CONTES ET LEGENDES D UKRAINE
257 pages
Français

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CONTES ET LEGENDES D UKRAINE , livre ebook

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Description

Depuis toujours, l’Ukraine se trouve au croisement de plusieurs influences culturelles. Certes, sa littérature populaire s’appuie sur l’orthodoxie, mais elle se nourrit également d’apocryphes d’inspiration manichéenne, hérités des bogomiles, courant proche des cathares et de la littérature rabbinique, ce qui n’a rien de surprenant vu la très forte communauté juive en Ukraine. Les créations purement slaves y tiennent aussi une large place. Ainsi, la Genèse y est contée à sa façon et sur des modes différents, du plus sérieux au plus divertissant. Elle peut prendre la forme d’un mythe dualiste qui raconte la création de la terre grâce aux efforts conjoints de Dieu et de Satan.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782373800029
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Autrefois, il y a très très longtemps, un énorme dra-gon habitait dans une montagne. Couvert d’écailles plus grandes que celles d’un poisson, il avait trois têtes, des ailes rouges, des épines sur le dos et des ongles sur la queue et sur les genoux ; il portait un grand collier. Il était si horrible que celui qui le voyait de loin se faisait la peur de sa vie. L’abominable dragon quittait sa grotte pour s’allonger sur la route ; à peine quelqu’un prenait cette route qu’il ouvrait grand sa gueule, inspirait le passant et l’avalait. Hommes ou bétail, peu importe, ce monstre pompait tout ; et comme il était insatiable beaucoup avaient péris dans ses entrailles. Les gens comprirent qu’il allait les manger tous et se mirent d’accord pour envoyer une personne à sa grotte pour son repas de soir : il mangerait la victime et ne sortirait plus jusqu’au lendemain. Ils espéraient qu’il aurait la flemme et n’irait pas chercher ses vic-times au village, mangerait moins et que d’ici là un che-valier se manifesterait et le tuerait. Ils réalisèrent leur plan. Tous les matins ils envoyèrent une personne à la grotte qui disait des prières en attendant l’apparition du dragon.
ISBN 978-2-910272-56-2
20 €
Aux origines du monde Ukraine Contes et légendes dUkraine
Aux
origines
duFlies Framnceonde
Dans la même collection
Contes et légendes de France Contes et légendes du Japon Contes des peuples de la Chine Contes et légendes de Flandre Contes et légendes de Centre-Asie Contes et récits des Mayas Contes et légendes du Maroc Contes et mythes de Birmanie Contes et légendes de Turquie Contes et légendes de Suède Contes et légendes de Corée Contes et légendes du Congo Contes et légendes des Comores Contes et légendes d’Allemagne, de Suisse et d’Autriche Contes et histoires pygmées Contes et légendes de Russie Contes et traditions d’Algérie Contes et légendes des Inuit Contes et légendes d’Italie Contes et légendes du Burkina-Faso Contes des Juifs de Tunisie Contes et légendes des Philippines Contes et légendes des Balkans Contes et légendes de Tunisie Contes et légendes de Thaïlande
Aux origines du monde Contes et légendes d’Ukraine
Nouvelle édition revue et augmentée
Contes réunis et traduits par Galina Kabakova
Illustrations de Elena Ojog
Flies France
Nous tenons à remercier Isabelle Lafonta pour son aide précieuse.
Relecture : Anna Stroeva
Conception graphique de la collection : Susanne Strassmann
© Flies France, Paris, 2009 ISBN 978-2-910272-56-2
Préface à la seconde édition
Il y a dix ans paraissait la première édition des Contes et légendes d’Ukraine. Avec Contes et légendes de France, ces anthologies ont inauguré la collection « Aux origines du monde » qui a donné aux éditions Flies France une nouvelle direction : l’exploration d’un immense continent à peine visité, le pays des contes. À la fin des années 90 le défi paraissait auda-cieux, voire insensé : consacrer une collection entière aux contes étiologiques pour un public avisé. À l’époque, le terme même n’avait cours que dans le milieu universitaire et je l’évitais soigneusement en le remplaçant par « contes des origines », « contes du pourquoi et du com-ment », etc. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de-puis. L’étude du conte étiologique est doréna-e vant au cœur du programme de français de 6 et les enseignants sont à la recherche de nou-veaux recueils de contes. La première édition étant épuisée depuis quelques années, j’ai décidé de rééditer Contes et légendes d’Ukraine. Entre-temps, j’ai trouvé d’autres contes parus en Ukraine et en Russie, ce qui m’a incitée à revoir le choix de textes. J’ai ajouté une quinzaine de nouvelles his-toires qui proviennent essentiellement de trois collectes : celle d’Ignatiï TroussevitchPoveria i predrassoudki [Croyances et superstitions]pu-bliée dans le journalKievlianinen 1865-1866, celles d’Ivan SenkoKoly Khrystos po zemli kho-dyv [Lorsque le Christ cheminait sur terre]
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(Oujgorod, 1993) et d’Olga Belova« Narodnaïa Bibliïa » : Vostotchnoslavianskie etiologitcheskie leguendy [La Bible populaire. Les légendes étio-logiques slaves orientales](Moscou, 2004). J’ai enlevé quelque vingt-cinq contes qui, pour la plupart, étaient des variantes mais leurs résu-més figurent dans les notes en annexe. La tra-duction de tous les contes a été revue par moi-même, Anna Stroeva et Isabelle Lafonta. Comme la collection est souvent consultée par les conteurs et les spécialistes du conte, j’ai introduit l’indexation des contes d’après la clas-sification Aarne-Thompson, dans sa dernière version établie par Hans-Jörg Uther (ATU), l’In-dex comparatif des contes types : Conte slave oriental(SUS) ainsi queMotif-Index of Folk-Lite-rature de Stith Thompson. Et comme la pre-mière édition était dépourvue d’illustrations, j’ai mis à contribution une jeune artiste, Elena Ojog, qui connaît si bien l’imaginaire slave.
Quelques mots maintenant sur les contes étiologiques ukrainiens. Comme dans les cos-mogonies d’autres peuples, la majorité des ré-cits ukrainiens traite de la nature : les contes consacrés aux animaux et aux plantes repré-sentent les trois quarts du corpus, quelques-uns parlent des constellations et du relief ; quelques textes expliquent l’origine de l’homme, des coutumes en relation avec le calendrier et des objets familiers. La raison de la présence ou de l’absence d’un tel ou tel animal dans les étiologies ne dé-pend pas directement de la place réelle qu’il oc-cupe dans la vie de l’homme, mais de son statut
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symbolique dans la culture. Et si l’on regarde de plus près, on voit que les récits projettent sou-vent sur les bêtes les problèmes et les conflits qui animent les humains. Ainsi, d’après les Ukrainiens, le coucou fut à l’origine une veuve inconsolable, une fille ingrate se moquant de sa mère ou une mère malheureuse à qui ses en-fants refusèrent l’eau. Quelques thèmes communs aux étiologies du monde entier s’avèrent plus élaborés en Ukraine, ils sont représentés par un plus grand nombre de motifs. C’est le cas, notamment, de la femme, de sa physiologie, de son statut domi-né et du partage inéquitable des tâches entre l’homme et la femme. Par rapport à d’autres thématiques du cor -pus étiologique, le thème de l’autre est plutôt marginal mais néanmoins présent. Tous les peuples n’ont pas la même sensibilité à la question des ethnies. En Ukraine, où plusieurs peuples cohabitent depuis des siècles, on ra-conte beaucoup d’histoires sur l’origine des nations, tandis qu’en Russie voisine il y en a très peu. Il s’agit le plus souvent de l’étrangerethnique partageant le même territoire. Dans les contes étiologiques, en mettant en scène un étranger, on cherche à expliquer les particulari-tés de son caractère, de son aspect physique, de sa langue, de son mode de vie (sédentaire ou nomade), de ses us et coutumes. Et l’on essaie de justifier, par le biais du conte, les racines de la méfiance mutuelle qui caractérise les rap-ports interethniques. Si l’on compare la tradition orale slave à
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d’autres traditions européennes, on remarque qu’elle a mieux conservé l’ensemble de récits sur la création du monde. Une partie impor -tante du corpus se construit comme un déve-loppement apocryphe de l’histoire sainte qui fournit aux légendes étiologiques aussi bien des motifs que des personnages. La création du monde, la chute d’Adam, le déluge, mais aussi la Nativité, la fuite en Égypte, la crucifixion sont les situations les plus courantes reprises par ces légendes. Plus souvent que les épisodes de l’histoire sacrée proprement dite, on rencontre ses protagonistes qui deviennent les créateurs des espèces ou de leurs caractéristiques parti-culières. Les légendes d’origine montrent – tout comme les contes merveilleux –, que les motifs sont indépendants des personnages : ainsi, le même acte créatif peut être attribué à Dieu, à Jésus, à la Vierge ou à saint Pierre. Les étiologies présentent une très grande cohérence, grâce notamment à leur principe dualiste. L’univers entier et plusieurs espèces, parmi lesquelles l’homme figure au premier plan, portent les traces de l’intervention du Malin, qui peut revendiquer sa paternité avec autant de raisons que Dieu lui-même. Chez les Ukrainiens, ce personnage aux multiples fa-cettes tient une place de choix, il ne manque pas de provoquer la sympathie. C’est un dé-miurge à part entière, mais un démiurge mal-heureux. On lui reconnaît volontiers la pater -nité d’inventions nuisibles : marais, vodka, tabac, mais dès qu’il s’agit des choses utiles, il échoue. À la différence du Tout-Puissant, le diable
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n’atteint pas les objectifs qu’il se fixe, car ses principales motivations, semblent dire les étio-logies, sont la jalousie et l’instinct d’imitation. Quand Dieu crée l’homme, le diable fabrique le loup qui se met à poursuivre son créateur, quand Dieu fait l’abeille, le diable ne réussit que la guêpe. Cet apprenti sorcier n’est pas un génie, car il lui manque la vision d’ensemble. Et quand il invente des objets et des techniques fort utiles, il n’arrive jamais à mener à bien son projet, et se voit déposséder de ses inventions par Dieu, Jésus ou un saint. C’est ainsi qu’on vole à ce démiurge malchanceux la paternité du chariot, de la maison ou du moulin. Les origines de ces récits sont multiples. Depuis toujours, l’Ukraine se trouve au croise-ment de plusieurs influences culturelles. On reconnaît dans ce corpus des sujets de fables connus depuis l’Antiquité, comme le réajuste-ment de la durée de vie des hommes et desanimaux ou encore la députation des chiens vers Dieu ou bien l’histoire du roitelet, roi desoiseaux. Les récits étiologiques, cités volontiers en-core aujourd’hui, prouvent que la Bible popu-laire est toujours présente dans les mentalités. Certes cette littérature populaire ukrainienne s’appuie sur l’orthodoxie, issue de la civilisation byzantine, mais elle se nourrit également d’apo-cryphes d’inspiration manichéenne, hérités des bogomiles, courant proche des cathares. L’oralité ukrainienne a également connu l’influence de la littérature rabbinique, ce qui n’a rien de surprenant vu la très forte présence
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