Peaux de vaches et noms d oiseaux
81 pages
Français

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Peaux de vaches et noms d'oiseaux , livre ebook

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Français

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Description

Une fable grinçante, mordante, dérangeante, qui épingle sans en avoir (trop) l'air des travers de notre époque. Le tout avec fantaisie, loufoquerie et douce dinguerie. "Je me suis régalée avec ta Fable bourreaucratique, qui commence un peu comme un album pour enfants bien gentil, avec la fermière et ses vaches, qui devient au fur et à mesure plus sombre, avec l'énigme de la double vie de la fermière, et qui débouche sur un "thriller" à faire froid dans le dos". M., une collègue très chère.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 243
EAN13 9782296716452
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Peaux de Vaches
et
Noms d’Oiseaux
 
Une fable bourreaucratique
Collection « Aux marges de l’écriture »
Directeur de collection : Agnès Royer
 
Parce que chacun peut trouver son moyen d’expression par l’écrit et l’édition,
Parce que tant d’expériences méritent d’être connues et ne trouvent pas de place dans l’édition,
Parce que c’est la marge qui donne à la page sa respiration,
Nous proposons cette collection ouverte à un grand nombre.
 
 
Déjà parus :
 
La Vie jusqu’à la dernière goutte (Danièle Massardi)
René Théophile Laennec (Étienne Subtil)
Le Puits perdu (Elie Dermarkar)
Mon insouciance de 1914 et nos angoisses de 1939 à 1944
(Adrien et Suzanne de Givenchy)
Pour ce soir et demain (Elie Dermarkar)
Un alphabet pour une Gabonite (Andrée Brébant-Cogniard)
 
 
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-13893-3
EAN : 9782296138933
Chantal FERDINAND
 
 
Peaux de Vaches
et
Noms d’Oiseaux
 
Une fable bourreaucratique
 
 
Du même auteur,
dans la collection « Vivre et l’Écrire », L’Harmattan
 
50 Balais et des poussières …, 2006
 
 
Du même auteur
chez d’autres éditeurs
 
Le Blanc Geyser,
Éditions Saint-Germain-des-Prés
 
On achève bien les femmes,
Éditions Guy Chambelland.
 
Olduz et la poupée,
Éditions Fernand Nathan, Bibliothèque Internationale, adaptation
de Samad Behrenghi
 
À l’Ouest tout est nouveau, Contes de mon immeuble, Librairie-
Galerie Racine
 
avec Hélène LOUP :
Conter aux adolescents : une merveilleuse aventure
Édisud, L’Espace du conte
Tout vient de la vache.
 
J’ai un souvenir très violent de l’innocence des vaches.
Marguerite Duras
 
Le rire est une hystérie. C’est pourquoi les places de théâtre
et les livres d’humour sont si chers.
Alex Métayer
 
Un battement d’ailes de papillon au pôle Sud bouscule
l’ordre de l’univers.
 
La véritable ressource humaine c’est l’amour.
Arnaud Viviant
 
Pleurer pour donner à boire à son âme.
Serena Rinaldi
 
L’imagination c’est la fée du logis ou la porte de secours
pour tous les sinistrés du boulot.
Chantal Ferdinand
 
Il faut mettre des matelas sous les feuilles quand elles
tombent.
Alphonse Allais
(lors de la création de la Société Protectrice des Végétaux)
 
L’entreprise moderne est une cage dorée où l’on donne aux gens l’impression qu’ils sont libres de leurs choix alors qu’ils doivent effectuer les tâches qu’on leur impose.
Michèle Marzane
Je ne peux plus voir une vache en pâture.
Un lecteur excédé
 
Tu as encore écrit un OVNI. C’est inclassable !
La sœur affolée
 
 
Toute ressemblance avec des travailleurs serait imaginaire.
Toute ressemblance avec des situations professionnelles n’est pas virtuelle.
ZOOM 1
 
 
Planons au-dessus d’un causse, dans les Cévennes.
Soudain, l’on devine un corps de ferme au milieu d’herbes blanches qui se balancent doucement au gré du vent.
Quand on s’approche, on peut entendre des rires, des meuglements qui sont comme des chants de joie, de la musique.
On voit des animaux danser sur l’herbe.
Une voix douce, maternelle, susurre des mots doudou, des mots d’amour mous comme du chocolat fondu.
On sent une odeur délicieuse de fleur d’oranger, de thym, de serpolet, de coriandre qui s’échappe par les fenêtres.
La porte est ouverte. Peut-on entrer ?
ZOOM 2
 
 
Un peu plus loin, découvrons un endroit obscur, caché dans un repli rocheux du Tarn, une espèce de grotte à l'entrée ronde et grillagée.
Quand on s’approche, on peut entendre des hululements, des hurlements, des halètements, des souffles et des sifflements.
Recouvrant le tout, une voix autoritaire, cinglante, sournoise, persiflante, nasillarde, aboie des ordres ou susurre des moqueries.
On distingue un pied chaussé d’une grande savate noire qui lance des coups.
On voit gicler d’une serre un fouet qui s’abat, cingle et fait voler un nuage de poussières, de saletés, de plumes et d’eaux sales.
On sent une puanteur faite de peurs, de mauvais coups, de rumorts, de médisances et de rancune, une odeur morbide monte de cet océan d’horreurs.
Comment éviter ce lieu maudit, entouré de marécages, de fange, de souvenirs amers et de souffrances présentes, ce territoire dangereux, mortel, qui happe et appelle ?
UNE ANNÉE
DANS LA VIE D’UNE FERME
 
 
Dans le causse Méjean, il y avait une ferme normande avec un toit de chaume et des colombages, très isolée, recouverte de vigne vierge, aux mains vertes en été, écarlates en automne. Il y avait des guêpes, des abeilles qui bourdonnaient mais pas d’oiseaux. On aurait dit qu’ils étaient repoussés par une force invisible. Pourtant il n’y avait pas de chats pour les dissuader.
À côté de la prairie, on pouvait voir un parc d’attractions avec trampoline, toboggans, manèges.
Dans la maison-étable, le sol était jonché d’herbes odorantes. Il y avait des litières dans chaque pièce, des lits de mousse couverts de lierre et de liserons, des baignoires en or avec des jets de massage et des abreuvoirs en argent, des salons de musique indienne et d’autres de musique à la mode, des salles à ruminer quand on voulait bouder, des salles aux murs couverts de tableaux de maîtres champêtres, une chambre-boudoir avec des miroirs pour se faire belle. Le couloir était une galerie des glaces… à lécher l’été, qui se transformait en chocolat suisse à sucer l’hiver.
 
La fermière , Colombe Després, une trentenaire, était ce qu’on appelle « une belle plante », une grande blonde bien en chair, avec un chignon bouclé écrasé comme une bouse qu’elle défaisait rarement. Elle portait pour travailler de grands tabliers ou des blouses à cretonne fleurie. Elle était vive, ne s’arrêtant jamais, très avenante.
Elle avait un fichu caractère. On ne savait jamais sur quelle patte danser avec elle ! Sur qui allaient tomber ses réflexions ironiques, détestables, persiflantes ou franchement méchantes.
Mais elle avait aussi des moments d’affection. Il fallait en profiter. On ne savait jamais si cela allait durer ! Elle pouvait être charmante, drôle, et faire rire tous les animaux.
Quand elle avait une saute d’humeur, le ciel cumulait les nuages gris. Mais, la plupart du temps, elle cherchait à rendre les habitants heureux : le petit cochon Gédéon et les quatre vaches qui venaient d’horizons différents : Amélie l’Écossaise, Rosalie la Salers, Gervaise la Corse et Pâquerette la Normande.
 
Printemps
 
« Le Bonheur est dans le Pré »
 
L’année commençait à l’équinoxe, le 21 mars. C’était le renouveau du vestiaire des vaches. Cette année-là, elles avaient des soutien-pis très top, inspirés d’une styliste découverte sur un site Internet. Ils étaient de toutes les couleurs, avec des motifs différents et elles avaient quarante modèles chacune, soutien-pis des quatre saisons : fleuris en jaune marguerite pour le printemps, panachés en tulipes rouges pour l’été, violets en volubilis pour l’automne et verts avec du trèfle à quatre feuilles pour l’hiver cœur croisé ou bien dégagé. Elles pouvaient mettre des manteaux l’hiver, des K-Way l’été, changer leurs protège-queues en léopard, léonin ou serpentin, se décorer avec des lunettes de soleil Eauptique 3000 et des piercings-bijoux achetés dans le quartier Barbête à Paris chez Tacpis. Elles pouvaient changer de chaussures complexes et circonflexes et mettre des bottillons en peau de zèbre. Elles se protégeaient du soleil ou de la pluie grâce à des ombrelles-ombelles très légères accrochées à leurs cornes.
 
Tout le vestiaire était commandé en ligne par leur fermière, qui riait quand par mégarde un soutien-pis avait été

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