Antalaha, le 26 Juin 1960

Cyprienne Toazara

Description

Sol do do do sol do ré mi ré do …C’est à ces notes martiales que répondirent les sirènes des deux bâtiments en rade en face de la vieille jetée de pierres. Une mesure du nouvel hymne et un coup de sirène scandaient chaque motif que la fanfare distillait à partir d’une estrade plantée au milieu de la place des fêtes, parmi les palmiers colonnes du boulevard maritime. De tous les gosiers s’élève alors la première strophe de cette brûlante déclaration d’amour :Ry Tanindrazanay Malala ôRy Madagasikara Soa...

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Informations

• Publié par: Ed-Jeunes-Malgaches
• Date de parution: 01 janvier 2010
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782916362717
• Langue: Français

Extrait

Cyprienne TOAZARA
 
 
Antalaha,
le 26 juin 1960
 
 
 
 
 
 
 
Collection





S ol do do do sol do ré mi ré do …
C’est à ces notes martiales que répondirent les sirènes des deux bâtiments en rade en face de la vieille jetée de pierres.
Une mesure du nouvel hymne et un coup de sirène scandaient chaque motif que la fanfare distillait à partir d’une estrade plantée au milieu de la place des fêtes, parmi les palmiers colonnes du boulevard maritime.
De tous les gosiers s’élève alors la première strophe de cette brûlante déclaration d’amour :
Ry Tanindrazanay Malala ô
Ry Madagasikara Soa

Un chant de ralliement aux allures de prière et de marche guerrière.
Que Monsieur Ranaivo, instituteur en classe de huitième à l’école officielle, boulevard de Marseille, avait calligraphié avec de superbes majuscules sur les tableaux de chaque classe.
« Vous chanterez debout, en rejetantles épaules en arrière. Vous chanterezles yeux fixés sur le drapeau. Vous serez fiers de ces instants-là …»
Au-delà du groupe des écoliers revêtus de vert, de rouge et de blanc, celui des fonctionnaires dans des uniformes immaculés et leurs galons aux épaulettes.
Puis des soeurs en cornette à côté de quelques prêtres, pères et frères en religion catholique. L’iman toujours de blanc vêtu, strict sous son turban et son chapelet musulman de graines d’ambre entre les doigts, murmurant quelque sourate connue de lui.
Et partout venue des quatre rues qui se croisent à l’estrade, la population dans de beaux atours : les femmes arborent des chemisiers de toile blanche brodée, décolletées sur leurs épaules brunes de soleil, les jupes sont à volants en souvenir des tenues créoles et une étonnante coiffure à anglaises mouvantes a remplacé les nattes de tous les jours.