À bas la rentrée
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À bas la rentrée , livre ebook

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Description

« C’est dans cet environnement agricole, au côté champêtre incontestable et au climat difficilement classable, à l’entrée du village de Nichon-la-Gaillarde que se terre le collège. Un magnifique ouvrage d’art du siècle dernier aux poteaux en béton ouvragé. La culture architecturale des années soixante-dix a soufflé sur l’ensemble sis au sommet de la colline verdoyante, rafraîchie par l’alizé d’est qui maintient le bâtiment, été comme hiver, à une température constante jamais au-dessus de 15 degrés. C’est excellent pour la conservation des vins. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748399233
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0049€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À bas la rentrée
Piga
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
À bas la rentrée
 
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Je veux remercier affectueusement, David, qui a participé avec talent à l’élaboration de la couverture de ce livre,
Je veux remercier tout aussi affectueusement, Martine, qui a su mettre en valeur, à travers sa photo, les qualités bien cachées de l’auteur.
 
 
 
À mes fidèles lectrices, lecteurs et même aux autres. Où j’essaie d’introduire le sujet avec délicatesse et doigté… Un doigt d’honneur 1 dans un gant de velours
 
 
 
Mon précédent ouvrage, C’est toujours la rentrée ! suite du merveilleux C’est encore la rentrée ! suite de l’inénarrable C’est la rentrée ! a rencontré l’immense succès que l’on sait, salué par les critiques du monde entier et dont la lecture à haute dose a suscité des éclats de rire entendus dans les contrées les plus reculées. Ce bouquin, ciselé avec soin par mes gros doigts agiles, a bien mérité un autre petit frère, une suite travaillée sous forme de portraits et de chroniques dans un bureau sombre, à la lumière blafarde d’une ampoule vieillie avant l’âge devant une montagne de canettes vides et les restes de saucisson sec. On ne louera jamais assez l’apport énergétique du saucisson sec dans la littérature moderne ni l’impact de la bière en tant que stimulant intellectuel. Néanmoins le vin rouge n’est pas mal non plus, mais, l’après-midi, moi, je préfère la bière.
 
Ce fut un travail titanesque dont l’ampleur rappelle les grands chantiers humains tels l’édification des pyramides, le percement du canal de Suez ou la lecture des œuvres complètes de Marguerite Duras. Je ne sors pas indemne de cette épreuve d’écriture puisque, depuis, j’ai réintégré l’hôpital psychiatrique dont je n’aurais jamais dû m’évader, mais s’évade-t-on d’un hôpital psychiatrique ?
 
De nombreuses questions ont été soulevées par des journalistes indépendants sur mon acharnement grotesque à tripatouiller les habitants du « Collège », lieux où se rencontre la France entière, carrefour de l’éveil à la connaissance, grouillement intellectuel où ceux qui apprennent croient en savoir plus que ceux qui enseignent, où ceux qui enseignent croient en savoir plus que ceux qui travaillent.
Donc, pourquoi cet entêtement à décrire l’univers clos, voire confiné, du collège inique ?
La réponse est simple. Parce que j’aime ça !
Au bout de ma longue focale appuyée sur mes petits yeux hagards je m’émerveille devant la masse grouillante des bipèdes guidés par les phéromones qui se dirigent vers un établissement scolaire.
 
Il est le point de ralliement d’énormes cerveaux gorgés de neurones électrifiés au surgénérateur kilowatté. Une véritable caverne d’Ali Baba où se côtoient le meilleur et le pire, la viande fraîche et moins fraîche, le lard et le cochon, la bonne et mauvaise pâte avec ou sans grumeau.
Le collège est un lieu de réflexion et de génuflexion devant le Dieu Éducation et ses saints. Saint Simon, le premier socialiste, Saint Jules, le premier Ferry, Saint Luc, le second Ferry et Saint Philippe Meirieu, le dernier chrétin à être agrafé sur la croix pédagogique, un drap ceint autour des hanches (pour le drap, prière à Saint Maclou).
 
Ce nouvel opus consacré au monde éducatif va dérouler ses fastes selon le programme suivant : d’abord une suite de portraits inobjectifs et de chroniques anti-analytiques consacrée aux acteurs dominants et à leurs pratiques les plus symptomatiques. Ensuite, j’ai investi une partie de mon temps précieux à décrire de nouveaux enseignants sortis du lobe frontal de mon imagination. Les élèves, pièce centrale du système mais absents de ce livre pour mauvaise conduite, n’auront droit qu’à quelques lignes. Enfin, deux ou trois mots sur l’avenir triomphant d’hommes et de femmes bourrés de botox et d’implants mammaires qui ramperont vers la retraite et l’extinction des feus 2 .
Le tout sera ciselé de mon burin en ferraille massive dans un écrin féerique à la hauteur de l’entreprise : le collège de Nichon-la-gaillarde.
 
 
 
Le collège de Nichon-la-gaillarde. Où la plantation du décor et la délimitation de l’espace scénique sont indispensables au vif du sujet
 
 
 
La Guadeloupe a sa route des mamelles, la métropole a sa vallée des nichons.
Un peu au nord-est de la Loire, à la suite du poitrinaire inférieur s’est formée une gorge profonde qui, après érosion, a donné deux collines. Au haut de chaque colline se sont installés deux villages. Celui de Nichon-la-gaillarde et de Nichon-la-paillarde. Loin d’être rivaux, les deux villages se sont associés en soutien de la vallée d’où l’on aperçoit, les jours de grande respiration, au loin, le mont de Vénus, appelé ainsi suite au passage de l’armée romaine commandée par le général Utérus en campagne contre le roi celte Spermatozoïx qui avait fédéré sous sa bannière les chefs locaux, Sifilix et Servietigénix et encore Blénoragix.
Puis vint une période de grand froid, la culotte glacière, suivie par la fonte des glaces et la perte des eaux avant de sculpter définitivement le paysage d’aujourd’hui.
 
C’est dans cet environnement agricole, au côté champêtre incontestable et au climat difficilement classable, à l’entrée du village de Nichon-la-gaillarde que se terre le collège.
Un magnifique ouvrage d’art du siècle dernier aux poteaux en béton ouvragé. La culture architecturale des années soixante-dix a soufflé sur l’ensemble sis au sommet de la colline verdoyante, rafraîchie par l’alizé d’est qui maintient le bâtiment, été comme hiver, à une température constante jamais au-dessus de 15 degrés. C’est excellent pour la conservation des vins. Or, sur le flan des collines, est cultivée une pauvre vigne dont les fruits donnent une piquette immonde qui tourne au vinaigre au moindre clignement de l’œil. Ce nectar connu depuis des temps très reculés a nourri l’ivresse de pouvoir des guerriers gaulois, terribles combattants tels Sarkosix, Rachidadatix, Alliomarix… et plus tard, Cambadélix, Emmanuelix, Aubrix.
Vous l’avez compris, le poivre et le celte sont des ingrédients essentiels de la cuisine locale inscrite au patrimoine mondial des goûts et dégoûts du terroir, répertoriés dans le fameux dictionnaire des deux Robert.
Si l’ensoleillement est rare, l’arrosage intégré par pluie battante tombant drue des nuages permanents, confère à la végétation un vert profond en parfaite osmose avec la mine grisâtre des habitants alentours : le vert-de-gris.
Je vous avais prévenu, le climat est difficilement classable.
 
Le collège, lui, est classé en ZEP, zone d’épanouissement prioritaire, ce qui lui attribue des moyens supplémentaires en troupes fraîches et en subventions diverses lesquelles sont utilisées avec efficacité par le chef d’établissement.
Un rapide coup d’œil à l’intérieur montre une salle des profs aménagée au premier étage à côté des bureaux de l’administration et en face de l’escalier.
Elle est banale, les bureaux sont banaux. Peinture de couleur indéfinissable, mobilier passe-partout, casiers de hall de gare. Des tables, quelques fauteuils. Il n’y flotte plus l’odeur de la cigarette et des débats idéologiques mais il reste, certains rares soirs, à l’heure de la fermeture, les effluves odorantes du savoir transmis avec passion par quelques enragés de la pédagogie en dialogue avec une administration complice.
Visiblement l’éclat de ces pièces tient à son contenu.
À côté du secrétariat s’ouvre une grande salle propre, dite salle de travail pour les grosses, largement pourvue d’ordinateurs et d’une photocopieuse ancienne mais l’alternance 3 est en route et il ne m’étonnerait pas qu’un matériel récent arrive à dos de camion d’ici pas longtemps.
En face, ou à côté, suivant l’angle de vue et la position par rapport au soleil, trois bureaux abritent l’Administration, celle qui vous transforme en trois coups de cuillère à pot des enfants angéliques en demandeurs d’emploi mécréants.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
I. Où je m’attache à décrire les acteurs dominants et à informer sur leurs pratiques les plus symptomatiques
 
 
 
 
Le Principal. Où le cerveau de l’édifice démontre son utilité passive ou, si vous préférez, son inutilité active
 
 
 
À Nichon-la-gaillarde, le chef d’établissement a été trouvé sur place car faute de concurrence, le ministère a dû se rabattre sur un produit local et parfaitement bio. Il ne vaut pas grand-chose mais il vaut mieux que rien 4 ce qui reste peu.
Il porte beau et c’est le… Principal et non l’accessoire. Dès son accession au trône, il a pris possession des lieux et règne sans partage sur son secrétariat, seul havre de sécurité où il s’épanche sur sa dure condition de fonctionnaire d’autorité malmené par un ministre incompétent et des profs allergiques au son de sa voix qui n’est pas une voie sans issue.
Il répond aux diverses enquêtes administratives, jette les dés en cas de choix multiple, mesure les dossiers à la règle en cas de choix unique.
Le chef d’établissement est la farce du dindon de la lutte des classes seul combat encore mené dans l’Éducation nationale par ceux qui la font… la classe.
Le sandwich n’est pas meilleur.
En haut, la tranche de pain rectorale, en bas, la tranche de pain professorale, au milieu, le jambon fumé principal et tout autour, les dents des parents d’élèves. Question beurre, pour mettre de l’huile dans les rouages, c’est plutôt période de vache maigre.
Le Principal est un grand négociateur.
Il maintient l’ordre laïque et républicain, la paix socia

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