Adjoba et le président
72 pages
Français

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Adjoba et le président , livre ebook

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Description

Fuyant, à l'aube, son quartier détruit par des bulldozers, Adjaba Amandine Takorady, une jeune élève surdouée, tombe sur le cortège présidentiel. Elle va passer une journée entière en compagnie du président de la République. Adjaoba vivra des heures intenses de peur, de joie. La rencontre, inattendue, du chef de l'Etat et du fou Zakouani lui fera comprendre la fragilité des êtres et des choses. Un petit roman qui va plaire à toute la jeunesse et même aux adultes.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2015
Nombre de lectures 270
EAN13 9791090625266
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BITON ISAÏEIsaBïietoKonuliKboaluylibaly
Adjoba et le Président
R
O
M
A
N
CIV 526
Tél : (225) 21 56 50 63 • Fax : (225) 21 36 56 57 • 10 BP 1034 Abidjan 10 info@classiquesivoiriens.com • www.classiquesivoiriens.com
Adjoba et le Président
À
SERY LOU DREHOUNOU EMILIENNE
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Adjoba et le Président
Chapitre1
 Quatre heures du matin. Le premier coq venait de chanter pour saluer la naissance du jour.Wangoman, un vaste bidonville de la capitale, était en effervescence. Des Caterpillar fonçaient sur les maisons sans discernement, cassant et brisant tout. C’était le sauve-qui-peut. Ceux qui tentaient de s’opposer à la destruction de leur maison ou au saccage de leurs biens étaientmalmenés par la police qui tirait des coups de feu en l’air. Un jeune homme était atteint au bras gauche. Les cris se faisaient entendre de partout. Les pleurs des enfants faisaient sangloter les adultes. Les Caterpillar fonçaient. Ils étaient encore loin de la mansarde des Takorady mais le père avait déjà réveillé sa femme et ses deux enfants. Il leur demanda de prendre la fuite et qu’il resterait seul devant la maison pour empêcher que ces machines ne viennent détruire ses quinze ans d’efforts, d’économies et d’épargne.
 Adjoba, l’aînée des enfants, huit ans, et en sixième au lycée municipal, a été la première à réveiller ses parents quand elle avait entendu les coups de feu. Elle venait à peine d’ouvrir son livre de géographie, pour préparer son devoir, quand les tirs et les clameurs d’une population désespérée parvinrent à ses oreilles.
 Le père Takorady tira brutalement Adjoba de ses cahiers pour la pousser vers la sortie en lui demandant de partir se refugier loin du quartier et qu’ils se retrouveront dans la soirée. La mère et son enfant de deux ans ont été aussi jetés sur la route déjà parsemée de vieillards, d’enfants et de femmes en fuite.  En moins de trente minutes, Adjoba se trouva sur le boulevard circulaire, l’une des plus grandes voies de la ville.
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Adjoba et le Président
 Elle n’était plus loin de la cour familiale de Florentine Ataki, sa sa camarade et voisine de classe, la lle d’un magistrat. En fuyant Wangoman, elle ruminait sa colère contre les riches et jurait, un jour, de venger tout le quartier lorsqu’elle deviendra une grande personnalité du pays. Adjoba était davantage plus déterminée à réussir ses études. A l’école primaire, elle mit trois ans au lieu des six ans réglementaires pour nir son cycle.
 Elle s’imaginait déjà grande dame en train de construire des maisons modernes pour tous les habitants de wangoman quand elle vit un véhicule avec sirène passer à toute vitesse. Un deuxième suivit. Et un troisième. Le quatrième véhicule roulait à moins vive allure que les autres. Il se rangea auprès de Adjoba. Un homme en descendit et la t monter à ses côtés. -Ma lle, où vas-tu en cette heure matinale. Comment t’appelles-tu ? - Je suis Adjoba Amandine Takorady. Je fuis les tirs de roquette sur mon quartier que des Caterpillar sont entrain de détruire. Je vais me refugier chez mon amie Florentine Ataki. Elle vit dans une grande maison où se trouve même une piscine. Ils ont beaucoup de gros chiens dont la nourriture est plus abondante que celle de ma famille. -Tu es volubile, ma lle ! -ce que vous m’emmenez ?Où est- - Ce n’est pas un rapt. On va au bureau. - Vous ressemblez au monsieur qui a sa photo dans ma classe. - Vous n’avez pas de télévision à la maison ? - Non tonton. Mon papa est menuisier. Il n’a pas de moyens. Il dit que s’il était dans un bon quartier, il gagnerait plus. En outre, il dit qu’à la télévision on ment beaucoup, et que c’est un instrument qui gâte les enfants. - Vous ne lisez pas aussi les journaux ? - Mon papa ne sait pas lire. Ma maman aussi. Et puis, chez nous, on ne connaît pas l’électricité. Moi, j’étudie à l’aide d’une bougie ou d’une lampe si on a les moyens pour acheter du pétrole.
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Adjoba et le Président
Certaines maisons ont pris feu à cause d’une bougie. -Ma lle, tout ça va changer dans les années à venir. - Dans les années à venir ? Même pas des mois ? A quand donc la n de notre souffrance ?  Adjoba Amandine Takorady se mit à sangloter. Au même moment, le cortège arrivait devant la Présidence de la République. De nombreux militaires surgirent de partout pour ouvrir la grille d’entrée et escorter, en courant, le véhicule principal du cortège. - Tonton, c’est vous le Président de la République ? - On dirait, ma chérie Adjoba.  La Présidence était un bâtiment immense de quatre étages. Le Président de la République, tenant Adjoba par la main, se dirigea au sous sol de l’immeuble. Seul son aide de camp, un militaire, le suivit. Et c’est lui qui ouvrit une porte. Adjoba fut effrayée de voir un animal. C’était un dromadaire. Quand le Président s’approcha de lui, l’animal se coucha. Le Président monta sur son dos en touchant la bosse. L’animal se releva. L’homme fort psalmodia quelques mots, toucha la bosse et l’animal se recoucha. Il en descendit, prit la main d’Adjoba et se précipita vers ses bureaux. Cette fois-ci, deux militaires l’escortèrent dans l’ascenseur qui s’arrêta au quatrième étage. L’aide de camp ouvrit un vaste bureau et se retira. Adjoba restait en compagnie de l’homme le plus puissant du pays. Il installa Adjoba dans un fauteuil en face de lui. Le Président ouvrit un livre, sans aucune mention sur la couverture, et se mit à prier quelques minutes. L’aide de camp revint avec une grosse enveloppe que le Président ouvrit avec frénésie. Il en sortit une feuille blanche ; il la parcourut rapidement et laissa tomber : « Ce pays est un merdier ! » - Tonton, c’est quelle feuille vous venez de lire ? - C’est le rapport de synthèse du ministre de l’Intérieur sur l’état du pays. On me le fait parvenir deux fois par jour. Tôt le matin et tard dans la nuit. - Le rapport de wangoman ? - Non. Mais le ministre de l’Intérieur va arriver à huit heures. Je lui poserai la question sur ton quartier qui te tient à cœur.
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Adjoba et le Président
- Le rapport parle de mon père, de ma mère et de mon petit frère. -Rien dans tout ça ! - Le rapport parle de quoi alors ? - Tu es encore petite pour le savoir. - Petite mais pas bête. L’aide de camp revint. Cette fois-ci, il apporta plusieurs enve-loppes. Le Président ouvrit chacune devant son aide de camp. Chacune contenait beaucoup, beaucoup d’argent. -Vous allez faire quoi avec tout cet argent ? ReconsTonton ! -truire tout Wangoman ? -Pas du tout. Ce n’est même pas sufsant avec toutes les sollicitations qui m’attendent dans la journée. -! C’est beaucoup.Pa pa pa - Mon bébé, tu n’as pas sommeil ? - Avec toute cette somme que je viens de voir, mon sommeil est coupé. Je ne peux plus dormir. Je rêve. - Moi, je rêve aussi. Construire un pays, c’est rêver en permanence. Le rêve est créateur. Le Président doit réaliser l’image qu’il se fait de son pays en trouvant les moyens.
 Il était six heures trente minutes quand la secrétaire particulière ouvrit la porte capitonnée du bureau. C’était une femme de forte corpulence, d’un noir d’ébène et très jolie. Elle s’étonna de voir une petite lle dans le bureau du premier citoyen du pays. Il lui expliqua et l’exhorta à faire prendre une douche et un petit déjeuner copieux à Adjoba. Elles partirent ensemble. Adjoba revint une trentaine de minutes plus tard. Le Président lui demanda comment elle avait prévu passer cette journée du jeudi. - Tonton, ma maman aime dire que personne ne connaît son destin. Après mes cours, je devrais aller au marché acheter quelques condiments et faire la cuisine du soir. C’est rare que nous mangions le matin et midi. Notre repas du soir est aussi frugal.
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Adjoba et le Président
Très souvent, nous déjeunons des restes des plats que des familles riches du quartier nous déposent. Ce sont des faux riches. Mais nantis par rapport à nous. On dit bien qu’au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. J’aime aller faire le marché à cause de tout ce que je vois et entends. - On en reparlera. A présent, il est l’heure d’écouter les infor-mations.
 Le Président ouvrit un site sur son ordinateur. Le journal parlé venait à peine de commencer. Ce là, des nouvelles sur de nombreux pays africains. La guerre entre deux pays voisins ; la guérilla et la rébellion ici et là ; de nombreuses grèves de fonctionnaires dans une dizaine de pays ; de nombreuses arrestations d’opposants ; des pourparlers entre parti au pouvoir et opposition un peu partout ; la famine qui s’annonce dans deux pays ; une pirogue qui chavire dans six pays avec de nombreux morts.  Quand débutèrent les informations sportives, le Président se retourna vers Adjoba qui faisait la moue. - Tonton, vous êtes content maintenant ? - Oui, mon bébé. Pour une fois, on ne parle pas du pays ou de moi. - Moi, je n’ai rien entendu de positif. Si c’est cela de l’information, je préfère encore écouter la radio de mon père qui est toujours captée sur des chaines qui ne diffusent que de la musique d’ici et d’ailleurs. - Ton père ne suit pas la marche du monde ? - Il insiste pour que je ne m’intéresse pas aux informations politiques. Il ne cesse de chanter, même au travail, que notre pays est victime des querelles et des ambitions des hommes politiques. Et que si nous vivons dans la misère, c’est à cause de l’égoïsme, des mensonges et de l’incompétence des hommes politiques.
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