BLUES DE BOUE
144 pages
Français

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BLUES DE BOUE , livre ebook

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Description

Et depuis lors, elle courait sans cesse, écumait les rues de Cotonou, comme si elle était prête pour un marathon, à la recherche de cette Sikira, à qui elle en voulait énormément à mort; ou arrivée au niveau d'un rond-point, elle balançait sa croupe pour s'offrir en spectacle gratuit aux usagers qui attendaient un quart d'heure pour fouiller sa galerie noire.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9789991981673
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BLUES DE BOUE
Sirénou rythmait ses pas au son des tambours Les Frères Guèdèhounguè
Grégoire Folly
bluesdeboue
Nouvelles
Préface d’Habib Dakpogan
ISBN : 978-99919-816-7-3 © Les Éditions Savane
Pour Bijou Aryelle Cakpo, Il y a tant d’aurores qui n’ont pas encore lui.
Préface
a question la plus oratoire et à la fois la plus L essentielle qu’on m’ait jamais posée, et à laquelle je n’ai évidemment pas eu de réponse, est l’éternelle colle des conférences littéraires :qu’écrivons-nous ?Cette interrogation, qui fonde toute la motivation de l’écri-vain, recèle une somme de sous-questions dont lepour-quoi, lecommentet lepour quiil écrit. Mais l’inquiétude première est beaucoup plus simple : qui est l’écrivain ? Cette question est également sans réponse ; disons plutôt qu’elle a autant de réponses qu’il y a d’écrivains, ou qu’il y a de lecteurs. Pour moi, peu importe le temps où l’espace où il se meut, l’écrivain est cette émulsion active de solitude et d’altruisme, d’individualité et d’uni-versalité, de réel et d’imaginaire, cette quête vivante de quelque chose qui le dépasse, qu’il ne saura jamais nommer et qui pourrait être la conquête du temps. Mais conquérir le temps pour quoi faire ? Douleur ! Inscrire dans le vent une douleur sous forme de papier et d’encre, en y attachant le secret espoir qu’une paire d’yeux, animés de curieuse bienveillance, viendraient la partager. La thérapie commence là où nit l’intériorisa-tion de la souffrance. Mais alors, toute écriture serait-elle douleur ? Évidem-ment non ! La littérature laisse à la postérité une belle
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Préface
consistance de drôleries et de bonheurs écrits. Cepen-dant, la douleur est ce qui reste, comme le sang survit à l’eau dans l’univers des taches. De Zola à Sembène, de Sartre à Césaire, de Steinbeck à Kourouma, l’écrivain humera puis repeindra de sa plume les fragrances mais aussi et surtout la fange collées aux pavillons de son époque. Grégoire Folly incarne d’emblée le rôle de “professeur de la souffrance, en plaçant dans le monde écrit son tout premier pavé intituléBlues de boue. C’est une fresque mé-lancolique qu’il pose sur un mur de banco, une peinture quasi rupestre de son Bénin natal hanté par des ombres malfaisantes. On y lit la douleur de l’être aux prises avec l’adversité et la douleur de l’autre être qui essaie de l’en délivrer en lui plaçant sa propre image sous les yeux. Conscient des dangers de l’empathie, décidé à échapper au gros risque de bonne conscience, l’auteur veut une écriture qui s’imprime dans la chair au lieu de glisser sur la peau. Il choisit pour cela l’option de la distance focale. En effet, Grégoire Folly, avec un libre-arbitre déconcertant, tantôt dérange le statut identi-taire de son lecteur en l’indexant directement à travers l’usage de la deuxième personne du singulier, l’accusant presque d’être l’auteur des multiples forfaits qu’il met en scène, tantôt témoigne lui-même du vice, atténuant le réquisitoire, retournant auil, personne classique du récit. Ce faisant, il déstabilise la vigilance de son lecteur et l’oblige par conséquent à beaucoup d’attention s’il veut suivre le l de l’histoire.
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GrégoireFolly
À côté du piège de la focalisation, l’auteur nous pro-pose une langue voilée, à la poésie précieuse qui ajoute un regain de tension au drame des histoires qu’il conte. Le blues peut gagner le lecteur qui replonge dans son propre mal-être, à travers celui que vivent les person-nages fracturés. Le ciel vole bas et la poisse traîne à chaque page. Le Mal fait hégémonie. Hégémonie des vendeurs d’opinionsprêt-à-porter, qui sillonnent les contrées défavorisées en quête de cerveaux en friche. Hégémonie du pasteur concupiscent, despotisme non éclairé duhounnonpervers, malice innie du sexe, em-pereur incontesté des mœurs. Tout est déliquescent et tout ressemble au quotidien du Béninois ordinaire, ce-lui des rues, sur qui pèsent tant de contradictions liées à des chocs socioculturels profonds. Écrire aujourd’hui revêt une dimension beaucoup plus large que celle d’exposer dans le décor tragi-comique déjà connu, quelques problématiques déjà connues avec des tics d’écriture déjà connus. Il s’agit, comme l’a voulu l’auteur de cet intrigantBlues de boue, d’aller plus loin, d’assumer son authentique africanité en ayant l’honnêteté de présenter la toile sans la reé-ter passivement, sans en atténuer la truculence ni en exagérer la tonalité. Il s’agit d’être vrai, de dépasser le mauvais vécuvers l’avenir, non vers l’immortalité.
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Habib Dakpogan
lanuitassassine
e voilà : carottée, remuée pour un sou, et mordil-T lée jusqu’au sang. Tu te plaignais de douleur, de la tête aux pieds. Peut-être dans l’attente de sombrer dans le grand noir. Mais qu’avais-tu à gagner de ces sorties lascives sans lendemain que tu arrangeais tout le temps avec eux ? Qu’aurais-tu donc à récolter de ces promenades interminables ? Seulement, tu semblais ne pas rééchir par toi-même. Il vint t’enammer, l’homme. C’est un rituel auquel il te soumettait chaque jour jusqu’au jour où… Sans savoir pourquoi tu te laissais ainsi manipuler par ces mains folles, tu n’avais jamais eu le temps d’évaluer la honte que tu jettes sur ta race. Comme quoi, tu afchais ton port et ta vénusté deMamy Wataaux yeux de ces hommes au sourire avenant et prin-cier. Ces charançons qui n’avaient d’autre loisir que de te croquer jusqu’à satiété. Tu vivais aux quatre coins de leur mouvance, éprise de toutes sortes de propositions qu’ils te faisaient avant la jouissance. Là où seul Dieu sait vous procurer de la matière pour épicer vos âmes. Là où seule la èvre incendiaire des rencontres imprévues sait vous stimuler pour ébaucher un instant suprême dans
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