Camus, L espoir du monde
180 pages
Français

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Camus, L'espoir du monde , livre ebook

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Description




1980. 20 ans après sa supposée mort, Albert Camus se réveille dans un hôpital, à Moscou. Grâce à l’aide de ses plus chers amis et compagnons de toujours, René Char et Louis Guilloux, l’écrivain rentre en France et reprend son combat, cette fois-ci sous un nom d’emprunt. Et si Albert Camus n’était pas réellement mort ? Quel serait son regard sur le monde ? Quelles seraient ses pensées ? Retrouverait-il Maria Casarès ? Renouerait-il avec son Algérie ?


Le roman de Mona Azzam ose s’engager dans un double pari fou : entrer dans l’esprit de Camus et nous faire de nouveau entendre cette voix dans un monde qui en a tant besoin. Alternant réflexions, divagations, billets politiques et lettres privées, nous retrouvons un Camus toujours aussi fraternel et soucieux de l'humain, au centre de son engagement, de ses écrits et de son action.


"Un livre qui sonne si bien qu'on finit pas y croire." Michel Pieyre, Midi Libre


"Un coup de coeur." Ghislaine Antoine, in L'écho du Berry


"Un regard nouveau" Dan Burcea, Les Grands Entretiens de Lettres Capitales


"Le résultat d’une quête prodigieuse", Bélinda Ibrahim, Ici Beyrouth


"Ne passez pas à côté de ce voyage hors du temps, de cette pépite littéraire qui se déguste page après page, et redonne la furieuse envie de (re)lire Albert Camus !" Un livre après l'autre


Mona Azzam est professeure de lettres modernes , poétesse et auteure d’une dizaine de romans.




Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2023
Nombre de lectures 6
EAN13 9782385330026
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

collection littérature contemporaine
 
Crédits photographiques : Midjourney
Composition du livre : Valentine Flork / Agence A&L
 
Distribution : Immatériel
 
ISBN papier : 9782385330019
ISBN numérique : 9782385330026
 
1ère édition
 
Dépôt légal : février 2023
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
 
© 2022 Les éditions d’Avallon
Camus, L’espoir du monde
De la même auteure
Romans
 
Nous nous sommes tant aimés , éditions la Trace, 2019
Ulysse a dit… , éditions la Trace, 2020 — prix des Médiathèques de Bussy-St-George
Amine , éditions La Trace, 2022
Nomades , Vibration éditions, 2022
Mi-Nuit à Rome , Éditions Loreleï, 2022
 
Poésie
 
Le Sablier des mots , recueil, Vibration éditions, 2020
 
Essai
 
Nerval dans le sillage de Dante , Cariscript, 2000
 
Nouvelles
 
Dans le Silence des Mots Chuchotés (il est cri…) , recueil, éditions la Trace, 2018
 
Fables
 
Trilogie des fables de La Fontaine , fables choisies et commentées, Cariscript, 1994
 
Mona Azzam
 
Camus,
L’espoir du monde
ROMAN
 
 
Moi, je me suis toujours refusé à l’idée de mourir informe… sinon informe, il faudra mourir obscur en soi-même, dispersé — non pas serré comme la gerbe d’épis mûrs — mais délié et les grains répandus.
À moins du miracle, et que le nouvel homme naisse.
 
Albert Camus
Avant-propos
Chaque mur est une porte.
Emerson
 
En 1957, dans sa Correspondance avec Maria Casarès, Albert Camus disait :
Je tiens à la cérémonie du jour de mes soixante ans (en 1973 !) Et je suis bien sûr que je serai là aussi exquisément ému.
Il n’aura pas eu le temps de fêter ses soixante ans. Nul ne dira le contraire.
À moins que… L’Espoir du monde ne dise une autre « vérité ». Une vérité « autre », celle qui est à la base de tout écrit.
Pourquoi un roman sur Albert Camus ? Pourquoi un roman de plus ?
J’ai, pour ma part, tenté de trouver une réponse à cette seconde interrogation, sans y parvenir. L’écriture est par essence une voie qui se fraie entre un auteur et un lecteur et, dès lors, tout écrit part d’un doute. Chaque signe, chaque mot est une interrogation. Écrire est un acte de remise en question qui fait avancer vers cet inconnu où l’on se doit de se faufiler avec prudence et d’avancer d’un pas mesuré.
Dans l’univers d’Albert Camus, l’univers de ses œuvres, où tout est mesure, l’on ne peut se faufiler que d’un pas mesuré. Et humble.
L’Espoir du monde est en ce sens un projet hautement ambitieux.
Quant à la première interrogation, écrire sur Camus aujourd’hui me semble être une nécessité. Dans un monde de plus en plus en proie aux individualismes, aux extrémismes et aux conflits interminables, il ne se passe guère un jour, face aux turbulences qui perturbent — et ne peuvent que perturber — tout être humain, où l’on ne s’interroge sur ce que dirait Albert Camus. Celui qui, somme toute, n’était ni tout à fait Algérien, ni tout à fait Français mais foncièrement, entièrement, un citoyen du monde. Celui qui n’a pas fini de nous interpeler et de nous invectiver. Fort heureusement.
 
Écrire sur Albert Camus est, par ailleurs, le fruit d’une démarche personnelle : réaliser une promesse que l’on se fait à soi-même et rendre, dans la mesure du possible, une partie à ceux qui nous ont donné.
Le don que j’ai reçu, grâce à mes lectures de l’œuvre de Camus, est inestimable parce qu’il a contribué à faire de moi ce que je suis. Un être humain qui, par le biais des mots, n’aspire qu’à donner en retour.
Catherine Camus évoque ainsi son père  : un être humain, c’est mystérieux, sévère mais juste. L’essentiel est dit.
 
Donner toute la terre à ceux qui n’ont rien comme on donne ce qui est sacré à ceux qui sont sacrés, disait Camus.
Je ne suis pas en mesure de donner toute la terre.
Je ne puis que donner ce présent roman, L’Espoir du monde, dont le titre est un emprunt à Albert Camus et qui se veut être, par là-même, un cri. Un cri d’espoir. Puisqu’après tout, chaque cri que nous poussons se perd et s’envole dans des espaces sans limites, ainsi que nous le rappelle, à juste titre, Catherine Camus.
Il est temps de fermer cette parenthèse et de ne point retarder davantage le lecteur qui  mérite deux choses : qu’on ne l’ennuie jamais et que l’on lui parle en intelligence.
Prologue
(1980)
 
Tout écrire–comme cela viendra.
 
Albert Camus
1980. Le réveil (Natacha)
Froide matinée d’hiver lugubre et glacial. Les lueurs pâles du jour s’infiltrent timidement dans l’espace aseptisé de la pièce. Un pâle rayon de soleil se pose, comme trois points de suspension étirés sur le visage de l’homme plongé dans un sommeil profond. Un sommeil si profond qu’il dure depuis des années.
Natacha, comme tous les matins depuis près de quatre ans, s’acquitte de ses tâches. Prise de température, vérification de la tension artérielle et des constantes, puis consignation de toutes ces données sur les fiches de suivi du malade. En temps normal, ceci nécessite dix à quinze minutes, tout au plus.
En temps normal, une fois terminé, elle quitte la chambre non sans un dernier regard en direction de l’homme retranché dans les limbes du coma. Un bel homme.
En ce matin du 4 janvier 1980, quelque chose la retient étrangement, l’empêche de s’en aller vers d’autres patients qui constituent le quotidien chargé d’une infirmière en poste à la clinique militaire de Bourdenko de Moscou ; l’un des plus grands hôpitaux du pays, niché au sein du parc des Héros de 1812.
Depuis la fenêtre de la chambre qui donne sur le parc, Natacha contemple les stèles commémoratives érigées en mémoire des soldats de l’Armée impériale. Son regard oscille de l’extérieur à l’intérieur, s’attardant sur le visage de l’homme.
Apaisée par un long sommeil, la peau, blanche de n’avoir vu le soleil depuis des lustres, est lisse. Le front, les tempes et jusqu’au nez à l’arête fine, l’ensemble des traits dégage une certaine détermination et une sensualité indéniable.
Tout à l’heure, en lui passant un linge propre sur le visage, il lui a semblé entrevoir un clignement des yeux. Son dossier médical mentionne un état comateux survenu le 8 janvier 1960.
 
Vingt ans. Aucune réaction. Aucune visite. Aucune identité.
Le patient de la 1960. C’est ainsi qu’il est désigné.
Prenant une profonde inspiration, Natacha se rapproche du corps allongé, décidée à faire une nouvelle tentative malgré le ridicule du geste. D’un geste doux, elle pose sa paume sur le front de l’homme endormi. Puis de ses doigts, elle effleure légèrement ses tempes, d’un mouvement circulaire, tout en scrutant son visage. Les paupières, au bout de quelques minutes, remuent lentement. Elle poursuit ses effleurements, dessine de légères arabesques sur ses tempes.
Cette fois, c’est presque une certitude. Il vient de cligner des yeux. Mieux.
Mieux et inespéré, il ouvre les yeux. Des prunelles d’un bleu… non… d’un mauve étrange, fixées sur elle. Et puis un murmure, en français :
Je suis encore vivant !
 
Un miracle, songera plus tard Natacha. Nul autre terme pour qualifier ce retour inattendu, inespéré au terme de deux décennies, d’un homme à la vie.
Ce n’est que plus tard, une fois le ballet des soins qui lui a paru interminable en ce 4 janvier 1980 achevé, après avoir avisé l’infirmière en chef du réveil du patient de la 1960, errant dans les multiples chambres des malades, qu’elle songera à ce terme. 
Un miracle, se dira Natacha, quand la nuit venue, après son dernier passage dans cette chambre 1960, elle constatera que le malade dormait d’un « vrai » sommeil.
Un miracle, se répétera-t-elle, au chaud dans son appartement à deux kilomètres de l’hôpital Bourdenko.
Double miracle, quand elle réalisera que ce patient anonyme, ce miraculé du jour n’était pas un patient quelconque. Et qu’il avait une identité. Des plus illustres.
Cet homme, le découvrira-t-elle plus tard dans la nuit, c’était probablement Albert Camus. Très probablement… Ses mots, « je suis encore vivant ! », dits par Caligula, n’ont eu de cesse de la hanter.
Le grand Albert Camus. Mort tragiquement dans un accident de voiture, le 4 janvier 1960.
Vingt ans jour pour jour. Déclaré mort. Officiellement mort. Et pourtant, vivant. Oublié dans un hôpital militaire à Moscou.
Inimaginable. Inconcevable, se répétera Natacha, tout en fixant le dossier épais posé devant elle. Dossier constitué par son grand-père, un passionné de littérature française et qui regorge d’articles relatant l’accident de voiture qui avait coûté la vie à Camus.
Mort sur le coup. La version officielle.
Que fait-il ici ? Comment a-t-il atterri à Moscou ? Pour quelle raison a-t-on gardé secrète sa présence dans cette chambre 1960 durant vingt ans ?
Une chance, d’avoir appris le français. Une chance inouïe que d’avoir eu pour grand-père un cousin de Tsvetaïeva, la poétesse.
Elle va pouvoir communiquer avec Camus.
 
Refermant l’épais dossier à couverture de vieux cuir, peu avant l’aube, Natacha n’a qu’une hâte. Voir le jour se lever et s’élancer vers l’hôpital. Revoir son patient.
Succombant à la fatigue, elle s’endort, non sans avoir songé qu’il lui faudrait garder pour elle sa découverte. En son for intérieur, elle a le pressentiment que l’identité de Camus se doit de rester secrète.
 
Le lendemain matin, en longeant le parc Lefortovo, Natacha remonte le boulevard d’un pas rapide. Elle ne voit pas les maisons aux teintes ocre, dites des « veuves » des soldats. Ces magnifiques bâtisses juste en face de l’hôpital. Une seule préoccupation la pousse à courir plus qu’à marcher : le malade de la 1960.
C’est, essoufflée, qu’elle s’engouffre dans le hall de l’hôpital, fonce à l’étage et enfile sa tenue en un temps record. Devant la porte de la chambre 1960, elle hésite un bref instant. Doit-elle toquer pour annoncer sa venue ?
Ce geste habituellement réservé aux chambres des

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