Métissée
85 pages
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Métissée , livre ebook

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Description

Née d’un père algérien et d’une mère québécoise, l’auteure cherche sa propre voie/voix, dans le labyrinthe du concept de l’identité.
Née d’un père algérien et d’une mère québécoise, l’auteure cherche sa propre voie/voix, dans le labyrinthe du concept de l’identité.
Une petite fille construit sa famille de papier dans le labyrinthe des origines. Énigmes et vérités. Absences et masques. Le poème est un lieu de force et d’ancrage.
Métissée assume le risque des frontières invisibles : fragmenter le monde, identités réelles, plurielles ou fantasmées.
Point de vue de l’autrice
Il s’agit de ressusciter les fantômes, les Autres en soi, de rendre visible l’invisible, de palper les trous et les ombres. C’est une oeuvre d’intégration des parts présentes et absentes d’une histoire et d’un désir, d’où le
titre Métissée.
Extrait
À la maternelle on me surnomma chocolat parce que j’étais la plus brune de la classe.
Un fennec courait sur mes cuisses.
Mon père avait les cheveux crépus. Les curieux payaient pour les tâter.
A-t-il revêtu l’habit de la honte ?
Moi je ne porte plus de costume. Je suis nostalgique d’un mensonge.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2018
Nombre de lectures 107
EAN13 9782897126056
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouanessa Younsi
métissée
MÉMOIRE D’ENCRIER
Mémoire d’encrier reconnaît l’aide financière du Gouvernement du Canada par l’entremise du Conseil des Arts du Canada, du Fonds du livre du Canada et du Gouvernement du Québec par le Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres, Gestion Sodec.
Mémoire d’encrier est diffusée et distribuée par : Diffusion Gallimard : Canada DG Diffusion : Europe Communication Plus : Haïti
Dépôt légal : 3 e trimestre 2018 © 2018 Mémoire d’encrier inc. Tous droits réservés.
ISBN 978-2-89712-604-9 (Papier) ISBN 978-2-89712-606-3 (PDF) ISBN 978-2-89712-605-6 (ePub) PS8647.O955M47 2018 C841’.6 C2018-941743-9 PS9647.O955M47 2018
Mise en page : Virginie Turcotte Couverture : Étienne Bienvenu
MÉMOIRE D’ENCRIER
1260, rue Bélanger, bur. 201, • Montréal • Québec • H2S 1H9 Tél. : 514 989 1491 info@memoiredencrier.com • www.memoiredencrier.com
Fabrication du ePub : Stéphane Cormier
de la même auteure
Soigner, aimer (chronique), Montréal, Mémoire ­d’encrier, 2016.
Femmes rapaillées (anthologie), codirection avec Isabelle Duval, Montréal, Mémoire d’encrier, 2016.
Emprunter aux oiseaux (poésie), Montréal, Mémoire d’encrier, 2014.
Prendre langue (poésie), Montréal, Mémoire d’encrier, 2011.
à Louise G.
La fille cria qu’elle n’avait ni cœur ni visage
et qu’on l’avait trahie dès l’origine
Anne Hébert


Tu vis à parts égales.
Tu n’es ni toi
ni un autre que toi.
Mahmoud Darwich
Viens, Ouanessa, viens. Allons sauver l’enfant mort.
I
Il y a des nuits en nous, il faut s’en occuper.
Nicole Brossard
À ma naissance des fantômes sortirent de ma tête avec des doigts tachés de bruits. Susurraient Souk Ahras Souk Ahras sans me protéger du lion. À Montréal la neige fondait comme du lait sur la ville et je n’étais pas paisible.

Je refusais la tétée. Je voulais morphine, trauma. Spectres réduits, petits saints de venin

susurrant Souk Ahras Souk Ahras

comme du sable sur la ville.
Des voix me parvenaient à travers le rideau du repos. Celles que je serais, là-bas, ne me laissaient pas tranquille.

Je luttais avec des armes faillibles. Les crânes roulaient comme des clémentines. Chutaient dans la Medjerda.

Éveil.

Je suspendis le cauchemar sur un cintre. Vidai un à un les placards de l’oubli.

Côté basané du monde : je buvais les rêves de mon père.
Je marchais sur mes mains. Mes pieds avaient été coupés durant la nuit. Par qui, nul ne le savait, et il n’y eut pas d’enquête : j’étais une fille orange avec un nom bizarre.

Je ne m’étais pas éveillée à l’odeur du rouge, mais j’avais senti les tendons sur mon songe.

Au matin je fus étonnée de ne plus trouver mes pieds. Je fouillai partout : sous le tapis du froid, dans le ventre de mon frère, devant les masques. Rien. Ils étaient perdus.

L’interdit de mon père : ne pas les chercher.
Les enfants de la rue des chasseurs vendaient de la limonade. Moi je bradais mes poumons et mon prénom.

Petite fille de peinture fraîche : lorsque le siècle me touchait, il gommait une partie de ma ­couleur.

Et je le laissais faire, telle une fausse mère.
À mon anniversaire des scorpions se faufilaient dans les cadeaux. Je déballais figurines et piqûres.

Des toxines lançaient des flèches dans mon foie. Quelqu’un versait en moi une fièvre inexplicable.

Pour survivre je ravissais des bébés d’espérance. Erreur.

Aujourd’hui encore une mère me poursuit et m’évite.
À la maternelle on me surnomma chocolat parce que j’étais la plus brune de la classe. Un fennec courait sur mes cuisses.

Mon père avait les cheveux crépus. Les curieux payaient pour les tâter.

A-t-il revêtu l’habit de la honte?

Moi je ne porte plus de costume. Je suis nostalgique d’un mensonge.

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