Prime à l enfance
167 pages
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Prime à l'enfance , livre ebook

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Description

Vous connaissez, bien sûr, l’histoire de Shéhérazade... Nourrie de centaines de contes, elle dure mille et une nuits. Imaginez alors la fille du grand vizir en train de raconter chaque soir une page de ce recueil.


Tout commence avec ce jeune garçon qui franchit un jour le seuil d’une bibliothèque, découvrant le trésor des livres. Viennent ensuite ce poète-roi aux prises avec une enfance difficile, et bien d’autres... Laissez-vous emporter par ces personnages hauts en couleurs, princesses et princes inattendus, tous chargés d’histoires extraordinaires.


Quatorze histoires, quatorze enfances, autant de destins...


Onze auteurs ont participé à ce recueil, dont Didier Daeninckx, Izabella Maya, Patrice Cazelles, Geneviève Buono, etc.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 janvier 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9791093275680
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Prime à l’enfance
 
Recueil coordonné par Geneviève Buono
 
14 nouvelles
 
 
Didier Daeninckx,
Josiane Trujillo, Gilde Razafitsihadinoina,
Lirio Garduño-Buono, Fatima Banaoui,
Josette Lendi, Hamma Meliani,
Romain Biard, Patrice Cazelles,
Izabella Maya.
 
 
 
 
 
 
Éditions TangeRine nights
Collection Nouvelles des Étoiles
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Éditions Tangerine nights
46 Domaine du vert coteau
14800 Touques
 
ISBN : 979-10-93275-67-3
EAN : 9791093275673
ISBN NUMERIQUE : 979-10-93275-68-0
EAN NUMERIQUE : 9791093275680
 
 
 
Mais où sont les enfants ?
Avant- propos
 
Depuis plusieurs mois, une idée me hantait : la France des années 2000 néglige la cause des enfants et, faute de réelle volonté des pouvoirs publics, les organismes sociaux chargés de leur venir en aide dépérissent. Que se passe-t-il ailleurs, je ne sais pas ? Les jeunes n’ont pas la possibilité d’engager un avocat, et souvent ils ne possèdent pas les mots pour exprimer leurs souffrances. Souffrances qui, parfois, se traduiront par une inaptitude au bonheur, et qu’ils reproduiront peut-être à leur tour… Et je rongeai mon frein, obsédée par ce terrible constat. Même si je n’avais pas, hélas, le pouvoir de régler tous les problèmes des enfants, je pouvais les épauler a minima en leur donnant la parole, mais de quelle manière ? Un recueil  de textes issus de différentes plumes, loin des slogans et des sordides faits divers que nous assène notre écran de télévision, me parut la forme idéale.
Lorsque mon éditeur me donna le feu vert, j'ai contacté nos auteurs mais également quelques amis et adeptes de la plume. Le projet était lancé ! Très vite, je l'ai vu prendre corps. Quel bonheur de recevoir des textes si divers, venus de contrées éloignées les unes des autres, et qui néanmoins se répondaient en écho.
Oui, l’internationalisme enfantin pourrait bien naître un jour… Puisse ce livre plein d’amour contribuer à faire avancer leur cause commune !
 
Geneviève Buono,
Directrice de collection
 
 
 
La péniche aux enfants
 
À Willy Ronis
 
Dès notre première rencontre, j’avais choisi l’Ourcq comme paradis.
Aussi loin que je remonte dans les souvenirs heureux, il y a toujours des images d’eau, des feuillages, des chants d’oiseaux. L’odeur du bonheur, c’est un parfum de terre mouillée, de feuilles brassées par les remous de bord de berges, c’est la chair tendre des jeunes herbes que je fais glisser de leur fourreau, entre mes dents. C’est le reflet ovale d’un pont de pierre troublé par le sillage d’une sarcelle, d’un colvert. À la maison, mes parents n’avaient rien à se dire, mais ils ne trouvaient pas les mots pour le dire, seulement des cris. Quand ils couvraient le bruit de la télé, je sortais en claquant la porte, je traversais le quartier par le raccourci du petit bois de la mairie pour arriver droit sur le pont du Vert-Galant. Il suffisait de descendre le long du chemin de terre pour que la rumeur obsédante de la circulation des trains, des voitures, s’atténue et qu’elle abandonne progressivement l’espace aux pépiements, aux clapotis, aux bruissements.
 
Encombré de mon histoire, de mes colères, je marchais tête baissée, insensible à ce monde nouveau qui m’entourait puis à l’approche des écluses, la quiétude me gagnait. Je venais m’asseoir sur le talus, une branche souple de noisetier à la main, et je fouettais l’herbe en attendant qu’une péniche se présente en amont ou en aval des vannes. Je lisais les noms, les ports d’attache, sur les coques, je rêvais aux pays du nord résumés en deux, trois couleurs sur les drapeaux battus par le vent.
Les embarcations, engoncées dans les eaux noires jusqu’à la ligne de flottaison, amenaient du grain aux moulins de Pantin, des sables, des graviers aux tours à béton du quai de la Gare ou d’Aubervilliers, du sucre aux usines à bonbons de Bobigny. Quelquefois des enfants couraient sur les tôles bombées et ondulées recouvrant la cargaison. Ils interrompaient leurs jeux à l’approche de la manœuvre, guidaient le père qui s’engageait dans le chenal, secondaient la mère qui rassemblait les cordages. Il n’y avait pas de rires, juste des ordres brefs, des gestes calculés, mais je les enviais tandis que leur bateau montait dans le grand remuement d’eau, le feulement des écluses.
 
Un jour, l’une des portes s’était bloquée à mi-mouvement et l’on avait fait venir des hommes-grenouilles de Villeneuve-la-Garenne qui avaient sorti une carcasse de gazinière du lit du canal.
L’incident m’avait rapproché d’un vieux pêcheur de gardons. Il m’avait confié qu’il était retraité de la batellerie, puis m’avait expliqué que les deux plongeurs étaient les descendants d’une impressionnante lignée de scaphandriers. Ils vivaient, disait-il, dans une péniche en bois qu’ils avaient halée dans une tranchée creusée sur la rive, face à l’Ile-Saint-Denis. L’équipement de leur ancêtre, un matériel Denayrouze de 1907, trônait à l’entrée de leur refuge. Le casque de cuivre à hublot, la pèlerine en caoutchouc, les chaussures à semelles de plomb, les tuyaux de conduite d’air, la boucle en bronze équipée d’un glaive à manche de bakélite étaient surmontés d’une planche de bois sur laquelle on avait gravé ces simples mots : « Sois fier de tes parents, essaie de leur ressembler. »
Il n’avait pas compris pourquoi j’avais haussé les épaules.
Nous nous étions revus un matin, moins d’une semaine plus tard. Il hurlait à l’adresse d’une embarcation qui venait de passer à pleine vitesse, le bas du pantalon trempé par les vagues du sillage qui déferlaient sur la berge, brouillant les lignes. Comme le moteur couvrait les protestations, le nez du plaisancier gardait le cap. Je me suis assis sur une borne qui marquait la naissance d’un parcours du cœur aménagé dans le parc de la Poudrerie.
Les mots sans importance entraînant les confidences, il n’était pas midi qu’il savait tout de moi. Lui me parlait des mariniers qui le saluaient en passant, des ports céréaliers de Jouarre, de La Ferté-Milon, des hauts-fourneaux de Trith-Saint-Léger, de Denain, des auberges riveraines et des éclusières accueillantes. J’ai fini par lui confier que je n’avais jamais mis le pied sur une péniche, même pas sur l’un des Canauxrama bariolés qui charriaient des touristes entre le bassin de la Villette et la cathédrale de Meaux.
 
Il s’est levé, plantant là son matériel, m’a pris par la main. Il m’a forcé à le suivre jusqu’aux écluses, se faisant fort d’organiser sur l’heure mon baptême de navigateur. La deuxième embarcation montant sur Paris, La Wazemmes, était gouvernée par l’un de ses anciens patrons, Milou, qui accepta de me prendre à bord jusqu’au terme de son convoyage, au cœur de Paris.
Sitôt le chenal franchi, il laissa la barre à sa femme, Marlène, impatient d’aller surveiller la carbonade qui mijotait dans la cambuse, sous le poste de pilotage.
J’ai marché le long du bastingage pour venir me placer à l’aplomb de l’hélice. J’ai essayé de reconnaître les paysages qui défilaient lentement devant mes yeux, à la manière d’un interminable travelling, et que je voyais d’habitude au travers de la vitre embuée d’un train de banlieue. Les rideaux d’arbres, la végétation dense de l’été métamorphosaient les usines, les friches, les cités. J’avais l’impression de découvrir la gare de Freinville, le pont de Bondy, le terminus Picasso. Nous avons mangé les morceaux de bœuf noyés dans la sauce noire, accompagnés de frites épaisses, cuites à la poêle, en traversant le parc de la Villette. Plus tard, j’ai rejoint Marlène, et elle m’a expliqué quelques rudiments de conduite, me laissant même tenir la barre sur une centaine de mètres dans le bassin né de la jonction des canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis.
 
Ap

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