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Description

Laurent, riche industriel, mène une vie confortable mais mortellement ennuyeuse. La découverte d'un sac abandonné en forêt va changer son destin. Faute de pouvoir trouver son propriétaire, il va lui emprunter son identité pour recommencer sa vie ailleurs... Mais c'est sans compter sur la ténacité d'un détective privé qui va remuer ciel et terre pour le retrouver.

Informations

Publié par
Date de parution 05 décembre 2013
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312018881
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Christine Antheaume
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Tome 2
















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Du même auteur


Tsunami , éditions du Bord du Lot, 2010
Crimes à Temps perdu , éditions Ex Aequo, 2010
Cache cache , Tome1, les Editions du Net, 2013






























© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01888-1
Première partie
1
J’ai serré Naty dans mes bras. Il me semblait que tout ce que j’avais vécu depuis ma naissance, tous les épisodes de mon existence, toutes les épreuves endurées trouvaient leur justification dans cette minute de grâce. Je revoyais en un éclair ma fuite de Marcillac sous l’identité d’un autre, mon débarquement aux Coralines, mes premiers mois à l’Etoile du Sud sous ma toque de cuisinier, la rencontre avec Naty et mes vicissitudes de vendeur de crêpes dans le camion de Dari, sur la place de Walloo.Tout ce qui m’était arrivé n’avait tendu que vers cet instant béni.
Les deux paysans, dans leur champ de taros, s’étaient arrêtés de travailler et nous observaient avec un intérêt non dissimulé.
– Ne restons pas là, a fait Naty.
Brisant le silence tendre qui nous enveloppait, elle m’a entraîné sur le chemin de la forêt. Le « chien » exécutait devant nous de grands bonds survoltés, puis, soudain, il est parti comme une flèche vers le village, nous rendant à notre intimité.
– Raconte moi. Raconte moi tout. Comment tu t’en es sorti, avec les nakis ?
Elle ne savait rien. Nous avions tellement de choses à nous dire que je n’aurais pas assez d’une vie.
Je lui ai décrit mes déboires avec les nakis, mes journées passées devant ma crêpière, et ai fièrement sorti de mon sac l’enveloppe contenant une partie de la recette.
– J’aurais aimé la remettre à Dari.
– Il n’en aura pas profité. Il n’a jamais été riche. Tout ce qu’il possédait, en plus du camion, c’est ce lopin de terre.
– Il avait des enfants, une femme ?
– Non, j’étais sa seule famille. Et le camion ? Tu as pu le vendre ?
– Pour le moment, c’est Sabou qui le tient.
Un ronronnement ténu, comme un bourdonnement de moustique, s’est insinué entre nous. Cela venait de la vallée. Naty a lâché un juron.
– Ca me rend malade !
– Quoi ?
– La tronçonneuse ! Ils sont en train de défricher ! Tu as bien dû les remarquer, au pied de la montagne…
– Oui, je…
Sans attendre ma réponse, elle a filé comme une fusée si vite que j’ai eu du mal à la suivre.
J’ai louvoyé à sa suite entre les pandanus et les fougères arborescentes. Puis elle s’est arrêtée. Juste avant l’entrée du village, une échancrure dans la végétation offrait une vue plongeante sur la presqu’île. Au loin, les montagnes se diluaient dans une vapeur bleutée, surplombant la toison verte. Au bas du versant, on distinguait nettement la balafre de la piste que j’avais empruntée quelques instants plus tôt, et la tonsure de terrain défriché, comme une blessure. Ici la forêt exposait son cuir chevelu aux regards, une déchéance suprême.
– Bientôt, si on les laisse faire, la piste deviendra une véritable route, et ils vont raser plusieurs hectares…Ils sont en train d’assassiner les arbres… Ils n’ont pas le droit !
– Tout à l’heure, en montant, j’ai vu des hommes abattre un moabi. C’est bien d’eux que tu parles ? Qui sont-ils ?
Ma compagne m’a expliqué dans un souffle haché, trahissant son énervement :
– Des ashantis. Mais ils ne sont pas du village, ce sont des employés de la compagnie forestière. Ils travaillent contre leur propre peuple !
– Que veux-tu dire ?
– Le moabi nous sert à beaucoup de choses. Son écorce nous fournit une poudre médicinale, de ses fruits nous tirons de l’huile pour la cuisine ou pour la peau, et leurs graines broyées sont utiles également pour nous soigner.
– Mais alors, pourquoi ces hommes le coupent-ils ?
– Parce qu’ils sont payés pour ça ! Ils se sont fait embaucher par la compagnie d’exploitation pour un salaire de misère, parce qu’ils ne trouvent pas de travail ailleurs, mais ils ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de détruire la forêt qui les fait vivre. Hier, je suis descendue pour leur parler, pour essayer de les convaincre, et leur dire ce que je pensais, mais ça n’a servi à rien, ils ne font qu’obéir aux ordres. Mais le pire, c’est que cette exploitation est complètement illégale ! Cette forêt fait partie du territoire ashanti, personne n’a le droit d’y toucher sans notre autorisation. Mais ils s’en sont passés ! Le gouverneur a permis son exploitation sans nous demander notre avis ! En fait, celui qui est derrière tout ça, c’est Hasma.
D’un geste rageur, elle a arraché un rameau d’un petit arbuste et, le brandissant sous mon nez, a proféré quelques mots en dialecte, des jurons à n’en pas douter. C’était la première fois que je l’entendais parler autrement qu’en français. J’en savais si peu sur elle, au fond.
– Hasma ? Qui est-ce ?
Elle m’a pris par le bras et m’a entraîné sur le chemin.
– C’est un entrepreneur de Borjura. Il veut exploiter le terrain pour en faire une bananeraie.
– Mais pourquoi ici ? C’est tellement reculé !
– Parce qu’ici, la terre est exceptionnelle. Protégée du vent, une pluviométrie parfaite. Dans la plaine, le sol commence à s’épuiser, et la terre est chère, les moindres espaces sont cultivés. Ici, elle serait plus productive.
– Mais ça reste trop loin de tout, non ?
– Ca ne lui fait pas peur ! Il prévoit de goudronner l’entrée de la piste, pour permettre un accès depuis la nationale, avec des camions qui feraient la navette. Des projets pharaoniques ! Mais qui vont tout détruire.
– Mais comment se fait-il que le gouverneur ait autorisé une chose pareille ?
– Bah, avec un bakchich conséquent, on arrive à rendre les autorités sourdes et aveugles à tout ce qui n’est pas dans les clous, et à mettre tout le monde de son côté. D’autant plus que Hasma a des arguments. Il lui a fait comprendre que ce projet amènera un développement économique au pays, et fournira des emplois aux gens de la vallée, et aux ashantis.
– Il y aura des conséquences pour Salama, si le projet voit le jour ?
La colère a fait flamber ses yeux d’ombres.
– Oui, et elles seront catastrophiques. D’abord parce que la culture des bananes nécessite beaucoup de produits chimiques, qui vont empoisonner nos sources et nos sols, et surtout, le déboisement est en train de faire disparaître des espèces précieuses, utilisées par les ashantis depuis la nuit des temps, comme ce moabi, ou comme celle-ci…
Elle a brandi le rameau comme un drapeau.
– Elles s’éteindront à jamais si on coupe les arbres.
Je ne l’avais jamais vue dans un tel état d’énervement.
– Comment faire pour empêcher tout ça ? Tu as essayé de discuter avec cet Hasma ?
Elle a égrené un rire triste.
– Lui, on ne le voit jamais. Il envoie toujours des émissaires. Pour lui, nous n’existons pas. Je suis allé à Borjura avec Kodé pour voir le gouverneur, afin de faire respecter nos droits.
– Kodé ?
– C’est le chef du village. Je te présenterai à lui tout à l’heure.
– Et vos démarches n’ont pas abouti ?
– Le gouverneur est un pourri. Il nous a répondu que puisque nous n’exploitions pas cette partie de la forêt, nous n’avions aucun droit dessus. Ce qui est totalement faux. Cette forêt nous appartient. Il n’a pas le droit de la louer. Au minimum, c’est avec nous qu’Hasma aurait dû négocier. C’est à nous qu’il aurait dû verser l’argent de la location des terres. Seulement, il savait que Kodé y était farouchement opposé. Il a donc traité avec le gouverneur, au lieu de s’adresser à nous. Nous ne verrons pas un sou de l’argent de cette pseudo location. C’est du vol pur et simple.
– C’est tout de même incroyable !
– Quand nous avons eu connaissance de ce projet, les choses 

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