Vents

Anna Desma

Description

Vents est composé de "proésies" (contraction de prose et poésie) élaborées au fil du temps. Celles ci ont été regroupées en grands thèmes et ne représentent aucun découpage dans le temps ni aucune recherche de forme particulière. On pourrait dire que l'auteure les a accueillies et retranscrites comme une part "Autre" d'elle même. Elles parlent de sentiments, d'émotions, de réflexions et représentent une forme de cheminement intérieur.

Informations

• Publié par: Les Éditions du Net
• Date de parution: 29 novembre 2014
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782312025469
• Langue: Français

Extrait

Vents

Anna Desma
Vents
Proésies












LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014 ISBN : 978-2-312-02546-9
C’est par le manque qu’on dit les choses. Le manque à vivre. le manque à voir. C’est par le manque de lumière qu’on dit la lumière […] C’est une règle absolue.
Marguerite Duras, 1982






À Yvonne et Jean pour tout ce qu’ils m’ont apporté. les manques ont été bien moindres que les pleins.









Proésie, contraction de prose et de poésie est le terme qui m’a paru le plus adapté à l’écriture de cet ouvrage… composé au fil de l’eau… du temps et de l’espace.

Regards
À PAS DE
L OUP

Le seuil est
Franchi

Un hurlement au
Plus profond des
Entrailles
Se fraie un
Chemin

A pas comptés
Ils avancent
En file
Indienne
Sans se
Retourner

Un vent violent
Les projette dans
La mêlée au
Pied des
Montagnes enneigées
E LLE GLISSE
S UR

Le parquet lisse
Et
S’enfuit sans
Faire de
Bruit

Elle traverse le
Miroir
Et ne se
Reconnaît pas
M ONDE IMAGINAIRE
A BANDONN É

Enfui
Evaporé
Perdu
Dans les circonvolutions de
Méandres complexes

Roses
Aux épines drues
Cerveau en friches

Liqueur amère
Distillée dans un
Alambic noir
Mezcal pur
Enterré
Enfoui
S ENTIR MES PIEDS SUR LE SABLE
S’ AGITER COMME DE

Petits poissons frétillants
Au contact de l’eau
Sentir les os coupés, torturés
Vissés par le chirurgien
Sentir les nerfs écorchés
Mis à vif
Les chairs tuméfiées
La peau couturée

Tout mon corps n’est
Que pieds
Prisonnière de mes pieds
Qui ne désenflent pas
Ne décolèrent pas
J’ai la tête dans les pieds
Les pieds dans la tête
Plus rien ne compte
Que mes pieds

Douleur vive qui
M’habite toute entière
Douleur ensorcelante qui
Décide de tous mes actes
Pensée atrophiée
Chemin d’épines
Rivière impétueuse
Cascade vertigineuse
Temps écoulé à t’écouter
Te regarder passer
Te honnir

Sentir mon corps
Au-delà de mes pieds
Le sentir mort, ankylosé
Tout entier assujetti
Privé de sa base
Privé de parole propre
Transparent
Eloigné des autres
Hors monde
Sans élan vital
Retiré dans l’ombre
Etiré dans le temps et
L’espace
L A PLEINE LUNE
S OUS LA NEIGE

En mars
A Montpellier
Utopie
Mystère
Sous les étoiles
L A M È RE
L A MER

L’amer
L’amère
L’âme erre
P UISSANT
L E SOUS MARIN

A
Fendu
Les eaux
Et
J’ai
Hurlé
T ROUVER DES MOTS
P OUR LE DIRE

Je vous ai dit des
Choses que je n’avais
Jamais dites
Auparavant

Où vont tous ces mots
Quand ils ne peuvent
Être dits ?
À FEU DOUX
A U COIN DU PO Ê LE

A feu doux

Vie aux tisons
Langage fermé
Communication brisée
Glace qui éclate
Morceaux éparpillés
Puzzle
A ramasser

Sortilège
Crâne éclaté
Os désintégrés
Regard noir

Folie soudaine
Fatigue dans la tête
Paresse au bout des doigts
Misère en chemise de nuit
Pleurs cachés
Stock de tristesse
En solde
F R Ê LE PETITE
F LEUR AUX

Couleurs
Changeantes dans le
Soleil

À la tige qui
Trempe dans
L’eau
Sans feuille
Nue

Anémone des
Marchés
Des petits
Loyers et du
Vide- ordure
U N PETIT COUP DE
G RIS ET ROSE

Tendre et
Provocant
Comme un
Nuage au fil
Du temps

Un sourire
Au coin des
Lèvres
Façon ironique de
Se moquer des
Contretemps
De les oublier un
Moment

Un passant
Qui passe
Sans rien dire
Sans voir
Un drôle de
Passage

Attentes
E MBRYON DE VIE ÉMERVEILL É
E NFOUI CACH É

Hurlements sinistres
Froide lueur
Chemin creux
Sables mouvants

Soleil dessiné au crayon
Sur un bout de béton
Par les doigts magiques
D’un enfant qui passe par là
Choses qui blessent
Choses qui n’existent pas
T Ê TE DANS UN MUR
C OUPS SUR LA T Ê TE

Ventre rond
Seins lourds
Qui brûlent
Chaleur incertaine
Espoir qui vient
Ou qui s’en va

Rien qu’un petit bout de rêve
Comme un voyage
Dans la lune
Qui n’existerait pas
Choses qui marquent
Un bout de soi
On ne sait quoi
A RBRE CHEVELU
R ESCAP É AU MILIEU DES MAISONS

Ivre de liberté
Sauvage
Comme un luxe

Peur bleue
Comme des veines transparentes
Racine carrée
Dans un monde étrange
Flûte enchantée
Drôle de chant
Charme rompu
Morsure du serpent
Venin qui s’enfonce