Claude Simon : la répétition à l oeuvre
403 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Claude Simon : la répétition à l'oeuvre , livre ebook

403 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Entendue au sens élargi de ce qui retourne ou revient, sous une forme identique, analogique et équivalente, la répétition se révèle un ferment majeur des oeuvres de Claude Simon. Elle y apparaît comme un facteur de production et de création. L'auteur se propose de "traquer" les diverses modalités de la répétition - tant au niveau fictionnel que de la narration ou de l'écriture- et d'en montrer les vertus structurelles à travers quatre des romans de Claude Simon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 142
EAN13 9782336266695
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Critiques Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
Déjà parus
NAZAROVA Nina, Andreï Makine, deux facettes de son œuvre, 2005.
BOUGAULT Laurence , Poésie et réalité , 2005.
BROWN Llewellyn , Figures du mensonge romanesque ,2005
D. DENES, Marguerite Duras : Ecriture et politique , 2005.
BOUSTA Rachida Saïgh, Romancières marocaines , 2005.
VALLIN Marjolaine, Louis Aragon, la théâtralité dans l’œuvre dernière, 2005.
LAROQUE-TEXIER S., Lecture de Mandiargues , 2005.
HARDI F., Le roman algérien de langue française de l’entre-deux-guerres , 2005.
CORNILLE J.L., Bataille conservateur. Emprunts intimes d’un bibliothécaire , 2004.
ROCCA A., Assia Djebar, le corps invisible. Voir sans être vue , 2004.
BERTOLINO N., Rimbaud ou la poésie objective, 2004.
RIGAL Florence, Butor : la pensée-musique , 2004.
CHERNI Amor, Le Moi assiégé, 2004.
EL-KHOURY Barbara, L’image de la femme chez les romancières francophones libanaises , 2004.
MARCAURELLE Roger, René Daumal. Vers l’éveil définitif, 2004.
EMONT Bernard, Les muses de la Nouvelle-France de Marc LESCARBOT , 2004.
KADIVAR Pedro, Marcel Proust ou esthétique de l’entre-deux , 2004.
LAMBERT-CHARBONNIER Martine, Walter Pater et les « portraits imaginaires », 2004.
B. CASSIRAME, La représentation de l’espace par Marguerite Duras dans le cycle romanesque asiatique : les lieux du ravissement , 2004.
MOUNIC Anne, Psyché et le secret de Perséphone. Prose en métamorphose, mémoire et création (Katherine Mansfield, Catherine Pozzi, Anna Kavan, Djuna Barnes), 2004.
Sommaire
Critiques Littéraires - Collection dirigée par Maguy Albet Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION La répétition : symptôme et réparation d’un être-au-monde problématique
L’ÊTRE LE MONDE L’ESPACE-TEMPS
La répétition ou l’archéologie des profondeurs
LE DISCOURS DE L’AFFECT LES FOUILLES DE L’INCONSCIENT LA RÉ-PÉTITION DE L’ORIGINE
Du côté de l’imitation
LA MIMESIS DU REEL L’ESTHÉTIQUE DE LA REPRODUCTION LA MIMESIS DE L’ÉCRITURE
CONCLUSION ANNEXES CRITIQUE LITTERAIRES ET ESSAIS
Bis repetita
Claude Simon : la répétition à l'oeuvre

Claire Guizard
© L’Harmattan, 2005
9782747583220
EAN : 9782747583220
INTRODUCTION
Lorsqu’il déclare en 1993, à l’occasion d’une allocution adressée aux étudiants de Quenn’s University que « l’esprit humain s’avance, non pas nécessairement sur le chemin d’un “progrès”, notion qui, du moins dans le domaine de l’art, est dépourvue de sens, mais au sein d’un mouvement général des idées et des sociétés dans lequel il n’est que stagnation, immobilité, répétition des mêmes formes, néant. » 1 , Claude Simon rejette la répétition du côté de l’archaïsme et de la nécrose. Il reprend et entérine ainsi ce que quelques mois plus tôt il avait confié à Mireille Calle : « Ce qui est répétition est nul » 2 . Pourtant lors du même entretien, il reconnaît qu’« écrire relève aussi du “ressassement” » 3 . La répétition se révèle alors comme un facteur de création et de production. Entre ces deux extrêmes antinomiques se joue ainsi, chez Simon, toute la fortune de la répétition dont l’étymologie latine met déjà en évidence la nature dichotomique car la « repetitio » est certes la redite mais c’est aussi l’action de réclamer, de demander à nouveau, d’aller chercher en arrière, en somme un agent dynamique du recouvrement.
L’auteur reconnaît bien dans la répétition, un des principes de son écriture, lorsqu’il répond à Claud DuVerlie à propos du traitement de l’érotisme dans son œuvre :
« Vous avez déjà répondu à votre question en utilisant les mots défi, fragmentation, répétition, puisque ce sont là les caractéristiques de mes textes, qu’il s’agisse de feuilles d’arbres, de nuages, de batailles ou d’affaires d’ordre sexuel. » 4
Alors comment cette écriture simonienne qui ressasse les mêmes mots, les mêmes structures syntaxiques, les mêmes sons, les mêmes comportements fictionnels, les mêmes thèmes, les mêmes scènes, les mêmes figures jusqu’à saturation, donne-t-elle toujours du nouveau à lire, au point même de plonger le lecteur dans une totale dispersion ? Comment ces romans arc-boutés sur des schémas reconductibles, crispés sur des modélisations indépassables favorisent-ils pourtant la circulation émouvante du fantasme et produisent-ils une forte tonalité émotionnelle ?
Précisément, ce qui verrouille le texte simonien, c’est-à-dire les réitérations et les reprises, concurremment libère des ferments novateurs et reconstitue des champs réparateurs. Si la répétition n’est pas la reprise servile de formes institutionnelles sans créativité et sans avenir, qui justement tentent de gommer la répétition formelle au nom d’une expression bienséante, riche et maîtrisée, mais si elle se présente comme une pratique ostentatoire et excessive, paradoxalement elle participe d’une poétique rénovée et se révèle un concept fertile, médiateur et dynamique.
D’abord il faut l’entendre dans un sens élargi car elle recouvre une notion analytiquement duelle, ainsi que le souligne Gilles Deleuze, quand il distingue une « répétition du Même, qui s’explique par l’identité du concept ou de la représentation » et celle « qui comprend la différence, et se comprend elle-même dans l’altérité de l’Idée, dans l’hétérogénéité d’une “apprésentation”. » 5 .
« Lorsque nous nous trouvons en présence d’une répétition qui s’avance masquée, ou bien qui comporte des déplacements, des précipitations, des ralentissements, des variantes, des différences capables à la limite de nous entraîner fort loin du point de départ, nous avons tendance à y voir un état mixte où la répétition n’est pas pure, mais seulement approximative : le mot même de répétition nous semble alors employé symboliquement, par métaphore ou par analogie. [...] Mais nous aurions tort de la réduire à une différence qui retombe dans l’extériorité, sous la forme du Même dans le concept, sans voir qu’elle peut être intérieure à l’Idée, et posséder en elle-même toutes les ressources du signe, du symbole et de l’altérité qui dépassent le concept en tant que tel. » 6
La répétition ne saurait se réduire à la représentation du même ce qui explique l’extrême disparité de ses synonymes ou de ses actualisations : redite, redondance, analogie, écho, correspondance, récurrence ; mais aussi allitération, assonance, anaphore, homonymie, comparaison ; mais encore obsession, réminiscence, retour, ou enfin mimésis, imitation, reproduction...
Elle se définit alors comme ce qui revient ou retourne sous une forme identique, analogique ou équivalente. Ainsi distendue la répétition balaie un vaste champ épistémologique: elle interroge traditionnellement le domaine linguistique et rhétorique où elle fonde les conditions du déroulement de la langue et de son exploitation stylistique. Mais elle questionne aussi la matière philosophique en posant le problème du temps, du destin, de l’identité. La répétition s’insère dans le champ psychanalytique où elle renvoie aux pathologies de l’obsession et du deuil, où elle stigmatise le retour du refoulé et la pulsion de mort. Elle touche à la mythocritique comme renvoi à un imaginaire de l’origine. La répétition nourrit la réflexion esthétique sur les rapports mimétiques entre la fiction et le réel, entre une œuvre et ses modèles littéraires.
Le choix d’une définition élargie du terme et l’extension de son domaine d’application permettent une navigation féconde dans les romans de Simon, qui révèle que la répétition y est un « comportement » au sens étymologique de « porter avec » », de « transporter dans le même lieu », de « réunir ». La répétition fédère, explique, façonne, engendre les œuvres et les problématiques des œuvres. Elle constitue

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents