Lettres en forêt urbaine : Le projet Xanadu
85 pages
Français

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Lettres en forêt urbaine : Le projet Xanadu , livre ebook

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Description

Que serait Montréal sans la souveraineté de ses arbres ?
L’arbre est politique.
Bertrand Laverdure sait parler aux arbres. Sans eux, les femmes et les hommes perdraient leur chemin et leur cœur. Une musique infinie, un vertige, un piano, ou une danse projette sa lumière sur la ville. Que serait Montréal sans ce peuple vertical qui enseigne la douceur, l’espoir et l’humilité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 mars 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782897126278
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’auteur Bertrand Laverdure remercie le Conseil des arts de Montréal qui a rendu possible l’écriture de ce recueil dans le cadre de son mandat de Poète de la Cité (2015-2017).
Mémoire d’encrier reconnaît l’aide financière du Gouvernement du Canada, du Conseil des Arts du Canada et du Gouvernement du Québec par le Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres, Gestion Sodec.
Mémoire d’encrier est diffusée et distribuée par Diffusion Gallimard : Canada Communication Plus : Haïti
Dépôt légal : 1 er trimestre 2019 © 2019 Éditions Mémoire d’encrier inc. Tous droits réservés
ISBN 978-2-89712-626-1
LCC PS8573.A815 L48 2019 | CDD C841/.54—dc23
Révision : Rodney Saint-Éloi et Catherine Poulin Correction : Monique Moisan
Design graphique et mise en page : Étienne Bienvenu Illustrations et mise en page de « L’arbre est politique » : Catherine Filteau
MÉMOIRE D’ENCRIER
1260, rue Bélanger, bur. 201 • Montréal • Québec • H2S 1H9
Tél. : 514 989 1491
info@memoiredencrier.com • www.memoiredencrier.com

À la mémoire de Bronwyn Chester (1958-2012).
À Patsy Van Roost, celle qui crée des communautés et invente des réseaux d’amour.
À Élise Turcotte pour son avis précieux sur mon titre.
Se dirige automate vers l’arbre tout bossu de vocabulaire, puis pose sa main brisée sur les écorces en papier. Il lui semble caresser le temps dans ce qu’il a de bon : l’épaisseur, la durée.
Edith Azam, Caméra
Tu peux être Dieu des chiens, Dieu des chats, Dieu des pauvres, il te suffit d’une laisse, d’un peu de mou, de quelque fortune, mais tu ne seras jamais maître de l’arbre. Tu ne pourras jamais que vouloir être arbre à ton tour.
Georges Perec, Un homme qui dort
PROLOGUE
J’ai écrit à des arbres montréalais spécifiques. J’ai correspondu avec eux, fabuleux ligneux, étranges fûts, ancêtres sur racines et colonisateurs urbains. Écrire aux arbres, c’est écrire au temps, à la durée concrète, c’est échanger aussi avec le plus vieux réseau de communication au monde. Les arbres et leurs « hyperracines » existent depuis plus de trois cents millions d’années, le world wide web n’a que cinquante ans et n’est qu’une métaphore inspirée de leurs exploits d’adaptation. L’informaticien, artiste et écrivain états-unien, Ted Nelson, a inventé le terme « hypertexte » dans les années soixante. Il souhaitait trouver un langage et une interface afin que tous les ordinateurs du monde correspondent entre eux. Il avait nommé sa création informatique : « projet xanadu ». Finalement, c’est le protocole http (HyperTextTransferProtocol), proposé par l’équipe de Tim Berners-Lee, qui décrocha le gros lot de l’histoire en réseautique.
J’ai eu l’idée (peut-être tirée par les cheveux) que ce projet technologique avorté, qui évoque tout à la fois un poème de Coleridge, une demeure paradisiaque, tout aussi bien qu’un rêve de communication absolu entre des entités non humaines, me permettrait de nommer mon désir littéraire. J’entre en relation avec des arbres aimés, me confie à eux tels à des membres de ma nouvelle famille terrestre, célébrant leur individualité coriace, leur accolant des noms d’artistes, d’acteurs, afin d’arracher au vedettariat réseautique de nos vies numériques la part de rayonnement social qu’ils devraient tous récolter.
LETTRE À LA SOUCHE DU PEUPLIER DE CAROLINE DU PARC LA FONTAINE
Cher Black Star,
On ne pense plus qu’avec l’imposture de la vitesse. Cent ans de pourfendu, allégé par l’hiver, délesté par l’oubli.
On ne m’écoute pas ici. Je ne suis qu’un refrain. Une espèce de sifflement aigu.
Dans l’antichambre, plusieurs de mes yeux fermés s’interrogent. Je n’ai rien fait pour toi, un peu à gauche de la photo, mon sourire vraiment absent.
En guise de compassion, je te lègue mes derniers échecs. Ma décrépitude a un aspect ciré, très imperméable. Je vis dans la poudrerie, mal lu, avec ma viralité.
Cher peuplier, on ne choisit pas sa mort ni sa fonction, l’abondance des années n’est que noblesse pourrie, quelque chose qui nous freine.
LETTRE AU CHÊNE À GROS FRUITS DE CÔTE SAINT-LUC
Cher Cyclope,
Tu es le bel anonymat, pluie, animaux, feu lointain et feu des nuages. Tu n’as rien senti de la lente mainmise de trois cents ans. Grand chêne fougueux, virage Pénélope, voyage lobé.
Je t’écris ces lignes cœur nature, ne sachant trop si te mettre sur la sellette te sera pesant. J’aide mal. J’ai la voiture en guise de rouge. J’aime avec des soupçons et j’adore avec ma rage.

LETTRE À L’ÉRABLE ARGENTÉ DEVANT MA FENÊTRE
Cher Valérian,
Tu as la migraine des exploits, les écureuils-sommeils dans ton intrication verte.
À tes pieds on dépose les restes d’un monde, porté par ses franges lisibles.
Sénior dans ta tale d’herbes folles, tu diriges tes bras d’orchestre tendre.
En arrachant une partie de ta pelure, élément de marque, je me convaincs d’être sec.
Denrées du ciel, abat-jour de niveau trois, je m’inventerai des angoisses neuves, une performance de théâtre nô, pour te garder en santé dans ma tête d’agitation.

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