcooliques , livre ebook

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Description

Gigantesque n'importe quoi inspiré des cadavres exquis et de l'écriture automatique des Surréalistes, ce premier livre de Pierre Bessac nous invite à une divagation sans limites dans un monde où regnent l'invraisemblable et le non-sens. Sentiments incompréhensibles et personnifications étranges peuplent ce curieux récit, véritable échappatoire à l'absurdité di quotidien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 60
EAN13 9782296715356
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les paysages alcooliques
 
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
mailto: diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-13774-5
EAN : 9782296137745
 
Pierre Bessac
 
 
Les paysages alcooliques
 
 
L’Harmattan
I
 
PUTAIN DE GNAFRON
 
Dans un train en partance pour le pays des roses, des fuchsias, des capucines et autres somptueux métaux, je m'assois près de la Nef des fous . L'histoire se passe dans une église, au cœur des rochers plats, dolmens d'un autre horizon aux panoramas ingrats. Dans un écho forain, j'entends des voix réciter des chansons sélénites, psalmodier une rythmique terrestre. Je les écoute en voyant les fenêtres électriques s'endimancher. Un peu plus loin, un couple de canards malvoyant marmonne un flot de paroles simiesques. C'est une verdure calme.
Je m'élance à la recherche d'une statue de marbre, œuvre d'un quelconque paradis. Imaginez alors le chant ruiné de la guimbarde dénudant sa poitrine et le regard vertueux des vierges en chaussons aux pommes. Pourtant, dans l'immensité de la désolation des âmes se traînent d'haletantes problématiques à priori métalliques. Je m'accroche aux échelles mourantes et aux tuyaux agaçants. Des enfants s'amusent à se lancer un terrible paquet aux extrémités bleues.
Il y a des punks.
L'air et l'eau dansent et, dans un mouvement amoureux, ils s'engagent vers le ciel, étranglant les passants d'un mortel oubli. Ah ! La regrettable colère !
Non loin des sapins enlacés, un diable arbitre une séquence de colliers aux pierres fines. Dans un élan fortuit, je m'approche de cette attraction. Le ciel tournoie et j'en suis ivre même si des moutons aux angles déracinés semblent particulièrement malheureux. Une balançoire avance vers une façade sur laquelle pleurent quelques lierres. Et dans ma boîte à secrets, je range avec beaucoup de surprise une photo abondante. La nature, riche comme un aigle, vole aux brigands des usines patibulaires venues de loin. Hiroshima.
Le travail de l'herbe connaît une folle euphorie. Des parts de clafoutis guettent les mangeurs distraits et sous la voûte d'un édifice démoli, les pèlerins demandent à une fleur idoine ce que le sang des mouettes peut bien receler. Fort heureusement, les clés qui se dandinent à proximité n'ont pas oublié leur trousseau. Le contraire eut été une fugace bêtise. Mon meilleur copain s'intitule comme des mosaïques troublées par des chagrins récurrents.
Un puzzle.
Les boussoles n'indiquent plus le septentrion et les abaques roulent de milles feux. Le soleil urine des poussières glaçantes que viennent anéantir les plus belles nuits agitées. Et si le fantomatique espoir des graines bien mûres traîne à montrer son épouse défaite, les coquelicots boivent du champagne dans leurs champs abrupts. J'apprends à ce moment la noyade de la petite figure morne que j'avais jadis dessiné sur un papier feutrine d'une couleur mariant le violet et l'orange. Une dégoûtante envie de vomir envahit le chariot des rêves et les étoiles dégoulinent de tendresse.
C'est comme ça.
II
 
MALDOROR
 
Un étrange boulanger pousse un hymne de carottes verdies par l'excès de chocolat brûlant. Un jeune puceau lave les briques de la maison d'à côté. Et pendant qu'un pianiste passe, un livret pour orchestre sort ses jumelles pour mieux apercevoir le ding dong des cloches enragées qui somnolent jusqu'à pas d'heure. C'est sûr, le caprice des uns font la force des messes en ré mineur. Plaine, ma plaine , Voilà ce que je siffle de manière péjorative quand je m'éloigne de la sobriété.
– «  Tu es un salaud !  » .
Derrière la porte du tunnel, je découvre un petit ruisseau bien entretenu dans lequel je ramasse un ou deux — pas plus — prospectus édentés. Les calendriers s'envolent vers des lendemains plus glorieux. Trois cent soixante-six feuillets s'échappent dignement. Dans mon carquois, j'ai des flèches et je peux leur indiquer la direction à prendre. Des gélules nous envahissent. Je dis nous parce qu'il faut bien que nous soyons plusieurs à pleurer devant ce tableau sans titre au rayonnement soupçonneux. Le moteur des avions surprend nos mines déchues et un stratus semble nous tendre la main. Petite pause.
Point.
A la ligne.
Un roseau extrêmement gentil fait une dictée à des cancres chahuteurs qui disent non avec la tête. Sous les placards vides des carcasses de chevaux, un lutin dérangé valse avec les galères échevelées. Je ressens un immense vide depuis que les appareils se sont réfugiés dans une case de mots fléchés. Le sable est omniprésent. Il sait tout.
La mer d'Aral.
Une fratrie de pingouins se mêle aux princesses enlaidies par le sucre. Des secondes avachies sur le cadran des montres épluchent tranquillement les bruits sereins des promeneuses balafrées. C'est là, dans leur écrin de fragilité que des soldats rigolos tiennent des armes en bois. Ce sont des jouets mitrailleurs qui nous observent en jouant de la musique avec leur bouche. Ils portent des bottes abîmées et un fagot de vieux papiers gantés. Alors que je suis interpellé par l'épaisseur de leurs lèvres, une fourmi remarque l'imbroglio de clous qui pend de la chevelure des tapisseries chauves. Un dé, blême, suffoque de ce manque de grâce. Je le saisis avec tact et le lance contre un coin de toit.
7.
Oui. Il existe des cubes à 7 faces. L'imagination aidant, je repars doucement vers de brèves œuvres. Je croise une dame qui s'est trompée d'échiquier. Quelle effrontée ! Je la rattrape et lui colle quelques affiches dans le dos. Mais son marteau me rejoint et me plante dans la bouche une curieuse panoplie de fièvres inexactes.
– «  Combien je vous dois ? » demande-t-elle.
Je lève les yeux et contemple l'agréable gibecière qui laisse s'écouler quelques larmes de bruits insolites et de caractères endormis.
Le béton est lourdement armé.
III
 
DE L'INNOCENCE DES CHEVEUX
 
Ici nuit le jour. Une obsession douce hante les cerveaux emprisonnés par l'implacable soupière dynamitée. Je suis Dimanche. Sur les routes brumeuses qui mènent vers des contrées moqueuses, de bien charmantes bestioles s'emplissent la panse de terre. Je boude. D'une manière très impolie, une branche détale. Des cierges lubriques brûlent à toute allure et ne se soucient guère des rafales d'ombres. Décidément, la vie nous emmène vers de bien mystérieuses agonies. Et dans un fracas sourd et dingue, un lot de cailloux renverse les édifices de maux que nous avons érigé, moi et mes mythologies.
Je dissèque un parapluie, une machine à coudre m'ouvre ses entrailles et non loin, mon amie discrète disserte sur l'élaboration des lignes de la main chez les scolopendres. Les rayons de vélocipède ne sont pas toujours accueillants et les meubles, pas toujours commodes. Selon les dernières données, le caoutchouc est un guitariste récidiviste. Une autre étude a révélé que les cochons aléatoires étaient pour la plupart des spartakistes prêts pour un concours de mélancolie. Je lis tout cela enfermé dans le capuchon d'un feutre.
– «  Cela ne veut rien dire  », dit l'échanson.
Un barbier aux origines incertaines découvre mes couleurs et me tape. Je ne sais pourquoi. Il tient une sorte de marmaille moderne qui me scrute. Allez, que les heures s'envolent et que les tricots se coiffent ! En effet, il est hors de question que les allumettes bouillies ne soient pas innocentées. Les feuilles mortes se ramassent à l'automne et les plus sages vident leur pelle au grenier. Nos têtes brunes égrainent les rivières rongées bâties sur les restes de fontaines aux arcs-en-ciel marmoréens. Sous un casque, des messieurs empiètent le logis de charmantes colombines aux ailes avariées.
On me tire les cheveux.
Toute cette agitation me rend fluide. Je contacte un pot de chaussures avant de m'éclipser comme un soleil. Autour de moi, d'élégantes matrices du genre maniérées me donnent du fil à retondre. Une machine m'aide pour ce labeur éducatif. Malheureusement, un remaniement ministériel vient perturber cette douce plénitude. J'oublie le nom des oiseaux.
– «  Qu

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