Ailleurs Immobiles
118 pages
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Ailleurs Immobiles , livre ebook

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Description

« Ailleurs Immobile » regroupe en un volume « Une Saison au Vallon des Fées » et « Jours Tranquilles à Sausalito », deux récits conçus selon le même procédé d’écriture du souffle vers l’Ailleurs. L’ailleurs est partout, il suffit de savoir voyager au fil des lignes qui courent et sont là autant pour vous divertir que méditer devant l’immensité ouverte.

Informations

Publié par
Date de parution 23 juillet 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312082639
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ailleurs Immobiles
Ramdane Issaad
Ailleurs Immobiles
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Sous le nom d’auteur de Ramdane Issaad
Romans
Rushes , Seuil .
L’Enchaînement , Flammarion .
Laisse -moi le temps , Denoël .
Pégase , Denoël .
Le vertige des Abbesses , Denoël .
Inconnu à l’adresse indiquée , L’Harmattan .
A Flux Tendu , Kindle Amazon
L’Éveilleuse , Les Éditions du Net & Kindle Amazon
Papy Boum , Les Éditions du Net
Sur la Vague , Les Éditions du Net
En anglais
Fault lines , Creative Commons USA. Amazon
Essais
La dictature d’Hippocrate , Denoël .
Sous le nom d’auteur de Sam Saraindead
En Attendant L’Eldorado , Les Éditions du Net
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08263-9
« Ici tout est réel, tout est ma vie, y compris les rêveries et les pires cauchemars. »
R. I.
P REMIER VOYAGE : Une saison au Vallon des Fées
Chapitre 1
La vie est simple. Il suffit de suivre le fil et tout avance sans souci. Tôt ou tard ça commence après l’inévitable instant Rodin auquel notre condition larvaire est assujettie, et les rituels plus ou moins religieux du Pur et de l’Impur , de la saleté et du propre. Simple comme un spray plus ou moins parfumé de fleurs ou d’autres rêves d’azur, et chacun, soulagé, remonte ses effets en songeant à l’inexorable temps qui passe ou au film en noir et blanc du soir qui repasse et lasse. Répétition . Obsession . Tellement naturel. Mais le temps qui passe presse et oblige. Toujours quelque chose à faire.
Ne pas partir les mains vides. D’abord brancher les machines. La machine. Il y a toujours quelque part une machine à lancer pour que ça démarre. Le café. Le générateur dans le village zoulou, les ordinateurs. Le chargeur de quelque chose sur quelque chose. Et tu regardes les images quelque part. Sur un écran. Ou un journal. Si tu es normal(e). Tu m’écoutes ? Tu ne le sais pas mais comme le temps n’existe pas dans ta vie quadrillée, tu ne le sauras jamais. Bon j’imagine, tu vois peu à peu le monde devenir partout pareil. Mêmes casques, mêmes matraques, mêmes filles de joie plastifiées, mêmes supermen bovins et hilares. Et des monstres caquetant sans cesse. Têtes guignolesques du JT dans leurs grimaces surcodées. La vie du flot d’immondices mercantiles. The flow . On ne va pas le slamer en chialant, l’affaire est trop grave. Alors je monte à l’étage. Spirale vers la gauche. Un escalier. Tout le monde doit monter un peu. Parfumé, net. Car au fond pourquoi s’attarder sur la chair putrescible si seule sa fugace beauté nous sauve ? J’en connais qui jubilent.
Oui, même si je songe au géant Rodin dans mes chiottes Trainspotting, c’est le visage vivant de Camille Claudel qui m’élève.
Et devant moi ? Une colline verte. Un panneau « Chemin du Vallon des Fées ». Tu n’y crois pas ? Et là, tu reviens à ton écran ou à ta page Finances , juste après Gaza et le Yémen . Loin d’ici. La bulle du vallon. Verte colline foisonnante, pas celle vitrifiée de l’écran Windows . Oui , avec du bleu et un très joli petit nuage qui sourit. C’est chez moi. Enfin chez moi de passage, comme je le suis partout depuis toujours. Déjà deux cerisiers en fleurs. Du blanc de soie. Mon réel. Et personne n’y croit. Plein . Le réel bien dur qui fait que si je sautais de l’étage j’aurais les reins brisés. Et si un tracteur fou dévalait la pente de la minuscule route qui gravit le vallon, le décor pourrait devenir gore en cas de rencontre inopinée avec un cycliste rêveur. Je vis là. À la croisée des chemins. Au Vallon des Fées il n’y a jamais eu de tracteur fou et il n’y en aura jamais. Tout dépend du cadre et de l’esprit, plus nous sommes à prévoir la catastrophe, plus elle a de chance de se produire. Je crois en la puissance de réalisation des images. Et puisque c’est moi qui fais le film, j’ai choisi ses lumières. Chercher c’est bien, trouver c’est mieux. Et le vivre, ça rend ivre. Ou fou.
Tout est possible ! Partir sur Québec Air ou dans le RER, à Hong Kong ou London, au Tibet ou chez les Bantous. Où tu veux, tu peux.
Tu connais l’histoire du type qui avait joué pour de bon toutes les décisions de sa vie aux dés ? The Dice Man . Lecture conseillée entre deux tweets . J’y repense.
Suffit de faire pareil. Et si comme le disent si bien les kamikazes dopés au Captagon : « Après c’est mieux que la vie. », allons-y sans peur. Ce monde est un chaos, le hasard l’organise. Et si c’est l’échec ou rien au bout, tant pis ! Je prie seulement pour la douleur. Les fiers à bras qui n’ont jamais vraiment souffert découvrent vite leurs limites quand elle leur tombe dessus.
Tirer le dé et agir.
Mais toi tu penses aux conséquences, tu n’es pas un kamikaze.
Ce silence me broie.
Tu es là ?
Oui . Les Terribles Conséquences irréversibles du réel ! La loi est inflexible : pas de « retour » ou négociation avec le choix des trois dés ou du dé unique selon l’option, mais c’est plus ou moins risqué. Selon le domaine dans lequel tu situes les choix possibles. Exemple : si tu hésites entre sandwich « Fromage bleu Soleil Vert » et « Jambon de poulet Soleil Bleu » le tirage aura, à priori, peu de conséquences sur ta vie future, sauf accident de contamination sur le produit ou lors d’une recherche à deux heures du matin dans les bazars de Chinatown , stupidement imposée par ton tirage irréversible.
Tu me suis ? Non ? Termine ton tweet tu reviendras après le match. Bref, nous disions qu’il ne faut pas tricher.
Par exemple, décider en début de journée que si tu tires 421 en un seul lancé, tu diras : « Je crois que je vous aime. » à la première femme qui te plaît, mais que sinon tu resteras cloué à ruminer seul au lit n’est pas trop grave en cas d’échec, mais si tu as placé en second choix de jouer à la roulette russe avec le vieux revolver à barillet du grand-père commando, c’est terrible. Jouer au 421 de la vie n’est pas du tout anodin. Comme la roulette russe. Une fois engagée dans le canon la balle part. Une fois sur six.
Donc j’ai plombé l’ambiance. C’est dépressif déprimant à la limite du grunge attardé. Non, pas du tout, parce qu’en vérité je ne triche jamais et qu’avec l’expérience, j’ai pu constater que le meilleur survient le plus souvent si la question est posée correctement et à bon escient.
Je pratique ce jeu perfide depuis très longtemps. Avec les dés, les pièces, les cartes ou les baguettes du Tao Te King.
C’est équivalent. Laisser la parole au hasard. Dans ton vrai tempo intérieur. À la bonne heure de ton temps, lancer les dés d’un beau jet net et franc.
Ne jamais truquer un rebond. Un seul dé le plus souvent, pour s’amuser au quotidien avec des détails de la vie, comme le choix du sandwich, ou la sortie à cheval ou pas.
Là, pour partir en voyage express à Baden-Baden, je vais avoir à choisir entre appeler Dolorès l’envoûteuse, dénichée hier soir sur Instagram par mes soins et Isabella l’étoile filante du groupe, absente depuis un mois. Donc ce sera avec le 421 classique, en trois lancés.
18 h 37. Le ciel lavé par l’averse est plein de grâces effilochées. Le claquant printanier de la colline visible au travers de l’étroite haie d’arbres survivants du dernier nettoyage paysan vire aux dorés roux du couchant. Le Vallon des Fées respire la vie. Mais mon choix mettra le film paisible de mon réel en péril. Comme tous les choix radicaux que je me suis imposé à cet exercice dangereux qui rend barjot.
J’ai changé d’avis au dernier moment : j’avais fixé un choix classique au 421 avec trois dés en trois lancés, là je vais proposer trois fois un chiffre et lancer avec un unique dé, histoire d’ouvrir le jeu. Si je tombe juste à chaque lancer dans ma prévision, j’enverrai à Dolorès un message classique de proposition de job de mini concerts à Ettlingen avec heures de conduite payées. Rien de compromettant envers une fille que je n’ai jamais rencontrée en chair et en os. Si elle ne répond pas, je tenterais une démarche à l’aveugle en demandant ce service pour le moins délicat à Isabella avec laquelle nous sommes censés être en répétitions sérieuses pour l’album et dont la toute première et vertigineuse prestation au Labo m’a époustouflé. Mais elle me snobe et semble ne pas plus croire en Cosmoze qu’en sa dernière paire de Doc Martins . Je fonce donc sur l’option Dolorès . J’ai choisi le 1 pour le premier lancé sur le couvre-lit. Le 1 est tombé. J’ai respiré comme si tout était normal et allumé mon joint de CBD .
J’ai annoncé le 2. J’ai relancé sans trop y croire, le 2 est tombé. Sidéré , je cherche à tâtons mon briquet sur le couvre-lit. Le vrai temps du risque. Le dé vient de bouger, coincé

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