Voix de femmes
93 pages
Français

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Voix de femmes , livre ebook

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Description

Les femmes donnent de la voix, pour chanter leurs joies et leurs peines. Les peines prennent le pas sur la joie, tant apparaissent, poignantes, la douleur de la femme sans enfant; la souffrance aux multiples facettes de la femme dans le mariage, qui suscite, dans le pire des cas, la joie pour la mort du mari; la tristesse de la femme dont la mort a arraché un être cher.

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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 22
EAN13 9782296434479
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Voix de femmes
Voix et sources
Collection créée et dirigée par Clément Dili Palaï


Cette collection s’intéresse à tous les domaines de la littérature, de la culture et des sciences sociales en Afrique. Y sont publiés des textes ayant pour socle la parole, source créatrice et détentrice de savoirs : généalogies, biographies, chroniques historiques, poésies, recueils de textes et résultats de recherches en rapport avec l’oralité africaine, etc.
Gabriel Kuitche Fonkou


Voix de femmes


Recueil de poésies orales camerounaises
Du même auteur :


Moi taximan (Roman), L’Harmattan, 2002
Shy∂ n∂thum, Chants du cœur (Poésie), SIL, 2003
Les vins aigres (Nouvelles), CLE, 2008.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13314-3
EAN : 9782296133143
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
J’emprunte le titre du présent recueil à l’article de Marie José Tubiana, paru dans Cahiers de Littérature Orale , n°10, 1982. Comme le font dans cet article les femmes tchadiennes, les femmes camerounaises donnent de la voix pour chanter leurs joies, leurs peines, leurs récriminations, voire, leur être-femmes, leur condition. La notion de femme dans ce contexte est large. Elle désigne l’être humain de sexe féminin de tout âge, de tout statut, de toute condition sociale. La femme, c’est toutes les femmes.
J’emprunte la plupart des textes sélectionnés aux mémoires d’étudiants rédigés entre 1989 et 2000, soit sous ma direction, soit sous celle d’autres enseignants chercheurs. J’en emprunte aussi aux corpus de ma thèse et de mes articles. J’en emprunte enfin aux corpus d’articles d’autres chercheurs et à quelques livres.
La littérature orale est vie, puisqu’elle est parole qui est vie, dynamique, présente dans et ponctue tous les aspects de la vie. Les femmes en sont de grandes productrices. Les chants retenus dans ce recueil constituent un fort maigre échantillon, sur le plan quantitatif, de toute la masse de textes que leurs cordes vocales délivrent. Mon critère de sélection est une subjectivité – ma propre sensibilité – corrigée (peut-être) par une relative diversité thématique et régionale.
L’enfant, l’amour et le mariage, la mort, titres attribués aux trois parties qui constituent ce recueil, se veulent assez larges pour couvrir une bonne frange des vicissitudes d’une vie de femmes.
G. Kuitche Fonkou
I. L’ENFANT
1. La femme sans enfant
2. Qui laisserai-je ?
3. Que Dieu donne le bébé
4. Ô mon bébé
5. Calme-toi, enfant
6. Chut ! Chut ! Chut !
7. Ô sommeil
8. Tiens ce sommeil
9. Mon enfant ne pleure jamais
10. Tu vas me faire pleurer
11. Je risque de pleurer aussi
12. Qu’est ce que maman t’a gardé ?
13. Que la mère vienne
14. Mon enfant sera-t-il égoïste ?
15. Tu m’as abandonnée
16. Je n’avais pas sollicité
17. Où que tu aies caché
1. La femme sans enfant
Si j’avais su !
Si j’avais su, je serais morte aussitôt née !
Qui le dira à tout venant ?
Qui le dira aux jeunes filles de mon âge ?
Le diras-tu à Sozâdi fils de Sabù ?
Le diras-tu à Nangomase fils de Ka’mo ?
Si j’avais su, moi, je serais morte aussitôt née !

Si j’avais su !
Qu’on le dise à mon frère (soeur) Nga’fils (fille) de Yut
Que recouvrer le capital c’est avoir failli le perdre
Qu’on le dise à ma mère la reine Mbula’
Que bonne pour être maman j’ai manqué de collier,
Que bonne pour être maman, je suis un morceau de bois sec

Si j’avais su !
Mère d’un unique enfant, ne te moque pas de la femme stérile
Quand Ndakukoh se moque de Pah
C’est comme un aveugle se moquerait d’un sourd
Que peut-on posséder qui mette à l’abri du souci ?
Sais-tu qu’ayant pour but Megop je ne suis parvenu qu’à Ho ?
Que ma destination était Ndakukoh mais (que) je suis rentrée au pied du mont ?
Qu’on le dise à Mbu’ndase établi au pied du mont
Que je suis la fille de Nkaknko’et du Cuco

Si j’avais su !
L’on m’avait donnée à un enfant qui m’a fait cuire au feu de paille
S’y étant mal pris il a conclu que je ne pouvais cuire :
Expérimenté il eût expérimenté un feu defu’nkhua
Quel jour sommes-nous, je le sais !
Je confonds lie’ nkoe et nkootee, ntsu’kwe et lie’nga’

Si j’avais su !
À quoi bon envier ce que jamais je ne posséderai
Les mains lavées j’ai raté le taro
Mon champ labouré était apte à l’igname, mais j’ai manqué d’ignames mères
Les ignames ont pourri laissant vides les billons
Heureuse en apparence je suis malheureuse au fond !
Qui aurait fait quoi ?

Si j’avais su !
Personne ne sait jamais !
Si j’avais su je serais morte aussitôt née
Morte aussitôt née j’aurais mis fin à tout malheur !
Ce que l’on tait dépasse ce que l’on dit
Si j’avais su !

(Recueilli par L.-M. Ongoum auprès de Paulina Nkwemo, Puântu, 07-08-1965)
2. Qui laisserai-je ?
Pouvais-je accoucher d’un enfant naturel
Que je lui donnerais le nom d’Angoueman !
E é é qu’y a t-il ?
Angoueman ne pleure pas, ne pleure pas Angoueman !
Mon seau est vide, Angoueman va me puiser de l’eau !
Angoueman, va dehors, Angoueman n’y va pas !
Il y a des ordures plein le sol, Angoueman balaie-le !
C’est la période de maturation des fruits, Angoueman va à la cueillette !
C’est mon tour de portage, Angoueman vas-y !
Pourquoi me fais-tu cela Angoueman mon enfant ?
Pourquoi mon enfant pleure-t-il, Angoueman mon enfant ?
La tortue en mourant laisse sa carapace
L’éléphant en mourant laisse ses défenses
Mon père en mourant me laisse
Et moi si je meurs qui laisserai-je ?
Qui laisserai-je donc (ter) ?
Esesa Nkehe, qui laisserai-je donc ?
Suis-je donc de celles qui n’ont pas d’attaches ?
Suis-je cette chauve-souris accrochée à une branche d’ajom ?
Qui laisserai-je donc après moi ? Qui laisserai-je donc ?
(Berceuse bulu, recueillie et traduite par Zeh Catherine, 1989).
3. Que Dieu donne le bébé
ye haye ye haye
ye haye ye haye e
Ye apprêtez le « nshù’ » {1} et offrez-le à Dieu
Ye que Dieu mange le « nshù’ » et donne le bébé e
Ye qu’il m’en donne un gros
Ye qu’il m’en donne un gros e
Ye qu’il m’en donne un maigrichon
Ye qu’il m’en donne un maigrichon e
Ye qu’il m’en donne un, je ne le mépriserais pas
Ye qu’il m’en donne un je ne le mépriserai pas e
Ye le derrière de la tête de Taywa, pareil à une anse de tam-tam
Ye pareil à une anse de tam-tam e
Ye apprêtez le « nshù’ » et offrez-le à Dieu
Ye que Dieu mange le « nshù’ » et donne le bébé e
ye qu’il m’en donne un au large visage
Ye qu’il m’en donne un au large visage e

(Chant ngembà, nkwà, exécuté lors de la visite en groupe à un nouveau-né).
4. Ô mon bébé
Ô yo mon bébé, petit être qui honore
Ye yee l’enfant, petit être qui honore
Ye yee donne m’en un, je ne le mépriserai pas
Ye yee donne m’en un, je ne le mépriserai pas
Une sorte de taxi est née
Le taxi de la nourrice et du bébé
Ye yee le taxi de la nourrice et du bébé
Ye yee sur la tête de mon bébé
Trois mèches tombantes
Ye yee trois mèches tombantes
Ye yee sur la tête de mon bébé
Trois mèches tombantes
Assujetties par une épingle de sûreté
Ye yee assujetties par une épingle de sûreté

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