Culture arabe, pensée universelle

Abdesselam Cheddadi

Description

Les études réunies dans cet ouvrage éclairent certains aspects de l'arrière-plan du « Printemps arabe », en relation avec la question de la mondialisation et de la construction d'un nouvel universel humain qui en est l'enjeu essentiel. Si les peuples du monde arabe avaient autrefois largement contribué à l'expansion d'un universel pour tous les hommes en puisant dans les diverses traditions religieuses et philosophiques du Moyen-Orient, la question se pose avec acuité, aujourd'hui, au terme de deux siècles de tyrannie et d'obscurantisme, de leur capacité à s'adapter à la pensée moderne et à participer activement au développement d'un nouvel humanisme.

Sujets

• Littérature africaine
• Littérature Africaine
• Maroc
• Liste d'écrivains marocains
• Littérature africaine
• Roman

Informations

• Publié par: Editions Marsam
• Date de parution: 01 janvier 2014
• Nombre de lectures: 7
• EAN13: 9789954213414
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Culture arabe,
pensée universelleEditions
© Marsam - 2014
Collection dirigée par Rachid Chraïbi
6, rue Mohamed Rifaï (Place Moulay Hassan ex. Pietri) Rabat
Tél. : [phone] / 67 10 29 / Fax : [phone]
E-mail : [e-mail]
Site web : www.marsam-editions.com
Compogravure flashage
Quadrichromie
Impression
Bouregreg - Salé
Dépôt légal : 2014 MO 0163
I.S.B.N. : 978-9954-21-341-4
Couverture
Aquarelle sur papier 50 x 65, 1980
Abdellah SadoukAbdesselam Cheddadi
Culture arabe,
pensée universellePublications de l’auteur
• IbnKhaldûnr e visité, Éditions Toubkal, Casablanca, 1999
•É ducatione tcultureauMaroc ,le diffcile pas s ageàlaModernité, Éditions Le Fennec, Casablanca, 2003
• Les Arab es et l’appr opriation de l’h istoir e. Émer gence et pr emiers développements de l’historio graphie
e emusulmanejusqu’auII /VIII siècle , Éditions Sindbad/Actes Sud, Arles, 2004
• Commentpeut-onêtr emar ocain? Éditions, Maison des Arts, des Sciences et de Lettres, Témara, 2009
• IbnKhaldûn,l’hommeetlethéoriciendelaci vilisation, Éditions Gallimard, Paris, 2006
•Actualitéd’IbnKh aldûn,confé re nce se te ntre tie ns, Maison des Arts, des Sciences et des Lettres, Témara, 2006
Traduction de l’arabe vers le français
•Ibn Khaldûn ,Levo y aged’Occidentetd’Orient, Éditions Sindbad, Paris, 1980
• ,P euplesetnationsdumondeExtraitsdes‘Ibar , Éditions Sindbad, Paris, 1986
•Ibn Khaldûn , Le li vr e des Ex emples , tome I, l’autobio graphie, La muqaddima, Gallimard,
Bibliothèque de la Pléiade, Paris, 2002
•Ibn Khaldûn , Autobio graphie , édition bilingue ,Maison des Arts, des Sciences et des Lettres, Témara,
2006
•Ibn Khaldûn , Le li vr e des Exe mples , tome II, L ’Histoir e du Maghr e b, Gallimard, Bibliothèque de
la Pléiade, Paris 2012
•Touria Majdouline , Quelle mémo ir e saurait te satisfair e?avec des dessins d’Éléna Prentice, Maison
des Arts, des Sciences et des Lettres, Témara, 2010
Traduction du français vers l’arabe
•Ahmed Djebbar , L ’âge d’or des Sciences arabes, avec la collaboration d’Ahmed Abellagh, Maison
des Arts, des Sciences et des Lettres, Témara, 2008
•Tahar Ben Jelloun, Le racis me e xpliqué à ma flle , Maison des Arts, des Sciences et des Lettres, Témara, 2008
•Jean-Jacques Rousseau, E crits politique s ,tome I, Centre d’études des temps modernes, Rabat, 2013
Traduction de l’anglais (américain) vers le français
•Marshall G. S. Hodgson , L ’is lam dans l’histoir e mondiale (Éditions et traduction), éditions
Sindbad/Actes Sud, Paris, 1998
•Andras Hamori ,Lalittératur earabemédiév ale, Éditions Sindbad/Actes Sud, Paris, 2002
•Dimitri Gutas ,P enséegr ecque ,cultur earabe, Éditions Sindbad/Actes Sud, Paris, 2004
Edition
Ibn Khaldûn, Al-Muqaddima, texte arabe établi, présenté et annoté par Abdesselam Cheddadi, en deux
versions : version courante en 3 volumes, et version spéciale en 5 volumes comprenant la version primitive
de l’œuvre. Table des matières
Avant-propos 7
1. L’universel comme enjeu de la mondialisation 9
2. A l’heure de la mondialisation, les identités nationales 23
3. L’universel dans le judaïsme, le christianisme et l’islam 31
4. Une perspective moderne du modèle khaldûnien de la civilisation 45
5. Les approches de la civilisation dans le monde arabe.
Les avatars d’un concept 63
6. Gramsci et le monde musulman 83
7. La vision de l’autre dans l’islam classique : le cas de l’Afrique 95
8. Traduction et culture dans le monde arabe : un mise
en perspective historique 113
9. Rousseau dans le monde arabe 131
10. Marocanité et mondialité 1477
Avant-propos
Se penser en pensant le monde, penser le monde en se pensant : cette
attitude de l’esprit s’est imposée comme une règle fondamentale depuis les
premiers balbutiements de la modernité. Certains, bien rares, prophètes, sages,
philosophes, l’avaient adoptée en solitaires depuis le plus lointain passé : ils
ont conduit le destin de l’humanité. Jusqu’à Sartre et, à leur corps défendant,
Foucault ou Derrida. Devenue désormais la règle pour tous, au centre comme
à la périphérie, dans les domaines les plus variés allant de la publicité et du
marketing à la recherche de pointe, dans les sciences dures comme dans les
sciences humaines et sociales, elle fait des penseurs pour la première fois
dans l’histoire humaine des hommes ordinaires, ou si l’on préfère, elle fait
des hommes ordinaires des penseurs.
Le temps des prophètes, des sages, des philosophes et des poètes qui
avaient pour fonction de penser le monde pour les autres est révolu. Il y aura
toujours des gens plus doués que d’autres pour la pensée et la réfexion, pour
la création de théories complexes ou d’œuvres artistiques et littéraires hors
du commun. Cela comptera au titre de la diversité humaine et des singularités
irréductibles. Mais cela ne donnera aucun titre à quiconque pour penser pour
les autres. On est ainsi ramené à la condition première des hommes : l’égalité
dans la diversité, la créativité dans la conjugaison de tous les talents et, utopie
sans cesse renouvelée, le partage équitable des richesses entre tous.
À la racine de ce bouleversement, deux grands mouvements : l’un
concerne l’organisation et la répartition du pouvoir entre les membres de
la société, l’autre touche à la structure du savoir et à sa diffusion entre les
individus. Le premier en faisant du pouvoir une affaire purement humaine
a enclenché un processus indéfniment ouvert visant à mettre le citoyen au
centre de la vie politique ; le second en banalisant le savoir et en mettant
l’information à la portée de tous grâce la généralisation de l’éducation et à la
révolution informatique a fait potentiellement de chaque individu un acteur
de l’évolution de la pensée et du destin de l’humanité. Culture arabe, pensée universelle
8
Cette double révolution de l’ordre du politique et de l’ordre du savoir
et de la technologie, qui constituent les conditions essentielles du citoyen
moderne, se répercute également au niveau des collectivités et des sociétés
comme telles, qui ne peuvent désormais se penser ou simplement exister
qu’en assumant leur double dimension particulière et universelle.
Les individus et les sociétés sont ainsi propulsés dans une post modernité
dont nous commençons à ressentir les premières manifestations de surface
mais dont personne ne peut encore prédire les véritables contours.
Les peuples arabes, comme tous les autres peuples du monde, n’ont échappé
ni à l’impact des diverses transformations modernes ni à celui des effets de
la post modernité qui s’annonce. Soumis depuis deux siècles à des régimes
d’oppression et d’ignorance, ils peinent à assimiler les ingrédients d’une
modernité dont ils ont été les victimes plutôt que les acteurs, et, enfn révoltés
contre leurs oppresseurs, ils sont mal préparés et outillés pour concrétiser
leurs aspirations à la liberté, à la justice et à la prospérité. Mais du moins le
« Printemps arabe », en brisant le mur de la peur, leur a-t-il ouvert de nouvelles
perspectives de transformation politique et sociale. Toutefois, les diffcultés
quasi insurmontables rencontrées par la Tunisie, l’Égypte et la Libye dans la
mise en place des bases de ce que pourrait être un État démocratique et une
économie juste, de même que l’activisme de l’Arabie saoudite et des pays du
Golfe en faveur du dogmatisme et du fanatisme religieux, la destruction de
l’Irak, et le bain de sang en Syrie montrent à quel point l’avenir des peuples
arabes reste incertain et sombre.
Les études réunies dans cet ouvrage éclairent certains aspects de
l’arrière-plan du « Printemps arabe », en relation avec la question de la
mondialisation et de la construction d’un nouvel universel humain, qui en est
l’enjeu essentiel. Si les peuples du monde arabe avaient autrefois contribué
largement à l’expansion d’un universel pour tous les hommes en puisant
dans les diverses traditions religieuses et philosophiques du Moyen-Orient,
la question se pose avec urgence, aujourd’hui, au terme de deux siècles de
tyrannie et d’obscurantisme, de leur capacité à s’adapter à la pensée moderne
et à participer activement au développement d’un nouvel humanisme.
L’universel comme enjeu de la mondialisation
9
1
1L’universel comme enjeu de la mondialisation
La question : « l’histoire a-t-elle encore un sens ? » semble devoir
recevoir une réponse positive dans le mesure où, sur un plan pratique, le
sens de l’histoire est devenu depuis quelque temps un enjeu mondial et
que, par ailleurs, plusieurs théories ou visions de l’histoire universelle ont
été lancées et ont reçu un écho mondial. Ceux qui ont récemment affrmé
« la fn de l’Histoire », le « choc des civilisations » ou une « utopistique »
pour l’avenir du monde, ou qui ont pris les armes pour mener le combat
« du Bien contre le Mal » ou de « la civilisation contre la Barbarie », ont
pris parti pour un sens de l’Histoire, avec la volonté ou le désir d’engager
le monde et l’humanité sur des voies particulières. Le débat sur le sens
de l’histoire ne revêt donc pas seulement une signifcation théorique, il a
toujours été, on le sait, au centre des orientations pratiques et du destin de
l’humanité.
Ce qui importe donc ce n’est pas tant de se demander si la question du
sens de l’histoire a encore, aujourd’hui, un sens, que de s’interroger sur les
enjeux que représente, à notre époque contemporaine, le fait de donner tel ou
tel sens à l’Histoire, ou de se refuser à en donner aucun. Or, à l’heure où la
réalisation effective de la mondialisation n’a jamais semblé aussi imminente,
aussi nécessaire, la question du sens de l’Histoire se trouve intimement mêlée
à celle des rapports entre l’universel et le particulier, comme le montrent
clairement les réponses qui lui ont été récemment apportées. En effet,
cellesci se ramènent à la possibilité ou non