Anxieuse
162 pages
Français

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Description

1996
Une jeune femme de dix-neuf ans, Audrey Bouchard, quitte sa région natale pour entamer des études supérieures à Montréal. Ce déménagement est un choc pour cette enfant unique, qui se retrouve seule et libre dans un loft en plein centre-ville, après avoir vécu toute sa vie dans la campagne profonde, entre une mère étouffante et un père désinvesti.
Elle est bientôt la proie de crises étranges, qui la laisse épuisée et tourmentée, et qu’aucun intervenant ne semble pouvoir diagnostiquer avec justesse.
Parviendra-t-elle à surmonter les épreuves qu’elle traversera tout au long de sa première année d’université, malgré le peu d’appui qu’elle récoltera de ses amies et ses relations amoureuses compliquées?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2020
Nombre de lectures 8
EAN13 9782898038839
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright © 2019 Katherine Girard
Copyright © 2019 Éditions AdA Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François Doucet
Directeur de collection : Simon Rousseau
Révision éditoriale : Gabriel Thériault
Révision linguistique : Carol-Ann Lebeau
Conception de la couverture : Mathieu C. Dandurand
Photo de la couverture : © Getty images
Mise en pages : Sébastien Michaud
ISBN papier : 978-2-89803-881-5
ISBN PDF numérique : 978-2-89803-882-2
ISBN ePub : 978-2-89803-883-9
Première impression : 2019
Dépôt légal : 2019
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Éditions AdA Inc.
1385, boul. Lionel-Boulet
Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada
Téléphone : 450 929-0296
Télécopieur : 450 929-0220
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com

Participation de la SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Anxieuse / Katherine Girard.
Noms : Girard, Katherine, 1977- auteur.
Collections : Collection Monarque.
Description : Mention de collection: Monarque
Identifiants : Canadiana 20190032251 | ISBN 9782898038815
Classification : LCC PS8613.I723 A62 2019 | CDD C843/.6—dc23
Note au lecteur
Toute fiction comporte une part de réel. En effet, un auteur s’inspire de ce qu’il a vu, ressenti, entendu, vécu, parfois sans même en avoir conscience. Par exemple, je peux dire que j’ai réellement vécu ma première année d’université à Montréal en 1996. Je vivais dans un loft sur le boulevard René-Lévesque. Je faisais des « crises » qui me causaient bien des soucis. Les médecins généralistes que je consultais n’arrivaient pas à me dire clairement ce que j’avais. Là s’arrête le réel, acculé au mur des possibles. À partir de ces quelques faits, j’ai ouvert un portail, j’ai créé un monde et des personnages imaginaires. J’ai voulu protéger la vie privée de mes proches, surtout, en inventant ici tout un univers familial et relationnel.
En réalité, même ceux qui disent écrire la stricte vérité, dans une autobiographie par exemple, mettent pourtant en scène leurs souvenirs et les faits qu’ils veulent mettre de l’avant, composant ainsi un univers qui relève forcément de l’imaginaire, au moins en partie. La fiction est donc toujours vérité, mais ne reflète pas la réalité. C’est là la magie de l’écriture !
Katherine
« Mother mother can you hear me Sure I’m sober sure I’m sane Life is perfect never better Still your daughter still the same
If I tell you what you want to hear Will it help you to sleep well at night ? Are you sure that I’m your perfect dear Now just cuddle up and sleep tight
I’m hungry I’m dirty I’m losing my mind Everything’s fine !
I’m freezing I’m starving I’m bleeding to death Everything’s fine !
I miss you I love you » Tracy Bonham, Mother Mother
« And we’ll turn away Yes, it’s hard in here And we’ll suffer the failures Of my promise
You let me believe that it was over I twisted the words to make it So God-damn easy for you Hard to escape what’s hard We the living »
Moist, Disco days
1996
Août
J ’ai refermé la porte derrière moi et m’y suis adossée en soupirant. Enfin, ils étaient partis ! J’ai collé mon oreille contre la porte. J’entendais la voix de ma mère, qui s’éloignait dans le couloir menant à l’ascenseur. Elle sermonnait mon père pour son manque d’égard envers moi, son peu d’empressement à me serrer dans ses bras. Mon père a répondu comme à l’habitude, avec un grognement mou. Ma mère, dont la sensibilité à fleur de peau avait le don d’agacer ceux qui la côtoyaient, a étouffé un sanglot, puis je n’ai plus rien entendu, ils ont dû entrer dans l’ascenseur. J’ai jeté un œil à ma droite, j’avais perçu un mouvement. J’ai sursauté : mon reflet se profilait sur la gigantesque glace coulissante dissimulant l’unique garde-robe du loft. Je m’y suis mirée : mes yeux sombres étaient bordés de cernes noirs. Je n’avais pas beaucoup dormi, ces derniers jours. Mon arrivée dans la grande ville m’avait stressée plus que je n’avais osé l’avouer. La porte de la salle de bain à ma gauche était elle aussi recouverte d’un long miroir ; je l’ai fermée et me suis vue de dos comme de face, mise en abîme à l’infini. Un petit vertige m’a ébranlée.
Je me suis avancée le long du couloir étroit et me suis retrouvée en plein cœur de mon nouvel antre. Contre le mur gauche, déjà piqué d’affiches de la Croix-Rouge et de la Société de sauvetage, reposait une base de lit à une place sur laquelle avaient été jetés deux matelas l’un par-dessus l’autre. Ma douillette noire somnolait en boule sur le tapis gris ; une plante déjà fanée était posée sur la commode juste à côté. Près du mur adjacent, j’avais placé une table en mélamine blanche entourée de quatre chaises aux coussinets noirs ; la porte-patio juste derrière crevait le mur de son œil vertigineux. Contre le mur à ma droite, des piles de livres avaient été abandonnées pêle-mêle sur les étagères d’une bibliothèque en bois que mon père avait fabriquée pour moi sur ordre express de ma mère. Plus loin derrière, à ma gauche, ma mère avait rempli les armoires de la cuisinette d’objets auxquels je n’avais jamais touché auparavant ; j’avais toujours refusé qu’elle m’apprenne à faire à manger. Le petit réfrigérateur était bourré d’aliments frais que j’avais achetés avec elle l’après-midi même à l’épicerie de la Place Dupuis. Ce marché était situé à quelques rues de là où je me tenais présentement, au septième étage d’un immeuble sis boulevard René-Levesque.
La porte-patio entrouverte m’a attirée ; je me suis retrouvée dans l’étuve étouffante de la grande ville, sur un balcon tout en béton. Le garde-fou m’arrivait à la hauteur de la poitrine. J’ai jeté un œil vers le stationnement tout en bas, un peu étourdie : j’ai repéré mes parents qui cherchaient leur voiture. Ma mère gesticulait, elle devait houspiller mon père pour une vétille. Celui-ci, la tête penchée, traînait des pieds comme un enfant pris en faute. Ils s’engueulaient probablement à cause de moi ; leur vie tournait autour de moi, surtout celle de ma mère. J’ai soupiré. À quelques mètres d’eux, un éclat a retenu mon attention, d’énormes boucles d’oreilles métalliques sur lesquelles un rayon du soleil déclinant avait ricoché : un toxicomane prenait sa dose dans un coin du stationnement. Un peu plus haut, devant moi, je pouvais distinguer le logo de l’UQAM sur le bâtiment qui abritait son Centre sportif. Tout à l’heure, j’étais allée, avec ma mère, y mener mon curriculum vitae dans l’espoir qu’on m’engage en tant que sauveteuse. Une sirène a déchiré l’atmosphère, assourdissant le ressac perpétuel des voitures ; une ambulance arrivait probablement à l’urgence de l’hôpital Saint-Luc, tout près.
J’ai ressenti l’assaut irrépressible de la liberté prendre possession de moi, parcourir mes veines, gagner mes muscles, mes articulations, fourmiller dans mes extrémités, en même temps qu’une sensation de vide me plombait l’estomac. Les yeux plongés sur un horizon bloqué par les immeubles, suant dans ma robe d’été, j’ai pensé à mon lac, à son étendue sauvage ; j’ai pensé aux yeux océan de Mick, que j’avais quitté sans tout à fait saisir les conséquences de mon geste. Le soleil déclinant m’aveuglait. J’ai eu envie de rire et de pleurer en même temps.
Je lui avais promis de l’aimer toujours, de demeurer à lui, toujours, tout en sachant bien que je ne respectais jamais ce genre de promesse. J’avais refusé d’aller à l’université avec lui, à Chicoutimi, parce que le grand large m’appelait ; j’avais préféré suivre mes deux meilleures amies là où les Bleuets rayonnaient, là où certains d’entre eux déployaient enfin leurs ailes. Combien de natifs du Lac-Saint-Jean s’étaient exilés vers la métropole en espérant réussir une carrière artistique, quitte à se briser les ailes sur le béton des immeubles ?
Voilà ce que Mick n’avait pas compris de moi : j’étais prête à me brûler les ailes en plein ciel, en m’approchant trop pr&

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