Comme un parfum d éternité
113 pages
Français

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Comme un parfum d'éternité , livre ebook

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Description

Une épopée féminine sur les sentiers du passé.1988. Caroline, 35 ans, est une jeune romancière qui s’adonne aussi à la rédaction de biographies à partir des témoignages de résidents en maison de retraite. Dans l’une d’elles, elle rencontre Marie, âgée de 87 ans. Caroline l’ignore encore, mais la vieille dame va l’émouvoir aux larmes et bousculer ses certitudes à travers le récit de sa vie palpitante. D’événements heureux en dénouements tragiques, d’aventures amoureuses en déconvenues douloureuses, l’écrivaine est emportée dans un XXe siècle mouvementé, qui la conduira du Paris bellevillois aux guinguettes lilloises, en passant par les deux guerres et les Années folles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 octobre 2020
Nombre de lectures 21
EAN13 9782290233306
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Da Conceiçao Francisco
Comme un parfum d’éternité
Collection : Litttérature féminine
Maison d’édition : J’ai lu
© Éditions J’ai lu, 2020
Dépôt légal : septembre 2020
ISBN numérique : 9782290233306
ISBN du pdf web : 9782290233337
Le livre a été imprimé sous les références :
ISBN : 9782290238851
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Présentation de l’éditeur : 1988. Caroline, 35 ans, est une jeune romancière qui s’adonne aussi à la rédaction de biographies à partir des témoignages de résidents en maison de retraite. Dans l’une d’elles, elle rencontre Marie, âgée de 87 ans. Caroline l’ignore encore, mais la vieille dame va l’émouvoir aux larmes et bousculer ses certitudes à travers le récit de sa vie palpitante. D’événements heureux en dénouements tragiques, d’aventures amoureuses en déconvenues douloureuses, l’écrivaine est emportée dans un xx e siècle mouvementé, qui la conduira du Paris bellevillois aux guinguettes lilloises, en passant par les deux guerres et les Années folles. Création Studio J’ai lu d’après Ayo Ogunseinde et © ilolab et Kichigin/ Shutterstock

Biographie de l’auteur : FRANCISCO DA CONCEIÇAO anime des ateliers d’écriture dans des écoles. Il écrit des chansons, des poèmes et des nouvelles. Son imagination et sa plume talentueuse l’ont tout droit mené à la rédaction de ce prodigieux second roman, Comme un parfum d’éternité.
© Éditions J’ai lu, 2020
C’est sans doute face à l’insupportable que se révèle le mieux la valeur d’un être humain. Car, à chaque instant, nous avons le choix entre juger ou essayer de comprendre…
1

Je m’arrête peu sur ma propre existence, moi qui adore être témoin de celle des autres. Mais aujourd’hui, je ne peux pas faire autrement. C’est une journée d’anniversaires.
8 août 1988. Ça en fait des 8 pour le jour de mes trente-cinq ans… 3 + 5, en voilà un de plus ! Huit, le chiffre de la perfection, de l’infini. C’est à croire que le hasard veut absolument me rappeler que c’est une date particulière. Trente-cinq ans, c’est l’âge qu’avait mon père quand il s’est suicidé. Pour la première fois, j’ai pris conscience que certaines histoires finissent là, à la fleur de l’âge.
J’aime tellement le fait d’être vivante ! Est-ce parce que je ressens la fragilité d’une vie ? Je n’en sais rien. C’est, du moins, le genre de pensées qui me traversa l’esprit en allant bosser à la maison de retraite ce matin.
Il y a vingt-six ans jour pour jour que mon père a quitté cette terre. Le triste cadeau de mon neuvième anniversaire. Je ne savais rien de lui. Sauf, peut-être, qu’il me léguait ce vide à jamais. Les pères qui s’en vont mesurent-ils à quel point ils manquent à leur fille ?
En arrivant au travail, je me suis retrouvée nez à nez avec une retraitée que je ne connaissais pas. Je la saluai de la tête et m’engageai vers la droite pour éviter de la bousculer. Elle se posta à nouveau devant moi.
— C’est dégueulasse de faire ça pour de l’argent ! lança-t-elle. Alors voilà, comme je ne peux pas vous payer, vous n’allez pas écrire mes mémoires, n’est-ce pas ?
Surprise, puis émue, je restai à regarder cette vieille dame. Malgré la dureté de ses mots, elle avait un visage sans méchanceté. C’était un petit bout de femme vers qui, en d’autres circonstances, je serais allée naturellement. Peut-être parce qu’elle correspondait à l’image de la grand-mère idéale. Celle que je n’ai jamais eue. Je compris soudain que son reproche n’en était pas vraiment un. Elle cherchait surtout à capter mon attention.
— J’ai lu la biographie que vous avez faite de Paulette. Paulette ! répéta-t-elle en levant les yeux au ciel. C’est du grand n’importe quoi ! Elle vous a menti. Ou bien vous n’avez rien compris. C’est elle ou c’est vous qui avez arrangé son existence ordinaire pour que ça ressemble à quelque chose ?
Je sentais que répondre à ses questions n’avait pas d’importance. On romance plus ou moins sa vie quand il s’agit de la raconter. Je le sais. Nous le faisons tous. Nous sommes les seuls à connaître notre histoire intime. Sous des airs de fausse colère, elle voulait juste exprimer sa désolation.
— Paulette a mené une vie banale, lâcha-t-elle avec dédain.
« Banale. » Ce mot me toucha. Je ne conçois pas qu’une vie puisse être banale. C’est tellement extraordinaire, la vie !
Elle m’extirpa de mes brèves pensées.
— En plus, je suis sûre qu’elle vous a fait chier, la Paulette. Elle emmerde tout le monde, ici. Je la soupçonne de le faire depuis sa naissance. Et ça, ça n’apparaît pas dans votre livre. D’où ma surprise et mes questions. Je me demande bien comment vous travaillez, me piqua-t-elle.
Je souris.
— Comment vous appelez-vous, madame ?
— Marie, répondit-elle.
— Très bien. Moi, c’est Caroline. Vous pouvez m’appeler Caro si vous le souhaitez. Je trouve affectueux qu’on nous appelle par notre petit nom. Écoutez, Marie, écrire, c’est tout ce que je sais faire. C’est mon seul moyen de subsistance. J’en suis assez fière, vous savez. Je vous assure que je ne le fais pas pour l’argent. J’aime l’activité d’écrivain.
— Écrivaine, vous devriez dire « écrivaine », me reprit-elle d’un ton exaspéré.
— Ça n’a pas d’importance. Simplement, sachez que je m’y consacre parce que j’adore ça, écrire. Écouter et raconter la vie des autres, c’est merveilleux ! C’est la raison principale qui m’amène ici, lui précisai-je.
— Alors vous allez venir me voir ?
— C’est la première fois que nous nous rencontrons, n’est-ce pas ? Vous êtes nombreux dans l’établissement. Je ne pense pas que j’aurai le temps de travailler pour chacun d’entre vous. Et en ce moment, je suis très occupée, précisai-je. D’ailleurs, je vais devoir vous laisser. Quelqu’un m’attend.
Marie n’eut pas de réaction particulière. Elle ne semblait ni gaie ni triste. Avant qu’elle ait pu dire quoi que ce soit, j’ajoutai avec malice :
— J’ai rendez-vous avec une personne qui va sans doute retracer son histoire à sa façon… Je vous souhaite une agréable journée.
Je m’éloignai. La vieille dame me lança :
— Si vous écrivez ma biographie, je ne vous mentirai pas, moi, promit-elle. Je vous raconterai la vérité.
— Ce qui m’intéresse, ce n’est pas la vérité, c’est votre vérité, soulignai-je sans me retourner. À bientôt, Marie !
Je m’en allai dans le couloir. Je savais qu’elle me suivait du regard.
J’aurais été incapable de définir ce que je ressentais après cet échange. En définitive, des récits de vie, j’en ai rédigé des tas. Ce n’est qu’un exercice de style. Qui a du sens, certes, mais pour moi, c’est juste l’application d’une méthode. Pourtant, la retraitée m’avait perturbée. Avant de frapper à la porte de Raymonde, je m’accordai deux grandes respirations. Je repris mes esprits et décidai de ne plus penser à l’épisode qui venait de se dérouler.
 
L’association Les Feuilles du Vieux Chêne proposait divers services aux maisons de retraite de la région lilloise. Elle faisait appel à des intervenants pour créer du lien – entre retraités d’un même établissement, entre différentes structures d’accueil, entre les personnes âgées et les jeunes. Certains pensionnaires s’adonnaient à des activités sportives, du yoga ou participaient à des ateliers divers et variés.
Un après-midi, je reçus un appel du directeur de l’organisme.
— Bonjour, je souhaite parler à Caroline Gerlier.
— C’est moi-même.
— Je suis François Derval. Nous avons un ami en commun. Éric Viera. C’est lui qui m’a donné vos coordonnées. Vous écrivez, n’est-ce pas ?
Derval me présenta son association. Il souhaitait apporter aux anciens qui le désiraient la possibilité de faire rédiger leur biographie, de raconter leur parcours. Il me proposa de rejoindre son équipe. L’idée m’emballa. J’acceptai avant même de connaître les conditions financières.
— Attendez avant de me dire oui, insista-t-il. Nous sommes une petite structure et nous ne pourrons pas vous rémunérer beaucoup. Le contrat est le suivant : nous vous offrons un forfait de mille francs par manuscrit, quel que soit le temps passé avec la personne âgée. Vous pourrez ensuite négocier un complément directement avec l’intéressée. Les directeurs des maisons de retraite avec lesquelles nous travaillons l’autorisent.
— C’est d’accord, lui confirmai-je.
Une semaine plus tard, je commençais.
 
Sachant que j’écris vite, je me sentais capable de produire une biographie par semaine. Quarante à soixante pages. Plus tard, j’eus la bonne surprise de constater que certains retraités étaient prêts à me payer dix mille francs, parfois plus. Je me limitais donc à trois écrits par mois. Quatre-vingts pages maximum.
C’est vrai que je ne suis pas regardante sur la véracité du récit. Les résidents me narrent parfois des choses qui atteignent la limite de ce que l’on peut croire. Mais allez savoir, la réalité dépasse souvent la fiction. Et je n’ai aucun moyen de vérifier les faits. Après tout, je suis écrivaine, pas journaliste d’investigation ! N’est-ce pas le rôle de la romancière que de romancer l’existence ? Je le fais pour l’argent aussi. J’ai besoin de gagner ma vie. Pourtant, je l’aurais fait gratuitement. Car ce qui m’intéresse, c’est de les écouter me conter leur histoire. Voir renaître dans leurs yeux la flamme d’un ancien amour. Sentir la tendresse des cœurs que les épreuves et le temps qui passe ont apaisés. Savoir ce qu’ont vécu ces personnes dont le quotidien se résume désormais à peu de chose, des choses simples. Recueillir avec humilité les confidences posées de ces êtres qui se préparent doucement à partir. Ressentir la joie mélancolique de revivre leur roman en pensée. Il est un âge où tous les souvenirs sont sucrés.
Je suis comme un témoin de leur passage ici-bas. Le notaire des âmes consignant leurs dernières vérités. Et ça me plaît.
 
Raymonde en était au moment crucial où elle allait me révéler le secret de sa tribu. Depuis que je fais ce métier, je me rends compte qu’il y a un mystère douloureux dans presque toutes les familles. Un crime ordinaire dissimulé sous les feuilles mortes de chaque arbre généa

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