Mon île est une absente...
92 pages
Français

Mon île est une absente... , livre ebook

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92 pages
Français

Description

Mon île est une absente, recueil nourri par l'exil, a été écrit comme une suite d'errances et d'absences répétées. C'est aussi un témoignage vivant, la version lyrique d'une double souffrance face à l'éloignement douloureusement vécu et l'horreur d'un séisme qui renverse l'île du poète ; un chant murmuré dans une langue d'éclats, de brisures, d'abîme, mais aussi de rédemption et de salut ; un long ruban de solitude qui se déroule lentement, transpercé ici et là par le désespoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296486911
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon île est une absente…
Témoignages poétiques Collection dirigée par Philippe Tancelin et Emmanuelle Moysan Parce que la langue poétique constitue une exploration, elle revêt parfois son visage de "témoin" des chamboulements de notre société, des mondes qui nous entourent, au gré des voyages, des rencontres. Parce qu'elle explore l'intime, qu'elle épouse une fonction dénonciatrice ici et ailleurs, elle bouleverse aussi notre vision du politique. Accueillons ces textes qui nous aident à cheminer et modifier notre regard... Déjà parus Marguerite JARGEAIX,Rendez-vous après la pluie, 2011. Imad SALEH,Palestine, Israël. Destins croisés, entre enfer et espérance, 2011. Jacques BOCQUET,La Nuit Hodgkin, 2011.Makombo BAMBOTÉ,? Le nègre estDéception noire souriant, 2011.Pierre VALMONT,Sous la cognée du vent,2011. Claudine PELLÉ,Sfax,2011. Pierre GOLDIN,Répertoire des simples, 2011. Dana SHISHMANIAN, Khal TORABULLY (dir.),Poètes pour Haïti, 2011. Gihan OMAR,Avant de détester Paulo Coelho, 2010. Michèle HICORNE,Des mots pour la Palestine. Et la plage de Tantoura... ment, 2010. Jean LESTAVEL,Aux marches du temps, 2010. Jean FOUCAULT,Suites vietnamiennes, 2010. Christophe FORGEOT,Porte de la paix intérieure, 2009.
YvesPatrick AUGUSTIN
Mon île est une absente…
© L'Harmattan, 20125-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56963-8 EAN : 9782296569638
AVANT-PROPOS Mon île est ma solitude et mon angoisse, un corps brisé de femme perdue. Mon île est une absente et mon exil, une île qui tangue, flotte et s’éloigne de mon cri voilé dans le temps ; une île à la dérive. Entre mon île et mon exil, le silence d’une part, comme un long voyage au bout de ma mémoire de promesses inassouvies, un appel muet du large, le murmure d’une fleur d’écume sur un chemin d'éternité, et d’autre part, l’écriture sans cesse renouvelée à la frontière de l’exprimable. « Mon île est une absente »la version lyrique d’une est douleur inépuisable, le cri échappé des lèvres ouvertes à tous les vents de l’espoir, la danse interminable des images de mon passé, une nostalgie qui ne se raconte pas, faite d’errances et de silences, de sang et de sanglots ; un amour de béances, de soifs dévorantes, de désirs ravageurs, d’absence et de vide. Combien de fois n’ai-je pas erré hors du temps, dans le territoire hostile de la folie pour retrouver ma terre et le corps de cette promise qui hante ma pensée ? Errer, comme ce mot me fait peur ! Pourtant, c’est dans l’écriture que j’ai pu visiter les paysages cantonnés dans la distance qui me sépare de moi, disloquer l’éternité de la souffrance, conjuguer au pluriel chaque aube à naître, réinventer mes songes perdus sur les rives du néant, jeter une larme dans la mouvance des vagues, étreindre la lumière et cette femme dont la silhouette tamisée traverse ma poésie… Parce que l’écriture est la terre qui m’arrache de l’exil.
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Je suis Dans la blessure du silence, dans ma solitude d’exil, J'écris ma peine avec le sang de cinq cent mille martyrs Au corps d'argile, qui gisent encore dans mes songes, Pour que ma mémoire se souvienne. Un an après, les cendres fument encore Dans mes souvenirs, la terre tremble dans mes mirages, Tout bouge dans mon cœur de chair et d’humus ; Un an après, l’île à genoux, plongée dans l'abîme de l’oubli, Panse ses plaies tout doucement dans ma poésie. La nuit dépouille mes rêves Chaque fois que je regarde ce qui reste de ma ville De sanglots, de cadavres, d’ordures et de parias, Quand les voix déchirées se mêlent aux râles du vent, Quand mes pas se mélangent à la poussière des routes Labourées par le séisme. Ah ! Si les morts pouvaient parler ! J’appartiens à un peuple de fantômes à corps de glaise, Qui cache son passé à distance d’étoiles, J’appartiens à une caravane de poussière perdue Dans le désert des lendemains creux. J’appartiens à un peuple meurtri Qui écrit son histoire sur les ruines de la ville Ou sous les tentes bleues de la résilience, Peuple chantant dans l'attente de la clarté Qui a déserté ses paupières Depuis ce soir du douze janvier. J’appartiens à un peuple qui défie la cendre Et les tonnes de gravats et la déprime et la démence Pour déterrer l’espoir. Je suis un être suspendu entre hier et demain : Le désespoir n’est pas ma destination Ni le territoire de mes errements ;
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Je suis le sang et la rosée, la terre et le visage, Le sanglot et la voix, Celui qui poursuit sa marche malgré les mille et une images D’horreur, de terre froissée au fond des yeux, L’enfant qui crie devant le corps meurtri de sa mère, L’homme qui embrasse la nuit et la fleur noire De l'absence sur le chemin des larmes.
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À mon peuple brisé Peuple brisé, que reste-t-il de ton histoire de joie Au bout des larmes, de fleurs écloses sur les rives désertes, De danse dans la fraîcheur de l’aube Et de rires tout le long de ton chemin ? Muettes sont les nuits qui étouffent tes cris Pour que l’oreille du silence ne perçoive ton chagrin. Personne ne dira l’éternité de ta souffrance, Nulle étoile ne viendra interroger ta tristesse. La terre a ouvert une brèche dans ta plaie, Depuis, tu étreins le rideau de la peine Pour mourir à chaque instant. Malgré ta solitude et ta souffrance, L’angoisse et la tristesse, je t'invente une écriture Avec le chant sacré d’une colombe Qui porte dans son bec un rameau d’olivier. Mon dit pour toi est un refuge, une alliance Entre le malheur et l’espoir, un monde qui commence À l’autre bout de mon silence. Si le temps fissuré n’invente plus la lumière Au bout de ton tunnel, je ferais de mon cœur Un sablier pour que s’ouvre le jour de ta résurrection.
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